J’ai l’impression qu’une masse s’écroule sur moi à ce moment précis. Bien que j’ai passé quatre mois à détester Ashton, je me sens mal pour lui. Il avait l’air d’être si accroché à sa mère. Que pourrais-je bien lui dire quand je le verrai ? « Désolée pour ta mère, je me doute que ça doit faire mal moi je ne l’ai jamais connue la mienne alors c’est comme si elle était morte. »

Flashback.

Je venais de fêter mes Sept ans et encore une fois je soufflais mes bougies seules, avec pour unique public mon frère de un an qui bavait sur son assiette. Au loin j’entendais mes parents se disputer, encore et encore. Ca en devenait lassant et j’étais obligée de souffler le plus fort possible pour ne plus entendre que mon propre souffle. Lorsque la bougie s’est éteinte mon frère a poussé un petit cri de surprise et je me suis applaudis seule, le faisant rire. Au moins nous nous protégions de la mauvaise ambiance familiale. Des cris plus forts ont retentis et mon frère a tourné la tête avec une mine contrariée, moi je n’ai pas bougé. Puis mon père est revenu dans la pièce où mes bougies étaient déjà éteintes. ‘Attends je vais  les rallumer je voulais te voir faire ma grande.’ Il les avait rallumées et j’avais soufflé devant son sourire triste. ‘Où est maman ?’ Avais-je demandé et pour réponse j’avais entendu la porte de l’entrée claquer violemment. C’était mon cadeau de sept ans. Mon père ne m’a pas répondu et depuis ce jour je n’ai jamais revu ma mère. Non pas qu’elle me manquait, elle n’était jamais là, mais ça faisait bizarre de se dire officiellement qu’on n’avait plus de mère alors que celle-ci était pourtant bien vivante.

Comment se sent Ashton actuellement ? Qu’est-ce que ça fait de perdre sa mère pour de bon ? Est-ce que la mienne est encore en vie d’ailleurs ? Toutes ces questions me viennent en tête et je laisse couler une petite larme sur ma joue. Michael le remarque et l’essuie de son pouce avant de me prendre dans ses bras.

« - Qu’est-ce qu’il s’est passé Michael ?

- Un cancer –Dit-il d’une voix brisée- ça faisait un moment que sa mère était malade et ces derniers temps ça s’était aggravé, elle ne pouvait plus sortir et…

- Et c’est pour ça qu’Ashton manquait de plus en plus les cours ? –Je me sens si horrible de l’avoir soupçonné de sécher-

- Oui il voulait s’occuper d’elle. On pensait qu’elle s’en sortirait, elle pouvait se remettre à bouger peu de temps avant Noël –Je sens sa voix qui tremble- mais… Mais le cancer l’a rattrapée cette semaine. C’est arrivé si vite on… On n’a rien pu faire. Et Ashton il…»

        Et alors que je le serre contre moi Michael éclate en sanglots. Je crois bien que c’est la première fois en quatre mois que je vois Michael pleurer. Paniquée j’essaie de le bercer dans le but de le réconforter, mais je n’ai pas reçu assez de réconfort par le passé pour pouvoir le traduire à ma façon. Alors je l’embrasse maladroitement, goutant au passage ses larmes salées qui n’ont de cesse de couler. J’avais passé un si bon Noël mais pour eux ça avait dut être le pire.

« - Chut Michael ça va aller je… Je suis là –Dis-je d’une voix mal assurée-

-Elle ne méritait pas ça ! –Pleure-t-il dans mon cou-

- Personne ne mérite de mourir Mike –Dis-je en mordant ma lèvre-

- J’ai peur Alouette…

- De quoi ?

- Pour Ashton…. J’ai peur qu’il ne se détruise. Sa mère était tout ce qui comptait à ses yeux.

- Il n’a pas de père ?

- Si mais il est resté vivre aux Etats-Unis… Je ne sais pas si Ash l’a prévenu… -Il se met à pleurer de plus belle, je le serre un peu plus-

- Ne t’inquiète pas, on… On va s’occuper d’Ashton. Enfin…Vous êtes ses meilleurs amis, c’est de vous qu’il a besoin dans cette épreuve difficile. »

        Il hôche la tête et je l’embrasse tendrement, faisant cesser ses pleurs. Mon estomac se tord lorsque mon regard croise ses yeux rougis et sa mine totalement détruite. Nous sommes tous égaux face à la faiblesse.

*

        Plusieurs jours s’étaient écoulés et le nouvel an approchait. De toute la semaine j’avais pensé à Ashton mais n’avais pas trouvé le courage suffisant pour aller le voir. Il ne travaillait plus à la boutique et je voyais également moins Michael. Comment ce nouvel an allait-il se passer alors que personne n’avait le cœur à la fête ? Aurore est chez-moi, essayant de me remonter le moral.

« - Au fait j’ai parlé à Calum de cette Melody…

- Et ? –Dis-je sans excitation-

- Et il m’a dit de ne pas m’occuper de cette affaire, que ça ne pouvait rien apporter de bon à qui que ce soit.

- Aurore est-ce que tu crois que c’est le bon moment pour parler d’un meurtre ou je ne sais quoi alors qu’Irwin a perdu sa mère ? –Dis-je tristement-

- Non c’est vrai… Mais je voulais te prévenir. »

C’est vrai que dans tout ça j’avais oublié l’affaire Melody. Je n’ai pas vu Luke depuis mon retour et je m’en porte bien. Alors que je pars nous faire un autre thé je m’arrête soudain. Son cadeau qu’il m’avait offert, il l’avait vu et pour cause c’est parce que je l’avais encadré au-dessus de mon canapé, sans savoir de qui il provenait. C’est mon portrait, celui que quelqu’un avait balancé par la fenêtre avant la soirée d’Halloween. Alors c’était de lui…

« - Je pense qu’on devrait rendre visite à Ashton –me dit faiblement Aurore dans mon dos, coupant court à ma contemplation-

- Oui tu as sans doute raison…

- On passera prendre des fleurs.

- Je ne sais pas s’il nous ouvrira mais on peut tenter oui. »

        Sur ce nous prenons la direction du fleuriste et achetons chacune un magnifique bouquet. Si seulement la raison de cet achat n’avait pas été aussi sombre. Je mords ma lèvre et appelle Michael pour connaitre l’adresse d’Ashton.

*

        Je manque de rater une marche lorsque le bouclé nous ouvre la porte. Il est méconnaissable. Ses cheveux sont négligés et en pagaille, ses joues sont creuses et ses cernes me donnent l’impression qu’il a les yeux au beurre noir. Il nous regarde d’un air vide avec cependant une pointe d’interrogation. Il ne devait pas s’attendre à nous voir.

« - Ashton euh… On est venu t’apporter des fleurs –Dis Aurore en voyant que je ne trouve même pas la force d’ouvrir la bouche tant je suis choquée par son état-

- Nous sommes désolées –Dis-je enfin, n’osant pas le regarder dans les yeux-

- Entrez… »

        Sa voix ressemble plus à un murmure qu’autre chose et nous entrons têtes baissées. C’est la première fois que je me rends chez lui, à la différence de Michael et Hemmings, Ashton vit dans une grande maison de style victorien. Les pièces sont décorées de photos de lui petit avec une belle femme aux yeux verts. Sa mère. Je mords violemment ma lèvre et décide de regarder mes pieds pour ne pas pleurer. Aurore et moi restons dans l’entrée et tendons chacune notre tour nos bouquets. ‘Tiens c’est pour toi Ashton’ Dis-je tristement. ‘Toutes nos condoléances’ ajoute Aurore avant qu’il n’explose en larmes devant nous. Encore une fois je me sens mal car je ne sais pas comment le réconforter, j'ai envie de partir en courant, il me faudrait un manuel ‘Les gestes amicaux pour les nuls’ et à mon grand soulagement Aurore fait le premier pas et le prend dans ses bras. Je les regarde tous les deux et laisse couler une larme en voyant le visage abattu d’Ashton, suffoquant sous le poids de ses sanglots. Ses pleurs et gémissements me montent aux oreilles et je plante mes ongles dans mes paumes pour contrôler mes larmes qui abondent, jamais je n’ai voulu entendre ça, même si je le détestais. Je glisse ma main dans son dos et le caresse de haut en bas lorsqu’il se détache des bras d’Aurore pour me serrer contre lui, ses larmes tombant à flots dans mon cou. Instinctivement j’enroule mes bras autour de son dos tremblant et le serre doucement, murmurant un faible ‘Désolée Ashton’ à son oreille tandis qu'il hoquète violemment.

         Désolée de ne pas pouvoir partager ta douleur et de ne pouvoir dire qu’un simple mot qui ne te ramènera ni ta mère, ni ton habituel sourire.

~ 

Bonsoir :) bon le contexte n'est pas joyeux mais je tenais encore à remercier les lecteurs et nouveaux lecteurs, vous êtes géniaux et je n'ai pas envie que mon histoire se finisse ! Je poste le prochain chapitre d'ici une bonne heure, sortez les mouchoirs. (Ou pas :') )

Merci à tous,

K.