J’ai passé le reste de la semaine chez Hemmings, bien qu’Aurore était rentrée il avait refusé que j’aille la voir. C’était ma punition, pour avoir encore osé parler dans mon sommeil. Si seulement j’avais pu l’étouffer avec son oreiller, il ne m’aurait pas entendu. Les cours reprennent demain et je suis enfin de retour dans mon studio. Hemmings et moi n’avons pas reparlé de l’enregistrement, logiquement ma semaine de servitude avait pris fin et il aurait dût le supprimer. Mais connaissant Hemmings, je n’étais sûre de rien. Alors que je range ma valise, on frappe à ma porte. C’est Aurore.

« - Alors capitaine Alouette comment s’est passé cette mission suicide ? – Je rigole à cette expression-

- Concluante mon général ! Tu as passé de bonnes vacances ?

- Et comment, il faut que je te raconte –Me dit-elle d’un air enjoué- j’ai passé quatre super journées avec mes parents, on a visité tout Sydney et on est allé jusqu’à Melbourne. J’ai pris des photos. Mais le mieux c’est en rentrant !

- Quoi, qu’est-ce qu’il y a de mieux que de visiter l’Australie avec ses parents ? –Dis-je, curieuse-

- Quand je suis revenue j’ai cherché désespérément à venir te voir, alors je suis passé au magasin de fringues que tiennent Ashton et Michael.

- Et ? –Je demande alors qu’elle reprend son souffle, un sourire aux lèvres-

- Et il y avait Calum !

- Euh d’accord et ? C’est ça que tu trouves mieux que l’Australie ? –Dis-je déçue mais amusée par son regard excité-

- Attend ! –Dit-elle en faisant de grand gestes-  bref j’ai essayé de leur faire cracher le morceau quant à l’endroit où tu te trouvais et Calum m’a dit que si j’arrêtais de poser des questions, il m’invitait au restaurant ! –Elle se met à piailler et j’explose de rire-

- Donc tu as arrêté de me chercher pour passer une soirée avec ton coup de cœur ? Tu imagines si Hemmings me séquestrait ?

- Oh mais non les garçons m’ont assuré que tu allais bien alors je leur ai fait confiance.

- Et donc ce restau ?

- On est allé dans un super restaurant Japonais, on a beaucoup parlé, je suis sûre que tu l’aimerais bien il est tellement différent quand il est seul –Elle parle si vite que j’arrête d’écouter mais la fixe toujours pour ne pas la vexer- il m’a payé le repas, qui coutait très cher et ensuite en partant il m’a donné son numéro de téléphone en me disant ‘Si jamais tu veux des nouvelles d’Alouette, tu sais où appeler ‘ et il m’a fait un clin d’œil –Elle soupire de bonheur et je suis surprise qu’elle ne soit pas essouflée-

- Et donc tu en es au point de dire que Calum Hood est mieux que l’Australie ?

- Dans un sens oui –Dit-elle les joues rouges- et toi comment c’était avec le voyeur ? »

        Je lui raconte ma semaine sans omettre le fait que j’avais dût passer une journée et une nuit chez Michael. J’hésite un moment mais fini par lui raconter l’histoire de cette mystérieuse Melody, tout en lui demandant de me promettre de se taire sinon j’étais sûre de mourir des mains d’Hemmings. Viens le moment où je lui raconte que nous avons dormi ensemble, deux fois dans la semaine.

« - Et vous avez couché ensemble ? –Me dit-elle avec un air innocent-

- QU… -Je vire au rouge et fait de grands gestes- mais ça va pas ?! Jamais je ne le laisserai me toucher, sans parler du fait qu’il n’a pas arrêté de dire que j’avais un corps de gamine et que ça ne lui plaisait pas.

- Il plaisantait peut-être ?

- Aurore, Hemmings a couché avec Katia et Sashane qui font des bonnets C et ont un physique de naïades.

- Oui c’est pas faux… Et du coup tu as réussi à en apprendre plus sur lui ? En dehors de cette Melody.

- Et bien je pense que c’est lié, le soir du labyrinthe quand on est allés se coucher… Je l’ai entendu pleurer –Elle ouvre de grands yeux et parait enthousiaste à cette nouvelle, pour ma part je ne sais toujours pas si je dois m’en réjouir ou me sentir coupable-

- J’espère que tu l’as enregistré ?

- Oui –Je sors mon téléphone et lui montre l’enregistrement-

- Je crois qu’on ne pouvait rêver mieux Poulette ! –Dit-elle tout sourire- tu l’as ta revanche sur ce connard ! –Je fais oui de la tête mais mon regard ne la convainc pas- C’est quoi cette tête ? Tu ne vas pas te dégonfler ?

- Non c’est juste que… Il avait l’air vraiment mal, ça me fait de la peine de lui faire ça.

- Tu crois qu’il en a eût lui de la peine ? –Me dit-elle sévèrement- Alouette tu es une fille bien mais si tu veux tenir tête à Luke alors il va falloir oublier ta morale.

- Moi ce n’est rien, j’ai juste eût un rapport avec Michael et nous étions bourrés. Si il diffuse l’enregistrement j’aurai honte et je pense que je ferai mes valises mais d’ici quelques mois ce sera sûrement oublié. Que lui… Je ne sais pas, ça a l’air de le toucher beaucoup plus… Déjà rien que le fait que Michael m’ait demandé de ne plus en parler ça veut dire que ce n’est pas rien.

- A toi de voir si tu veux lui faire payer ou non.

- Je pense que je ne m’en servirai qu’en cas de réelle nécessité.

- Mh il a de la chance de t’avoir toi comme ennemie, car moi je ne lui aurais sûrement pas fait de cadeau. »

        C’est vrai que je hais Hemmins, lorsque je l’avais vu brandir son enregistrement le soir d’Halloween je ne souhaitais qu’une chose, qu’il disparaisse. Mais l’avoir entendu pleurer m’avait prouvé qu’il avait des faiblesses et j’avais eût pitié de lui. Au fond lui et moi ne sommes pas si différents que ça, sauf pour la morale et le sens du respect d’autrui. Tous les deux nous nous cachons derrière un masque, on cherche à se montrer plus fort qu’on ne l’est alors qu’à l’intérieur on ne demande qu’à être entourés et écoutés. Alors que j’invite Aurore à dormir chez moi, mon téléphone sonne. Numéro inconnu, je décroche.

« - Allô ?

- Ouais Camden ne crois pas que tu me manques, si je t’appelle c’est parce que tu as oublié un soutif chez moi.

- Hemmings ?! –Dis-je choquée- comment est-ce que tu as…

- Je te rappelle que Michael est un ami que, à mon grand regret, nous avons en commun. Bref je te ramène ta brassière pour enfant demain en cours.

- Ce n’est pas une brassière espèce de…

- A demain Miss 85A.

- Je me doute que tu préfères retirer les soutifs plutôt que les observer mais je fais du B enfoiré ! –Je vois Aurore qui hausse un sourcil face à moi- Et fais-moi plaisir Hemmings, supprime mon numéro !

- Et pourquoi ? Ce sera pratique lorsque je souhaiterai t’harceler à distance chérie.

- Va te faire f… »

Il raccroche et je laisse échapper un grognement de frustration. Michael allait m’entendre demain.

*

        Alors que je cherche Hemmings des yeux dans la cafétéria, Coline vient me trouver, la mine étrange. Enfin encore plus indéchiffrable que d’habitude. Aurore nous rejoins, balayant discrètement la salle du regard à la recherche de Calum.

« - Alouette il faut que tu montes au troisième étage et vite. –Me dit-elle sur un ton plutôt grave-

- Pourquoi ?

- Pas le temps de t’expliquer, suis-moi. »

        Je suis étonnée par une telle précipitation de sa part, elle qui est toujours lente et dans les nuages. Il doit se passer quelque chose d’assez spectaculaire pour qu’elle réagisse ainsi. Bien qu’elle ait sport, Aurore aussi nous accompagne. Une fois là-haut je suis Coline rapidement jusqu’au fond du couloir. Certaines personnes de ma classe me regarde en gloussant et d’autres me montre du doigt d’un air compatissant. C’est quoi ce bordel ?

« - Je ne pensais pas que tu faisais du A Alouette –Me dit Sashane un petit sourire aux lèvres- je t’ai mis une pièce car j’estime que toute femme a le droit au bonheur.

- Je ne fais pas du A ! Et pourquoi tu me dis ç… »

        Alors que je fais tilt, ‘Hemmings a dû lui dire’, un autre détail me percute. Je ne m’y attendais pas et manque de m’évanouir sous le choc. Devant moi, sur mon casier, est accroché mon soutien-gorge resté chez Hemmings et en dessous se trouvent une enveloppe et une feuille sur laquelle est écrit au marqueur. « Cotisez-vous si vous aussi vous voulez qu’Alouette passe du bonnet A au C ». Aurore lâche un juron et moi je reste figée, plus pâle que jamais.

« - C’est là depuis quand ? –Dis-je d’une voix éteinte-

- Ce matin quand je suis arrivée – Dit faiblement Coline-

- Et après tu as encore des états d’âme envers Hemmings -Bouillone Aurore qui part détacher le soutif- Qu’est-ce que vous regardez tous ? Au moins les petits seins ont une meilleure prise en main ! –Crie-t-elle sur les quelques élèves agglutinés devant les casiers, je palis encore plus-

- Viens Alouette on va trouver la proviseur –Me dit Aurore en attrapant mon bras après avoir rangé mon soutif dans mon sac-

- Non ça ne sert à rien, c’est tout ce qu’il veut –Dis-je dans un souffle-

- Non mais j’y crois pas ! –On descend dans la cour et s’assoit à l’écart- Je vais aller le chopper en sport et lui tirer droit dans les parties !

- Laisse tomber Aurore –Dis-je trop anéantie pour pleurer- Il y a des sous dans l’enveloppe ?

- Oui –Grogne-t-elle en sortant quatre billets verts et quelques pièces dont une de 2€ qui doit appartenir à Sashane- Oh les salauds ils ont signé ! »

        Je lui prends les billets des mains, derrière chacun d’eux il y a un post-it. Le billet d’un dollars est de Calum, j’entends Aurore scandalisée que son chouchou se soit prêté au jeu. ‘Je te jure qu’il n’est pas comme ça !’. Hemmins et Irwin ont donné une même somme de cinq dollars et mon cœur rate un battement lorsque je retourne les deux billets d’un dollars. « Souris Peacock » signé d’un dessin de pomme. Michael avait aussi participé, le garçon avec qui j’avais couché et qui m’avait pourtant dit ‘Tu es magnifique’ avait ajouté un billet pour que je me fasse refaire la poitrine. Il s’était bien foutu de ma gueule. Je range les billets dans mon sac à main, anéantie.

« - Au moins j’ai gagné 13 dollars –Dis-je d’un rire jaune-

- Je te jure que je vais les tuer –Fulmine Aurore, à nous regarder on pourrait croire que c’est à elle qu’on a fait le coup et pas à moi-

- Pas la peine, ils veulent me voir craquer et je ne le ferai pas.

- C’est très honorable mais n’importe qui dans ta situation aurait le droit de craquer – M’interrompt Coline- Même Sashane. Elle a beau rigoler mais lorsque Hemmings se retournera contre elle, elle comprendra.

- Il ne se retournera jamais contre elle, c’est un trop bon coup pour lui.

- Oh putain voilà Michael ! –Dit Aurore en se levant d’un bond-

- Laisse-le, j’ai une autre idée. »

        Au moment où Michael se tourne vers moi tout sourire pour me saluer j’aperçois Charlélie qui me fais de grands signes de la main. Je vais à sa rencontre et dépose mes lèvres sur les siennes, me mettant bien en évidence pour que Michael puisse me voir.

« - Euh bonjour à toi aussi Alouette –me dit Charlélie d’un air perdu-

- Je t’expliquerai pardonne-moi… 

- Oh si tu avais vu la tête de Clifford ma Poulette ! –Ricane Aurore en venant à notre hauteur- tu es tombé à pic Charlélie !

- Je vois ça –Dit-il gêné-

- Je t’expliquerai sur le chemin du gymnase, tu viens ? »

        Aurore et lui partent de leur côté tandis que je me rends au troisième étage avec Coline. Mon soutif n’est plus accroché mais j’évite de regarder mon casier. Hemmings crois-moi je prendrai ma revanche.