L’enterrement a eu lieu le 29 Décembre en fin de journée, Aurore et moi n’y sommes pas allées car ça aurait pu paraitre déplacé. On ne connaissait pas sa mère et Ashton ne nous avait pas conviées à la cérémonie, ce qui était normal. Cependant nous avions décidées que l’on irait porter des fleurs sur la tombe un peu plus tard avant de reprendre les cours. Le soir de l’enterrement Michael est chez moi, en larmes.

« - Tu vas rester dormir ici ce soir Mike –Dis-je dans un murmure-

- Je ne veux pas déranger –Dit-il entre deux sanglots-

- Tu ne me déranges pas et je préfère que tu passes la nuit ici plutôt que tout seul chez toi à pleurer. –Il capture mes lèvres des siennes avec maladresse-

- Je m’en veux tellement…

- De quoi ?

- De pleurer, alors que c’est sa mère qui est décédée… Pas la mienne. Je devrais être fort et là pour lui car c’est lui qui est le plus malheureux. Mais je n’ai pas la force de lui dire que je suis là pour lui…Je..

- Mike il s’en doute –Je le laisse poser sa tête contre ma poitrine et le berce- vous êtes meilleurs amis, tu as toujours été là pour lui.

- Il ne pleure même plus alors que moi je..

- Chut, ce n’est pas parce qu’il ne pleure plus qu’il ne souffre plus et tu as le droit de pleurer.

- Je connaissais sa mère depuis qu’Ash et moi étions au collège… J’ai passé tellement de week end avec lui et elle était toujours là… C’était une mère géniale. Je suis sûre que tu l’aurais adorée Peacock. »

        Je mords ma lèvre. Oui je l’aurais sûrement appréciée. Mais qu’est-ce que c’était qu’une mère géniale ? Pour moi c’était déjà l’inverse de ma mère, autrement dit c’était quelqu’un de présent à vos côtés et à qui vous pouviez vous confier. Apparemment la mère d’Ashton avait toutes les qualités. C’en était encore plus dur à accepter que cette dernière soit décédée. Mais voilà, la mort n’épargne personne, que l’on soit bon ou non, on meurt tous un jour. Mais c’est vrai que les meilleurs ont tendances à être les plus regrettés.

« - Je n’ai pas envie de fêter le nouvel an…

- Pourtant ce serait mieux, vous penseriez à autre chose.

- Ashton doit se dire qu’il va commencer une année sans sa mère à ses côtés…

- Rien que pour ça vous devriez sortir avec lui, ne le laissez pas broyer du noir.

- Qu’est-ce qu’on pourrait faire ? –Dit-il en reniflant-

- Je ne sais pas amenez-le au Bowling ou en boite… Il adore danser.

- Aurore et toi viendriez ? Je suis certain que ça lui ferait plaisir de vous voir, ça l’a beaucoup touché les fleurs. »

        Je souris tristement, s’il avait ressenti un peu de joie ne serait-ce qu’un instant alors ça me suffit. Je fais oui de la tête et l’embrasse sur le bout du nez avant d’aller dans la salle de bain pour prendre une douche. Je me laisse aller sous l’eau bouillante, ne retenant plus mes sanglots. Pourquoi est-ce que je pleure ? Je n’ai pas connu sa mère et Ashton n’est pas ce que je qualifierai d’ami proche. Mais à chaque fois que je repense à son visage en larme j’ai un coup au cœur. Dans quel état est-ce que je serais si on m’apprenait le décès soudain de mon père ? Alors qu’en plus je suis à des milliers de kilomètres de lui. Je pleure de plus belle, la vie se montre parfois injuste. Je dois faire du bruit car Michael entre dans la salle de bain et me regarde pleurer à travers la paroi de la douche, les yeux gonflés de larmes. Il se déshabille et me rejoins sous l’eau. En règle générale je l’aurais envoyé se faire voir, je lui aurais crié dessus, mais je le laisse me prendre dans ses bras et niche ma tête dans son cou que j’embrasse tristement, laissant l'eau bouillante nous passer dessus.

*

        Bien qu'on entreprend de faire l'amour, nous nous arrêtons rapidement, lui comme moi n’avons pas la tête à ça et il pleure de plus belle, recroquevillé dans mes bras, honteux de n’arriver à rien. Je me mords la lèvre et l’embrasse pour le rassurer. Je n’aime pas le voir dans cet état, lui qui est d’habitude tout sourire et prêt à tout pour faire une vanne débile. Je nous enroule dans un peignoir et nous partons ensuite nous coucher. Il ne tarde pas à s’endormir, épuisé d’avoir autant pleuré, quant à moi j’attrape mon téléphone et envois un texto à quelqu’un dont l’état m’inquiète presque autant que celui de Michael.

A : Enemy N.1

Michael est  resté à dormir chez moi,  Calum est avec Aurore. Tous les deux vont mal et je me doute que ce doit être le cas pour toi également. Si jamais ça ne va pas ou quoi qu ce soit et que tu ressens le besoin de te défouler, tu as mon numéro.

Moins d’une minute après mon téléphone vibre et je décroche.

« -Tu as cru que tu étais SOS amitié Camden ? –Me dit Luke d’une voix faible, il vient de pleurer j’en suis sûre-

- Je disais ça au cas où, pas la peine de m’agresser.

- J’ai pas besoin de ton soutien, je vais bien.

- Tu mens Hemmings, mais bon je comprends que tu préfères aller pleurer dans un bonnet C.

- Comment va Mike ?

- Mal, il n’a pas arrêté de pleurer. Et comment va Ashton ?

- Il est à la maison, je l’ai couché après qu’il ait dévalisé mon stock d’alcool…

- Oh je vois… Mais et toi Luke ? –Dis-je après un silence- ne me dit pas que ça va... S'il-te-plait.

- J’aimerais que rien de tout ceci ne soit arrivé Camden –Dit-il d’une voix tremblante, luttant contre ses larmes- Trop de bonnes personnes meurent, je n’en peux plus.

- J’aimerais te dire que c’est injuste mais de toute façon ça ne ramènera personne…

- A quoi bon continuer comme ça –Souffle-t-il-

- Eh oh je t’interdis de dire ça ! –Dis-je en haussant le ton, ne pensant pas au pauvre Michael qui dort à mes côtés- la vie continue et je ne pense pas que ceux que nous avons perdu seraient contents de nous voir baisser ainsi les bras !

- Tu m’énerves Camden.

- Toi aussi tu m’énerves, je te hais plus que n’importe qui au monde, mais je t’interdis de dire des choses comme ça !

- Je ne le dirai plus…

-Bon –Je me calme et regarde Michael qui dort, je caresse son visage- j’ai dit à Mike que ce serait bien de faire quelque chose pour le nouvel an, avec Ashton.

- Et je suppose que tu t’es incluse dans le plan ?

- Si tu ne veux pas que je vienne alors ok. Mais au moins occupez-vous de changer les idées d’Ashton.

- Pas besoin de me dire ce que je sais déjà Camden.

- Ouais bon d’accord je vais raccrocher, tu n’es même pas capable de changer de disque. Je te déteste Hemmings.

- Attends…

- Non, j’en ai plus qu’assez de me faire envoyer chier.

- Merci de m’avoir envoyé un message Camden.

- Tu es ironique ?

- Non, ça m’a fait du bien de parler. Et puis c’est toi qui m’a dit que je pouvais me défouler sur toi, alors ne me reproche pas ça. –Il rit tristement-

- Pff je te déteste quand même.

- Moi aussi, bonne nuit Camden.

- Bonne nuit sale con. »

*

        Le lendemain Aurore et moi sommes avec Hemmings and co dans un pub de Sydney non loin du lac où nous avions été avec Michael et Ashton. Tous consomment de l’alcool à flot, aussi bien pour fêter la nouvelle année que pour oublier les récents évènements. Pour ma part je ne bois pas, la dernière fois que j’ai bu je me suis retrouvée à embrasser mon pire ennemi et j’ai failli mourir noyée. Alors je me contente d’un coca. Aurore et Calum sont dans les bras l’un de l’autre et je réprime un grognement lorsque je vois Sashane venir s’asseoir sur les genoux d’Hemmings. Qui l’a invitée celle-là ? Je regarde l’heure. Il est 22 heures passées. J’envoie un message à mon père et à mon frère pour leur souhaiter la bonne année en avance avant que les réseaux ne soient coupés, puis j’envoie un long message à Mélina, souhaitant que ses projets se réalisent cette année. Chez eux ce doit être plus festif qu’ici.

« - Et si on passait le reste de la soirée dans Sydney ? –Propose Calum à mesure qu’on se retrouve écrasés sous la masse de gens-

- Je suis d’accord ! –Dit Michael bourré-

- Ok. »

        On prend le chemin de la sortie, amenant avec nous les fonds de bouteilles. Sur le chemin Luke et Michael partent acheter des bières et Ashton ferme la marche. Je ralentis le pas et me met à sa hauteur, il est complétement saoul.

« - Ca va aller Ashton ?

- Comme quelqu’un qui vient de perdre sa mère. –Dit-il sans me regarder-

- Je suis sûre que ça ira vite mieux, elle n’aimerait pas te savoir dans cet état.

- Tu as sûrement raison Peacock. -Il soupire- Au fait Mike m’a dit que tu avais un cadeau de Noël pour moi ?

- Oui le voila –Dis-je en ouvrant mon sac, lui donnant le paquet cadeau- j’espère que ça va te plaire.

- Venant de toi j’ai un doute mais bon… -Il l’ouvre et mord sa lèvre en découvrant le bandana- finalement tu as de bons goûts Peacock… Merci beaucoup…

- Oh ce n'est rien je...

- Si, je tenais à te le dire. Pour une fois. »

        Il le noue dans ses cheveux et je souris, ça lui va bien. C’est triste à dire mais l’alcool lui a fait retrouver des couleurs, bien qu’il ne sourit pas, ses yeux ont de nouveaux une lueur de vie. Mais pour combien de temps ? Une fois l’effet de l’alcool dissipé il fera de nouveau face à la dure réalité.

*

        Nous nous baladons sur le port de Sydney. Michael est si torché que je suis obligée de le maintenir, quant à Luke il a dut partir dans un coin avec Sashane pour la culbuter. Au moins cette fois-ci je ne suis pas obligée de les entendre. Calum et Aurore sont tout aussi bourrés et Ashton reste silencieux bien qu’il titube. Dans quelques minutes il sera minuit et je pense que je serais la seule qui se souviendra de cette soirée. Michael m’embrasse tendrement en me souhaitant une belle année et je suis obligée de l’assoir sur un banc tellement il commence à peser contre mon épaule. Nous sommes en hauteur, surplombant l’eau de quelques mètres. C’est si beau de voir les lumières se refléter sur l’eau, bientôt se mêlent les lumières des feux d’artifices. Presque minuit.

Plus qu’une minute, je réponds au baiser de Michael et fais signe à Aurore et Calum qui me font de grands signes au loin.

Trente secondes, la surface de l’eau est éclairée par des lumières colorées, me faisant sortir mon téléphone pour faire une vidéo.

Dix secondes, je tourne la tête à ma droite, Luke est avec Sashane dans une ruelle.

Cinq secondes, je tourne ma tête à gauche pour regarder Ashton. Il est raide comme un piquet et se tient au bord de la rambarde.

Deux secondes, je me propulse vers lui, mais je sais que c’est trop tard.

Lorsque sonne minuit, il se tourne et se laisse tomber en arrière.

Et ce soir malgré les cris de joie environnant, le bruit d’un corps qui tombe à l’eau me parvient clairement aux oreilles, comme s’il avait brisé le silence.