VII.I - Depuis cette fameuse nuit, les habitants de Loyal erraient sans but. Certains devenaient fous et d'autres laissaient la nature choisir leur pénitence. Mourir de faim, se faire démembrer par les chiens sauvages ou bien se faire tuer par l'abjurateur.

VII.II - Les pèlerins s'arrêtèrent faire une pause dans un village encore en paix. En fait, c'est ce qu'ils pensaient. Arrivés sur place, ils virent de l'agitation au loin.

VII.III - Le souffle du vent balaya les longs cheveux gris et sales de chaque paysan. Ils étaient tous autour de quelque chose d'où un nuage de fumée noir s'élevait.

VII.IV - L'aube se levait et des hurlements stridents réveillaient les habitants plus paresseux que jamais. L'abjurateur s'approcha du bûcher. Un homme entièrement nu se laissait brûler vif.

"Que faites-vous ?" s'exclama le vieux. "Cet homme souffre, vous ne le voyez pas ?"

VII.V - Alors qu'il s'apprêtait à le détacher, le torturé versa quelques larmes sur son visage rouge. Sa peau carbonisait et la noirceur de celle-ci se propageait jusqu'à son cou. Ses jambes tombèrent dans les flammes vascillantes.

"Ne m'aidez point, je vous prie. Ceci est ma sentence. J'ai quémandé à mes compères de me faire expier mes péchés..."

VII.VI - Sa volonté d'y survivre le faisait lutter jusqu'au bout contre l'une des plus atroces condamnations qui soit et pourtant, il ne put en réchapper. Son regard devint un instant vide, avant que son crâne ne soit plus qu'un énorme morceau de chair brûlée.

VII.VII - Lorsque ce spectacle cessa, un homme en robe blanche, tachée de sang, lança un seau d'eau sur la victime.

"Mes chers frères. Voici venu le moment de pardonner vos péchés. Soyez indulgents avec vous-même et arrêtez donc de porter le fardeau de votre culpabilité. Choisissez votre pénitence et confessez-vous."

VII.VIII - Personne n'osa répondre à l'archidiacre au visage balafré. Exceptée une personne. Le messager se présenta devant lui avec son compagnon de route. Il lui expliqua en quelques phrases qu'ils cherchaient à vaincre les dieux et que le sauveur voulait connaître le chemin menant au second grand saint.

"Quels sots ! Ne vous a-t-on jamais dit que c'était mal de prononcer ces mots ? Personne ne peut faire face à la divinité qui nous a punis. Nous devons surmonter cette épreuve qu'est la misère céleste."

VII.IX - Lassé de l'entendre déblatérer tout un tas d'idioties, l'abjurateur brisa le tronc d'arbre ayant servi de bûcher d'un seul coup de pied. Puis, il attrapa le morceau encore chaud afin de fracasser le crâne de l'archidiacre.

"Monstres ! Que dieu vous punisse !"

VII.X - Les villageois jetèrent sur eux de nombreuses pierres. Le vieil homme poussa un long soupir avant de reprendre la route. Puis, une silhouette apparut devant eux.

"Abjurateur... Venez avec moi. Je sais où vous pourrez continuer votre noble quête."