Chapitre 2


 Abbacchio ne se souvenait pas du moment où l'étreinte de la mort l'avait cueilli. Ni même de la douleur qui avait précipité l'envol de sa conscience. Seulement de la douceur tiède et cotonneuse qui avait recouvert ses lèvres pour lui rendre son âme et lui insuffler à nouveau la vie.

Un stand ? Le baiser d'un ange ?

Ses paupières papillonnèrent avant de s'ouvrir brusquement. Penchée sur lui, la présence salvatrice qui venait de lui rendre son âme se déroba pour laisser place à une femme. Pâle et pantelante, la jeune manieuse semblait épuisée.

Dans un sursaut Leone se redressa et porta la main à sa poitrine. Si la poisse du sang qu'il avait perdu était toujours là, sa blessure avait été entièrement consolidée. Il comprit alors la raison de l'épuisement de l'inconnue. Elle avait utilisé toutes ses ressources pour le sauver.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il d'une voix caverneuse, presque sortie d'outre tombe.

- L'important n'est pas qui je suis, mais qui je vais tuer... grimaça-t-elle en s'appuyant sur la falaise pour se redresser péniblement.

- Dans votre état, je ne vois pas qui vous allez pouvoir tuer, fit-il remarquer, sourcils froncés.

- Celui qui vous a fait ça, répondit-elle en pointant la plaie refermée à l'endroit de son cœur.

En repensant à ce que King Crimson venait de lui faire subir, une angoisse sourde martela le torse d'Abbacchio. Il connaissait maintenant le vrai visage de leur ennemi ainsi que la nature redoutable de son stand. Et il savait que ni lui, ni cette jeune samaritaine n'étaient actuellement en mesure de l'affronter.

Il se demanda soudain ce qu'il avait pu arriver au reste du gang. En observant minutieusement les alentours, il vit qu'une rose avait été déposée à l'endroit où il avait imprimé le visage du Boss. Probablement l'œuvre de Giorno, cet mièvrerie lui ressemblait bien. Puis, en plissant les yeux vers l'océan, il reconnu leur bateau qui s'éloignait et se perdait dans le soleil couchant.

Rassuré, il reporta son attention sur la frêle jeune femme. Cette idiote en bikini était déjà en train de se faire la malle en traînant des pieds !

Non sans efforts, Leone se redressa pour la rattraper.

- Où croyez-vous aller comme ça ? la sermonna-t-il en lui agrippant fermement le poignet.

- Je vous l'ai dit, je dois le retrouver. Je n'ai pas de temps à perdre, sa présence s'éloigne à chaque seconde. Alors lâchez-moi !

Leone se fit la remarque que ses yeux et son visage déterminé seraient probablement magnifiques, s'ils n'étaient pas empreints de cette colère exorbitée. Il ignorait la raison de son acharnement à traquer ce monstre sanguinaire, alors même qu'elle avait à peine la force d'arquer. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il refusait de la lâcher.

Hors mis le fait qu'elle venait de lui sauver la vie, il ne savait pas vraiment pourquoi il ne pouvait se résoudre à la laisser se jeter dans la gueule du loup. Plus que quiconque, il avait appris à respecter ceux qui s'en tenait à leurs plans. Il était également le premier à accepter les sacrifices que certaines mission impliquaient. Mais là, c'était simplement du suicide.

- Pourquoi voulez-vous à ce point le pourchasser ?

- Ça ne vous regarde pas. Maintenant enlevez vos sales pattes et ne me faites pas regretter de vous avoir sauvé la vie ! cracha-t-elle, à bout de nerfs.

Leone n'avait présentement ni les arguments, ni la patience, pour essayer de la dissuader. Ne lui restait donc qu'une solution. D'un geste vif, il délassa le ruban qui s'entrecroisait sur sa poitrine outrageusement musclée et s'en servit pour ligoter solidement sa petite sauveuse. Trois tours pour ceindre ses poignets, quatre pour lui lier les chevilles et l'affaire était pliée. Elle avait bien essayé de l'en empêcher, mais la pauvre était trop faible et trop choquée pour lui opposer une réelle résistance.

En revanche, lorsqu'il la chargea sur son épaule, elle ne se priva pas pour lui rabattre les oreilles.

- Vous pouvez crier tant que vous voulez. Je ne vous laisserai pas courir à votre perte. Vous me remercierez plus tard, trancha-t-il d'une voix impassible en prenant la direction opposée à celle qu'avait emprunté le Boss.

- Mais je ne vous ai rien demandé, sale brute ! Libérez-moi immédiatement !

Abbacchio l'ignora royalement et continua de longer la falaise. Il ne savait pas où aller, ni combien de temps il aurait la force de porter ainsi l'inconnue suicidaire. Elle ne pesait pourtant pas bien lourd pour un homme de sa stature, mais lui aussi commençait à manquer cruellement de force : revenir d'entre les morts était finalement bien plus éprouvant qu'il ne l'aurait imaginer !

Il aperçut finalement, dissimulée entre les aspérités de la roche, l'entrée d'une grotte. Il pénétra le lieu, sombre et isolé, idéal pour se cacher et attendre d'y recouvrer ses forces. Il se délesta de son fardeau gesticulant, et il s'assit, adossé à la parois, en installant sa prisonnière entre ses jambes immenses, ses bras resserrés autour de sa taille. Là seulement, il s'autorisa à souffler.

De ton côté, tu fulminais, cette fois en silence, employant le peu d'énergie qu'il te restait à essayer de te défaire de l'étreinte de ce rustre. En vain. Tu avais bien essayé d'utiliser Souls Phial pour faire flancher l'âme de ton ravisseur, mais cette traîtresse refusait obstinément d'intervenir. Trop aveuglée par ton désir de vengeance, tu n'avais pas réalisé qu'elle était de toute façon trop faible, et qu'elle aussi, essayait de te préserver.

Un coquillage brisé, enfoncé dans le sable, attira brusquement ton attention. Sans attendre, tu commenças à frotter frénétiquement tes liens contre la surface dentelée. Si tu parvenais à t'échapper, tu pouvais encore retrouver l'assassin, tu en étais persuadée !

De longs doigts élégants te passèrent soudain sous le nez. Et d'un geste nonchalant, ils envoyèrent valser le morceau de nacre qui alla sombrer dans une flaque, en même temps que tes espoirs de vengeance.

Un grognement rageur t'échappa et tu te contorsionnas de plus belle contre le large torse de ce géant exaspérant. La chaleur de son souffle et l'horripilante caresse de ses longs cheveux tombèrent tout à coup dans le creux de ton épaule.

- Cessez de remuer. Vous êtes fatigante. Reposez-vous, te commanda-t-il d'une voix lasse.

La tête appuyée contre son pectoral, tu te tordis le cou pour lui lancer un regard noir.

- Pardon ? Vous manquez pas d'air ! Décidément, j'aurais mieux fait de m'arracher les lèvres plutôt que de vous sauver !

Ses yeux mordorés à la lueur violette et crépusculaire plongèrent dans les tiens sans ciller, comme s'il cherchait à lire en toi.

- ... Vous ne le pensez pas.

Malgré tout ton emportement, tu devais bien reconnaître qu'il avait raison. Il n'était pas dans ta nature de tourner le dos aux indigents et aux plus démunis. Encore moins à une personne aux portes de la mort. Tu ne savais pas d'où te venait ce besoin viscéral de protéger les plus faibles, mais tu avais ça dans le sang, et cet inconnu semblait bien l'avoir remarqué.

Alors que le contact visuel semblait s'éterniser, tu pris pour la première fois le temps d'étudier la complexion de son visage. Fin et anguleux, des lèvres à la moue violette et sensuelle qui contrastaient avec la sévérité de ses arcades sourcilières prononcées, et cette intensité dans le regard... Oui, définitivement, ç'aurait été un crime de laisser mourir un homme à la beauté si profonde et atypique.

- Allez, soyez raisonnable, détachez-moi et quittons-nous bons amis, plaida-tu finalement en feignant un retour au calme.

- Et c'est vous qui parlez d'être raisonnable ? pouffa-t-il en affichant un petit sourire incisif. Navré mais non. Vous n'irez nul part.

C'est vrai, il était beau, encore plus quand il souriait, mais ça n'en restait pas un moins un putain d'emmerdeur !

Au bout d'un certains temps, l'appel de l'âme meurtrière avait finit par se taire. L'adrénaline était retombée, en même temps que ton obsession vengeresse. Tu te sentis soudain accablée de fatigue, les membres lourds et totalement alanguis.

Les vents marins s'engouffraient dans le silence de la grotte et ton corps à moitié nu ne tarda pas à être parcouru de frissons. Instinctivement, tu te pressas davantage contre le corps chaud et imposant qui t'encerclait. Tu le sentis doucement se mouvoir derrière toi. Sans un mot, l'homme ôta son grand manteau noir et s'en servit comme d'une couverture pour te recouvrir entièrement. Puis, ses bras se refermèrent plus sûrement sur toi pour faire rempart à la fraîcheur marine, achevant de t'enfermer dans la chaleur de son odeur si particulière.

C'était un subtile mélange de cuir, d'ambre gris, et de transpiration. Dit comme ça, ça ne faisait pas forcément rêver, mais émanant de lui, ces effluves te paraissaient apaisantes, et même étonnement plaisantes.

Derrière les plis de sa veste, tu te surpris soudain à rougir... Cela faisait une éternité que tu n'avais pas été aussi troublée par la proximité d'un homme. Tu passais pourtant ta vie entourée de garçons, les odeurs de mouflettes et de testostérones, tu connaissais bien. Mais jamais cela ne t'avais fait cet effet.

Affalée au creux de ses bras, protégée du froid, tu te sentis soudain divinement bien. Tu t'autorisas même à coller discrètement ta joue contre la peau brûlante de sa poitrine. S'il le remarqua, il n'en pris pas ombrage. Et ainsi bercée par les paisibles oscillations de son torse, il ne te fallut pas longtemps pour fermer les yeux et enfin tomber de sommeil.  




Voilà voilà ! Abbacchio est sauvé ! Youhou ! 

J'espère que cette première rencontre vous plait :) 

En me relisant, je me suis rendue compte qu'on est passé à la phase "calinou" avant même de faire les présentations ^^' Il faudra que je remédis à ça au chapitre suivant ! 

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