45 ~ A "Mikouette" day
Au final je ne sais pas grand-chose au sujet des garçons, à part qu’ils sont meilleurs amis. Mais jamais il ne m’était venu à l’esprit de leur poser la question. Je pense que de toute façon ils m’auraient envoyé balader. Demain les cours reprennent et passé ce moment-là je n’aurai plus aucune chance de parler à Michael en seuls à seuls. Alors que je réfléchis je prends mon téléphone.
« - Mmh Allô ? –Me dit une voix rauque-
- Bien le bonjour Clifford.
- Mais qu’est-ce qu’il te prend d’appeler à une heure pareille ? –Il baille paresseusement-
- Il est presque 10 heures, c’est toi qui a un problème avec les horaires.
- Pff tu as pourri ma grasse matinée… En plus on est dimanche, seul jour où j…
- Ça te dit qu’on aille à la plage tous les deux ?
- Oulah toi ça ne t’a pas réussi l’hôpital.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Jamais c’est toi qui propose de sortir d’habitude –Je l’entends qui ricane-
- Bah j’avais envie de sortir et Aurore est chez Calum. T’es le seul disponible.
- Merci ça fait plaisir d’…
- Ou alors laisse tomber, je vais proposer à Charlélie. Bonne nuit Clifford !
- Je suis chez toi dans vingt minutes ! »
J’arque un sourire, c’est trop facile. Alors que j’enfile un maillot de bain, on frappe à ma porte. Je me couvre d’une robe patineuse grise et ouvre pour tomber sur le visage mal réveillé de Michael, ses cheveux bleus en bataille sous une casquette noire.
« - Tu as encore la trace de l’oreiller –Dis-je en rigolant-
- T’es vraiment pas sympa…
- Je t’ai dit que j’allais proposer à Charlélie, c’est toi qui a insisté pour venir au final.
- Il n’y a que moi qui ait le droit de te voir en maillot de bain ! –Grogne-t-il-
- Tu sais que Luke m’a vu en maillot de bain ?
- Oui bon, lui il ne compte pas. –Je ris et fini de préparer mon sac- au fait pourquoi une telle envie soudaine ?
- Je ne sais pas j’avais envie de sortir un peu.
- Une sortie en amoureux ? –Me dit-il au creux de l’oreille-
- Quoi ?! On n’est pas amoureux Clifford ! –Il ricane et embrasse mon cou-
- Je te taquine, mais sinon ça me fait plaisir que ce soit toi qui propose pour une fois, même si au final c’est plus par dépit que par envie. »
Je lève les yeux au ciel. S’il savait pourquoi j’ai l’intention de passer ma journée avec lui, il serait encore plus vexé.
*
Alors qu’on s’installe sur le sable je retire doucement ma robe sous le regard dévorant du bleuté. Blasée, je la lui lance au visage avant de m’allonger sur ma serviette, tandis qu’il se met en maillot à son tour. En y réfléchissant c’était bien la première fois que je proposais à Michael de sortir, sur le coup ça m’avait semblé naturel. Sans compter que j’avais une idée derrière la tête. Alors que je m’allonge sur le ventre je sens un poids sur mes fesses.
« - Descend de là espèce de pervers.
- Je vais te mettre de la crème –Dit-il d’une voix chantonnante-
- Ça te fait un tel effet de savoir que tu vas me mettre de la crème ? Et puis t’es pas obligé de te mettre sur mes fesses pour ça.
- Ah la bonne humeur française, ça me manquera quand tu seras partie. »
Mon cœur s’arrête un instant. C’est vrai que d’ici quatre ou cinq mois j’allais repartir en France pour passer un examen d’anglais et finalement partir aux USA, comme c’était initialement prévu. Je mords ma lèvre, ça m’était sorti de la tête. Je ne reste pas ici pour toujours, je ne suis qu’un épisode dans la vie Universitaire de chacun et les gens que j’ai rencontrés ici ne sont que de simples connaissances que je ne verrai plus une fois rentrée chez moi. Il ne faut pas que je m’accroche et peut-être faut-il que je laisse tomber cette histoire de Melody. J’allais sûrement retourner une affaire qui allait briser Luke tandis que moi je repartirai bien tranquillement chez moi après avoir détruit à nouveau sa vie, comme si de rien n’était. Je mords ma lèvre.
« - Eh ça va ? –Me dit-il inquiet-
- Ouais… Juste que le temps passe vite.
- Ca a toujours été la plus grande contrariété de l’homme. »
Je reste bouche-bée avant de me mettre à glousser. Depuis quand cet idiot sort-il des phrases aussi philosophiques ? Il m’étale de la crème dans le dos et m’embrasse par moment dans la nuque, me faisait soupirer de bien-être ‘Ne pense plus à ça Peacock et vis l’instant présent.’ Oui il a raison.
« - On va se baigner ? –Me dit-il d’un ton surexcité-
- Tu peux y aller sans moi non ?
- Dans ce cas à quoi ça te sert d’avoir mis un maillot de bain ? –Il se penche à mon oreille- C’était pour me faire plaisir c’est ça ?
- Jamais de la vie ! »
Je me redresse et il rigole, enroulant sa main dans la mienne avant qu’on ne prenne la direction de l’eau. Lorsque j’arrive face à l’océan je me fige sur place. De petites vagues viennent s’échouer sur mes pieds et je ne peux m’empêcher de repenser aux vagues qui nous avaient presque couté la vie à Ashton et moi. Je tremble et manque rapidement d’air, comme si je me retrouvais une fois encore dans le port de Sydney avec Ashton sur le dos, proche de la noyade. Michael doit le sentir car il me prend dans ses bras, posant ma tête contre son épaule et caressant mes cheveux. C’est vrai que je n’avais pas pensé à ça lorsque je lui avais proposé de sortir à la plage. Mais maintenant que j’y suis, c’est un fait. Je commence à avoir la phobie de l’eau et je me sens ridicule d’avoir proposé cette sortie.
« - On retourne sur nos serviettes si tu veux –Me murmure-t-il-
- N…Non ! Va te baigner toi, je vais rester là…
- Je ne me baigne pas sans toi, c’est nul sinon.
- Michael quand je vois cette eau je… -Je commence à haleter-
- Chut… Je sais Alouette, je sais. –Il dépose une légère pression sur mes lèvres avant de me porter comme on porte les princesses et d’avancer dans l’eau- Je suis là ne t’inquiète pas. »
Il a de l’eau jusqu’aux mollets lorsqu’il s’assoit, en me gardant contre lui dans la même position, me callant avec ses genoux repliés. Je noue mes deux bras dans son cou et me crispe en sentant l’eau fraiche s’échouer sur mon corps. Trop de sensations me reviennent en mémoire et j'ai peur d'ouvrir les yeux, j'ai peur de faire encore une fois face à la noirceur de l'eau qui m'oppresse. Michael ne dit rien et embrasse mon épaule lorsque je me cambre sous le poids d’un sursaut. C’est comme si chaque vague qui me fouette se transforme en décharge électrique dans tout mon corps. La sensation est horrible mais d’un autre côté Michael me maintient et sa peau présence me rassure.
« - Ne me lâche pas Imbécile –Dis-je tétanisée-
- Je ne suis pas con à ce point Peacock !
- On ne sait jamais tu pourrais encore avoir une idée de blague complétement stupide. »
Il scelle mes lèvres aux siennes dans un baiser dont le seul but est de me détendre –Ou bien de me faire taire- Ce que j’arrive à faire au bout de quelques minutes, me relaxant contre son corps chaud. Vraiment je ne saurais dire à quel point ce garçon est parfait. Mais au fond quelque chose me chagrine. Qu’est-ce qui m’empêche de tomber amoureuse de Michael Clifford ? Nous sommes proches, on a déjà couché ensemble ce qui augmente notre taux de complicité et j’aime me retrouver avec lui. Alors pourquoi l’idée de commencer une relation sérieuse avec lui me refrène ? Est-ce parce qu’au fond je sais que lorsque je serai partie il m’oubliera ? Ou bien autre chose ?
*
Je suis allongée contre lui sur ma serviette quand je saisis l’occasion de mettre mon plan à contribution. Je me redresse un peu et le regarde, caressant son visage lumineux de ma main.
« - Dis Mike, comment tu as connu Hemmings ?
- Je l’ai connu en primaire, lorsque je me suis installé ici avec mes parents. Luke était mon voisin et comme moi il adorait le foot. On s’est retrouvés dans le même club junior et dans la même école. Il avait redoublé une classe et moi aussi alors c’était comme si nous étions fait pour nous rencontrer –Il sourit en replongeant dans ses souvenirs- pourquoi tu me demandes ça ?
- Parce que je me rends compte qu’en fait, je ne vous connais pas.
- Et tu as envie de nous connaitre Peacock ?
- Un peu oui. Même si pour moi vous restez la même bande de trou du cul qui m’a pourri mon début d’année.
- Je veux bien te parler de moi à condition que tu me parles de toi.
- Et que veux-tu savoir ?
- Tout ce dont tu n’aimes pas parler.
- Bon très bien si tu insistes. –On s’échange une poignée de main en guise d’accord- Vous avez fait du foot jusqu’à l’Université ?
- A vrai dire on a arrêté de jouer en club à la fin du Lycée.
- Pourquoi ? –Il hésite un instant alors que je mords ma lèvre, allez dis-moi la vérité-
- A cause des études, avec l’Université on n’avait plus trop le temps, donc on en faisait directement en sport à la fac. –Je me retiens de soupirer, tu mens très mal Clifford- mais nous sommes toujours au top !
- Et avec les deux autres vous vous êtes rencontrés comment ?
- J’ai rencontré Ashton au collège, il était nouveau et il arrivait des Etats-Unis où il vivait avec son père et… -Il déglutit tristement- sa mère. J’ai rapidement sympathisé avec lui car il portait un tshirt Green Day le jour de la rentrée, c’est un des groupes que j’adore.
- J’aime beaucoup moi aussi –Dis-je en souriant-
- Du coup ça m’a donné un motif pour aller lui parler et il s’est avéré que c’était un mec vraiment sympa, il nous a invité Luke et moi un soir pour faire un marathon Star Wars chez lui. C’est de là que Luke et lui se sont connus.
- Et Calum ?
- On l’a rencontré au Lycée, c’était un lycée de secteur alors tous les gars de la banlieue de Sydney s’y retrouvaient. Le collège c’était différent, on en a plusieurs dans les environs, Cal n’était pas au même que nous.
- Calum était avec vous en foot ?
- Oh non, il déteste le foot, il faisait du badminton en club. Mais comme Ash il s’est avéré être un gars vraiment génial et il nous a même invité à passer quelques jours chez sa tante en France. C’est de là que Luke a commencé à étudier le français, il trouvait que c’était un très beau pays et il voulait partir y vivre.
- Et c’est toujours le cas ?
- Mh plus vraiment non, il… Il préfère rester ici.
- Pourquoi ? Il a quelque chose qui l’empêche de partir ? Ses parents ne se gênent pas pour partir à droite à gauche alors il pourrait faire de même.
- Je... C’est plus compliqué que ça Peacock –Je le vois qui soupire, entortillant ses doigts- et toi alors ?
- Quoi ?
- Tu veux partir vivre aux Etats-Unis c’est bien ça ? Tu ne m’as jamais dit pourquoi !
- Parce que je ne voulais pas que vous m’embêtiez à ce sujet… J’aimerais travailler comme character designer aux Studios Disney.
- Rien que ça ? –Il rigole- C’est typiquement français de voir aussi loin ?
- Tu vois pourquoi je ne voulais pas t’en parler ! –Dis-je en me retournant dos à lui-
- Prétentieuse et boudeuse, non vraiment les français sont fidèles à eux-même –Dit-il en caressant mes côtes- Au moins toi tu as un but dans la vie.
- Pourquoi, pas toi ? Je pensais que ton but et celui des trois autres était de devenir le gang des pervers professionnels. –Il me met une petite claque sur les fesses, m’obligeant à me retourner- Je savais que c’était une mauvaise idée de me mettre dos à toi.
- Non mon but n’est pas de devenir un pervers, je..
- Non tu l’es déjà –Il me fait taire en déposant ses lèvres sur les miennes-
- Ce que j’aimerais c’est trouver un job dans la mode –J’ouvre grand mes yeux- c’est quoi cette tête Peacock ?
- Toi ? Dans la mode ?
- J’aimerais ouvrir mon propre magasin avec ma propre ligne de vêtements !
- Mais Mike tu ne sais pas dessiner –Dis-je en gloussant-
- Là c’est toi qui me vexe ! –Dit-il en se mettant dos à moi- Et tu peux toujours me taper le cul, je me retournerai pas, parce que j’aime ça.
- Même quand tu boudes tu es un vrai pervers. Ta ligne de vêtements ce sera quoi ? De la lingerie ? –Il grogne et je viens l’embrasser dans le cou- Oh allez je plaisante Clifford.
- Arrête de m’embrasser comme ça tu vas me faire bander.
-Je maintiens que tu réussirais beaucoup mieux en tant que pervers. Je te vois bien tenir une boutique de films pornos.
- Oh non c’est un truc de frustré ça ! »
Nous passons le reste de l’après-midi à parler, mais à aucun moment je ne retente le sujet Hemmings. Michael s’était fermé là-dessus et finalement j’apprécie de parler avec lui de tout et de rien.
*
Avant de rentrer chez moi nous faisons un détour par sa maison où il me montre les esquisses de vêtements. En fait il est plutôt doué, il ne sait pas dessiner les visages mais peu importe.
« - Ashton aussi voudrait travailler dans la mode tu sais ? –J’hausse un sourcil-
- C’est pour ça que vous bossez tous les deux dans un magasin de fringues ?
- Oui, on essaye de toucher notre rêve du doigt mais nous ne sommes que de simples vendeurs, pas de quoi s’enflammer –Dit-il en baissant la tête-
- Vous y arriverez, il suffit de tenir bon ensemble. Et j’en connais quelque chose, c’est grâce à Mélina que j’ai continué les études de Character-design. J’avais commencé à baisser les bras, à douter de moi, je ne trouvais plus mal place et je me demandais bien à quoi bon cela servait de faire tout ces efforts alors qu’en échange je ne recevais que de mauvaises critiques. Mais bon, il faut avancer et profiter des critiques pour évoluer. Tu y arriveras Mike j’en suis sûre. Même si c’est des fringues avec peu de tissus et beaucoup de cuir. »
Il rigole et m’embrasse doucement. C’est vrai que personne ne devrait s’arrêter aux remarques, au contraire c’est un bon moyen de persévérer. En sortant de chez lui je regarde les maisons éclairées par la lumière du soleil couchant.
« - Il habitait où Hemmings ? –Je demande timidement-
- Dans la maison bleue là-bas, mais ne reste pas trop longtemps devant sinon ils vont croire que tu es une voyeuse.
- On va dire que j’ai de bons maitres pour ça. »
Je lui fait un clin d’œil et pars vers l’arrêt de bus. Lorsqu'il a fermé la porte je fais demi-tour et m’en vais voir de plus près la maison bleue. Alors c’est là qu’avait vécu le gentil Luke Hemmings avant de devenir un tout autre personnage. Je baisse la tête.
J’aurais aimé le rencontrer à cette époque.
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