Ca y est je viens de recevoir mes billets d’avion pour la France. Je souris jusqu’aux oreilles et glisse les précieux morceaux de papier dans ma valise déjà prête. J’ai décidé de partir demain, le 23, pour arriver tranquillement chez moi et prendre le temps de voir ma famille et mes amis. En attendant, c’est ce soir qu’a lieu le repas de classe. Nous avons eût l’accord de la direction pour l’organiser dans le gymnase, à condition d’éviter les dégradations et de toucher au matériel sportif. Je m’y rends les bras chargés de décorations, suivis d’Aurore et Coline qui s’occupent des ustensiles. Sur place Maxime et Charlélie ont déjà monté la buvette et le buffet tandis que Josh s’occupe d’installer des chaises et des tables.

« - Beau travail les gars – Se réjouis Aurore-

- On a même eût accès à la sono de l’Université –Sourit Charlélie- tout ça grâce à Josh.

- Oh non voyons… - Dit-il en rougissant-

- Ce devrait être une bonne soirée –Dis-je confiante-

- Est-ce qu’il va y avoir des jeux comme à Halloween ? –Propose Coline-

- NON ! –Beuglais-je, la faisant sursauter- Ahem… Je veux dire non, à Halloween on se fait des farces mais là c’est Noël, c’est le partage… »

Ou plutôt je ne voulais pas prendre le risque de finir encore une fois l’esclave d’Hemmings. J’installe les guirlandes dans le gymnase, grimpant à l’échelle lorsqu’une voix me fait sursauter.

« - Pourquoi le seul moment où je peux te voir d’en dessous c’est quand tu portes un short ? Tu ne pouvais pas te mettre en jupe ?  -Soupire Michael sous l’échelle, donc sous moi-

- Qu’est-ce que tu fais là espèce de pervers ?!

- Je suis venu aider, je suis un gentil garçon tu sais.

- J’ai des doutes quant à tes motivations mais bon puisque tu es là, aide-moi à accrocher les guirlandes.

- Tu veux que je te serve d’échelle ?

- Pour que tu me tripotes ? Non merci Clifford. »

        Il fait une moue boudeuse et pars accrocher quelques guirlandes. En me tournant je remarque que Calum aussi est là, aidant Aurore à mettre les chaises. Ils sont mignons tous les deux, ils osent à peine se regarder dans les yeux. Je me souviens la réaction d’Aurore lorsque je lui avais donné l’enveloppe de Calum. Elle l’avait ouverte devant moi et en avait sorti une place pour un concert de son groupe favoris. Avec il avait joint un petit bout de papier sur lequel était écrit en français ‘Petit cadeau de Noël avant l’heure’. Sa réaction à ce moment-là m’a faite rire, elle a commencé à crier et sauter partout, d’abord parce qu’elle allait voir un concert de son groupe favori puis elle était devenue hystérique en se rendant compte qu’elle allait y aller avec son coup de foudre. Je pense que maintenant je peux dire qu’Aurore est amoureuse de Calum Hood. Ce serait tellement adorable de les voir ensemble, bien que par affinité, me retrouver avec eux deux me rapprochera encore plus d’Hemmings. Je soupire, il est vraiment partout.

*

        La Team France se doit d’accueillir les élèves de la 3A, le thème de la soirée est ‘bal de promo’, permettant aux filles de venir avec leurs plus belles robes de soirée. On remercie Sashane pour l’originalité fulgurante. Alors qu’Aurore resserre un peu plus le corset de ma robe, je la sens qui tire d’un coup sec me coupant la respiration. ‘Qu’est-ce que…’ Commencé-je dans un souffle, mais lorsque je me retourne je la vois qui fixe quelque chose au loin, les joues écarlates et un regard de tueur que je n’avais encore jamais vu chez elle. Je lève la tête et comprends pourquoi elle a tiré aussi fort. Devant nous viennent d’arriver Calum et les trois autres, vêtus de costards. Et alors que ç’aurait dû être à Aurore d’accueillir Calum, c’est Sashane que l’on voit s’avancer dans sa magnifique robe sirène blanche au décolleté ravageur.

« - Aurore je comprends que tu veuilles la tuer mais pas la peine de me tuer moi –Dis-je en reprenant mon souffle-

- Je la déteste ! Pourquoi faut-il qu’elle soit toujours avec eux ?

- Parce qu’il y a Hemmings –Dis-je en soupirant-

- Ça ne te fait rien à toi ? Qu’elle soit proche de Michael ? –Je fronce les sourcils-

- Non, il fait ce qu’il veut.

- Mais vous êtes ens…

- Non Aurore, on est juste des amis et on profite du bon temps. S’il veut aller voir ailleurs je ne l’en empêcherai pas.

- Tu ne dis pas ça pour te rassurer plutôt ?

- Non, Michael et moi avons été très clairs là-dessus. »

        Cependant je devais avouer que si la sono avait pu tomber sur Sashane à ce moment-là, j’aurais sûrement été la première à sauter de joie. Elle glisse ses mains dorées sur le col de costume d’Hemmings et le remet droit. Je laisse échapper un grognement sourd et pars dans mon coin pour accueillir Josh et Sora, tous deux respectivement vêtus d’un costume bleu nuit et d’une robe vaporeuse vert pâle qui souligne à la perfection sa chevelure rousse. Finalement toute la classe est venue et le gymnase se remplit des échos des multiples conversations tandis qu’Aurore et moi mettons de côté les nombreux cadeaux.

« - Eh bien Peacock je ne m’attendais pas à te voir dans une robe aussi sexy –Dit Michael à ma hauteur-

- Et moi je ne m’attendais pas à te voir déguisé en pingouin punk –Dis-je en le regardant de la tête aux pieds, un sourire aux lèvres- ça te va bien le costard Michael.

- C’est vrai que mes cheveux jurent un peu avec le côté classe, mais bon au moins j’ai fait l’effort de venir bien habillé, comme tu m’avais demandé.

- Et tu as bien fait –Je souris alors qu’il niche sa tête dans mon cou-

- Est-ce que ce soir nous allons réitérer notre scène de la dernière fois ? –Me dit-il d’une voix suave-

- Et puis quoi encore ? On va pas s'envoyer en l'air à chaque fois qu’il y a une fête non plus. –Il rit dans mon cou et y dépose ses lèvres-

- J’aime ton franc parler petite Alouette, bien que je sois déçu de la réponse. –C’est à mon tour de glousser- Au fait j’ai un cadeau pour toi !

- Ah bon ? –Dis-je avec de grands yeux- A vrai dire… Moi aussi j’ai un cadeau pour toi.

- Ah ? Es-tu enceinte de moi ? –Je manque de m’étrangler et le regarde qui s’éloigne en rigolant-

- Plutôt mourir que de donner la vie à une seconde pomme-viagra transgénique !

- Je suis vexé ! »

Il rit et me dit qu’il m’offrira mon cadeau ce soir, lors de la distribution. Je me demande ce que ça peut bien être, venant de Michael je me méfie un peu.

*

        La fête bat son plein et le buffet est remplis par les plats que chaque élève a apporté. Au loin je vois des cartons de pizzas décorés de guirlandes avec écris dessus ‘Les Pizzas c’est sain et c'est tout aussi bon à Noël’, je lève les yeux au ciel, il n’avait pas pu s’en empêcher. Alors que je suis dans la cuisine improvisée, habituellement le vestiaire des filles, je vois Irwin déposer deux grands saladiers dans notre petit frigo.

« - Tu as apporté quelque chose Ashton ? –Demandé-je curieuse-

- Non j’ai volé des saladiers –Dit-il d’un air mauvais-

- Qu’est-ce qu’il y a dedans ? –Demande Aurore vu qu’apparemment il n’a pas envie de me parler-

- Des mousses au chocolat

-C’est toi qui les a préparées ? –On demande en cœur, sous le charme. Un garçon qui fait de la pâtisserie ça plait toujours-

- Oui, avec…. Ma mère –Dit-il simplement-

- Oh c’est super, tu la remercieras de notre part ! –Souris Aurore-

- Ouais –Répond Ashton sans grande conviction- j’espère qu’elles sont bonnes. »

        Visiblement Irwin est toujours malade, ses yeux sont cernés de poches violacées et son visage est inexpressif. Pourquoi est-il venu si il est aussi faible ? Sa mère a surement dû le forcer à venir, jugeant que c’était mieux pour lui de sortir plutôt que de rester enfermé avec sa maladie. Après tout c’est à ça que sert une mère, enfin je suppose.

*

        Qui dit soirée et musique dit forcement slow. Je n’aime pas ça. En colonie de vacance lorsqu’il y avait la boom de fin de séjour, les filles se faisaient toutes belles en vue d’être invitées par un garçon pour danser un slow. Je me remémore ce banc de furies, agglutinées devant les miroirs à mettre plus de maquillage que leurs mères ne leur autorisaient habituellement. C’était à celle qui serait la plus belle et qui aurait le plus beau cavalier. Moi j’étais toujours restée en retrait, à l’époque je ne me maquillais pas et je voyais les garçons plus comme des amis que comme des potentiels petits amis, mais pour les autres qui étaient de vraies filles, une relation fille garçon ne pouvait que déboucher sur le grand amour. Pitoyable. Le grand amour ça n’existe pas et je préfère avoir des dizaines d’amis garçons qu’un copain. Bref actuellement j’ai l’impression d’être revenue dix ans en arrière et bien que je porte une belle robe en dentelle noire avec des chaussures à talons hauts, je ne me sens pas l’envie de me trouver un cavalier. Alors je rase les murs dans l’espoir de passer inaperçue.

« - Eh où tu vas comme ça ? –Me dit Michael, un bout de pizza dans la bouche-

- Aux toilettes.

- Pour y faire quoi ?

- Pour y danser –Je soupire- a ton avis crétin !

- Oh donc je suppose que je ne peux pas t’accompagner ?

-  A moins de me tenir la porte, bien que j’aurai trop peur que tu ne l’ouvres, non Clifford. »

        Il hausse les épaules et je me réfugie non loin des toilettes, glissant une main sur mes tempes. Je vais attendre là le temps que la chanson soit passée et je retournerai en ‘cuisine’. Danser un slow me répugne et même avec Michael. Cela dit il avait l’air trop occupé à danser un slow avec sa pizza plutôt qu’à m’inviter à danser avec lui. Alors que je me regarde dans le miroir pour retoucher légèrement mon maquillage, j’entends quelqu’un arriver d’une démarche tranquille.

« - Tu ressembles à un pot de peinture Camden –Je sursaute et aperçois Hemmings dans le miroir, vêtu d’une chemise blanche avec un nœud papillon et d’un jean skinny noir-

- Ce sont les toilettes des filles Hemmings, donc à moins d’avoir changé de sexe tu n’as rien à faire là.

- Si tu savais le nombre de filles qui ont crié mon nom ici, je suis un peu en terrain conquis. –Je grimace de dégoût alors qu’il se rapproche de moi, me tournant face à lui- oh comme c’est touchant.

- Quoi encore ? –Dis-je sur la défensive-

- Tu as mis du rembourrage –Dit-il en pointant ma poitrine de son index- tu sais que tu me donnerais presque envie si je ne savais pas à quel point tu es mal fichue en vrai ?

-  Merci du compliment Hemmings –Dis-je les joues rouges d’humiliation-

- Mais de rien. Tu ne vas pas danser ?

-Si quand cette musique sera terminée.

-Tu n’aimes pas les slows je me trompe ? –J’hoche la tête positivement- Est-ce parce que jamais aucun garçon ne s’est intéressé à toi au point de te demander une danse ? »

        Je n’ai qu’une envie, fracasser son magnifique visage contre le mur carrelé et l’entendre me supplier d’arrêter. Bien sûr que si on m’avait souvent proposé de danser, là était bien le problème. Vous vous souvenez ces filles qui se faisaient belles pour la boom tandis que moi je jouais au vilain petit canard ? Toutes m’avaient haïs lorsqu’elles s’étaient rendue compte que les garçons venaient me demander ma main et pas la leur qu’elles avaient parfaitement manucurée pour l’occasion. Je pense qu’ils m’appréciaient car j’étais naturelle, car je jouais avec eux et croyais en l’amitié garçons-filles. Je n’avais pas d’arrière-pensées et le slow n’était pas un concours pour moi. Mais la jalousie est un gros défaut féminin et à peine avais-je commencée à m’éclipser pour éviter les garçons qu’elles m’étaient toutes tombées dessus. Me réglant mon compte pour la seule faute de plaire aux garçons sans rien faire pour. Je mords ma lèvre et passe devant Hemmings qui m’attrape par le bras.

« - Oh tiens il y a un deuxième slow ! –Me dit-il alors que j’entends avec horreur la chanson ‘Still Lovin’ You ‘ de Scorpion provenir du gymnase, dommage j'adorais cette chanson jusqu'à maintenant- que vas-tu faire ? Passer ta soirée aux toilettes à attendre que les couples aient fini de te jeter leur bonheur à la figure ?

-  Je me moque des couples Hemmings !

- Alors pourquoi tu ne vas pas danser ?

- Parce que je n’aime pas ça c’est tout ! –Dis-je excédée-

- Je crois bien que tu es la seule fille que je connaisse qui n’apprécie pas les slows –Dit-il en souriant en coin- c’est donc plutôt toi qui a changé de sexe. Tu n’as vraiment rien d’une fille.

- Pourquoi tu es là Hemmings ? –Dis-je épuisée par ses reproches-

- Pour te forcer à aller danser.

- Je refuse.

- Même avec moi ? –J’ouvre de grands yeux choqués-

- Raison de plus pour refuser ! »

        Alors que je me remets à peine de sa question, je le sens enrouler ses mains autour de ma taille, me faisant frissonner. Il me colle à lui et nous berce doucement au rythme de la musique. Je suis si surprise que j’en oublie de positionner mes mains.

« - Ok je veux bien croire que tu ne saches pas danser mais tu pourrais au moins faire l’effort de foutre tes mains dans ma nuque. Ne crois pas que je sois ravie de te tenir par la taille, mais au moins je joue le jeu –Je le regarde dans les yeux avant de nouer mes mains derrière sa tête, il est si grand que je dois tendre mes bras vers le haut- même avec des talons tu restes naine, c’est pitoyable.

-  Et toi tu es ridiculement trop grand !

- Est-ce qu’on va passer tout le slow à se balancer des méchancetés ? –Me dit-il en posant son menton sur le haut de mon crane-

- Ca fait quatre mois que tu me dis des méchancetés alors pourquoi t’arrêter maintenant –Dis-je contre son torse, humant son parfum-

- J’espère que tu as un cadeau pour moi –Me dit-il-

- Et puis quoi encore ? Tu veux un mars et cent balles ? –Dis-je en français-

- Pardon ?

- Rien c’est une expression française. Mais tu rêves si tu crois que je vais t’offrir quelque chose ! D’ailleurs depuis quand est-ce que les ennemis s’échangent des cadeaux ?

- C’est vrai que ça sonne faux. Mais moi je t’ai bien offert un cadeau, alors la moindre des choses serait de me faire un cadeau aussi.

- Toi tu m’as offert un cadeau ? –Dis-je étonnée, je me recule un peu pour voir si il est sérieux- J’ai jamais rien eût de ta part si ce n’est que des insultes et des reproches.

- Faux, je l’ai même aperçu chez toi quand je suis venu

- Quoi ?! –Je m’arrête de danser- c’est quoi ? Apparemment je n’étais pas au courant, dis-moi ce que c’est que je te le rende ou que je le brûle.

- C’est à toi de deviner. Au fait tu sais que tu nous dois toujours une tournée depuis le Labyrinthe ? –Je soupire en hochant la tête-

- Quand je serai rentrée de France.

- Mais tu devras quand même m’offrir un cadeau de Noël.

- Est-ce que le fait de finalement retourner en France  et de ne plus revenir à Sydney ferait office de cadeau de Noël ? –Dis-je après réflexion-

-Je suis tenté de dire oui, mais non. Trouve quelque chose qui me fasse vraiment plaisir -Qu’est-ce qui lui ferait plus plaisir que de ne plus me voir ? L’image du costume de soubrette me revient en mémoire et je suis obligée de me triturer la tête pour ne plus y penser-

- Au fait Hemmings ?

- Ouais ?

- Tu étais où la dernière fois, quand tu as loupé la semaine complète ? –Je demande avec curiosité-

-J’avais oublié à quel point les français sont de sales fouineurs.

-Ashton m’a dit que tes parents étaient rentrés, alors je me suis dit qu’il devait se passer quelque chose.

- En effet mes parents sont rentrés, parce qu’ils ne seront pas là à Noël et qu’ils avaient envie de me voir avant.

- Ce n’est pas ce que m’a dit Ash…

- Bon écoute, ma vie ne te regarde absolument pas Camden !

- Mais je…

- J’ai horreur des sales fouineuses comme toi, alors tu t’occupes de ton petit nombril et tu me fiches la paix. »

        Et voila qu'il recommence, je me demande vraiment s'il n'a pas ses règles parfois. Je me dégage de son étreinte tandis que Sashane passe dans le couloir. Je vois son visage qui s’illumine et il se précipite derrière elle. ‘Camden m’a obligé à danser un slow avec elle, la pauvre elle n’avait aucun cavalier, j’ai vite compris pourquoi, elle m’a pourri mon slow, ça te dit de rattraper ça ?’ lui dit-il assez fort pour que je l’entende. Elle acquiesce et ils partent tous les deux dans le gymnase où la musique n’en est qu’à la moitié. Quel salaud, j’avais bien dansé, c’est lui qui avait tout gâché. Comme d’habitude. Alors que je les rejoins un peu après je me fige sur place, devant moi Hemmings et Sashane finissent leur slow collés serrés, leurs lèvres bougeant à l’unisson et laissant entrevoir leurs langues aller et venir. Les slows me dégoutent. Eux deux me dégoutent.

~

Bonsoir ! Voilà que commence la période de Noël + Nouvel an :) ce soir exceptionnellement je vous posterai trois chapitres car la fin du 39 est importante et annonce un tournant entre deux personnages ;) (et puis j'ai bien avancé sur Word, j'ai commencé à écrire le chapitre 49 donc je peux me permettre de vous en poster plusieurs ^^)

Merci encore à tous les lecteurs et à ceux qui me laissent des commentaires, vraiment vous ne pouvez savoir à quel point ça me fait plaisir de vous lire :D

En esperant continuer à vous faire plaisir avec mon histoire,

Merci ! K.