Chapitre V

1819. Lerici, Domaine de Katerina et Danielo.

Je me réveillai après une longue et douce nuit. Mon sourire s'étendit dès le moment où j'ouvris les yeux. Cette soirée avait chamboulé mon esprit. Je repoussai les draps de soie jusqu'à mes pieds. Je me levai et, pour la première fois, fis mon lit. Laissant Maria et Agata surprises. Je leur dis qu'elles pouvaient prendre leur journée pour la passer avec leur famille. Mais qu'avant cela, elles devaient m'aider pour une tâche spéciale.

Après avoir entendu avec étonnement ma demande, elles finirent sous mes ordres par quitter mes appartements pendant quelques instants. Je tirai brusquement les rideaux afin de laisser les rayons du soleil réchauffer la pièce. Il faisait un temps merveilleux. C'était parfait. J'enlevai délicatement ma nuisette et m'installai confortablement dans la cuve pour prendre un bon bain. Je posai mes bras le long de celle-ci et je me reposai tendrement.

Ce qui s'était passé la veille était-il vrai ? Je me sentais comme sur un nuage, mon esprit à la fois apaisé et en ébullition à cause de l'excitation. Était-ce normal de ressentir aussi vite des choses aussi fortes ? Pourquoi Danielo n'a jamais été comme Milo ? Si Danielo avait appris la médecine à Milo, pourquoi ce dernier ne lui avait-il pas appris à se comporter ainsi ?

Après avoir fini ma toilette, je m'installai sur mon lit. Je choisis alors une légère tunique rose pâle, à mettre en dessous de mon corset couleur corail. J'appelai mes domestiques pour m'aider à mettre cet instrument de torture qui malheureusement me sublimait. Puis, j'enfilai une robe rouge relevant ma poitrine. Mes bras étaient couverts de petites lignes dorées jusqu'à mes poignets. Je me sentais belle.

Je sortis de mes quartiers accompagnée, pour me rendre dans la cuisine, en espérant qu'il n'était pas encore réveillé. Un valet vînt à moi et s'exclama :

— Bonjour Madame Katerina, Monsieur dort profondément dans ses appartements. Souhaitez-vous le réveiller?

— Pas encore mon garçon, déclarai-je enjouée.
Mais tu peux en attendant m'apporter quelques œufs et du pain frais, s'il te plaît.

Après avoir regardé attentivement ce qu'Agata faisait, je voulus également essayer. Je cognai un des œufs, que je tenais fermement dans ma main, sur le bout de la table en bois, mais celui-ci explosa accidentellement et s'étala sur le sol. Les domestiques retinrent leur rires de peur de m'offusquer. Cependant, lorsque je me mis à rire de la situation, ils m'accompagnèrent tous de bons cœurs.

Je réessayai et réussis au bout de trois tentatives à ne pas briser l'œuf. La poêle en contenait finalement quatre ; les deux premiers étaient bien beaux mais les seconds ressemblaient à de la lave qui s'étalait le long d'une montagne enneigée. Il n'était pas très difficile de deviner qui avait fait quoi. Je remerciai alors Agata pour son aide.

Je montai avec un plateau blanc, les œufs étalés délicatement sur des assiettes en porcelaine, jusqu'à la salle à manger. Je plaçai ce dernier sur la table puis sortis dans le jardin. Je cueillis quelques oranges mûres pour préparer un bon jus. Je rentrai et découpai en deux les fruits, comme j'avais vu faire Maria, il y a quelques jours. Je les positionnai au dessus d'une carafe et pressai de toutes mes forces les agrumes. J'enlevai ensuite les pépins tombés dans le récipient et en versai le contenu dans deux verres de part égale.

J'hésitai à amener mon plateau jusqu'à son lit. Cependant, mon questionnement fut de courte durée car je l'aperçus alors, rentrer dans la pièce animée. Son regard se bloqua sur moi et je ne pus empêcher le sang de monter à mes joues. Je pensais à hier soir et j'étais mitigée, je ne savais plus comment agir face à lui. Il s'approcha de moi et voulut m'embrasser mais il remarqua que nous étions accompagnés de serviteurs. Je pense qu'il se méfiait de certains qui en quémandant un pot de vin à mon mari ne se dérangeraient pas pour nous dénoncer.

Alors, il s'abaissa et me fit une révérence avant de prendre ma main et de m'emmener devant ma chaise qu'il tira derrière moi pour que je puisse m'installer. Une fois assis, je m'empressai de lui servir les plus beaux œufs et de garder les miens. Mais alors, remarquant une telle différence, il se questionna intérieurement pendant quelques instants avant de me regarder en souriant. Il avait compris.

Après avoir déposé mon assiette, il s'empressa d'échanger la sienne avec celle qui se trouvait devant moi.

— Pitié rendez-moi ces horreurs, vous méritez de manger quelque chose de plaisant à voir et à déguster pour débuter votre journée.

Il n'en fit rien et s'empressa de goûter mon œuvre ratée. Je me sentis toute stressée et j'attendis impatiemment sa réaction. Il fit une mine de dégoût et ma déception fut immense. Je ne savais même pas cuisiner des œufs. Je ne pourrais jamais lui faire plaisir avec de bons plats que je cuisinerai sous le regard bienveillant d'Agata. Apprendre à cuisiner était un de mes rêves mais ma mère ne m'a jamais laissée toucher un instrument de cuisine.

Je m'étais donc cachée les yeux avec mes mains. J'en retirai une ensuite afin de regarder la scène d'un œil attentif. Il rigolait. Je crus alors qu'il se moquait de moi. Furieuse, je me levai pour ne plus subir cette humiliation. Cependant, il s'écria :

— C'est délicieux, j'espère que vous vous en allez pour féliciter la cuisinière car je serais ravi de lui parler.

Je me calmai d'un coup et me retournai pour regarder son sourire illuminer son visage et réchauffer mon cœur.

— Dans ce cas là, elle est devant vous. Mais ne jouez plus à ce jeu avec elle, m'exclamai-je en faisant semblant d'être en colère.

— Je suis profondément ravi que vous m'ayez fait à manger. C'est sincèrement la plus belle chose que l'on m'a faite depuis bien longtemps, s'exprima-t-il l'air nostalgique.

***

Notre appétit rassasié, nous nous sommes allongés, dans le jardin sur une serviette, cachés derrière un arbre loin du château. Je lui lisais à voix haute un roman de Emily Brontë, les Hauts de Hurle-vent. Il me regardait attentivement et ne manquait pas de fixer toutes les parties de mon corps. Puis, je m'allongeai sur son torse et il commença à me caresser les cheveux tendrement. Sa main descendit alors le long de mon bras et glissa sur mon ventre. Elle continua sa route plus loin en bas et je sentis alors de l'air passer entre mes jambes.

« – Pouvez-vous comparer mes sentiments envers Catherine et les siens ?
– Je dis, Monsieur Heathcliff, qu'il ne faut pas que vous la voyiez ... »

Je ne pus terminer ma phrase. Milo tirait ma robe en son long dévoilant ainsi mes jambes nues.

Il me chuchota, tout près de mon oreille, de continuer mon roman. Je fermai les yeux sentant sa main remonter tout près de mon intimité. Je ne pus continuer. Tous mes sens étaient en alerte.
Il me regarda longuement, avant de s'occuper de cette partie de mon corps qui me rendait terriblement vulnérable à son contact. Le plaisir s'imprégnait dans tout mon être. Je baissai la tête en arrière et me maintins sur mes coudes. Tout allait si vite. Je ne comprenais plus ce qui se passait autour de moi.

Je n'avais jamais ressenti de pareilles émotions. Après avoir consommer le mariage, mon époux ne m'avait plus jamais touchée. Ainsi, je revivais intérieurement. Milo était doué mais ce qui me charmait le plus était la façon qu'il avait de me regarder... si tendrement et pourtant si sauvagement.

— Puisque vous m'avez fait plaisir ce matin, je vous rends ce service en retour.
Ma douce Catherine, je serais votre Heathcliff.

2055. Lerici, Maison de Katerina.

« Tu trouveras ce roman dans la bibliothèque à côté du salon. Il est le premier sur l'étagère. Une merveille, ne l'as-tu pas déjà lu ?

Ah et au fait, je t'ai vu rougir Anna, annonçai-je en rigolant.

Ne t'inquiète pas, je ne te détaillerai pas cette scène, d'autres moments méritent plus d'attention que celui-ci. »

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