Chapitre XII

1819, Lerici, domaine de Katerina et Danielo.

— Nous partirions ce soir pour la rejoindre, et ainsi, nous serons présents pour les funérailles. C'est dans deux petits jours seulement.
Qu'en dites-vous? le questionnai-je après lui avoir raconté ce que contenait la lettre.

— Eh bien, je crois que je ne serais pas de la partie. J'ai beaucoup de patients ces jours-ci, je ne peux pas me permettre de les quitter.
Et puis, je pense qu'il faut que je vous laisse prendre vos distances... après ce que je vous ai fait, il est normal de vous éloigner. Je n'ose vous demander pardon. La culpabilité me ronge et vos silences en ma présence l'accentuent. Je me rends bien compte que ce n'est pas de cette manière que nous aurons un enfant, dit-il calmement.

Je décidais d'ignorer la deuxième partie de son discours. Je ne voulais pas en parler. Surtout pas avec lui. Cela me mît rapidement en colère. Je sentais mon courroux fortement se développer en moi.

— Je ne peux voyager sans la présence d'un tuteur légal jusqu'à Milan. Vous savez très bien que si vous ne venez pas, je ne peux pas voir ma sœur! C'est réellement ce que vous désirez? Je ne vous le pardonnerai pas, m'exprimai-je menaçante.

— Non, Katerina, j'allais proposer à monsieur Milo de vous escorter jusque-là. Cette escapade vous permettra, je l'espère, d'apprendre à vous connaître.
Vous n'avez fait que de le rejeter depuis son arrivée ici. Je pense que votre attitude a pesé sur son moral.
En votre présence, il ne m'adresse presque plus la parole. Il n'est jamais vraiment concentré, comme s'il était déstabilisé.
Il faut dire que vous avez été dure avec lui.

Surprise, je ne sus que répondre à cela. Je le regardai, stoïque, ne voulant pas que mon visage partage les émotions qui me traversaient.

— Je prends donc votre silence pour un oui. Allez préparer vos bagages. Je vais prévenir mon ami et faire atteler la calèche. D'ici quelques heures vous serez à Milan dans les bras de Giulia, pour la réconforter, dit-il avec un très léger sourire.

Je m'enfuis, le plus vite possible, dans mes appartements afin de quitter cet endroit rapidement. Toute excitée, j'ouvris une large malle. J'y déposai alors les premiers vêtements que je voyais devant moi. J'entassai mes robes, mes tuniques, mes corsets, afin d'en prendre un maximum. Je pris également un léger journal que je transportais partout avec moi. Ma plume dans un doux tissu, je ne mis pas le petit pot d'encre bien trop fragile dans mes bagages. Je comptais sur Giulia pour m'en procurer.

Enfin prête, je descendis les escaliers en trombe. Je vis alors Milo, qui m'attendait, une petite mallette dans les mains. Il me sourit pleinement. Heureuse, j'attendis que mon valet prenne la lourde malle dans ma chambre et aille la déposer près du véhicule. Lorsque cela fut fait, je me tournai vers Danielo.

— Nous revenons dans deux petites semaines. J'espère que vous réussirez à soigner tous vos malades, jusque-là, dis-je sans réelle conviction.

— À peine rentré, je vous quitte à nouveau Dani !
Mais ne vous en faites pas, je vous écrirai de Milan, et surtout, je prendrai soin de Katerina, s'exclama Milo en me regardant tendrement.

— Allez-y, sinon vous arriverez là-bas au plein milieu de la nuit.
Au revoir Milo. Au revoir Katerina.
J'espère que votre séjour se passera bien. Puissiez-vous bien vous entendre!

«Vous n'avez même pas idée!» pensai-je en souriant. Tout cela s'annonçait extrêmement plaisant.

Je lui tournai alors le dos et commençai à marcher vers l'extérieur, suivie de près par Milo. Un valet montait la malle sur le derrière du carrosse, tandis qu'un autre m'ouvrit la porte. Je grimpai dedans et m'installai délicatement.

Mon tendre amant se positionna premièrement en face de moi. Mais quelques minutes plus tard, Agata et Maria, nous rejoignirent. Alors Milo se leva en vitesse pour laisser mes deux domestiques s'asseoir sur sa banquette. Il vînt finalement se coller à moi. Sa cuisse droite touchant ma cuisse gauche. Quelle étrange sensation de le savoir tout près de moi...

Nous entendîmes le bruit léger de la cravache du cocher qui s'abattait brusquement sur l'arrière train de l'équidé. Suite à cela, nous commençâmes à avancer. Milo fit un dernier signe de main à Danielo pour lui dire à bientôt, ce à quoi ce dernier lui répondît vivement. Après quelques minutes, nous ne voyions plus du tout le château. Le voyage pouvait enfin commencer.

***

Maria et Agata, sûrement épuisées par un début de journée difficile, s'endormirent très rapidement. Tandis que, Milo et moi, restâmes éveillés. Je regardais, à travers la petite vitre, le paysage défiler lentement devant mes yeux.

Soudain, je sentis la jambe de Milo se coller pressement à l'encontre de la mienne. Il frottait quelque peu son genou contre le mien. La tête toujours calée contre la vitre, je ne réagis pas.

Il posa ensuite sa main droite sur le bas de ma cuisse gauche. Puis, il remonta doucement jusqu'en haut de celle-ci. Je ne pus réprimer un sourire sur mon visage. Cependant, je ne détournais toujours pas la tête. Je désirais savourer ce moment de douceur encore un peu.

Il finit par remonter sa main vers mon bassin. Puis il s'arrêta, d'un coup, au niveau de la taille. Malgré moi, un léger soupire sortit de mes lèvres. Il s'avança alors et détacha ma main gauche de ma main droite avant de l'attraper délicatement. Il emmêla ses doigts aux miens.

Dès lors, j'orientai mon visage de l'autre côté pour admirer le sien. Dans ses pupilles, un éclat unique était apparu. Il était terriblement content. Il enferma ma main avec son autre qui était libre, et finit par la blottir tout contre son torse.

Je scrutai en vitesse les deux femmes en face de nous. Je voulus être sûre qu'elles dormaient profondément. Une fois convaincue par le léger ronflement de Maria, je me réfugiai dans les bras de Milo. Je déposai ma lourde tête sur son épaule musclée. Ensuite, il encercla de son bras droit mon petit corps afin de réduire le peu de distance qu'il restait entre nous.

J'étais tellement bien. J'arrivais à ne plus penser à rien. Et c'est ainsi, silencieusement, que je sombrai dans un sommeil agréablement profond.

2055, Lerici, Maison de Katerina.

« Alors, qu'en penses-tu jusque-là ? Ta mère est-elle douée pour raconter une histoire ? m'exclamai-je en rigolant. »

« Hmm... Tes péripéties ne sont pas trop mal pour le moment, mais bon tu peux faire mieux niveau suspens.
C'est Giulia qui l'a tué, non ?

Et puis, attends, si je me souviens bien tu avais parlé d'une petite boîte noire rectangulaire. C'était un cadeau de Milo? Pourtant, en mai, ce n'est pas ton anniversaire. Alors, qu'est-ce qu'il y avait dedans?
Allez maman, cesse de t'arrêter toutes les cinq minutes et raconte moi ce qu'il s'est véritablement passé à Milan.»

«Tu es bien trop impatiente, chérie ! Ah là là! Tu es quasiment le portrait craché de ton père. Ça en devient presque flippant.»

«Et sinon, quand est-ce que tu vas me parler de lui ? prononça Anna, avec une lueur d'excitation dans les yeux. »

«Ce n'est qu'une question de temps, dis-je en souriant et en lui faisant un clin d'œil.

Sinon, où en étions-nous?»

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