‘Les grasses matinées sont visiblement exclues chez Hemmings’ me dis-je en bouillonnant alors que celui-ci vient d’allumer la musique à fond dans la pièce voisine, me faisant faire un bond. Enfin c’est toujours mieux qu’une bassine d’eau froide. J’enfile un pantalon et attache mes cheveux avant de descendre pour préparer son petit déjeuner. Ce matin il me laisse le droit de prendre des céréales, tant que je ne pique pas dans son paquet favori. On se met sur la terrasse, face à la vallée baignée dans la lumière du soleil.

« - C’était super le match hier –Dis-je pour briser le silence-

- Ouais, tu n’oublieras pas que tu dois rembourser Michael.

- Je vais te donner les sous à toi comme ça quand tu reverras Michael…

- Il sera là ce soir. –Me dit-il d’un ton bref-

- Oh tu l’as invité ?

- Ouais –Il mange ses céréales sans daigner me regarder-

- Pourquoi ?

- Bon t’as pas fini avec tes questions Camden ? –Me dit-il brutalement, les yeux noirs-

- Que… -Je suis sous le choc et le regarde- Je voulais juste faire la conversation !

- Ouais et bah tu vas la faire ailleurs c’est clair ? »

        Je me lève en lui lançant un regard de haine. Qu’est-ce qui lui prend à lui, il a ses règles ? Je pars faire la vaisselle en serrant les dents de colère et lui lance quelques regards. Je ne sais pas ce qu’il a depuis ce matin mais je le trouve bizarre, il avale ses céréales lentement et fixe un point invisible sur la table. Peut-être est-il simplement mal réveillé ?

*

        A l’évidence il n’était pas mal réveillé. Il était juste con. Toute la journée j’ai été contrainte de me taire sous peine de me prendre une gifle. Est-ce à cause d’hier quand je me suis perdue dans la foule ? Pas la peine d’en faire un tel plat… Quoi que, tout bien réfléchis, devant moi se trouve Luke Hemmings, le garçon qui me rend la vie invivable simplement parce que je n’ai pas laissé ma place à son pote Ashton deux mois auparavant. Alors si, pour lui toute excuse était bonne pour des représailles démesurées. Je suis assise dans le canapé à dessiner lorsque la porte s’ouvre.

« - C’est moi –Annonce Michael, je redresse la tête et lui accorde un signe de la main- Luke n’est pas là ?

- Il est là-haut, je ne sais pas ce qu’il fait et à vrai dire je m’en fiche.

- Tu as passé une bonne journée ? – Me dit-il en venant s’asseoir à côté de moi-

- Non –Dis-je boudeuse alors qu’il embrasse ma tempe-

- Je m’en serais douté –Il rit-

- Je n’ai même pas eût le droit de parler !

- C’est vrai que tu parles beaucoup d’un côté –Dit-il en faisant allusion au soir d’Halloween-

- Et bien vous n’avez qu’à me bâillonner !

- Ca et le costume de soubrette… Moi je suis partant –Me murmure-t-il-

- Tu me dégoutes Clifford –Dis-je en le dégageant-

- Mike ? –On se retourne pour voir Luke dans les escaliers, la mine toujours aussi sombre-

- Salut Hemmo –Dit-il en se levant pour aller étreindre son ami- tu as une sale gueule, ça va te faire du bien de sortir.

- Ouais… »

        Michael commande des pizzas lorsqu’on sonne à la porte. Luke ne bouge pas du canapé alors je vais ouvrir. C’est Calum et Ashton ‘Tiens tu as changé Luke’ me dit Calum en rigolant. Ils vont tous les deux sur le canapé où sont déjà les deux autres. Comment dire, je me sens en trop. Ils sont tous les quatre, assis les uns à côté des autres à rigoler, par moment j’observe Hemmings, il sourit faiblement mais au moins il leur adresse un geste sympathique, alors que moi, rien. D’ailleurs mon absence semble passer inaperçue, je monte donc là-haut pour me mettre en pyjama. Je n’ai pas faim je me coucherai directement. J’enfile un débardeur long et retire mon jean, restant en simple boxer puis je sors pour aller dans le lit. Sauf qu’il y a déjà quelqu’un dessus, je pousse un cri de surprise et allume la lumière.

« Michael ! Qu’est-ce que tu fais là ?

- Bah je me demandais où tu étais passée –Il sourit et mord sa lèvre en me voyant avec aussi peu de tissu sur moi-

- Comme c’est touchant.

- Qu’est-ce que tu fais ?

- Je vais me coucher ça ne se voit pas ? –Dis-je en venant m’allonger sous la couette à l’extrémité du lit pour rester loin de Michael-

- Te coucher ? Mais il est même pas 22 heures et les pizzas viennent d’arriver.

- J’ai pas faim –Dis-je d’un air bougon-

- Mais tu sais qu’après on sort

- Pardon ? –Je me redresse d’un bon, lui balançant le haut de la couverture au visage-

- Bon ok dorénavant c’est moi qui te brieferai sur les journées parce que visiblement Luke n’a aucune communication.

- Il m’a juste dit que tu venais ce soir, pas que vous aviez encore un truc de prévu. Allez-y sans moi cette fois-ci ! –Je me rallonge et m’enroule sous les couvertures-

- Oh allez on a prévu un truc cool !

- Non merci, je préfère vous laisser entre vous et si Hemmings a peur que je m’échappe il n’aura qu’à m’enfermer dans la chambre ! »

        Je m’enfonce un peu plus dans les couvertures et l’entends soupirer. Ils sont beaucoup mieux sans moi, c’est vrai ça, je ne suis pas leur amie. Je ne sais même pas ce que je représente à leurs yeux. Je vais pour enfouir ma tête dans les oreillers lorsqu’une main froide me pince les fesses. Je pousse un cri de surprise et tombe du lit alors que je me débats dans les couvertures. ‘Putain Clifford tu…’ Je commence à jurer alors que ce dernier vient me relever en rigolant. Il s’assoit sur le rebord du lit et me regarde galérer  à remettre la couverture en ordre.

« - Surtout ne m’aide pas ! –Lui lancé-je-

- Pour quoi faire c’est tellement marrant de te voir galérer.

- Je retiens Clifford –Dis-je d’un ton amer-

- C’est vrai quoi, d’habitude tu es toujours vigilante à donner une parfaite image de toi, ça en devient presque ennuyeux.

- Bon si c’est pour me balancer mes quatre vérités que tu es venu tu peux aller voir ta précieuse pizza !

- Laisse-moi finir bon sang… - Il soupire- tu es douée en art, en badminton, ton maquillage est parfait, tes cheveux sont toujours bien peignés, tu plais aux garçons. Bref tu fais tout pour être parfaite mais crois-moi, tu es bien mieux quand tu es ridicule, car au moins tu es naturelle. »

        Je me retiens soudain de lui en coller une. Venait-il de me parler comme quelqu’un de sérieux ? Je le regarde surprise, m’attendant à voir quelqu’un d’autre que Michael Clifford au bord du lit. Mais non, c’était bien lui qui avait dit ça. Il enroule un de ses bras autour de ma taille et me tire vers lui, venant effleurer mes hanches de ses lèvres. ‘D’ailleurs tu es plus jolie quand tu as un orgasme que quand tu es maquillée !’ Bon je confirme c’est bien Michael Clifford. Je lui fais une légère tape sur le haut du crâne et me retire de contre lui pour remettre la couverture.

« - Je vous interdit de baiser dans la chambre de mes parents ! –Surgit Luke dans la pièce, me faisant sursauter-

- C’était pas dans nos intentions –Dis-je froidement-

- Alors pourquoi tu es juste en boxer et débardeur Camden ?

- Elle allait se coucher –Intervient Michael-

- Tu t’habilles ok ? –Me dit Hemmings d’un ton ferme- Sinon c’est moi qui t’habille. »

        Pas la peine de me le dire une seconde fois, je prends mes affaires et les remet en soupirant. ‘Et ne soupire pas sinon je te fais sortir nue ce soir !’ Dit-il contre la porte de la salle de bain. A force de le dire ça va finir par arriver. Je déglutis et sort rapidement pour aller manger un morceau en bas.

*

Franchement pourquoi ne font-ils pas des sorties la journée comme tout le monde ? Il est pas loin de 23h30 lorsqu’Hemmings se gare à proximité d’un champ. C’est quoi ce délire, qu’est-ce qu’on fait dans un endroit aussi pommé à une heure pareille ? Ils vont me tuer et cacher mon corps ici ?

« - Bon on fait les équipes –Sourit Ashton- déjà je ne me met pas avec Peacock sinon on va perdre.

- Déjà ce serait sympa de m’expliquer ce qu’on fait ici –Grogné-je-

- Tu verras –Me dit-il-

- Le problème Ash c’est qu’on est un nombre impair – Soupire Calum-

- Bah chacun pour sa gueule alors. »

        On sort de la voiture et je les suis jusqu’à un stand mal éclairé. Sérieusement qu’est-ce qu’on fait là ? A mesure que j’avance je remarque l’enseigne au-dessus du stand. « Labyrinthe nocturne » Oh non, je suis une brêle en orientation et ce sera encore pire dans le noir.

« - Chacun pour soi donc ? –Ricane Calum-

- Le premier qui trouve la sortie il gagne… -Commence Ashton-

- Vous êtes sûr que ça ne craint pas là-dedans ? –Dis-je-

- … Le droit d’assommer Peacock –Finit Ashton- Non ça ne craint pas, on y est déjà allés.

- Pourquoi y retourner alors ?

- Michael fait la taire je t’en prie –Gémit Ashton-

- Celui qui arrive en dernier paye sa tournée –Propose Hemmings-

- Ok ! »

        Tous acceptent et bien-sûr on ne me demande pas mon avis. En toute honnêteté un labyrinthe dans le noir ça ne me tente pas du tout, je vais me perdre et ils me laisseront là-dedans, trop contents de ne plus m’avoir sur leurs dos. Alors que chacun paye sa place, l’homme au guichet me regarde.

« - Beh alors, qui est le chanceux qui va accompagner cette p’tite dame ?

- Personne –Dis-je avec un sourire que je veux confiant-

- Plus vite on la perdra et mieux ce sera –Sourit Ashton-

- Ah em… D’accord »

        L’homme parait décontenancé et nous donne cinq lampes de poche. Avant de partir je lui demande discrètement s’il y a des gens qui patrouillent pour retrouver ceux qui se perdent. Au cas où les garçons me laisseraient vraiment. Il fait oui de la tête et je soupire, rassurée.

Nous pénétrons ensemble dans le labyrinthe, les haies sont tellement hautes, même Hemmings n’arrive pas à leur hauteur, alors qu’il culmine a plus d’un mètre quatre-vingt. Devant nous il y a déja plusieurs chemins.

« - Le dernier arrivé paye sa tournée hein ! –Plaisante Ashton-

- Et la pizza –Ajoute Michael-

- Prêts ? »

        A trois nous prenons tous une direction différente. Sur cinq chemins il n'y en a qu'un seul qui mènera au bon endroit. Mon cœur bat à tout rompre dans l’angoisse de me perdre. Je n’ai pas peur du noir, ni du silence. Mais de ne plus trouver mon chemin, si. Je tourne une dernière fois la tête et remarque Luke qui me fixe au loin, avant de prendre à son tour un chemin. Qu’est-ce qu’il attendait ? Il pensait que j’allais rebrousser chemin sûrement. A présent c’est le noir complet et je discerne au loin les cris de joie d’Ashton qui faiblissent au fur et à mesure qu’il avance. N’entendant bientôt plus que ma respiration et le bruissement des haies bercées par le vent.