72 ~ Frenchy Christmas (Luke)
A l’évidence Camden a tout oublié de cette soirée chez moi et ce n’est pas plus mal. Les semaines de cours s’enchainent normalement à la différence qu’Ashton est de moins en moins présent. Je m’inquiète pour lui, sa mère est dans un état grave et bien qu’elle insiste pour qu’il ne rate pas ses cours, il reste à ses côtés. Elle est tout pour lui, son père n’a jamais quitté les Etats-Unis, laissant femme et enfant retourner vivre seuls à Sydney. En y réfléchissant, comme moi Ash n’a pas une vie parentale formidable, Michael non plus, à croire que je choisis mes amis en fonction de ces critères. On est une petite bande de névrosés en fait.
Je passerai chez lui ce soir, je dois lui rendre certains travaux dont son évaluation en art. Il a eût un A, j’ose espérer que ça lui remontera le moral.
*
« -J’ai eût combien ? –Me demande Ashton les yeux grands ouverts-
- A, comme Calum et Camden
- Et bien –Il passe sa main dans ses cheveux en désordre et sourit doucement- j’irai remercier Peacock dans ce cas.
- Je peux le faire pour toi si tu veux.
- Non merci, tu vas encore l’encastrer dans un mur –Je grogne, je ne l’ai fait qu’une fois… ou deux-
- Bon sinon ça va toi ? –Dis-je maladroitement-
- Moi oui, mais ma mère m’inquiète beaucoup. Le médecin est venu aujourd’hui et il n’a pas voulu me dire que son état empirait.
- Ash elle va s’en sortir, elle est forte et tu es à ses côtés.
- Luke tu es le mieux placé pour savoir que même avec toute la volonté du monde on ne peut pas aller à l’encontre des aléas de la vie. –Je mords violemment ma lèvre, oui je sais ce que ça fait- Je veux sauver ma mère mais je sais que si jamais ça tourne mal je ne pourrais rien faire.
- Ashton.. –Il laisse perler quelques larmes alors que je pose ma main sur son épaule-
- Luke qu’est-ce que ça fait… De te sentir aussi faible et impuissant alors que… Alors que tu serais prêt à tout, même à donner ta propre vie pour faire changer les choses ?
- Ca fait mal –Dis-je en laissant mes larmes couler à mon tour- C’est la pire sensation que tu puisses avoir, être là et n’avoir aucune emprise sur les choses autour de toi. Sentir que tout t’échappe, que l’être humain n’a aucune incidence sur le temps et l’espace.
- Je ne veux pas ressentir ça –Dit-il en pleurant plus franchement alors que je l’attire dans mes bras-
- Tu n’auras pas à le ressentir, ça va aller, ta mère vaincra cette maladie.
- Luke si elle meurt je mourrais aussi !
- Ne dis pas ça abrutis ! –Dis-je en grognant, serrant un peu plus fort mon ami- Ne dis rien…
- Les gars m’ont proposé de rester un peu à la maison –Commence-t-il en reniflant-
- Est-ce que tu veux que je vienne aussi ?
- Je… Je ne veux pas te déranger Luke, en plus je… Je sais que tu ne vas pas très bien depuis Halloween… Je ne v..
- Je viendrai Ashton, je préfère être avec toi que de te laisser seul et de me retrouver seul par la même occasion.
- Merci Luke – Dit-il en s’écartant de moi, nous essuyons nos larmes- On a l’air ridicules tous les deux. Si une fille nous voyait.
- Il n’y a pas que les filles qui ont le droit de pleurer –Dis-je en me mouchant-
- Oui tu as raison… »
*
L’ambiance qui règne à l’Université est différente à l’approche de Noël, les filles n’ont de cesse de piailler, parlant de tenues de soirée et de leurs idées cadeaux, tandis que les garçons réfléchissent à comment passer le meilleur Noël possible, tout en étant bourré. Quand j’entre dans l’amphi je remarque que les français sont regroupés sur l’estrade, écrivant quelque chose au tableau et murmurant en cercle.
« - Ils font quoi à ton avis ? –Me demande Michael-
- Je ne sais pas, une réunion tupperware peut-être. »
Je lève les yeux au ciel et m’affale sur ma table, épuisé. J’ai passé quelques jours chez Ashton et nous avons veillé tard auprès de sa mère. A chaque fois elle nous disait de nous coucher mais lorsqu’on s’exécutait je me rendais compte qu’Ashton partait finalement s’asseoir devant la porte de sa mère, au cas ou, donc je le rejoignais et nous avions passé trois jours sans vraiment dormir.
« - Oh ! Les français veulent préparer un repas de classe pour Noël. –S’enquit Mike sur sa chaise-
- Ils ne sont pas croyables, c’est le seul groupe d’étrangers qui ne se soit pas vraiment intégré à la classe et pourtant ils proposent ça ?
- C’est plutôt gentil non ?
- Je trouve ça hypocrite –Dis-je en enfouissant ma tête dans mes coudes-
- Dois-je en conclure que tu ne viendras pas ?
- Non.
- Parfait, ça me laissera Peacock pour moi tout seul et je pourrais réitérer notre petite partie de j…
- Pourquoi tu me dis ça à moi ? –Dis-je en grognant-
- La dernière fois tu es venu à Halloween exprès pour la voir –Je me redresse d’un coup, le regard noir-
- C’est absolument faux ! –Il note son nom sur un bout de papier et me regarde-
- Ne mens pas Luke, j’ai compris que tu l’appréciais plus que tu ne voulais l’avouer. Tu es désolant d’ailleurs. –Mes joues prennent une couleur rouge et je lui arrache le bout de papier des mains pour y inscrire mon nom- Et bien voilà !
- Je ne viens pas pour elle, tu sais très bien que je ne l’apprécie qu’en tant que mon ennemie. Pour ce qui est des autres sentiments, je te la laisse. D’ailleurs quand est-ce que vous vous mettez enfin ensemble ? C’est vous qui êtes désolants à vous tourner autour sans rien faire de concret ! »
Mon meilleur ami ne répond pas et se contente de me ricaner à la figure, ce qui a le don de m’agacer. Qu’est-ce qu’il s’est mis en tête ? Je ne viens pas spécialement pour Camden. En arrivant Calum ajoute son nom sur la feuille sans hésiter un seul instant. Je n’avais pas remarqué jusqu’à aujourd’hui mais il me semble que mon ami s’est réellement éprit d’Aurore. Je le regarde en coin qui sourit. Ca fait quoi d’être amoureux ? J’ai l’impression que ce sentiment ne m’a pas touché depuis des années. D’un côté je crois que je l’envie, se lever chaque jour avec le sourire aux lèvres en pensant à la personne qui fait battre son cœur. Moi chaque matin je me lève avec les larmes aux yeux en pensant à ma sœur. Je regarde un peu plus bas et vois Camden dans les bras de Charlélie. Michael bouillonne à côté de moi et je dois avouer que moi-même ça ne me plait pas de la voir avec lui. Je veux qu’elle soit avec Michael. Pourquoi ? Parce que c’est mon ami et que comme ça, j’ai une emprise indirecte sur elle. Je mords ma lèvre, est-ce que par hasard c’était dans mon propre intérêt que je voulais qu’elle soit avec mon meilleur ami ? Non, je ne dois pas me lier à elle, de plus dans environ cinq mois elle sera partie. Je m’y refuse.
*
« - Sashane a proposé Bal de promo comme thème –Me dit Michael alors qu’il est chez moi pour essayer son costard-
- Mike tu es immonde là-dedans –Dis-je avec un air de dégout-
- Je sais… Mais j’ai promis à Peacock de bien m’habiller.
- Et si elle te dit de te jeter d’un pont tu le feras ?
- Non mais…
- Alors tu t’habilles comme tu veux.
- C’est quand même Noël, tout le monde va être sur son 31, pour quoi vais-je passer si je débarque habillé en clochard ?
- Pour Michael Clifford. –J’explose de rire en voyant sa tête se décomposer- Met une chemise blanche et un pantalon noir, comme moi et ça suffira. »
Il accepte et ajoute une cravate à sa chemise alors que j’opte pour un nœud papillon. Nous prenons nos vestes en cuir et montons dans ma voiture pour passer prendre Ashton et Calum. Lorsqu’on arrive au gymnase je remarque qu’il y a déjà du monde et que les filles ont joué le jeu. Certaines portent des robes magnifiques tandis que d’autre font terriblement vulgaires.
« -Les garçons ! –Je redresse la tête pour voir Sashane s’approcher de nous, je la regarde de haut en bas, elle est magnifique et sa robe sirène épouse parfaitement ses formes-
- Très jolie robe –Lui soufflé-je à l’oreille-
- Tu es très beau toi aussi Luke –Elle sourit et remet mon col droit-
- Merci. »
Nous allons poser nos vestes et je remarque la pile de cadeaux. Je n’ai rien apporté, mais ça ne fait rien, il n’y a personne à qui j’ai envie d’offrir quelque chose. J’offrirai leurs cadeaux aux gars le jour de Noël. Michael et Ashton partent récupérer les pizzas et mousses au chocolat, qu'Ash a préparées avec sa mère affaiblie, tandis que je reste aux côtés de Calum qui tourne la tête dans tous les sens.
« - Tu cherches Aurore ?
-Oui je… J’ai un cadeau pour elle –Dit-il les joues rouges-
- Oh je vois, c’est une bonne idée.
- Et toi ? –Je le regarde avec étonnement-
- Quoi moi ?
- Tu vas offrir quelque chose à Peacock ? –Je vire au rouge et serre mes poings-
- Mais qu’est-ce que vous avez tous à penser que j’éprouve un quelconque sentiment pour cette fille ?! Je n’ai pas besoin de lui faire de cadeau parce qu’on est ennemis, les ennemis ça ne se fait pas de cadeaux.
- Très bien, très bien, ne t’énerve pas. »
Je suis énervé. Que Michael sous-entende que j’apprécie Camden ça ne me dérange pas, mais que le nombre de curieux augmente ne me plait guerre. Ce n’est rien de plus qu’une fille avec laquelle je me sens bien sans forcément être son ami. Je grogne avant de partir en direction du buffet, laissant Calum seul, jusqu’à ce qu’il ne rejoigne Aurore.
*
Alors que je me gave de chips dans mon coin, le garçon à la sono a la bonne idée de mettre un slow. Je regarde mes camarades autour de moi, les filles gloussent et usent d’une fausse modestie lorsqu’un des garçons les approche. Pitoyable mais typiquement féminin, au fond ce sont de vraies tigresses, ce sera à celle qui aura le plus beau cavalier. Je lève les yeux au ciel et décide de danser un slow avec mon bol de chips étant donné que personne ne vient me voir et que je ne vais vers personne, puis je pars finalement aux toilettes, passant devant Michael qui se trouve en compagnie d’une pizza. On n'est pas meilleurs amis pour rien.
« - Tu as trouvé meilleure cavalière que Camden à ce que je vois ? –Je demande alors qu’il glousse-
- En quelque sorte -Dit-il en rigolant- Non elle est partie aux toilettes.
- Je ne te reconnais plus, d’habitude tu serais du genre à l’attendre devant la porte en bon harceleur que tu es.
- Oui mais je veux la laisser tranquille, elle n'a pas l'air dans son assiette ce soir. »
J’hausse les épaules et lui refourgue mon bol de chips avant d’aller aux toilettes. La musique est moins forte et les échos des voix dans le gymnase me parviennent comme un murmure. Je préfère ça.
Lorsque je sors des toilettes je discerne au loin de la lumière dans les ceux des filles. Est-ce que Camden y est toujours ? Je m’avance tranquillement dans le couloir et m’arrête au niveau de la porte ouverte, me laissant voir ma pire ennemie occupée à retoucher son maquillage. Jusque là je n’avais pas remarqué mais elle porte une robe magnifique, loin de la robe aguicheuse de Sashane mais cependant, elle faisait son petit effet. Je souris en coin avant de m’avancer un peu plus. ‘Tu ressembles à un pot de peinture Camden’ elle sursaute et je mords ma lèvre pour ne pas rire. Après tout c’est vrai, pourquoi met-elle autant de maquillage alors qu’elle a la chance d’être belle au naturel ? Décidemment je ne comprendrai jamais les filles. Alors qu’elle se tourne vers moi un détail me saute aux yeux. Ses seins, ils sont plus gros.
Elle a mis du rembourage, elle n’est pas croyable.
« - Tu ne vas pas danser ? –Je demande-
-Si quand cette musique sera terminée.
- Tu n’aimes pas les slows je me trompe ? –Elle hoche la tête- Est-ce parce que jamais aucun garçon ne s’est intéressé à toi au point de te demander une danse ? »
Elle reste silencieuse et ne m’adresse aucun regard. Est-ce que j’avais visé juste ? Pendant quelques instants elle reste immobile avant de finalement partir. D’un geste rapide et inexpliqué je la maintiens par le bras. Pourquoi ? Je n’en sais rien et son regard intrigué ne me dit rien qui vaille, me forçant à trouver une excuse rapidement.
« - Oh tiens un deuxième slow ! Que vas-tu faire ? Passer ta soirée aux toilettes à attendre que les couples aient fini de te jeter leur bonheur à la figure ?
- Je me moque des couples Hemmings !
- Alors pourquoi tu ne vas pas danser ?
- Parce-que je n’aime pas ça c’est tout !
- Je crois bien que tu es la seule fille que je connaisse qui n’aime pas les slows –Dis-je en esquissant un sourire en coin- c’est donc plutôt toi qui a changé de sexe. Tu n’as rien d’une fille.
- Pourquoi tu es là Hemmings ? »
C’est vrai ça, pourquoi à chaque fois qu’elle était seule j’en profitais pour venir l’embêter ? Pourquoi j’ai ce besoin de vouloir attirer l’attention sur moi alors que je pourrais la laisser tranquille et m’épargner de me disputer avec elle par la même occasion ? Je la regarde dans les yeux et réfléchis. La dernière fois en boite je n’avais pas dansé avec elle car elle été restée scotchée à son siège mais là, elle est debout, devant moi. Qu’est-ce que ça fait de danser un slow avec son ennemie ? Cette danse qui en dit long sur la proximité des gens.
« - Pour te forcer à aller danser.
- Je refuse. –Je m’en serais douté-
- Même avec moi ? –Ses grands yeux gris s’écarquillent sous le choc-
- Raison de plus pour refuser ! »
Cependant elle ne bouge pas, alors je tente le tout pour le tout et enroule sa fine taille de mes mains, frôlant le corset armaturé de sa robe. Sous ma chemise je sens que je frisonne et que la chair de poule se répand dans tout mon corps. Elle ne fait pas résistance ce qui m’encourage à la coller contre moi avant de nous bercer. Ses mains se nouent dans ma nuque avec difficulté. Elle est si petite, ou bien c’est moi qui suis anormalement grand et comme à notre habitude nous échangeons quelques piques, à croire qu’on ne peut s’en empêcher même dans un moment pareil.
« - Est-ce qu’on va passer tout le slow à se balancer des méchancetés ? –Dis-je en posant mon menton sur le haut de son crane-
- Ca fait quatre mois que tu me dis des méchancetés alors pourquoi t’arrêter maintenant. »
Elle n’a pas tort et après tout ce sont ces méchancetés qui nous ont rapprochés elle et moi. Ce qui d’ailleurs est curieux, lorsqu’on fait des crasses à quelqu’un ce n’est pas pour s’en rapprocher peu de temps après. Je resserre un peu mon étreinte et regarde dans le vide. C’est agréable de danser un slow avec sa pire ennemie, au moins je suis sûr qu’elle n’a pas d’arrière-pensées et qu’elle ne me voit pas comme un trophée ambulant. On se contente de notre proximité, sans aucune ambiguïté, bien que si quelqu’un venait à passer et nous voyait entrain de danser un slow dans notre coin il se poserait bien des questions.
« - J’espère que tu as un cadeau pour moi –Dis-je en souriant en coin-
- Et puis quoi encore ? Tu veux un mars et cent balles ? –Je fronce les sourcils pour essayer de comprendre le français, mais c’est peine perdue-
- Pardon ?
- Rien c’est une expression française –C’est pour ça, pensais-je en grognant- Mais tu rêves si tu crois que je vais t’offrir quelque chose ! D’ailleurs depuis quand est-ce que les ennemis s’échangent des cadeaux ? »
Elle a raison et ça m’agace de le reconnaitre. A croire que je m’égare et que c’est elle qui me rappelle que nous sommes ennemis. Ma fierté en prend un coup décidemment. Mais cela dit, j’aurais aimé avoir un cadeau de sa part, rien que parce que je lui en avait offert un moi-même. Je l’avais vu chez elle, même en pleine crise de rage j’avais remarqué le portrait que je lui avais dessiné, exposé sous cadre. Sous cadre… Ca signifiait qu’il lui plaisait beaucoup. Mais peut-être le jettera-t-elle en apprenant qu’il vient de moi… ‘Est-ce que le fait de finalement retourner en France et de ne plus revenir à Sydney ferait office de cadeau de Noël ?’ me demande-t-elle. Je mords ma lèvre, il y a quelques mois j’aurais répondu oui, mais à l’heure actuelle, je ne crois pas avoir réellement envie qu’elle parte. Elle me manquerait.
Je manque de m’étouffer, me maudissant pour avoir pensé quelque chose comme ça. Non, je ne veux pas m’avouer cette faiblesse. Alors que je reprends mes esprits, Camden a la mauvaise idée de me questionner au sujet de la semaine que j’avais loupé, me mettant automatiquement en rogne à ce souvenir. Avoir vu mes parents, m’être taillé les veines, avoir pleuré sans relâche, m’être isolé. Tout ça j’aurais aimé ne plus y penser, mais décidemment mon ennemie est toujours là pour me rappeler les souvenirs douloureux. Rien que pour ça je ne devrais pas me lier à elle plus que nécessaire. Sa curiosité réveille mes démons et même si elle ne le fait pas exprès, je n’en peux plus. Comme prévu elle ne démord pas de ses questions et je sens la colère grimper en moi, je déteste quand elle fait ça, pourquoi ne se contente-t-elle jamais des réponses que je lui donne ? On se détache l’un de l’autre à mesure que je sens l’hostilité reprendre place entre nous. Et dire qu’il y a moins de cinq minutes nous dansions un slow, se laissant aller dans les bras de l’autre. Camden et moi ne sommes vraiment pas fait pour nous entendre plus de quelques minutes apparemment.
Lorsque je me recule je vois Sashane passer dans le couloir et nous regarder avec surprise. Oh non qu’est-ce qu’elle va s’imaginer ? Je grogne intérieurement et laisse Camden seule pour aller rejoindre la belle métisse. J’attrape sa main et la tire vers moi, faisant virevolter les extrémités de sa robe. ‘Camden m’a obligé à danser un slow avec elle, la pauvre elle n’avait aucun cavalier, j’ai vite compris pourquoi, elle m’a pourri mon slow, ça te dit de rattraper ça ?’ Comme je l’avais prévu la belle française gobe mon mensonge et acquiesce avec un sourire en coin qui en dit long sur ses intentions. J’ai dit que je voulais danser un slow pas la culbuter. Je lève les yeux au ciel alors qu’elle part vers la piste de danse et me retourne une dernière fois vers les toilettes, j’avais apprécié notre slow, mais c’était terminé, je ne peux pas me permettre d’aller aussi loin avec mon ennemie, je dois poser des limites. Je dois la tenir éloignée de moi, pour son bien comme le mien.
Comme j’envie Michael par moments.
*
« -Vraiment tu es sublime dans cette robe –Dis-je dans un murmure à l’oreille de la métisse-
- C’est gentil, je pensais organiser une sorte de concours de la plus belle robe –J’hausse un sourcil- que les garçons votent pour la robe qu’ils trouvent la plus belle.
- Oh je vois, mais à quoi ça sert vu que tu sais que tu vas gagner ? »
Je souris en coin et la laisse poser ses lèvres sur les miennes, la serrant un peu plus contre moi. Si je dois m’éloigner de Camden autant le faire de la bonne façon. Il n’y a rien de plus simple que d’oublier une fille... Avec une autre. Je mords l’intérieur de ma joue, je suis un monstre, mais après tout Sashane est aussi superficielle que ses sentiments, elle voit en moi un moyen de s’épanouir sexuellement alors je peux bien me permettre de voir en elle un moyen de m’éloigner de Camden et de ce fait, de la protéger. Ma décision est prise de toute façon. Alors que je vois mon ennemie revenir des toilettes, je me précipite à nouveau sur les lèvres de Sashane et insère ma langue sans donner le temps à nos lèvres de s’habituer au contact. La métisse ne me repousse pas, d’un côté je lui offre ce qu’elle attend d’un homme, alors autant jouer le jeu jusqu’au bout.
*
Quoi de plus superficiel qu’une élection de la plus belle robe ? On n’est pas dans une série télé américaine à ce que je sache. Je soupire en voyant la brochette de jeunes filles au milieu de la pièce, donnant l’impression de n’être qu’un étalage d’objets, se vendant aux garçons tout autour. C’est ridicule et je souris en coin en voyant que Camden a au moins le courage de ne pas participer à cette coutume sexiste ridicule et c’est tout à son honneur. Cela dit c’est dommage car j’aime beaucoup sa robe.
« - Tu vas voter pour qui ? –Me demande Michael, un papier à la main-
- Je vais voter blanc.
- Tu n’aimes pas les robes ?
- Non et toi ?
- Bah étant donné que la seule robe que je trouve belle n’est pas dans le lot des participantes –Il fixe longuement Camden et je la regarde à mon tour- je pense que comme toi je vais voter blanc.
- Et si on votait pour Camden ?
- Mais elle ne participe pas –Me dit-il incrédule-
- Justement, elle ne s’attend sûrement pas à voir son nom sortir des papiers.
- Attends tu fais ça parce que tu aimes sa robe ou parce que tu aimes la faire chier ?
- J’aime la faire chier surtout quand elle porte une robe aussi magnifique. »
Il rigole et je mords ma lèvre, après ce que je viens de dire Mike va sûrement s’imaginer des choses. Cependant nous marquons tout de même ‘Alouette Camden’ sur nos papiers que Mike signe d’un dessin de pomme. Moi je ne signe pas, je veux qu’elle se demande de qui ça vient, mais de toute façon elle ne le saura jamais. Calum vote pour Aurore et Ashton vote blanc. Je le regarde en coin, il a une mise affreuse et son regard est vide. Je suis sûr qu’il ne pense qu’à sa mère, je l’ai vu sortir plusieurs fois ce soir avec son téléphone. Sûrement qu’il préfèrerait être avec elle qu’ici, mais de trop rester à son chevet finirait par le détruire, raison pour laquelle on l’avait forcé à venir. Je pose une main sur son épaule afin de lui montrer que je suis là pour lui, que je comprends ce qu’il ressens et qu’il n’est pas seul. Je sais ce que ça fait d’être seul, d’être abandonné après avoir perdu la moitié de son âme et pour rien au monde je ne veux qu’Ashton ressente la même chose. Il m’a soutenu après la mort de Melo alors je le soutiendrai dans cette épreuve.
*
Il est près de deux heures du matin lorsque les élèves distribuent les cadeaux un peu partout. Certain offrent à des personnes en particulier et d’autres offrent au hasard. Moi je n’ai rien à offrir, ou du moins rien de matériel. Au loin je vois Camden qui ouvre ses cadeaux et en offre par la même occasion. J’ai l’impression qu’il y a un fossé entre nous et je me prends à espérer qu’elle m’offrira un cadeau malgré tout, mais je ne le mérite pas. Et je dois me faire une raison.
« - Joyeux Noël Lukey –Me souffle Sashane à l’oreille- je n’ai pas de cadeau à proprement parler mais je peux t’offrir autre chose –La lueur perverse dans ses yeux me sidère, elle ne s’arrête donc jamais ?-
- Joyeux Noël à toi aussi –J’enroule mes bras autour de sa taille galbée et viens poser mes lèvres dans son cou- moi aussi j’ai un cadeau pour toi ma jolie. »
Elle me regarde avec des yeux pétillants à l’entente de cette phrase. Au loin je vois Camden entrer dans la cuisine, rapidement suivie de Michael qui tient un paquet dans ses mains. Je dois les laisser vivre leur vie tandis que moi je dois vivre la mienne. Je me force à détourner le regard que je repose sur la belle métisse. C’est le seul moyen.
« - Sashane…Est-ce que tu veux sortir avec moi ? »
La question que je me pose réellement c’est ‘suis-je vraiment prêt à me remettre en couple ?’ Et la question se pose encore plus si je mets en place ce couple dans le seul but de m’éloigner de mon ennemie. Cependant je suis assez bon menteur et je pense que je saurais combler Sashane sans trop avoir à m’enfoncer dans un double jeu. Elle accepte en poussant un petit cri hystérique et pose ses lèvres charnues sur les miennes, les aspirant doucement alors que nous commençons un slow. C’est le summum du stéréotype, mais tant pis. Alors que je la garde contre moi pendant la danse, je tourne légèrement la tête et aperçois Camden en train de danser dans les bras de Michael, à la vue de tout le monde. Je mords ma lèvre discrètement. Tout ce qui s’était passé jusque-là entre elle et moi avait toujours été fait en secret, jamais personne ne nous avait vu ni ne nous soupçonnait, pensant réellement que nous étions pire ennemis. Et c’était comme ça que nous devions repartir, comme si nous n’étions rien l’un pour l’autre. Sashane redresse sa tête et m’embrasse doucement, me ramenant à la réalité.
Je ne peux plus revenir en arrière de toute façon.
~Bonsoir :) vous allez bien ?
Je préviens juste à l'avance que le prochain chapitre, que je posterai demain, sera particulièrement triste et je m'en excuse d'avance ^^'
J'espère que malgré tout vous appréciez toujours l'histoire :)
Merci aux lecteurs et aux nouveaux !
K.
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