Epilogue 2/3 ~ Voodoo Doll

Mai 2015

                                                                            

« - Alouette nous avons reçu la maquette de ton livre ! –Me dit la directrice avec fierté alors que j’entre dans l’enceinte de l’école, dépassant la foule d’élèves que je ne connais pas-

- J’arrive. »

        Je me fraye un chemin et me rend dans le bureau de ma directrice où attendent plusieurs professeurs dont mon professeur d’illustration. Il me tapote l’épaule pour me féliciter et bientôt je me trouve devant un exemplaire emballé de mon livre. Je retire timidement le plastique et fais glisser mes doigts sur la couverture lisse et fraiche. Je frisonne. C’est comme lorsque j’étais petite, quand mon père m’achetait un nouveau bouquin, j’adorais passer mes doigts sur la première de couverture encore toute neuve qui reflétait la lumière. J’en prenais toujours soin car ça me semblait si précieux.

        Je tourne l’objet du bout des doigts, ne réalisant pas encore que ce produit fini est de moi. Bientôt une petite fille fera comme moi et passera ses doigts sur la couverture de mon œuvre avant de l’ouvrir et de dévorer l’histoire. Quelle drôle de sensation. Lorsque j’ouvre les pages, l’odeur de l’encre et du papier neuf m’enivre et je ne peux m’empêcher de sourire en entendant le bruit des pages qui se séparent lentement pour la première fois. C’est mon livre, mon histoire.

« - Nous sommes prêts à le mettre en vente –sourit mon éditeur- nous n’attendons plus que ton feu vert !

- Oh et bien je n’y avais pas réfléchi… Pourquoi pas fin Mai ?

- D’accord, pour le moment nous avons tiré une centaine d’exemplaires, si les ventes marchent comme il faut alors nous tirerons à plus grande échelle. »

        J’acquiesce avant de reposer mon attention sur le livre. Parution fin mai, c’était symbolique pour moi, car à cette même période, un an auparavant, je quittais l’Australie et mes amis. Cette date sonnait comme un anniversaire pour moi.

        La directrice me fait cadeau du livre que j’enfoui dans mon sac avant de retourner chez moi où m’attend ma famille au complet. Un sentiment de fierté s’empare de moi lorsque je sors le petit ouvrage et que chacun le fait passer de main en main, me félicitant. Je souris car je suis satisfaite, j’ai passé un an complet à travailler sur ce projet, en collaboration avec mon prof d’illustration et mon éditeur. J’ai passé des journées et des nuits entières à dessiner, sans manger, sans dormir. Je n’ai plus parlé ni avec Mélina et Aurore ni avec les garçons pendant des semaines, trop occupée à travailler plutôt qu’à parler sur Skype. Tout ces sacrifices pour en arriver à ça, un petit condensé de ma vie. Mon premier pas dans la vie professionnelle.

« - Oh mais c’est toi ma chérie ! –Me dit ma grand-mère en pointant du doigt un Kangourou aux cheveux colorés-

- Oui mamie.

- Et qui est ce garçon ? –Je me crispe en voyant son index se poser sur la tignasse blonde- c’est ton amoureux ?

C’était –Rectifié-je avec tristesse-

- Oh. »

        Je baisse la tête et pars me servir une coupe de champagne dans le salon où mon père fête dignement ma réussite. Il était fier de moi, ils étaient tous fiers de moi. Mais l’étais-je, moi ? Etais-je fière d’avoir mis une croix sur ce qui comptait vraiment ? En un an je n’ai pas oublié Luke Hemmings, chaque soir je pense à lui et des que je pose les yeux sur ma bague argentée je me remémore nos derniers instants passés ensemble. Je n’ai pas encore trouvé le courage de la retirer, car malgré-moi, j’aime toujours mon ennemi. Comment serait ma vie si j’étais restée à Sydney comme il me l’avait proposé ? Serions-nous toujours ensemble ou m’aurait-il oublié comme il l’a fait ?

        Je serre nerveusement la coupe de champagne dans ma main et vais m’aérer l’esprit au dehors, loin de ma famille et loin de ce livre. Je regarde la lune au-dessus de moi et me demande si à l’autre bout du monde Luke la regarde aussi de temps en temps, depuis la vallée. Une larme perle le long de ma joue et bientôt un bruit de pas me fait me retourner. C’est mon père.

« - Lou tu vas attraper mal.

- J’ai besoin de prendre un peu l’air –Dis-je d’un ton calme- Mais ne t’inquiète pas pour moi, je rentrerai quand je commencerai à avoir froid.

- Tu as tellement grandi ma fille, je ne m’en rend compte que maintenant, mais tu es devenue une femme –Il sourit avant de s’asseoir à mes côtés sur la terrasse-

- J’ai plutôt l’impression d’être devenu un véritable mur.

- Les épreuves nous font nous endurcir. Le travail te fera sûrement perdre quelques années de ta vie, mais bientôt tu en rigoleras et tu commenceras ta nouvelle vie, avec d’autres individus, une vie plus stable, plus adulte.

-Tu as sûrement raison.

- Ta mère serait fière de toi Alouette –Dit-il après un silence-

- Elle le serait si j’avais une quelconque importance à ses yeux –Dis-je avec froideur- Elle nous a abandonnés papa, elle m’a abandonnée. Comme quoi on ne peut se fier à personne –J’ajoute d’un ton amer-

- Tu l’aimes encore ? –J’hausse un sourcil-

- Pardon ?

- Ce Luke, est-ce que tu l’aimes encore ?

- Et toi est-ce que tu aimes encore maman ? –Dis-je pour ne pas avoir à lui répondre-

- Oui. Au fond de moi une partie de mon cœur prie pour la voir revenir un jour, même si elle nous a abandonné, même si elle a fait des erreurs, il faut savoir pardonner.

- Tu veux que je pardonne à Luke ?

- Je pense que tu devrais lui parler. A la différence de ta mère et moi, ce garçon et toi ne vous êtes pas quittés sur de mauvais termes.

- Pourtant aujourd’hui c’est l’impression que ça donne. –Je remonte mes genoux contre mon torse- Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à l’oublier papa ?

-Tout simplement parce que l’amour est un sentiment qui ne s’explique pas et qu'il nous est impossible de changer. Aimer ce n’est pas seulement embrasser ou tenir la main d’une personne. C’est se lier à elle, c’est se soucier d’elle, la soutenir, l’épauler. Tu as soutenu ce garçon pendant un an alors ce n’est pas en quelques mois que tu vas effacer ce lien.

- Tu penses que je devrais retourner à Sydney pour le voir ?

- C’est à toi d’y répondre ma chérie, je ne suis que ton père et bientôt tu voleras de tes propres ailes et tu devras prendre tes décisions par toi-même. Je ne serais pas toujours présent.

-  J’ai peur de faire une erreur.

- Quoi qu’il arrive dit toi bien qu’on apprend de ses erreurs et qu’on en sort plus fort, se tromper est bénéfique. A force de faire les bons choix on en oublie que la vie n’est pas toute rose. Tu as le droit de te tromper ma fille -Je hoquète et remercie mon père avant de me lever en direction de la maison- Dis papa ?

- Oui ?

- Est-ce que tu as gardé contact avec maman ?

- Je lui envoi de vos nouvelles de temps en temps.

- Et ?

- Et elle ne répond pas, je ne sais même pas si elle reçoit ce que je lui envoi, mais je tente malgré tout. Elle reste votre mère. »

 * 

        Nous sommes finalement fin Mai et aujourd’hui sort mon tout premier livre. Je suis épouvantablement tendue et reste cloitrée chez moi, la peur au ventre. Va-t-il se vendre ? L’histoire que je raconte est si personnelle et je me sentirais mal d’être critiquée dessus. Le premier à rentrer est mon frère, un livre à la main dont je reconnais la couverture ornée de Kangourous.

« - J’ai réussi à en avoir un ! C’était le dernier –Me dit-il d’un air vainqueur-

-Mais j'en ai ramené un de l'école - Il hausse les épaules- Tu vas le lire ?

-Non car tu m’as déjà tout raconté –Dit-il en rigolant- mais je voulais pouvoir me vanter devant les copains en leur disant que ce livre était de ma grande sœur ! –Je lève les yeux au ciel- est-ce que tu as eu ton éditeur au téléphone ?

-Non pas encore, mais ça ne va pas tarder si tu me dis que c’était le dernier.

-Tu vas devenir célèbre !

-Peut-être ?

-Tu m’inviteras lors des soirées VIP ?

-Et puis quoi encore ! »

        Il pouffe de rire avant de poser le livre sur la table face à moi ‘Je veux que tu me le dédicaces’. Je souris avant d’ouvrir la couverture et de signer sur la page de garde.

‘A mon frère qui a toujours été mon premier soutien. Peacock.’

Il grogne en voyant mon nom d’auteur plutôt que mon vrai prénom. ‘Tu aurais pu mettre Alouette, je suis ton frère pas ton admirateur secret !’ Mais je me suis trop habituée à ce surnom. Je vais me faire couler un thé lorsque mon téléphone sonne, c’est mon éditeur.

« - Allô ? –Dis-je d’une voix tremblante-

-Alouette ? Tu ne devineras jamais la nouvelle ! Les cent exemplaires se sont vendus en une journée !

-Vraiment ? –Dis-je avec stupeur- Il… Il plait à ce point ?

-Il y a déja de nombreuses commandes et je pense que si d’ici quelques semaines il se vend toujours autant, nous pourrons l’envoyer directement se vendre sur Paris.

-Paris ? –Je m’exclame-

-Oui, je pense avoir quelques projets à ce sujet, je t’appellerai dans la semaine ! »

        Il raccroche et je reste fixée devant mon thé qui continu d’infuser. Les choses s’accélèrent et j’ai l’impression que je ne vais pas réussir à suivre. Mais une chose est sûre, je suis heureuse d’en être arrivée là. Du moins je crois. Je prends mon téléphone et envoie une photo de mon livre.

A : Aurore, Apple-Michael, Ashbrutis, Charlélie, Coline, Calum et Mélina

Et voilà le travail, un an après !

        J’hésite à envoyer un message à Luke. Que va-t-il ressentir en voyant ce livre ? Dedans j’y raconte notre histoire, comment nous nous sommes rapprochés, comment nous avons évolués. Peut-être a-t-il oublié ? Et peut-être est-ce à mon tour d’oublier.

Je ferme finalement mon téléphone et vais rejoindre Aurore et Calum sur Skype. Eux au moins la distance ne les a pas séparés.

*

« Le 20 Juin, séance de dédicace avec Peacock à Paris à l’occasion de la sortie de son livre ‘A Year with Kangarooes’ »

         C’est ce que je peux lire sur l’écran d’ordinateur de ma directrice. Cette dernière me regarde en souriant, attendant que je valide son affiche. J’allais vraiment devoir faire une dédicace ? Pour un simple livre d’illustration ?

« - Ton livre se vend à merveille Alouette ! –Me dit-elle comme si elle avait lu dans mes pensées- ce serait dommage de ne pas en profiter.

-Je ne sais pas… Je ne pensais pas que ça prendrait une telle ampleur… C’était censé être un petit projet personnel.

-Plus on y met du cœur et plus ça marche –Me dit-elle avec fierté- Alors pour cette dédicace, c’est oui ? –Elle me fait un large sourire qui m’annonce que je n’ai pas intérêt à lui dire non-

-Ouais. 

-Parfait ! –Elle envoi un mail à mon éditeur avant de se tourner vers moi- Par contre il va falloir faire quelque chose, pour toi.

-Comment ça ? –Dis-je vexée alors qu’elle me détaille de la tête aux pieds-

-Un an de travail, enfermée chez toi, à ne boire que du thé, ça ne t’a pas réussi ma petite chérie. Accorde-toi un peu de temps histoire d’être parfaite pour la dédicace. »

        Je fais oui de la tête mais au fond j’ai envie de lui faire avaler toutes les touches de son clavier. Ce projet était censé rester d’ordre privé, c’était un petit bout de ma vie et les choses avaient pris des proportions beaucoup plus grandes que je n’espérais. Pourquoi devrais-je me faire belle aussi? Ce livre c’est une partie de moi, j’ai évolué avec et si aujourd’hui je suis dans un état catastrophique, c’est la suite logique de cette histoire. J’ai puisé dans toutes mes forces pour donner vie à cette histoire, mais je ne veux pas décevoir ni mon éditeur, ni ma directrice. Maintenant je ne suis plus Alouette Camden l’étudiante, je viens de commencer ma carrière et je n’ai plus le droit à l’erreur. Alors c’était ça dont mon père me parlait ? Que le début de la vie professionnelle me changerait à jamais ? Je serre les poings et ressent un picotement lorsque le métal froid de ma bague entre en contact avec mes jointures brulantes. Comme j’aimerais que tu sois là Luke et que je puisse affronter cette nouvelle vie avec toi. 

* 

        Lorsque mon train arrive en gare Montparnasse, je m’empresse de descendre et tire ma petite valise derrière moi. Pendant tout le trajet je n’ai eût de cesse de vérifier son contenu, de peur d’avoir oublié quelque chose. Le quai est bondé et j’ai du mal à me frayer un chemin parmi la foule qui m’oppresse de toute part. Dans ma main libre je tiens le papier contenant les indications de mon éditeur, à savoir l’adresse de mon hôtel et l’heure de la dédicace qui aura lieu demain. Est-ce qu’il va y avoir du monde ? Si oui que vais-je bien pouvoir dire ? Je n’ai pas l’habitude de parler et encore moins s’il s’agit de moi. Mais je dois jouer le jeu. Je m’avance vers la sortie lorsque j’entends un petit cri derrière moi.

« - ALOUETTE ! »

        Je me tourne vivement pour voir apparaître le visage brun et enjoué d’Aurore parmi la foule. Je ne m’attendais pas à la voir ici et je lâche ma valise sous le choc, me ruant dans ses bras ouverts. Elle m’a tant manqué et même un an après j’ai l’impression que c’était hier qu’on se quittait à l’aéroport de Paris, nos yeux gonflés de larmes et nos gorges serrées. Mais aujourd’hui c’est différent.

«  Aurore ! Qu’est-ce que tu fais là ?

-Attends tu fais une séance de dédicace et tu as cru que j’allais rester chez moi les bras croisés ?!

-Mais comment tu as su qu…

-Je me suis abonnée à la newsletter de ton site, imbécile !

-Oh c’est vrai –Je ris et elle se recule pour me détailler-

-Tu n’as presque pas changé –Dit-elle- A part que tu es un véritable sac d’os. Et que sont devenus tes cheveux bleus et verts ?

-Ils étaient trop abimés alors je les ai fait couper.

-Oh c’est dommage, les garçons ne pourront plus t’appeler Peacock.

-De toute façon pour les rares fois où je les vois –Dis-je avec tristesse- Comment va Calum ?

-Très bien merci, nous avons pris un petit appartement ensemble dans le centre de Lyon. Et… Et toi ? –Dit-elle d’une voix timide- Tu as des nouvelles de L..

-Non. Et je n’en veux pas. – Dis-je d’un ton borné-

-Calum m’a dit qu’il v…

-Aurore, je ne veux plus entendre parler de lui…

-Tu dis ça mais tu portes toujours sa bague et son bracelet.

-C’est parce que je suis trop faible et trop naïve pour oser affronter la réalité. »

        Elle va pour répondre mais mon visage se ferme et elle se tait. Je ne veux pas parler de Luke, la revoir me fait déjà beaucoup penser à lui, sans compter cette dédicace qui portera sur mon livre, donc sur mon année à Sydney. J’ai beau essayer de l’oublier, Luke Hemmings me hante, comme sa sœur le hante et aujourd’hui je comprends ce qu’il ressentait lorsqu’il me disait se sentir piéger. Moi ce sont mes sentiments pour lui qui me maintiennent prisonnière et m’empêchent d’avancer.

        Nous sortons de la gare et je pousse un petit cri lorsque deux mains se posent sur mes yeux et que je me retourne pour faire face au visage éblouissant de Michael. Il a encore grandi et ses cheveux sont blancs à présent. Encore une fois ma valise s’écrase au sol et je me jette au cou de mon meilleur ami. Un an que je ne l’avais pas vu et bientôt mes larmes coulent d’elles-mêmes.

« Surprise! –Me dit-il tout bas alors que je renifle dans son cou-

-Oh Mikey ! –J’embrasse tendrement sa joue-

-Prête pour demain mademoiselle la célébrité ? –Dit-il en français-

-Tu es venu pour ça toi aussi ?

-Oui et je ne suis pas venu seul ! »

        Derrière lui Ashton et Calum rigolent ensemble et je me jette dans leurs bras, profitant de pouvoir à nouveau les avoir contre moi. Ashton embrasse longuement mon front avant de me féliciter pour mon livre.

« - Nous l’avons tous acheté, évidemment il n’est pas sorti en Australie et la commande a mis des lustres avant d’arriver mais nous avons chacun notre exemplaire ! –Me dit-il tout sourire-

-Mais Ashton… Je croyais que tu ne parlais pas français ?

-C’est exact –Dit-il en rougissant- Mais je voulais l’acheter car c’est ton livre. Et de toute façon Luke me l’a traduit. »

        Mon cœur rate un battement à ces mots et je suis sur le point de pleurer lorsqu’Ashton me montre les pages de son livre sur lesquelles se trouvent des post-its. Je reconnais l’écriture de Luke. Il a traduit chaque bulle, ce qui veut dire qu’il a tout lu. Il a du se reconnaitre, il a pu revivre notre histoire. Mais malgré ça, aujourd’hui encore il n’est pas là.

« - Qu’est-ce que tu as fait à tes cheveux !? –S’égosille Michael en passant ses doigts dans mes pointes brunes qui à présent m’arrivent aux épaules-

-Je te retourne la question –Dis-je en essayant de me focaliser sur mon meilleur ami plutôt que sur mon ‘ennemi’- C’est une couleur ou bien c’est parce qu’ils sont trop abimés et que tu dois les laisser respirer ?

-C’est une couleur… Pour les laisser respirer.

-Mh je vois. »

        Il prend ma valise en rigolant et nous nous éloignons enfin de la gare. Comme il fait beau on décide de se rendre à mon hôtel à pieds. En chemin nous passons devant un Starbucks et Ashton propose de nous y arrêter, en souvenir du bon vieux temps. J’accepte, à condition qu’il ne me demande pas ma place et bientôt de nombreux souvenirs me reviennent en tête. Ça fait mal, car tout ces souvenirs me ramènent immanquablement vers Luke.

« - Comment vous saviez que j’allais arriver aujourd’hui et à cette gare ? –Je demande à Aurore-

-C’est Michael qui nous a prévenu –Me dit-elle et je regarde le concerné avec un air suspicieux-

-J’ai juste envoyé un petit mail à ton père.

-Mon père ? Tu es sérieux ?

-Oui, je lui ai dit qu’on venait tout spécialement d’Australie pour toi et qu’on voulait te faire une surprise. »

Je ne m’attendais pas à ça.

Une fois à l’hôtel je pose mes affaires et me laisse tomber sur le lit quand j’entends quelqu’un frapper. Je vais ouvrir et sourit à Michael.

« - Je peux entrer ?

-Ne me dis pas qu’en plus de savoir où et quand j’arrivais tu savais aussi où j’allais dormir et que tu y as réservé une chambre ?

-Non non, on loge chez la tante de Calum, mais je voulais passer te voir.

-Oh c’est gentil –dis-je en le faisant entrer et ce dernier se laisse tomber sur le lit-

-Et beh ça va tu ne dors pas dans un taudis !

-C’est mon école qui m’a réservé la chambre –Dis-je gênée-

-Je ne te juge pas Peacock –Dit-il en me faisant signe de le rejoindre, je m’assois face à lui et le regarde qui me détaille- Tu as perdu beaucoup de poids.

-Je sais, j’ai passé mon année à travailler sur ce livre. Manger n’était pas ma priorité.

-Et tu es sûre que tu vas bien ?

-Oui –Dis-je sans le regarder- enfin je ne sais pas.

-En tout cas, tu es toujours aussi belle. »

        Je rougis et lève un peu la tête pour l’observer. Il ne sourit plus et plonge son regard triste dans le mien. Je lui ai manqué pendant tout ce temps et il m’avait manqué aussi mais lorsqu’il se penche vers moi et vient emprisonner mes lèvres des siennes, j’ouvre grand mes yeux et me recule avec gêne.

« - Excuse-moi –Me dit-il les joues rouges-

-Non Mikey je… Tu n’as pas à t’excuser.

-C’est juste que… Tu m’as tellement manqué. Je suis désolé, oublie ça.

-D’accord… -Il s’écarte un peu de moi et je n’ose même plus le regarder tant je suis gênée, cela faisait si longtemps qu’on ne s’était pas embrassés lui et moi-

-Est-ce que tu l’aimes encore ? –Me dit-il d’une petite voix- je veux parler de Luke.

-Je ne sais pas –Dis-je en triturant mes doigts- Je n’arrive pas à l’oublier…

-Et tu aimerais l’oublier ?

-Oui enfin… Non. –Dis-je finalement en fixant mes pieds- Je n’arrive pas à tourner la page, c’est plus fort que moi, à chaque fois que j’essaie il trouve toujours un moyen pour monopoliser mes pensées. C’est la première fois que je tombe amoureuse à ce point. Et je me sens si stupide.

-Pourquoi ?

-Car ce n’est pas réciproque. Lui il m’a oublié, il a recommencé sa vie comme si de rien n’était alors qu’au début c’est lui qui avait besoin de moi et aujourd’hui les rôles se sont inversés. Aujourd’hui c’est moi qui pleure et me rend malade parce qu’il n’est pas là pour moi.

-Tu regrettes d’être partie ?

-Oui. Je ne veux pas être célèbre finalement, tout ce que je voulais c’était faire ce petit projet pour moi, pour ne jamais oublier mon année avec vous. Tout ça va trop loin et m’éloigne encore plus de Luke. Je sais que j’ai fait le bon choix, que j’aurais sûrement gâché mes rêves en restant avec lui, mais j’aurais préféré mille fois gâcher mes rêves et passer ma vie avec lui que de vivre mon rêve et de passer ma vie sans l’homme dont j’ai besoin.

-Tu rencontreras d’autres hommes Alouette.

-Aucun autre homme ne saura me compléter et me rendre aussi vivante en une vie entière que lui ne l’a fait en un an. »

        Il me donne une dernière étreinte avant de s’excuser pour m’avoir embrassé. Je ne lui en veux pas, tout ce que je me dis c’est qu’au moins lui il sait me prouver ses sentiments. Je sais que je lui ai manqué. Il est venu exprès pour moi. Son baiser était sincère, son regard aussi. Mais au fond j’aurais préféré que ce soit Luke, pas Mike, car lui ne m’avait plus rien prouvé depuis un an et c’était de son attention dont j’avais maladivement besoin.

        J’ai les mains moites à mesure que l’heure avance. D’ici quelques minutes la dédicace va commencer et je vois déjà des gens arriver avec leurs enfants, mon livre en main. Vraiment je ne comprends pas. Comment peut-on s’identifier à l’histoire de quelqu’un d’autre ? Comment peuvent-ils aimer mon livre alors qu’il ne s’agit que d’une simple histoire de kangourous qui grandissent ensemble ? J’ai l’impression que tout ceci sonne faux, que c’est exagéré, je ne mérite pas un tel engouement pour une histoire aussi banale, mais bientôt la foule se fait plus compacte et je prends peur, allant me réfugier derrière la toile sur laquelle est représentée la première de couverture de mon livre.

        J’ai du mal à respirer. Que me veulent tout ces gens ? Vont-ils me poser des questions ? Me juger ? Mon éditeur arrive rapidement et me donne à boire pour ne pas que je m’évanouisse. Si je pouvais je m’enfuirais par l’arrière du magasin et rentrerais illico chez moi, m’enfermant dans mon petit train-train quotidien, mais ce serait ne pas jouer le jeu. C’est moi après tout qui ai choisi cette voie, c’est moi qui ai accepté que mon histoire soit éditée. Je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même et aujourd’hui je dois me prouver que je suis capable de surmonter cette épreuve. Je dois me dépasser et personne ne peut m’aider, c’est un combat avec moi-même, je dois prendre confiance en moi.

*

        A 16 heures pile la dédicace commence et j’entreprends de signer les livres qu’on me tend. Par moment je demande le nom de l’enfant et lui rend son livre avec un sourire gêné, le regardant sautiller. Est-ce normal que je n’arrive pas à comprendre leur engouement ? A leur âge peut-être que moi aussi j’aurais sautillé en voyant mon livre être dédicacé par l’auteur en personne, par cette personne presque célèbre à mes yeux innocents. Mais je n’ai pas l’impression d’être célèbre et cette idéalisation me gêne au plus haut point si bien que je rougis lorsque les enfants m’inondent de compliments.

        A mon grand soulagement on ne me pose pas beaucoup de questions, parfois certains parents me félicitent et je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi. ‘Votre histoire est une belle leçon de vie, je l’ai conseillé à mon amie qui est jeune maman…’. Je ne peux m’empêcher de me tasser dans mon siège et de rougir, si bien que mon teint rougeâtre ne me quitte pas de toute l’après-midi.

« - Vous pouvez m’écrire ‘ A Apple-Michael, l’homme le plus merveilleux au monde ? »

        Je manque de m’étouffer et lève la tête pour voir Michael, mon livre fièrement tendu vers moi. Derrière lui Ashton, Aurore et Calum font la queue et je crois même apercevoir Charlélie et Coline un peu plus loin. Ils sont venus me voir, me soutenir.

Mes amis.

« - Bon Michael tu bouges ton gros cul ? –Soupire Ashton-

-Ne soit pas aussi vulgaire il y a des enfants ! –Grogne Michael-

-Et alors, ils ne parlent pas anglais !

-Laisse-moi profiter de cet instant. Mh Peacock peux-tu rajouter «  Merci d’avoir illuminé ma vie et de m’avoir décoincée ce magnifique soir d’Halloween que je n’oublierai jamais. Tu es l’homme de ma vie Michael, que serais-je devenu sans toi ? »

-Tu as cru que c’était la fête Clifford ? –Dis-je en soupirant- Pour la peine t’ auras juste une signature.

-Mais ! –Il commence à se plaindre lorsqu’Ashton le pousse et me sourit grandement-

-Toi aussi tu veux une dédicace personnalisée ? –Dis-je en rigolant-

-Mh met ce qui te passe par la tête, sans bien-sur mentionner le fait que je sois un gros con avec un petit pénis. –Je rougis et ne peux m’empêcher de rire-

-Pour Ash, afin de te remercier de m’avoir fait rencontrer les hommes de ma vie. Je te dois tout Irwin.

-Ca te convient ? –Dis-je alors qu’il relit ma phrase en souriant-

-Oui ça me convient, merci Camden ! »

        Le prochain livre est celui qu’Aurore et Calum ont acheté ensemble. ‘A mon petit couple de kangourous préféré’ puis vient le tour de Coline et Charlélie. Nous échangeons quelques mots avant qu’ils ne laissent la place aux derniers arrivants. Nous irons boire un verre tous ensemble lorsque la dédicace sera terminé, ce qui ne devrait plus tarder.

Une heure plus tard je fais passer mon dernier livre et m’autorise un bâillement une fois que l’enfant s’en est allé rejoindre sa mère. Mon éditeur m’apporte une nouvelle bouteille d’eau et je m’étire enfin.

« - C’était du bon boulot ! –Me félicite-t-il-

-Merci, c’était une bonne expérience pour ma part.

-Les enfants ont l’air de bien t’aimer –Dit-il en me faisant un clin d’œil- J’ai vu qu’il y en avait plusieurs qui t’avaient offert des dessins.

- Oui, c’est adorable. Mais je ne comprends pas pourquoi ils m’apprécient autant.

- Parce que tes personnages sont attachants et qu’ils les retrouvent à travers toi. Tu es quelqu’un de simple et de naturelle, je ne suis pas étonné que tu aies plu ! »

        Je ne peux m’empêcher de rougir pour la énième fois. Moi ça m’étonne, je ne me perçois pas comme les autres me perçoivent et donc je n’arrive toujours pas à comprendre. Il me donne une légère tape sur l’épaule ‘Allez il te reste encore un petit quart d’heure’. J’hoche la tête et vais me rasseoir, dessinant des petits cercles sur la nappe à mesure que le temps passe. Je ne pense pas que quelqu’un viendra à cette heure et je commence à somnoler lorsqu’un retardataire se précipite à ma table, le souffle court et pose brutalement mon livre sur la table. Je sursaute et mon sang se glace quand j’aperçois un anneau noir sur les fines mains tremblantes qui se sont posées devant mon visage endormi.

« - Est-ce que je pourrais avoir une dédicace ? »

        Une masse vient de s’écrouler sur moi si bien que je ne peux même pas redresser la tête à l’entente de cette voix. Cette putain de voix. Mon cœur commence à palpiter dangereusement et ma lèvre tremble. Je ne veux pas lever la tête, je ne veux pas être déçue en me rendant compte qu’il s’agit d’un rêve. Il n’est pas là, il n’a jamais été là, il m’a oublié et moi je somnole en l’imaginant être à mes côtés. Mais comme à chaque fois je vais me réveiller et il ne sera pas là. Sauf que les mains face à moi restent bien visible et bientôt elles redressent mon visage, m’obligeant à encrer mon regard dans les iris bleu que je ne pensais plus jamais revoir de ma vie.

Luke est là devant moi. Il est venu. 

        Je ne sais pas combien de temps nous restons là à nous fixer mais bientôt je me sens défaillir et je bois à grande gorgée le reste de ma bouteille, en renversant partout sur moi tellement mes mains sont incontrôlables. Je n’arrive pas à croire qu’il soit venu. Tout un tas de questions se chamboulent dans ma tête et m’empêchent de penser normalement.

« - Alouette c’est l’heure de s’en aller – Me dit mon éditeur-

-J…J’arrive. »

Je vais pour m’en aller mais Luke s’avance sur la table et attrape fermement mon poignet. Le contact avec sa peau me fait voir blanc et il m’attire à sa hauteur.

« - Et ma dédicace ?

-Tu mérites plus mon pied dans tes couilles qu’une dédicace Hemmings ! 

-J’ai fait le déplacement exprès, tu pourrais au moins être gent…

-Tu te fou de ma gueule ?! Tu crois que je vais te féliciter de t’être déplacé un an après mon départ ?!

-Alouette laisse-moi t’expliquer…

-M’expliquer quoi ? Que t’avais autre chose à foutre que de venir me voir ? Je ne veux plus rien entendre de toi Hemmings, tu m’as mise de côté, tu m’as oublié, tu m’as menti !

-Je t’en prie laisse-moi au moins te parler –Dit-il d’une voix brisée alors que je me retire de son étreinte-

-Tu as gâché ma vie Lucas !

-Et toi tu as sauvé la mienne. Alouette attend ! »

        Je retourne voir mon éditeur et le remercie pour la dédicace. ‘On se verra sur Bordeaux, bien que ce serait plus pratique que tu viennes t'installer sur Paris’ me dit-il avant de s’en aller. Je prends mes affaires et reste derrière la toile, espérant que Luke s’en ira. Je suis ignoble. Un an que j’ai espéré le voir et maintenant qu’il est là je suis à deux doigts de le renvoyer chez lui. Mais il m’a fait tellement de mal, si j’ai arrêté de manger et de dormir c’est parce que je voulais travailler et donc ne plus penser à lui. Chaque soir je rêvais de ses bras, de sa chaleur et quand je me réveillais je me rendais compte avec la boule au ventre que ce n’était qu’un putain de rêve, alors j’avais commencé à redouter la nuit et je passais mon temps à travailler. Vraisemblablement il m’a détruite, mais je l’aime encore. Je l’ai toujours aimé de toute façon, même quand je me refusais de l’admettre.

*

        Le magasin est sur le point de fermer et je me rue dehors. Luke n’est plus là, il a surement dû partir. Je regrette de ne pas lui avoir dédicacé mon livre, après tout c’était notre histoire, c’était aussi son livre. Je laisse couler une larme et vais rejoindre comme promis la petite troupe qui m’attend au bar. Luke n’est pas là et je commence à me demander si je n’ai pas rêvé. Personne ne parle de lui, je suis la seule à l’avoir vu, comme un fantôme. Je dois être sérieusement épuisée.

        Michael me reconduit jusqu’à l’hôtel et embrasse mon front en souriant. J’aimerais lui demander s’il a vu Luke, s’il sait que son meilleur ami est en France, au même endroit que nous, mais mes lèvres restent scellées et je monte rapidement à mon étage. J’ai envie de pleurer.

        L’ascenseur s’ouvre sur mon allée et je m’avance dans le couloir sombre, cherchant à tâtons la lumière. Une fois l’interrupteur enclenché, les lumières grésillent et je pousse un petit cri lorsque je vois quelqu’un adossé contre le mur. Je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un ici et je manque de tomber à la renverse quand je reconnais les cheveux blonds en bataille de Luke. A l’entente de mon cri il redresse la tête rapidement, signe qu’il dormait et se lève. Je me crispe et appuie comme une folle sur le bouton de l’ascenseur pour qu’il revienne tandis que Luke s’approche un peu plus de moi. Je ne sais pas à quel étage ce maudit appareil se trouve mais bientôt le blond enroule ma maigre taille de ses bras et m’attire contre lui. Mon premier réflexe est de le repousser, de frapper son torse de mes poings mais il ne me lâche sous aucun prétexte, pas même lorsque je lui colle une gifle monumentale qui résonne dans tout le couloir.

« - Toujours aussi violente –Me murmure-t-il à l’oreille-"

        C’en est trop pour moi, je sens son odeur qui m’enivre, sa voix qui fait s’envoler mon cœur et parcourt mon corps d’électricité et bientôt j’éclate en sanglot dans ses bras. Ne cherchant plus à m’en aller alors que l'ascenseur vient enfin de s'ouvrir. Il enfouie sa main dans mes cheveux et la lumière s’éteint à nouveau Nous sommes dans le noir et le silence le plus complet, seuls mes puissants sanglots se font entendre et bientôt Luke m’entraine vers ma porte que j’ouvre avec maladresse.

« - Tu vas réveiller tout le monde Camden. »

        Pour seule réponse je frappe son épaule avant de me remettre à pleurer dedans. Comment peut-il être aussi détendu après tout ce temps ? Ne s’en veux-t-il pas de m’avoir laissé tomber ? De ne m’avoir jamais donné de ses nouvelles ? Il a l'air de trouver ça normal.

« - Alouette calme-toi –Dit-il en me berçant-

- C…Comment peux-tu me dire ça ?! Tu m’as laissé tomber !

- Pas un jour je n’ai cessé de penser à toi ! –Dit-il sur la défensive-

- Alors pourquoi tu m’as menti, pourquoi t’es jamais venu ?!

- Parce que j’avais des projets à réaliser. –Il me fait m’asseoir sur le lit et me donne à boire- écoute moi, c’est tout ce que je te demande, après je m’en irai comme tu le souhaites.

- J…Je t’écoute.

-Quand tu es parti je… J’ai eût du mal à m’en remettre, j’ai mit ma vie en pause et j’ai cessé d’exister. Je ne sortais plus, je ne mangeais ni ne dormais plus. Je ne faisais que penser à toi. Quand Michael et Ashton sont venu chez toi j’ai préféré décliner, parce que j’avais peur du retour, de devoir te quitter encore une fois. J’ai été faible je l’avoue, mais je ne voulais pas te perdre une seconde fois, je préférais attendre d’avoir retrouvé une vie stable.

- Alors cette histoire de concours…

- C’était un mensonge. Je voulais une excuse plus glorieuse que ‘il a peur de te perdre’. J’ai honte de ça Alouette, j’ai honte d’être aussi faible, mais je savais qu’en te perdant une seconde fois je me mettais en danger. Mais j’ai compris que j’avais été plus con que possible lorsque tu as ignoré mes messages. Je ne savais plus quoi faire. J’avais refusé de venir pour éviter de te perdre et en faisant ça j’avais creusé encore plus le fossé entre nous… Tu n’imagines pas à quel point je m’en suis voulu. Alors j’ai appelé Michael et j’ai réellement compris à quel point je t’avais fait du mal, à quel point j’étais un monstre. Et quand tu m’as dit être enceinte je…. J’ai paniqué. –Il dit ça en fixant mon ventre plat- tu…

-  Non je ne l’ai jamais été –Dis-je en reniflant- Je voulais te faire réagir, je voulais…. Je voulais que tu reviennes ! Je pensais qu’en apprenant que j’attendais un enfant de toi tu serais venu auprès de moi, au moins pour me soutenir. Mais c’était ridicule de ma part. –Dis-je en soupirant-

-J’étais complètement bouleversé, je ne comprenais pas, je m’en voulais même de t’avoir faite tomber enceinte, puis Michael m’a envoyé un message pour me dire que c’était faux et je me suis calmé.

- Et ensuite, pourquoi tu n’es jamais venu ?! Pourquoi tu m’as effacée de ta vie ? –Il passe sa main sur la mienne mais je la retire-

-Je ne t’ai pas effacé de ma vie. Tout ce que j’ai fait après je l’ai fait pour toi. J’ai compris que tu allais éditer ton livre et que ça signifiait mettre ta vie en pause alors j’ai fait de même et j’ai cherché du boulot. Pendant un an j’ai travaillé dans diverses boites pour mettre de l’argent de côté, jour et nuit, sans relâche.

-Pourquoi ? –Dis-je en le coupant-

- Pour pouvoir me rapprocher de toi. –Dit-il en souriant timidement-

-Et en quoi ça t’a permis de te rapprocher de moi ?

- Je voulais te l’apprendre dans d’autres circonstances mais je n’ai pas le choix. Je vais aménager en France. –J’ouvre grand mes yeux, sous le choc- J’ai compris que si je voulais vivre à nouveau il fallait que je sois prêt de toi et ce sur la durée, pas durant une simple semaine. Et comme tu commençais ta carrière, c’était normal que ce soit moi qui fasse des sacrifices, pour toi, pour nous.

- Mais… Et Melody ?

- Mes parents vont garder la maison et donc la chambre de Melo restera intacte. Ils ne veulent pas la vendre. Et de toute façon je m’y opposerais. Et concernant sa tombe. Je crois qu’il était temps que je grandisse. Je me suis rendu compte que de parler tous les soirs à une porte close ne me rendrait pas la vie meilleure. C’est de toi dont j’avais besoin, c’est de ta vivacité, de ton amour. Mais j’ai encore une fois tout fait à l’envers et maintenant ça se retourne contre moi. Je sais que tout est de ma faute mais je pensais… Je pensais qu’en revenant tu me pardonnerais. Je suis tellement désolé Alouette. –Je reste silencieuse et bientôt des larmes viennent dévaler ses joues rouges- J’ai passé un an à espérer te revoir, à imaginer nos retrouvailles mais j’aurais dû me douter qu’à trop jouer le con ça finirait par me revenir à la figure.

- Tu n’es rien de plus qu’un gros con Hemmings ! –Dis-je d’une voix tremblante, brisant le silence, ce qui a pour effet de le crisper- J’ai cru que tu m’avais oubliée, que tu avais rencontré quelqu’un d’autre, quelqu’un de mieux que moi qui t’avait fait oublier toutes ces belles paroles que tu m’avais dites. Je croyais que notre histoire ne signifiait plus rien à tes yeux et je me maudissais d’être tombée amoureuse de toi, pire d’être devenue dépendante de toi, mon pire ennemi !

- Tout ce que je voulais c’était me retrouver de nouveau à tes côtés –Dit-il entre deux sanglots- Tu sais que je suis maladroit.

- Ce n’est pas une excuse !

- Alouette je t’aime. Tu es mon objectif, te combler est mon objectif, ça l’a toujours été mais aujourd’hui je suis prêt à agir en homme. Je suis prêt à être là pour toi –Il renifle et me fait tourner la tête pour qu’il puisse me regarder- Je suis prêt à me tenir debout et à aller de l’avant, pour toi. Je te le promets.

- Qui me dit que tu ne te défileras pas ? –Dis-je en mordant ma lèvre pour ne pas pleurer-

- Ca –Il pose sa main sur la mienne et nos bagues se touchent- j’ai eût un an pour me défiler, pour aller voir ailleurs comme tu dis, mais j…Je suis là et je ne vois pas ma vie sans toi. Toi ma pire ennemie qui m’a rendu dépendant. »

        Je ne dis rien et fixe nos bagues. Mon cœur bat à toute vitesse et je serre les draps pour ne pas lui en coller une. Il m’a détruite, mais pour rien au monde je ne veux le laisser m’échapper une seconde fois. Sa main se retire de la mienne et vient se placer sur mon menton pour redresser mon visage.

« - Alouette regarde-moi… »

        Sa voix est un murmure, presque inaudible mais je finis par lever les yeux. Ses larmes sont sincères, autant que les miennes et elles se font plus nombreuses lorsqu’il approche son visage du mien. Nos regards ne se quittent plus et quand nos lèvres se touchent, j’ai l’impression de retrouver une sensation perdue. Une chair de poule violente s’empare de nous à tel point que je me cambre contre lui et qu’il m’attire avec force dans ses bras musclés. Ses lèvres m’avaient tant manqué, j’en avais rêvé jours et nuits, chaque fois j’essayais désespérément de me remémorer leur gout et aujourd’hui le rêve redevenait réalité.

« - Luke dit moi que ce n’est pas un rêve -Dis-je effrayée-

- Non, c’est réel Alouette. Les rêve sont finis, je suis là maintenant. »

        J’ai envie de crier, de hurler entre tristesse et bonheur. Il avait fallu que j’attende un an, un an de doutes et de peurs. Mais aujourd’hui, je le retrouve, comme si je repartais en Australie comme il y a un an, sauf qu’aujourd’hui c’est lui qui vient, c’est lui qui entre de nouveau dans ma vie. Nos langues s’enroulent timidement avant de profiter plsu franchement de nos retrouvailles et je n’ai de cesse de serrer Luke contre moi. J’ai encore trop peur d’ouvrir les yeux et de ne plus le trouver à mes côtés, alors je m’agrippe à lui.

« - Alouette ?

-Oui ?

-Est-ce que tu te sens prête à vivre avec moi ? Ici, à Paris ?

 Oui Luke, je suis prête. »

~ Suis-je pardonnée ? ;)

Bon beh double update en plein milieu de la nuit .__. Je crains... Suite et fin ce dimanche, merci à tous et à demain (je me réserve pour ma dernière nda :") )

Kactus qui vous aime !

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