Je me réveille dans les bras de Michael, embrassant son épaule nue du bout des lèvres. Il dort et j’en profite pour l’observer, j’aimerais tellement me persuader que j’ai des sentiments pour lui, mais en dehors de notre amitié presque fusionnelle je ne ressens rien de plus. Pourtant je suis bien à ses côtés, il me protège et il me fait me sentir belle. Cependant ce n’est pas de l’amour que je ressens pour mon Apple-Michael. Je soupire.

« - Qu’est-ce que tu as à soupirer de bon matin ? –Grogne-t-il en ouvrant ses yeux-

-Rien tu peux te rendormir –Je souris à son visage tout juste éveillé- tu es moche quand tu te réveilles

- Oh super sympa et moi qui allait te faire un bisou –Il prend une mine boudeuse et s’enfouit sous sa couette alors que je glousse-

- Oh allez je plaisante ! –Il garde les couvertures sur lui-

- M’en fiche, je te fais la gueule.

- Ok alors je vais dormir avec Irwin, salut Clifford ! –Dis-je en me levant, il sort rapidement de sous la couette et me tire sur lui- j’en étais sûre. –Il m’embrasse  et me regarde longuement, caressant ma joue- Quoi ?

- Rien je me disais juste qu’elle est loin maintenant la petite Peacock qui se cachait pour ne pas me voir.

- Que tu crois, je me cache toujours c’est toi qui me suis ! –Je ris-

- Oui bon, arrête de gâcher mes moments émotion ! –Il met une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille- je trouve que tu as mûri depuis que tu es ici Alouette, tu ne t’es jamais laissé faire et tu as tenu bon.

- Je n’ai pas l’impression d’avoir changé –Dis-je d’un ton sérieux-

- Tu as changé à mes yeux en tout cas –Je le vois qui rougit doucement-

- Et comment est-ce que tu me vois maintenant ?

- Comme une femme. »

        Je sens le rouge me monter aux joues et il dépose un chaste baiser sur mes lèvres. C’est vrai que j’avais quand même changé depuis mon arrivée à Sydney, c’était la première fois que je me retrouvais loin de tout et j’avais eût à affronter des passades qui jusque-là m’étaient inconnues. Bien que j’avais eût des moments de doutes j’étais encore debout et j’avais tenu tête à la petite bande d’Hemmings. Aujourd’hui voilà le résultat, ce sont mes amis. Enfin, je ne m’avance pas trop concernant Hemmings, mais pour ce qui est des autres, je les considère comme mes amis. Mais suis-je vraiment une femme ? J’ai toujours été un peu bourrin, garçon manqué et aussi pleurnicheuse.

« - Hemmings ne serait pas d’accord avec toi.

- Tu t’en fiches de lui Peacock – Me dit-il avec sérieux- moi je te dis ce qui est, tu commences à t’affirmer, tu t’épanouies, tu as même sauvé Ashton.

- Ca ne fait pas de moi une femme.

- Ca fait de toi quelqu’un de bien qui est allé au-delà de sa rancœur.

- Oui sûrement. »

        Je m’allonge sur lui et l’embrasse doucement, glissant mes baisers jusque dans son cou. Il soupire de bien-être avant de me serrer un peu plus fort contre lui et de retirer les quelques vêtements qu'il m'a donné pour dormir, ainsi que les siens. Puis il échange nos positions avant de venir m'embrasser à nouveau. A vrai dire il m’a aidé à évoluer, il avait beau être bipolaire et maladroit, c’est lui le premier à être vraiment venu vers moi et à m’avoir taquiné pour me faire réagir. Même si je n’ai pas les sentiments que j’espérais envers lui, je lui dois beaucoup et il occupe une place importante dans mon cœur.

*

                Je suis en train de ranger mon studio lorsqu’on frappe à ma porte. Quand je l’ouvre je suis surprise de me trouver face aux bouclettes d’Ashton. Il a repris un peu de poids et ses cernes ont commencé à s’estomper, mais surtout je garde toujours espoir de revoir un jour son habituelle étincelle dans ses yeux verts.

« - Ashton qu’est-ce que tu fais ici ?

- Emh j’ai quelque chose pour toi.

- Pour moi ? –Dis-je étonnée avant de le faire rentrer-

- Oui, je ne t’ai pas fait de véritable cadeau de Noël alors… Voilà je voulais te l’offrir –Il me tend un paquet-

- Oh c’est gentil je ne sais pas quoi dire…

- Bah rien c’est juste un cadeau de Noël, je ne viens pas te demander ta main.

- Et que jamais cette idée ne te passe par la tête Irwin –Dis-je en rigolant-

- Promis Luke saura me ramener sur le droit chemin. »

        Je l’invite à s’assoir tandis que j’ouvre son paquet. C’est une robe gris-chiné de la même coupe que celle que j’avais essayé la veille. Les manches sont légèrement bouffantes et il y a un ruban noir en guise de ceinture. Je me mords la  lèvre, elle est magnifique.

« - Je l’ai faite hier, c’est Michael qui a choisi la couleur

- Oh Ashton elle est magnifique !

- C’est vrai elle te plait ? –Dit-il en esquissant un petit sourire-

- Oui je vais aller l’enfiler ! »

        Ce que je fais avec hâte. Quand je sors de la salle de bain je vais directement m’observer dans mon miroir, elle est à la bonne taille et je suis agréablement surprise de voir qu’elle n’est pas outrageusement courte comme ils les aiment. Je retourne dans le séjour et me jette dans les bras d’Ashton qui me rattrape surpris, glissant sa main dans mes cheveux.

« - Merci beaucoup, elle me va très bien !

- Je trouve aussi, j’ai profité que tu essayais la robe hier pour prendre tes mesures.

- C’est vraiment gentil.

- En tout cas c’est bien ce que je pensais depuis le début, tu as un putain de bon cul ! »

        Je ris et me détache de lui pour regarder encore une fois la robe. J’avais ma propre robe personnalisée, qui sait un jour elle vaudra de l’or si ils réussissent. Mais je pense que même à ce moment-là je ne l’échangerai contre rien.

« - Ca te dit de te balader un peu ? Il fait beau et j’ai pas trop envie d’être seul.

- Où sont les autres ?

- Les couples batifolent entre eux et Michael passe son après-midi avec sa deuxième femme.

- Qui est ?

- Sa console –Il soupire-

- Et la première ?

- A ton avis. »

        Oui la question ne se pose pas, je connais que trop bien Michael désormais. Bizarre qu’il n’ait pas envie de devenir pizzaiolo d’ailleurs. A cette pensée je me retiens d’éclater de rire et finalement j’accepte l’invitation d’Ashton.

*

        Mon cœur s’arrête un instant lorsque je vois l’enseigne verte de Starbucks briller devant nous. C’est vrai qu’on s’était promis d’y retourner. On commande nos boissons et j’ai la certitude qu’il est conscient de ce qu’il fait lorsque je reconnais l’endroit où l’on s’installe. C’est là que je l’ai rencontré pour la première fois, quatre mois auparavant.

« - Je me suis dit que maintenant que nosu étions presque amis et bien on pouvait repartir à zéro.

- Tu entends quoi par presque ? –Dis-je en souriant en coin-

- Disons seulement que je ne pourrais pas te supporter plus d’une journée comme peut le faire Mike.

- Le sentiment est partagé –Dis-je en rigolant-

- Tu sais la première fois que je t’ai vu je me suis dit que jamais on arriverait à s’entendre tous les deux –Commence-t-il-

- Ah parce que tu as changé d’avis ?

- Non pas vraiment, mais finalement ces derniers temps je me suis rendu compte que je commençais à t'apprécier et à passer du bon temps en ta compagnie.

- C’est une déclaration d’amour Irwin ? Tu sais que tu n’as pas besoin d’Hemmings pour te remettre sur le droit chemin, je suis encore lucide. –Il lève les yeux au ciel et grogne-

- Non décidément je crois qu’on ne pourra jamais s’entendre toi et moi. »

        C’est bizarre mais je me sens à l’aise avec lui maintenant, sans pour autant perdre mon habitude à le rembarrer. A vrai dire je ne m’imagine pas entretenir un autre type de relation avec lui, nous ne sommes pas démonstratifs et je sais qu’il est aussi maladroit que moi pour montrer ses sentiments, alors cette façon d’interagir me convient. Tandis qu’il parle je l’observe, il a changé depuis la mort de sa mère, il est devenu moins gamin, bien qu’il ait toujours sa petite tête d’enfant. Il y a des épreuves qui vous transforment à jamais.

*

        Quand vient le soir nous nous quittons devant l’arrêt de bus, je lui ai proposé de rester à dormir chez moi mais c’était couru d’avance. ‘Si c’est pour que tu me réveilles à force de causer dans ton sommeil non merci !’. Je lui montre mon majeur sauf que cette fois-ci il n’a pas un regard de haine, il se contente de ricaner et de me montrer le sien ‘Moi aussi je sais le faire’. Je viens de reprendre à zéro avec Ashton et c’est là que je me rends compte à quel point ces garçons que j’avais haïs étaient beaux, intérieurement. Enfin, ils l’étaient uniquement lorsqu’il n’y avait pas Hemmings dans les parages. Lui je n’ai toujours pas déniché la belle personne en lui, peut-être cette partie de lui est-elle restée dans la maison bleue et ne reviendra jamais. Je soupire.

« - Je t’ennuie à ce point ? –Me dit-il en me regardant soupirer-

- Oh non je ne pensais pas à toi.

-Ca peut être blessant ce genre de remarque aussi. –Je me répands en excuses- Tu es vraiment gourde.

-On me le dit souvent.

- Pas suffisamment apparemment. »

        Alors que je regarde l’heure sur mon téléphone pour voir dans combien de temps le bus va arriver, je repense à quelque chose. Avec le décès et sa tentative de suicide j’avais complétement oublié cette histoire mais là c’était le bon moment.

« - Au fait Irwin, c’est quoi ton numéro ?

- C’est quoi cette technique de drague complétement has-been ?

- Mais je ne te drague pas abrutis !

- Alors pourquoi tu veux mon numéro ?

- Pour vérifier quelque chose ! –Je le vois qui sourit en coin-

- Oh je vois, en effet ça venait de mon téléphone.

- Le message ? Vraiment ?

- Oui mais il n’était pas de moi, désolée si je brise tes rêves.

- Disons que ça me rassure, je commençais à me demander si tu n’avais pas un problème –Je ris et vois le bus arriver- mais dis-moi, c’était de qui ? »

        Le bus se gare et Ashton monte dedans en me faisant un signe de la main sans même m’avoir répondu. Je grogne et lui fais un dernier lever de majeur avant de finalement lui faire un salut de la main. Bon encore une fois je ne sais pas de qui provient ce texto. Tiens d’ailleurs mon téléphone vibre.

De : Numéro Inconnu

Je suis sûr que tu as ta petite idée sur la personne Peacock. X Ash

Oui en effet j’ai ma petite idée, mais ça me semble tellement absurde. Cependant j’arque un petit sourire, alors je lui avais manqué.