Chapitre 6
À la suite de ce qui était certainement devenu le moment le plus gênant de toute ta vie, Leone et toi vous étiez réfugiés derrière un distributeur automatique, à l'abri des regards.
Bien malgré toi, ton cœur battait encore la chamade. Le fourmillement de tes lèvres, rouges et gonflées par le baiser, te rappelait le feu qui s'était réveillé en toi après tant d'années d'abstinence.
En dardant un regard sur le coupable de cet embrasement, tu constatas qu'il ne semblait partagé ni ton trouble, ni ton émoi. Adossé contre le mur, ses sourcils refermés sur une expression grave et concentrée, il ne te calculait même pas.
Tu n'étais pas sûre du pourquoi, mais cela t'agaçait au plus haut point !
Tu avais conscience que l'admirable prestation de ses baisers et de ses attouchements n'avait été qu'une simple diversion pour vous sortir de la panade. Mais c'était plus fort que toi, tu lui en voulais. Même pas pour t'avoir embrassé ! Non, plutôt pour avoir ranimé des désirs enfouis depuis bien longtemps, se moquant éperdument des conséquences que cela aurait sur ton équilibre émotionnel...
Un claquement de doigt fusa soudain sous ton nez.
- Hey ! T'es toujours avec moi ? Je vais avoir besoin de toi, t'arracha-t-il à tes pensées.
- Oui, alors quoi ? répondis-tu avec plus d'acidité que tu n'aurais voulu.
- Tu as remarqué l'homme qui est entré le premier dans la salle de réunion ?
- Pas vraiment. J'étais trop occupée à éviter leurs regards, lui rappelas-tu, gênée rien que d'y repenser.
- Pas grave. De toute façon tu pourras pas le louper, il a une longue balafre au menton. C'est lui qui détient tous les documents qui nous serviront de preuves. J'ignore où, mais je sais qu'il les cache quelque part. Tu crois qu'avec Souls Phial tu pourrais lui arracher des aveux ?
- Oui bien sûr, mais je ne peux pas faire ça devant tout le monde...
- Justement, elle ne me plaît pas, mais... j'ai eu une idée.
Comme Abbacchio semblait hésiter à poursuivre, tu le pressas :
- Bah allez accouche !
- Pour l'attirer seul dans son bureau, fit-il d'un air contrarié, il va falloir que tu lui fasses des avances.
- Quoi ?! Mais qu'est-ce qui te fait croire que j'ai une chance de lui plaire ? Et je fais quoi si il me recale ?
Abbacchio leva les yeux au ciel, finalement peu étonné que tu n'aies aucune conscience de tes charmes.
- Je doute qu'il sera en capacité de refuser, vu le regard salace qu'il a posé sur toi en salle de réunion, t'assura-t-il dans un rictus dédaigneux.
Pendant un instant, tu considéras ce plan. Tu n'avais jamais eu des instincts de grande séductrice, et cette idée te mettait profondément mal à l'aise. Tu doutas même instant en être capable.
Puis tu pensas aux enfants...
Il n'en fallut pas plus pour que tu retrouves toute ta détermination !
- D'accord ! t'écrias-tu avec entrain, avant d'ajouter, plus hésitante : Mais...euh... je lui dis quoi ?
Leone pouffa, amusé de ce contraste entre ta résolution et ton innocence.
Il se pencha alors sur toi et se mit à te chuchoter les paroles les plus obscènes que tu n'aies jamais entendues.
Tu te mis à rougir jusqu'aux oreilles, mais ne te démontas pas.
- O-ok ! Bon, c'est partie !
Pour assurer ton succès et palier à ton manque de confiance, tu passas une main dans tes cheveux et abaissa la fermeture de ta robe pour dévoiler un décolleté plus que saillant.
- Hé ho, tu fais quoi ? s'étrangla Leone en te voyant faire.
- Bah, c'est pour... l'aguicher un peu... histoire d'être sûre de l'appâter.
- Crois-moi. Il acceptera. Pas la peine d'en faire des caisses, affirma-t-il, sourcils froncés, en remontant d'un geste sec la fermeture éclair.
Le moment où, à l'inverse, il avait ouvert ta robe pour te peloter le sein te revint comme un flash. Sentant une vague de chaleur monter de ta poitrine jusqu'à ton visage, tu t'administras une bonne claque mentale.
Tu devais rester concentrée nom d'un chien !
- Si jamais ça tournait mal, fais-moi signe dans l'oreillette, te recommanda Abbacchio. Je reste pas loin.
Tu lui adressas un petit signe de tête, rassurée de savoir qu'il couvrait tes arrières. Puis, tu tournas les talons, bien décidée à ne pas foirer ta « mission séduction ».
***
Quand tu entras dans la salle de réunion, une vieille carne qui ressemblait à un aigle dégarni t'apostropha :
- Encore vous ? Il s'agit d'une réunion privé. Sortez d'ici !
- Je voulais juste m'excuser, fis-tu d'une petite voix suave, en remettant timidement une mèche derrière ton oreille.
Pendant ce temps, tu cherchas des yeux l'homme à la balafre.
Assis près de la baie vitrée, il te regardait avec un appétit dévorant, comme s'il n'avait pas bouffé depuis trois jours. Leone ne s'était visiblement pas trompé, tu lui faisait de l'effet.
Marchant vers lui, tu accrochas ses yeux d'un bleu perçant et te força à lui sourire.
Objectivement, malgré la cicatrice qui tranchait l'angle de son menton acéré, il était bel homme. La quarantaine, des cheveux blonds lissés en arrière et un visage tout en virilité. Néanmoins, tu le sentais d'ici, l'odeur de son âme était putride, elle te révulsait.
Jamais tu n'aurais pu concevoir d'éprouver pour lui la moindre attirance. Pourtant, il te fallait bien jouer la comédie.
À sa hauteur, tu te penchas suggestivement, une main sur la table en verre et lui répétas tout bas les paroles que Leone t'avait soufflé.
Au son de ta voix, tu le sentis se bander comme un arc. Il émit un grognement sombre et étouffé, puis se leva prestement.
- Chers collègues, j'ai une affaire urgente à régler. Poursuivez sans moi, annonça-t-il en quittant la table, rajustant sa cravate.
Il prit le chemin de la sortie, et pour te guider, sa lourde main se logea entre tes omoplates, la corne de son pouce dessinant sur ta peau des cercles appuyés et suggestifs.
Ce simple contact te hérissa les poils. Ton estomac se tordit de dégoût, et tu pris sur toi pour ne pas prendre tes jambes à ton cou.
« Pour les enfants... », te répétais-tu comme un mantra, alors qu'il te poussait à entrer la première dans son bureau, « Fais le, pour les enfants ! ».
Dès que tu fus à l'intérieur, tu t'éloignas de lui le plus possible, allant t'appuyer contre le rebord de son bureau, tandis qu'il fermait la porte à clé.
Lorsqu'il se retourna, son visage jusque là affable se métamorphosa, portant tout les stigmates de la luxure et de la déviance.
Il retira sèchement sa ceinture, qui fouetta l'air dans un bruit effrayant, et te somma :
- Ah nous deux maintenant, petite traînée ! Tu vas gentiment te mettre à genoux...
En parlant de genoux, c'est à ce moment précis que Souls Phial les lui faucha !
Dans un méchant bruit d'articulations malmenées, il tomba. Et ce ne fut que le début de sa descente aux enfers.
Alors que tu t'approchais de lui à pas mesurés, la main de ton ange vengeur traversa sa poitrine pour en extirper l'âme et la maintenir entre deux eaux. Le corps paralysé, glacé de frayeur, l'homme eut soudain froid. Si froid qu'il se crut aux portes de la mort.
- Q-qui es-tu v-vraiment ? Qu'est-ce que tu veux b-bordel ? te demanda-t-il alors que ses dents s'entrechoquaient.
Toi, tu te tues, mais la voix de ton stand résonna derrière lui dans un écho terrifiant :
- Ce que je veux ?... La justice ! Qui je suis ?... La vengeance !
Et juste, pour le plaisir de lui annoncer la couleur, Souls Phials l'enferma en elle, le soumettant aux tourments de milles glaives enflammés qui empalèrent son âme de part en part.
Si ça ne dura en vérité qu'un instant, cela représentait pour son esprit mortel l'équivalent d'une décennie. Dix ans d'agonie et de souffrances sans fin. Un traumatisme dont il ne se remettrait jamais.
Quand ton stand libéra enfin l'âme et qu'il revint à lui dans une expiration sifflante et souffreteuse, le front baigné de sueur et les yeux exorbités de terreur, tu commenças ton interrogatoire.
Il n'en fallut pas plus pour qu'il se vide les boyaux et te révèle l'endroit exact où tu pourrais trouver les documents qui ferait tomber sa tête, et celles des autres serpents de son organisation.
Après l'avoir froidement assommé, tu appuyas sur ton oreillette et donna le signal :
« Allons libérer les enfants. »
***
Le soleil était à son Zénith quand ses rayons accueillirent les yeux éblouis des petits angelots qui se pressaient à la sortie de l'usine, se précipitant vers les bras des pompiers et des secouristes. S'ils grimaçaient, n'étant plus habitués à la caresse et à l'intensité de la lumière du jour, sous l'effet de cette irradiante clarté, leurs visages retrouvèrent la couleur de l'espoir.
Voilà ce que vous leur aviez rendu, en plus de la liberté.
Norio aidait les secours à envelopper les enfants dans de douces couvertures . Pablo distribuait des rations de nourriture légère, adaptée à leur état de sous-nutrition. Et les jumeaux recensait les blessés pour les mener jusqu'à toi.
Un peu en retrait, Leone s'alluma une cigarette bien méritée, observant la scène avec une immense satisfaction. Puis, ses yeux croisèrent furtivement les tiens, striés de petites rides de joie. Entourée des grandes ailes de Souls Phial, dont les plumes libéraient leur pouvoir de guérison, un enfant au creux de tes bras, tu lui offris le sourire le plus éclatant qu'il ait jamais vu.
Il se fit alors la remarque que cet ange là, allait être épuisé le soir venu, mais qu'au moins, elle dormirait sur un petit nuage.
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