[REPOST] 69 ~ Do you have life goals ?
« - Vous voulez des fleurs pour offrir jeune homme ? –Me demande la fleuriste-
- Non c’est pour déposer…Sur une tombe –Dis-je tristement alors qu’elle se répand en excuses, confuse de sa bourde- j’aimerais des fleurs blanches si possible, une composition.
- Bien mon garçon. »
Elle s’active à préparer la composition tandis que mes yeux s’attardent sur les autres fleurs autour de moi. Et si j’offrais un bouquet à Camden pour m’excuser ? Non ça fait trop cliché et je ne veux pas passer pour un idiot devant elle. Surtout qu’elle serait capable de le refuser. Je soupire tristement avant de préparer la monnaie, les gars ont insisté pour participer alors je les avance. Je remercie la fleuriste, elle a fait un travail magnifique et je dois mordre ma lèvre pour réprimer un sanglot. Pourquoi la vie est-elle si cruelle ?
*
Je me dirige presque les yeux fermés dans le cimetière. Depuis quatre ans que j’emprunte le même chemin j’ai fini par le connaitre, malheureusement, par cœur. Une fois devant la tombe de marbre blanc, je dépose tristement la composition et reste debout en silence.
« - C’est un beau bouquet –Me dit une vieille dame à côté de moi, brisant le silence-
- Merci, c’est le moins que je puisse faire pour elle.
- Qui était cette pauvre enfant ?
- Ma petite sœur –Je baisse la tête-
- Je suis navrée mon petit –Elle pose sa main frêle sur mon bras, ne pouvant pas atteindre mon épaule-
- Et vous, pourquoi êtes-vous là ? –Dis-je pour écarter la conversation de ma sœur-
- Mon mari, il est décédé il y a une semaine.
- Je suis désolé.
- Oh ce n’est rien, il a eût une belle vie. Jusqu’à son dernier souffle il a assuré n’avoir aucun regret si ce n’était d’être déçu de partir avant moi alors que nous nous étions promis de partir ensemble –Elle laisse échapper un soupire serein- Mais il est parti le cœur léger et ce sera bientôt à moi de le rejoindre, dans le même état d’esprit.
- Vous ne voulez pas continuer à vivre ? –Dis-je en ouvrant les yeux-
- Mon garçon, je vais avoir 96 ans, j’ai vécu de belles choses en ce monde et je pense qu’il est temps que je laisse ma place à quelqu’un d’autre.
- Mais…
- Je n’ai plus peur de la mort. A ton âge c’est normal, moi aussi je me posais beaucoup de question, je ne voulais pas partir en laissant derrière moi une vie inachevée. Mais aujourd’hui j’ai réalisé la majorité de mes objectifs. -Elle marque une pause et me regarde d'un air maternel- As-tu des objectifs mon grand ?
- Non -Je réfléchis en vain- je crois bien que je n’en ai plus.
- Tu devrais en trouver, ce sont les objectifs qui aident à avancer et qui sont plus forts que la mort.
- Ma sœur avait des objectifs elle, pourtant voyez où elle se trouve à présent, tandis que moi je suis là, perdu.
- Personne n’est en ce monde au hasard, je suis sûre qu’il y a quelque chose qui bientôt aura suffisamment d’importance à tes yeux pour devenir ton nouvel objectif.
- Si seulement vous pouviez avoir raison.
- L’espoir n’est jamais très loin, il suffit seulement de regarder au bon endroit, au bon moment.
- Et si je passais à côté ? Et si j’étais condamné à vivre sans espoir, à errer comme un fantôme sans but ? –Dis-je en mordant ma lèvre-
- Tu finiras bien par trouver quelque chose et même si ce quelque chose ne te rapportera pas ta petite sœur, il t’apportera au moins l’envie d’aller de l’avant. Ne souhaite pas ton départ alors que tu n’as vécu que trop peu de choses. Ceux qui meurent avant de vivre ces choses sont souvent forcés de quitter cette terre, ils ne le font pas par choix. Alors ne sois pas égoïste et profite de la chance que tu as d’être ici. Je suis sûre que c’est ce que voudrais ta sœur. Que tu vives, car toi au moins tu peux le faire.
- Je ne sais pas quoi dire –Dis-je en sentant les larmes perler sur mes joues-
- Ne dis rien, mais réfléchis bien mon grand. C’est seulement lorsque tu auras atteint 96 ans que tu pourras faire un bilan de ta vie et passer la ligne avec le sentiment d’avoir fait ce qui était le mieux pour toi.
- J’ai peur d’échouer.
- Si tu restes confiant et que tu t’accroches alors tu y parviendras. Trouve-toi une raison de te battre et ne lâche rien.
- Je vous le promets.
- J’aimerais vivre encore un peu pour avoir la chance de te voir sourire mon garçon, mais j’ose espérer que tu penseras à moi le jour où tu auras compris l’importance d’avoir des objectifs dans la vie.
- Je penserai à vous oui. – Je me courbe et vient embrasser du bout des lèvres la peau flétrie mais douce de la main de la vieille dame- Merci pour tout madame.
- Ne me remercie pas voyons. – Elle glousse doucement et nous prenons le chemin de la sortie alors que je l’aide à marcher sur les graviers- Je suis heureuse d'avoir fait ta connaissance, même si ce n’est pas un lieu très gai, tu es un gentil garçon et tu mérites de connaitre enfin le bonheur. »
A ces mots je mords une nouvelle fois ma lèvre, sentant le goût de sang m’envahir. Non je ne suis pas un gentil garçon, un gentil garçon ne se cacherait pas sous un masque de salaud et aurait assez de dignité pour être sincère avec les gens. Moi je suis lâche, mais peut-être ai-je le droit au bonheur qui sait. Nous nous quittons à la sortie du cimetière et je sens que mon cœur s’est allégé. Le soleil brille au-dessus de ma tête mais ce n’est pas cette chaleur qui s’empare de moi. Alors c’est ça l’espoir ? Se dire qu’en fait on peut toujours aller de l’avant et faire en sorte que les choses aillent mieux ?
J'apprécie cette sensation.
*
A : Mike
Je suis allé au cimetière ce matin, les fleurs sont magnifiques il faudra que tu viennes voir. Sinon je vais passer récupérer Camden, j’espère qu’elle ne t’a pas trop dérangée.
J’entre dans ma voiture quelques instants après et prends le chemin de la maison de mon meilleur ami, me préparant à croiser le regard froid de mon ennemie. Il faut que j’aille de l’avant… Il faut que je m’excuse. Quand j’arrive chez Mike, je me gare et entre dans sa maison. La première chose sur laquelle je pose mon regard ce sont ses iris gris. Camden est là, face à moi, qui me dévisage avec appréhension. Comment faire pour qu’elle accepte de revenir avec moi ?
« - Ah tu es là Luke ! –Tiens il a les cheveux bleus maintenant-
- Désolé j’ai perdu un peu de temps là bas.
- Pas de soucis, tu veux une bière ?
- Non merci je conduis. »
Il n’insiste pas, l’alcool au volant été devenu prohibé depuis l’accident. Il fait signe à Camden de monter récupérer ses affaires et je la regarde qui s’exécute… Sans broncher. Je suis jaloux, moi je dois presque me battre avec elle pour qu'elle m'obéisse. Une fois que je l’entends s’activer dans la chambre je me tourne vers Mike.
« - J’ai payé pour toi et les deux autres, vous me rembourserez quand vous pourrez.
- Tu as choisi la plus belle j’espère ?
- Oui –Ma voix se brise- Merci d’avoir participé, c’est…
- Tu n’as pas à nous remercier, c’est normal Luke –Me dit mon meilleur ami en posant sa main sur mon épaule alors que je sens les larmes affluer à nouveau-
- Merci pour Alouette –Dis-je en reniflant- j’avais vraiment besoin d’être seul aujourd’hui.
- Je m’en suis douté –Il tapote mon épaule et lève la tête- Peacock tu t’es perdue ou quoi ?
- J’arrive –Elle descend l’escalier et je baisse les yeux, je ne veux pas qu’elle puisse voir mes larmes- Merci pour mes affaires Michael. »
Mon meilleur ami dépose un baiser sur son front et je la laisse enfiler ses chaussures avant de remercier Mike dans une dernière étreinte. Je ne suis rien sans mes meilleurs amis. Une fois Camden prête, nous sortons et rentrons dans la voiture. Elle lance un dernier regard à Michael et je mords ma lèvre, il faut que j’aille de l’avant. Après tout c’est de ma faute si elle est comme ça avec moi, c’est donc à moi de réparer ce que j’ai fait.
*
Quand arrive le soir et qu’il fait suffisamment nuit, je vais rejoindre Camden dans la chambre pour lui proposer de sortir. Je veux lui faire découvrir Sydney et ça nous fera du bien à tous les deux de passer un moment ensemble loin de cette maison. Elle accepte et se change sous mes yeux, retirant son débardeur. Je reste impassible mais au fond je ne peux m’empêcher de poser mon regard sur sa poitrine. Elle est belle, c’est autre chose que Sashane, mais à la différence de cette dernière qui met ses atouts en valeurs, ne laissant aucune surprise, Camden elle, qui a pour habitude de se cacher, semble avoir des choses à faire découvrir et c’est ce que va préférer un homme. Je suis même sûr que c’est ce qui a séduit Michael.
« - Tu n’as jamais songé à te faire refaire la poitrine Camden ? –Dis-je pour l’embêter-
- Je n’en vois pas l’utilité –Me dit-elle vexée-
- Michael devait être sacrément bourré pour se contenter d’aussi peu.
- Continuez comme ça et vous irez vous balader seul sur le port Maitre Luke. »
Je retrouve ma pire ennemie, ce qui me fait ricaner doucement.
Ça fait du bien.
*
Bien que le trajet soit silencieux, la soirée est agréable. Je n’ai pas forcément envie de passer mon temps à parler, juste la savoir à mes côtés me suffit amplement. Les lumières qui se reflètent sur la surface de l’eau sont magnifiques et j’observe Camden du coin de l’œil qui prend des photos. Ca lui plait. Après avoir mangé une glace elle part s’asseoir sur le bord d’un pont. Je la laisse seule car je respecte son intimité un tant soit peu mais je grimace en voyant son air abattu. Est-ce que c’est parce qu’elle est ici avec moi et pas avec Mike qu’elle fait cette tête ? Je pensais avoir gagné quelques points. Je me lève et vais la voir. Je ne sais pas quoi lui dire, au fond ce serait plus simple de lui dire directement ce que je pense ‘Est-ce que quelque chose ne va pas ?’ Mais non, au lieu de ça, bourrin comme je suis, je lui sors une vieille remarque minable. Je suis tellement con, mais ça à l’air de lui faire du bien malgré tout. En fait, quoi qu’on se dise on s’en moque, le fait d’être là l’un pour l’autre, à notre manière, c’est ça qui est important. Du moins j'ose croire qu'elle pense la même chose.
*
J’enfile un simple boxer et me niche dans mes couvertures. J’espère que Camden va bien, elle n’avait pas l’air en forme. Sûrement la fatigue. Ou alors elle ne se plait vraiment pas avec moi. Je soupire avant d’entendre frapper à ma porte. ‘Tu t’es encore gourée de chambre Camden’. Et alors que je m’attends à ce qu’elle se retire, elle ouvre ma porte et entre dans ma chambre sans que je lui en ai donné la permission. Elle se prend pour qui ? Elle s’assoit sur le bord de mon lit et j’essaie de la pousser sans trop lui faire mal. Ce n’est pas parce qu’on a dormi ensemble hier qu’il faut qu’elle vienne avec moi cette nuit. D'autant plus que je n'ai pas forcement envie qu'elle voit ma chambre, c'est mon intimité.
« - Je peux toujours rester au sol. –Me dit-elle d’une voix bornée qui m’agace-
- Et bien vas-y si ça te fait plaisir, mais dégage de mon lit, je veux dormir. »
Elle se laisse glisser au sol et bientôt j’allume la lumière pour voir son petit corps recroquevillé aux pieds de mon lit. Qu’est-ce qu’elle a ? Elle me fait pitié et je dois avouer que ça me fait de la peine de la voir comme ça. Alors que je l'observe un peu plus franchement, je discerne ses sanglots qu’elle essaye de garder discrets.
« - Attends tu n’es quand même pas en train de chialer ? –Elle fait non de la tête- Viens ! »
Elle grimpe dans le lit et se met à mon opposé, dos à moi. D’un simple geste je la fais se tourner et écarte ses bras pour faire face à son visage ravagé par des larmes. Elle est si malheureuse que ça d’être avec moi ou quoi ? Au fond je commence à rager, qu’est-ce que Michael avait fait de plus que moi ? Lui aussi il s’était amusé à l’embetter, alors pourquoi elle ne pleurait qu'avec moi et jamais avec lui ?
« - Franchement tu fais pitié Camden. »
J’éteins la lumière et hésite un instant avant de finalement la tirer contre moi. C'est ce que Mike aurait fait non ? Elle est légère et je n’ai pas de mal à la maintenir contre mon torse. Après tout je suis venu avec elle hier soir, je peux bien la laisser venir ce soir. ‘Ma famille me manque' me dit-elle dans un souffle. Alors c’est ça qui lui pesait, ce n’était pas le fait d’être seule ici avec moi. D'un côté ça me rassure mais je grogne un peu. Voilà bien un point sur lequel nous sommes différents elle et moi. Mes parents ne me manquent pas, j’ai appris à vivre sans eux et à me gérer seul. La seule personne qui aujourd’hui me manque c’est Melody. Je me suis occupé d’elle, j’ai veillé sur elle comme si nous n’avions pas de parents, ce qui était presque le cas vu qu’on ne les voyait que rarement. Voilà pourquoi je suis maladroit, pourquoi je suis froid. Parce que j’ai grandi sans être entouré et que les seules personnes qui étaient là pour moi m’avaient été enlevées. Même avec Megan je n’étais pas très doué. L’amour je ne sais pas ce que c’est, ma mère ne m’a rien appris, pour moi c’est le garçon qui se doit de protéger la fille sans qu’elle ne ronchonne, un point c’est tout. Je ne suis pas quelqu’un d’ouvert d’esprit et qui pourrait me blâmer pour ça en sachant ce par quoi je suis passé ? En tout cas, il faut qu’Alouette apprenne à se détacher de sa famille, elle ne sera pas tout le temps assistée. Comment compte-t-elle grandir et s’épanouir si elle n’ose rien faire d’elle-même ? Elle renifle et je me surprends moi-même en enroulant mes bras autour de son corps tremblant. Sentir sa fine peau sous mes doigts me provoque un léger frisson mais je ne me retire pas pour autant.
Au final elle avait beau faire sa fière comme moi, quand le masque tombait elle n’était rien de plus qu’une pauvre fille craintive et malheureuse. On est pitoyables, mais au moins on est deux.
~ J'espère que cette fois-ci vous pourrez tous lire le chapitre :s Du coup j'ai retiré le média...
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