Peut-être s’attendaient-ils tous à ce que je rentre chez moi après l’humiliation du matin, c’est la pensée qui me vient en tête lorsque j’entre dans l’amphi sous les regards surpris de mes camarades de classe. Je m’assois au fond avec Aurore , Coline et Charlélie, contre la fenêtre pour que personne ne puisse s’assoir à côté de moi.

« - Aurore m’a tout raconté –Me chuchote Charlélie- je te jure que j’ai pris sur moi pour ne pas défoncer les garçons en sport ce matin. Et je ne te parle même pas d’Aurore.

- Vraiment ce sont des sales fils de p… -Commence Aurore-

- C’est courageux à toi d’être resté malgré l’histoire de ce matin. –Me dit Coline-

- Au pire je m’en moque que les gens sachent que j’ai une petite poitrine.

- Personne ne devrait se moquer du physique des autres –Dit sèchement Aurore- on est à l’Université, ils ont quel âge pour faire un truc aussi stupide ?

-Bonjour Alouette –Dit-une voix dans un français hésitant, je lève les yeux et vois Sora- j’ai appris pour ce matin… Est-ce que toi vas bien ?

- Oui oui ça va, au moins maintenant tout le monde sait que je porte des soutiens-gorge noirs à dentelle. –Dis-je avec un petit rire-

- Josh voulait se plaindre à la Proviseur mais je lui ai dit que tu l’avais peut-être déjà fait ou que tu ne voulais pas en parler -Dit-elle en anglais-

- En effet je ne veux pas en parler, les gens oublieront d’ici quelques jours. Mais j’irai remercier Josh. »

        Elle s’assoit face à moi et je porte mon attention sur la porte d’entrée. Irwin est le premier à passer la porte, ses bouclettes dans tous les sens, suivis de Calum. Michael, Luke et Sashane sont les derniers à entrer et ils s’assoient en ligne. Tiens on dirait que la bande d’Hemmings s’est agrandie. Je les regarde rigoler et pose mon attention sur ma feuille, où est en train de dessiner Coline.

« - Michael te regarde –Me souffle Aurore-

- Et je ne le regarderai pas.

- C’est dommage vous formiez un couple sympathique, décalé mais sympathique. – Dis Coline d’un ton rêveur. Je m’étouffe en avalant mon thé de travers-

- Qu… Quoi ? Mais je ne sortais pas avec Michael !

- Oh ? Je croyais pourtant… Mais dans ce cas pourquoi tu as embrassé Charlélie devant ses yeux ? –Je vire au rouge en me rappelant cette scène-

- C’est rien Coline, ils ne sont pas ensemble. Mais il s’est bien foutu de sa pomme !

- Ne dis pas ce mot-là s-il-te-plait… »

        Dis-je avec un pincement au cœur. Apple Michael était le surnom que je lui avais donné lorsqu’on avait commencé à discuter. C’était devenu un surnom affectif. Mais voilà, Michael était un ami d’Hemmings et je ne pouvais avoir de l’affection pour lui, même si j’y avais cru, force était de constater qu’il était aussi pourri que les autres. J’ai envie de pleurer et je me sens doublement humiliée, je lui ai fait confiance mais j’ai eût tors. Il est indissociable d’Hemmings.

*

        De toute la semaine j’ai évité les garçons. Je suis venue en cours pour prouver que ça ne m’avait pas atteinte bien qu’au contraire j’avais passé plusieurs soirs à pleurer. Charlélie était devenu mon nouveau complice, je ne l’avais pas ré-embrassé mais je restais à ses côtés durant chaque cours et chaque pause. Michael n’était donc pas venu me voir une seule fois et j’avais bien sûr évité tout ses appels. Le seul à qui j’adressais à peine la parole c’était Calum, en art.

« - C’est pas cool ce que tu fais à Michael –Me dit-il alors que nous sommes occupés à dessiner un porte clé en valeur de gris. Je brise mon crayon sous le choc-

- Attends tu te fous de ma gueule Calum ?

- Tu comptes pour lui et il ne pensait pas que tu le lâcherais aussi facilement. –Je lutte contre une crise de nerf et préfère briser un autre crayon-

- Alors déjà  tu diras à Clifford que quand on tient à quelqu’un on ne participe pas à une action de bizutage contre cette personne. Et tu lui diras aussi que j’ai été conne de le croire.

- Eh Camden c’était juste une blague…

- Et vous vous attendiez à quoi ? A ce que je vous saute dans les bras en vous remerciant du don financier ? Vous me dégoutez. Continuez avec vos blagues de merde et bientôt c’est pas en cours que vous me retrouverez c’est noyée dans le port de Sydney. Ou moins dramatique, dans l’avion pour retourner chez moi. C’est ce que souhaite Hemmings hein ?

- Je suis désolé Alouette – me dit-il d’une petite voix- non non je ne pense pas que ce soit ce qu’il veuille mais…

- Et bien ça finira par arriver. Et j’en ai rien à battre de vos excuses, à chaque fois que vous vous excusez c’est pour mieux frapper par derrière. Je vous hais ! »

        Je mords ma lèvre à la vue de son visage désolé. Autour de nous tout le monde s’est arrêté de dessiner et nous observe, c’est vrai que j’ai parlé un peu fort. Je jette mes crayons brisés et reprend mon dessin avec frustration. A la pause du midi je pars manger dans un snack avec ma bande habituelle à laquelle se sont intégrés Josh et Sora.

« - Tu as bien fait de dire ça à Calum –me dit Josh en voyant mon air abattu-

- Tu as parlé à Calum ? –Aurore redresse la tête- Il t’a dit quoi ce con ?

- Il m’a reproché d’être méchante envers Michael.

- Ah parce qu’eux ils sont sympa peut-être ? –Gronde Charlélie- Non mais ils devraient se remettre en question.

- Et tu lui as dit quoi ? –Demande Aurore-

- Que je les détestais, tous les quatre.

- Tout ça c’est de ma faute, j’aurais dû te dire de laisser ta place à Ashton au Starbucks… Sans ça tu serais tranquille actuellement – se chagrine Josh-

- Je me serais bien pris la tête avec eux à un moment donné, ils sont tellement cons. »

 *

        Alors que je m’endors sur ma table en littérature, je sens mon téléphone vibrer. Je le regarde et vois l’onglet ‘Message – Apple Michael’. Tiens ça me fait penser que je devrais changer son surnom. J’ouvre mes contacts et change Apple Michael à Clifford. Je mords ma lèvre, c’est tout ce qu’il mérite. Je referme mon téléphone et bientôt un deuxième message le fait vibrer.

De : Clifford

« J’ai parlé à Calum, je ne vois pas ce qu’il y a de mal à plaisanter là-dessus, sans compter que tu sais très bien que je n’étais pas sérieux. A quoi tu joues ? Tu sais que je te déteste quand tu ne me donnes pas d’explication et que tu m’ignores ! Apple-Michael. »

De : Clifford

« J’ai vu que tu avais ouvert ton téléphone, tu pourrais au moins avoir l’amabilité de me répondre ! »

        Je redresse la tête et croise son regard. Lui qui est d’habitude si rieur, j’en viens même à regretter son regard de pervers lorsque je vois son visage fermé par la colère. Il ne voit pas ce qu’il y a de mal ? Vraiment ? Je serre les dents et lui lance un regard noir avant de baisser la tête et d’enfouir mon visage dans mes bras. Pourquoi fallait-il que ce con ait un sens de l’humour aussi minable.

*

         Je me fais un thé à la menthe avec une bonne dose de miel, commençant à sentir des maux de gorge arriver. Je suis rentrée au studio tout de suite après les cours car prise de migraine et je n’ai attendu personne. Je m’installe dans mon canapé lorsqu’on frappe à ma porte avec force. Ça c’est signé Michael. Je me lève pour ouvrir mais ce n’est pas une tignasse bleue que je vois, c’est une tignasse blonde et avant que j’ai pu dire quoi que ce soit, Hemmings me décolle une gifle phénoménale qui m’envoie valser dans le mur.

« - A quoi tu joues espèce de garce ?! –Rugit-il-

- Qu’est-ce que tu fais là Hemmings ?! Dégage de chez moi ! –Dis-je en criant, passant ma main sur ma joue endolorie-

- Je ne reçois pas d’ordres de ta part c’est clair ? –Dit-il en entrant, claquant la porte derrière lui— va falloir qu’on parle tous les deux parce que je dois te dire que j’ai pas trop apprécié ton attitude ces derniers jours Camden. – Il s’avance et je recule, effrayée- tiens tu as peur de moi maintenant ? Tu veux peut-être que Charlélie vienne te sauver ?

- Pourquoi tu es là ? –Dis-je en tremblant-

- A ton avis ? Parce que mademoiselle se permet de gueuler sur Calum et de nous ignorer Michael et moi.

- Et qu’est-ce que ça peut vous foutre bordel ?! Vous ne m’aimez pas alors pourquoi ça vous dérange que je vous ignore hein ? – Il me plaque violemment contre le mur et je lâche un cri de douleur lorsque mon crane cogne contre la paroi-

- Non en effet on ne t’aime pas, mais Michael t’aimait bien lui. Dommage maintenant il a dû comprendre quel genre de petite pute tu étais.

- Je ne suis pas une p…

- Ah oui ? Alors dis-moi ça fait quoi d’embrasser des mecs devant tout le monde ? –Je fronce les sourcils- Ouais j’étais là moi aussi, je t’ai vu embrasser ton pote alors que Michael venait vers toi ! Tu me dégoutes Camden.

- C’est l’hôpital qui se fou de la charité –Dis-je en français-

- Parle encore une fois en français et je te jure que je t’étrangle ! –Dit-il le regard remplis de haine-

- Et bien vas-y, ne te gêne pas Hemmings ! –Il enroule sa main autour de mon cou et me regarde droit dans les yeux, j’ai peur mais je ne lâche pas son regard- vas-y, serre et prend plaisir à voir la lumière s’éteindre dans mes yeux. »

        A ce moment-là quelque chose se passe dans sa tête. Il retire sa main et s’écarte, le visage pâle et détruit. Je reprends mon souffle et m’éloigne le plus possible de lui. ‘Non pas ça, pas encore. Pardonne-moi’ murmure-t-il à lui-même. Je le regarde et le vois qui se prend la tête dans ses mains. Il est complétement taré ?

« - Hemmings qu’est-ce qu’il t’arrive ? –Dis-je inquiète-

- Ta gueule toi ! Tout ça c’est de ta faute !

- Ma f…

- Tu n’aurais jamais dû venir à Sydney ! Je te déteste Alouette –Beugle-t-il le visage toujours dans ses mains- J’avais oublié ! Je te hais tu m’entends ?! –Il me regard avec un air hystérique, les larmes aux yeux. Je suis tétanisée-

- Parce que tu crois que je t’aime moi ? Espèce de c… »

        Je n’ai pas le temps de finir qu’il s’est de nouveau jeté sur moi. Cette fois-ci je suis complétement flippée et lui hurle d’arrêter. Sauf qu’il ne me frappe pas, il se contente de s’appuyer contre moi, son front contre le mien et de mettre son poing dans le mur, au-dessus de ma tête. Pour finir il éclate en sanglot, se laissant glisser contre moi. Je l’agrippe par le col de sa chemise pour le retenir mais il est bien trop lourd et je m’affaisse avec lui. Il fait un malaise ? Il tombe à mes pieds, la tête contre mes genoux et s’y agrippe comme un enfant s’agripperait à sa mère. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, il y a cinq minutes il était prêt à me tuer et maintenant voilà qu’il pleure dans mes jupons. Je suis d’autant plus surprise lorsque ma porte s’ouvre et que quelqu’un relève Hemmings. Je reconnais cette tignasse bleue car c’est moi qui l’ai faite.

« - Luke c’est moi, c’est Michael.

- Mike – Pleure-t-il-

- Oui je suis là, ça va aller.

- Mike pourquoi faut-il qu’elle soit là, pourquoi faut-il que ce soit elle !? –Crie-t-il dans l’épaule de Michael, un doigt tremblant pointé vers moi-

- Tu ne pouvais pas savoir, ce n’est pas de sa faute. Arrête d’y penser. Regarde-moi Luke. »

        Je me sens transparente bien que la scène se passe chez moi. Michael réconforte Hemmings du mieux qu’il peut et je ne peux m’empêcher de me poser cette question. Quel était le réel motif qui motivait Luke à me haïr ? Car visiblement ça allait beaucoup plus loin qu’une histoire de chaise au Starbucks. « J’avais oublié ! » Qu’avait-il oublié ?

« - Peacock, je le ramène chez lui –Me dit Michael alors qu’Hemmings s’est calmé-

- D’accord… -Dis-je sous le choc-

- Ca va aller toi ? –Me dit-il après un moment de silence, je lève les yeux vers lui et sens les larmes monter-

- Ou…oui, t’as pas à t’inquiéter pour moi. »

        ‘Je repasserai te voir’ me dit-il simplement alors qu’il sort de chez moi. Quelques minutes après c’est Aurore qui débarque en trombe ‘Je t’ai entendu crier, qu’est-ce qu’il y a ?!’. Je m’effondre en larmes dans ses bras et lui raconte la visite d’Hemmings.

Au moins Aurore et moi étions d’accord sur un point. Il y avait quelque chose qui clochait. Le siège au Starbucks n’était en fait qu’une excuse qui en cachait une autre et nous étions décidées à savoir quoi.

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Chapitre un peu court et inutile ^^' je poste rapidement le 32 !

Merci aux lecteurs !

K.