70 ~ Cut (Luke)
« - Alors cette semaine avec Peacock ? –Me demande Michael sur le chemin du retour du cimetière-
- Ca s’est bien passé.
- Est-ce que tu vas garder l’enregistrement ?
- Pourquoi, tu veux que je t’en fasse une copie ?
- Oh avec plaisir ! –Il ricane et je lui donne une tape dans le dos-
- J’ai supprimé l’enregistrement, mais je ne veux pas qu’elle le sache.
- Pourquoi ? Tu sais il serait temps que tu lui montres que tu peux être gentil parfois.
- A quoi ça servirait ? Non on est très bien comme ça à se haïr mutuellement.
- Tu as une drôle de façon d’apprécier sa compagnie, mais bon. Je trouve ça mignon.
- Mignon ?! –Dis-je en m’étouffant- En quoi c’est mignon ?
- Bah tu te donnes du mal pour que vous soyez en constante opposition tous les deux. Histoire de n’avoir aucun répit, que vous ne vous lassiez jamais l’un de l’autre.
- Et en quoi c’est mignon ?
- Bah tu fais ça pour passer du temps avec elle. Donc c’est qu’en vérité, si tu laissais le gentil Lucas Hemmings parler, il dirait qu’il l’apprécie beaucoup cette Peacock, non ?
- Pas du tout ! –Dis-je les joues rouges- Il va sérieusement falloir que tu descendes de ton monde de Petits Poneys Michael, je ne l’apprécie pas plus que ça !
-Tu ne sais pas mentir –Dit-il en ricanant- Si tu ne l’aimais pas plus que ça, tu ne l’aurais pas piégée pour la forcer à venir chez toi cette semaine.
- Je…
- Tu étais prêt à tout je sais, mais avoue que tu as passé une bonne semaine avec elle ?
- Oui… –Je grogne en frottant mes semelles au sol- Au moins je n’étais pas tout seul. Mais ça ne veut pas dire que je l’apprécie !
- Fais-gaffe parce qu’on pourrait croire le contraire. »
Hors de question. Je ne veux pas que qui que ce soit se rende compte de mon état de faiblesse face à Camden. Une fois chez moi je vais dans la chambre de mes parents et souris à la vue du lit refait. Pourquoi faut-il qu’elle ait autant de qualités ? Je m’assois sur le bord du lit et pose mon attention sur un objet qui dépasse de sous mes pieds. Lorsque je le tire mes joues prennent une teinte rosée et j’explose de rire. Elle a oublié un de ses soutien-gorge. Je l’observe en souriant avant de remarquer la petite étiquette, 85B. Elle ne le sait pas encore mais elle vient de m’offrir une superbe occasion de remettre nos rapports sur le droit chemin. Après la semaine qu’on avait passée, elle et moi nous étions rapprochés et ça ne me plaisait pas trop, je me suis toujours dis après la mort de Melody et le départ de Megan qu'il ne fallait plus que je m'attache à qui que ce soit et encore moins à une fille. De plus je voulais que notre complicité reste de l'ordre du privé, que ça ne sorte pas de chez moi en quelque sorte. Ce qui se passait à l’Université c’était différent, là-bas nous étions ennemis et je voulais m’assurer qu’elle en avait conscience.
A : Mike
« Tu peux me filer le numéro de Camden ? »
De : Mike
« Tu vois que tu l’aimes ! Par contre ne lui envoie pas de messages coquins hein, il n’y a que moi qui ai cette exclusivité ;) ! »
Je lève les yeux au ciel, ce qu’il peut être con parfois.
*
Le lendemain matin je mets mon plan à exécution avec l’aide des garçons. A ma grande surprise je vois que Mike participe ‘T’es pas obligé, elle va te faire la gueule si elle voit que tu es dans le coup’ mais il se contente de rigoler, m’assurant qu’il saura se faire pardonner. Je le lui souhaite. Moi si je fais ça, c’est pour que nos rapports reviennent à la normale, pour qu’on se déteste à nouveau, pour qu'elle s'éloigne du monstre que je suis. Je sais, si c’était pour en revenir à là pourquoi m’étais-je donné autant de mal à la faire venir passer une semaine avec moi ? Ca ne rimait à rien, mais encore une fois ce qu’il s’est passé entre nous chez moi est différent de ce qui se passe ici. Je ne veux pas m’attacher à elle ou qu’elle s’attache à moi. Je finis d’inscrire au marqueur ‘Cotisez-vous si vous aussi vous voulez qu’Alouette passe du bonnet A au C » et je me dépêche de descendre rejoindre les garçons derrière le bâtiment. Je ne veux pas voir sa réaction, je m’en veux suffisamment de faire le yoyo avec elle alors qu’elle n’avait rien demandé. Pauvre fille, tout ça parce que je suis un mec instable.
*
« - Bon il est bientôt 9 heures, elle a dû voir notre petit cadeau ! – Sourit Ashton-
- Vous parlez d’un cadeau –Soupire Calum-
- Tu n’avais qu’à pas participer ! –Gronde le bouclé-
- Non mais franchement Luke ça va t’avancer à quoi ? -Me sermone Calum-
- On est ennemis, rien de plus.
- Qui te dit qu’elle avait envie de plus, je te rappelle qu’elle a Michael ! –Me dit sérieusement Calum alors que je serre les dents-
- Oui bon ça v… -Je commence à peine ma phrase que Michael me coupe, pointant son doigt-
- Oh elle est là-bas ! –Il s’avance-
-Ne me dis pas que tu comptes aller la voir après ça ? –Grogne Calum-
- Mais si, elle sait bien que je plaisantais ! »
Et alors que Michael s’approche d’elle, je la vois qui se lève et part poser ses lèvres sur celles du français au nom imprononçable. Mon meilleur ami s’arrête net et je crois que le choc se lit également sur mon visage lorsque mon coeur manque un battement. Elle a osé faire ça ? Devant lui ? Devant moi ?!
Alors là ça ne va pas se passer comme ça.
*
Une semaine entière s’est écoulée depuis l’incident du soutif et Camden n’a de cesse de nous ignorer. Entre temps j’ai appris que Sashane avait mis de l’argent dans l’enveloppe, ce qui me fait faussement sourire. Je ne voulais pas qu’elle s’en même, mais visiblement depuis que j’ai couché avec elle, madame pense sûrement être mon amie. Je la laisse s’asseoir à mes côtés en cours mais je ne dis rien. Michael à côté semble désespéré et il n’a de cesse d’envoyer des messages à Camden, sauf que son portable à lui ne vibre jamais, ce qui veut dire qu’elle ignore ses messages. Je lui avais pourtant bien dit de ne pas participer, voilà que ça aussi, ça allait être de ma faute.
« - Je suis trop con –Se lamente le bleuté alors que le cours de littérature n’en fini pas-
- Eh Mike c’est moi qui t’ai forcé…
- Je sais mais j’aurais dû réfléchir. Voila qu’encore une fois je perds une fille à cause de ma stupidité. »
Je vois ses yeux s’embuer de larmes et je mords ma lèvre. Je n’aime pas voir mon meilleur ami dans cet état et je n’aime pas le voir repenser à Melody. Il n’y a que moi qui puisse souffrir et me sentir coupable, Michael n’avait rien fait, il n’avait pas à être aussi malheureux, il n’avait pas à se sentir obligé de partager ma souffrance. Je passe ma main sur son épaule et regarde Camden d’un œil noir. C’est moi qu’elle doit détester, pas Michael !
*
Une fois les cours finis je remarque que Camden sort la première. Ni une ni deux je prends mon sac et la suis jusqu’à chez elle. Je frappe à sa porte avec force et lorsqu’elle m’ouvre je ne peux m’empêcher de lui décoller une gifle qui la fait s’effondrer contre le mur. Je suis plus qu’énervé, elle n’a pas le droit de faire ça à mon meilleur ami, elle ne sait pas à quel point il a souffert. J’entre et nous commençons à nous disputer, sa joue est terriblement rouge et si je n’étais pas aussi remonté je pense que j’aurais des remords. Mais voilà, je sens la haine me consumer et je la plaque violemment contre le mur, devenant hors de contrôle. Je lis la peur dans ses yeux, mais je suis aveuglé par ma colère et j’enroule bientôt ma main autour de son cou, le sang pulsant fortement dans mes tempes.
« - Vas-y serre et prend plaisir à voir la lumière s’éteindre dans mes yeux. »
Je cligne des yeux et ne fais bientôt plus face à Camden mais au corps inanimé de ma petite sœur. J’ai tué Melody et voilà que j’allais recommencer. ‘Non pas ça, pas encore. Pardonne-moi. ‘ Je suis un monstre ! Je retire ma main sous le choc et je m’écarte, prenant conscience de ce que je venais de faire. C’est moi qui ai cherché Camden et j’avais trouvé le moyen de venir lui faire encore plus de mal. Pourquoi ai-je une telle aisance à détruire les gens ? Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ?! Je prends ma tête dans mes mains et commencent à hurler.
« - Tu n’aurais jamais dû venir à Sydney ! Je te déteste Alouette, j’avais oublié ! Je te hais tu m’entends ?! –Dis-je totalement hystérique, perdant mes moyens-
- Parce que tu crois que je t’aime moi ? Espèce de c… »
Je ne la laisse pas finir et me jette sur elle. Elle se met à hurler et ça me fait encore plus de mal, ça me montre à quel point je la dégoute, à quel point je l’effraie. Et si elle apprenait que j'ai tué Melo je suis sûre qu’elle s’en irait loin de moi. Mais je ne veux pas la frapper, je lui ai déjà fait trop de mal. Je n’en peux plus, je ne me supporte plus, je voudrais tout oublier. Je frappe le mur au-dessus de sa tête et me laisse tomber contre elle à bout de forces. Elle essaye de me rattraper mais je suis trop lourd pour elle et elle glisse avec moi. Non lâche-moi, je ne veux pas t’entrainer avec moi, je veux que tu restes loin de mes démons, loin de ce que je suis réellement. Quand je tombe à ses pieds je finis par enfouir mon visage dans ses genoux, y déversant mes larmes. Pourquoi tout ça m’arrive ?!
La porte s’ouvre derrière moi et bientôt je suis retiré du corps de Camden. ‘Luke c’est moi, c’est Michael.’ Je me mets à pleurer de plus belle et me réfugis dans les bras de mon meilleur ami. Il sait ce que je ressens. ‘Mike Pourquoi faut-il qu’elle soit là, pourquoi faut-il que ce soit elle ?!’ Dis-je dans un cri en pointant Camden du doigt. La pauvre ne comprend pas et je sais que Michael ne lui expliquera pas. Vraiment j’aurais préféré qu’elle soit différente, qu’elle ne me rappelle pas un peu plus chaque jour à quel point je suis une personne horrible et désespérée.
Pardon d’être ton ennemi Alouette, je suis la pire chose qui te sois arrivée.
*
Cela fait à présent une semaine que je ne vais plus en cours, passant mes journées à pleurer dans mon lit, enfermé dans ma chambre à ne répondre à aucun appel. Un soir alors que je suis sous ma douche, l’esprit embrumé par l’alcool que je venais d’ingurgiter malgré ma réticence, je prends une lame avec moi et entreprends de m’entailler les cuisses, comme depuis quatre ans. Je laisse l’eau chaude couler sur mon corps nu, gémissant de douleur en sentant l’eau s’échouer sur mes plaies à vif. Je ne sens même pas la lame qui glisse toute seule sur ma peau mais je sais que je ne me suis pas loupé lorsque je vois le sang foncé se mêler abondamment à l’eau. Je laisse tomber la lame, tremblant et me met à pleurer de plus belle. Je sais que ce n’est pas la solution mais je n’ai rien d’autre pour me punir. Melody, Megan, Alouette. Je ne sais que décevoir les gens et leur faire du mal injustement. J’ai détruit la vie des deux premières et j’allais bientôt détruire la vie de la dernière alors que je m’étais pourtant résolu à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Je ne mérite pas le bonheur, je ne mérite rien d’autre que la souffrance. Je pose mon regard sur mes cuisses et suis pris d’un haut le corps en voyant les coupures rouges dont s’échappent des coulures de sang qui n’ont de cesse de se mêler avec l’eau chaude. Je suis horrible, de l’intérieur comme de l’extérieur. Plus personne ne peut vouloir de moi, à part Sashane mais elle je sais que tout ce qui l’intéresse c’est mon sexe et ma réputation, rien de plus. Elle se fiche de voir que je souffre. Alors c’est à ça que je suis destiné, souffrir et être aimé que pour les choses qui ne me définissent pas. A quoi bon continuer comme ça ? Lucas Hemmings est mort avec Melody Hemmings, le Luke d’aujourd’hui n’est qu’une ombre qui plane un peu partout et qui détruit les personnes innocentes. Je veux que tout s’arrête ! Et alors que je reprends la lame dans mes mains, la faisant glisser nerveusement à la base de mon sexe, me disant que comme ça Sashane n'aura plus de raison de m'apprécier avec un sexe tailladé, je repense à la vieille dame du cimetière. ‘Personne n’est sur cette terre par hasard’ Si moi, je ne sais pas ce que je fais là, à part faire pleurer les gens… Mais quel être comme ça mérite la vie ?! Je n’ai pas d’objectif, dès que j’en trouve un je le détruis. Je ne suis pas fait pour rester avec les autres. Personne ne mérite d’avoir un monstre comme moi à ses côtés. Je m’effondre en larme dans ma douche et pousse un hurlement de douleur lorsque la peau de mes cuisses se tend, tirant sur les multiples cicatrices toujours à vif. La douleur est telle que je rends mon maigre repas du soir. Je suis pitoyable, si quelqu’un me voyait en ce moment même.. Mais personne ne me verra, car je suis seul. Et je n’en peux plus de m’imposer cette solitude.
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