17 ~ Weakness and Strength

        Le lendemain matin j’ai volontairement ‘séché’ les cours. Je ne peux pas dire que j’ai vraiment séché car pour les étrangers tous les cours sont facultatifs et peuvent être manqués. Mais bon, cela étant, j’ai passé ma matinée dans le centre-ville dans le but d’acheter une raquette de badminton digne de ce nom. Tout simplement parce qu’aujourd’hui était le jour de la notation en sport et que je voulais gagner. A 13h30 je passe la grille de l’Université et me dirige vers le gymnase, mon sac de sport et ma nouvelle raquette sur le dos. Le cours commence à 14 heures mais le gymnase est libre d’accès. Je me mets en tenue et me rends à l’annexe où j’étrenne ma nouvelle raquette.

« - J’ai cru que tu n’allais pas venir –Dit une voix dans mon dos-

- Bonjour à toi aussi Michael –Dis-je sans lâcher mon volant des yeux-

- Tu étais où ? –Me dit-il l'œil mauvais-

- Je suis partie m’acheter une nouvelle raquette – Dis-je, décidant de ne pas lui mentir-

- Oh je vois, mademoiselle estime que le matériel scolaire n’est pas à son niveau. – Je me retourne et lui fait face, les poings serrés- je t’ai apporté ton masque, mais peut-être vas-tu aller en racheter un autre directement après.

- Arrête de dire n’importe quoi ! – Je me rapproche de lui, je n’aime pas le voir avec un air si mauvais-

- Tiens. »

        Il me tend un petit sac sans me regarder. Je pose ma raquette au sol et retire le masque du papier. Il est noir avec quelques sequins bleus qui rappellent mon costume et ses extrémités sont taillées en forme de flammes. Il est magnifique.

« - Merci –Dis-je timidement-

- Ouais de rien – Il commence à s’en aller mais je le retiens par le bras-

- Attends Michael…

- Quoi encore ? – Me dit-il sèchement-

- Tu m’en veux ?

- Je t’en veux de ne jamais me donner d’explication à tes sautes d’humeur ! – Rugit-il-

- Mais je…

- C’est quoi ton problème à la fin ? »

         Je me retiens de lui coller mon poing dans la figure et de lui hurler qu’il n’est qu’un connard d’hypocrite, mais au lieu de ça je me rappelle le regard de Coline. Certes Michael est maladroit, lunatique et parfois terriblement blessant, il n’empêche qu’il est le seul à venir me voir de lui-même et jamais, à la différence d’Hemmings, jamais il ne m’a fait de mal. Je baisse la tête au fur et à mesure qu’il hausse le son de sa voix, je ne le reconnais même plus mais au fond je sais que je dois le laisser décharger sa colère sur moi. Je l’ai vraisemblablement blessé, il avait un cadeau et je l’ai envoyé se faire foutre. Tout ça à cause d’Hemmings, tout est de sa faute. Si je n’entretiens pas de bon rapport avec ses amis c’est parce qu’il est là et si les gens ont peur de moi dans la classe c’est parce qu’ils voient en moi « l’ennemi d’Hemmings » et qu’ils ne veulent pas s’en mêler par peur des représailles. ‘ Tu es conne Alouette !’ conclue Michael. Je mords ma lèvre et éclate en sanglots.

« - J…Je suis désolée M…Michael ! – Prononcé-je avec difficulté-

- Oh merde non je… Je ne voulais pas te faire pleurer –Dit-il maladroitement, passant sa main dans sa nuque-

- E…Excuse-moi… »

        Je reste là, raide comme un piquet à pleurer. Alors que je vais pour me retourner, Michael m’attrape fermement et me serre contre son torse, une main s’enroulant autour de mes épaules et l’autre dans mes cheveux. Depuis deux mois que j’avais quitté la France je n’avais pas ressenti un tel besoin de tendresse, j’enfouie mon visage dans la naissance de son cou et j’agrippe mes mains tremblantes à ses bretelles de débardeurs dans son dos. Je n’en pouvais plus de jouer les dures, d’être seule. Je sens sa poitrine s’élever et s’abaisser doucement contre moi et j’essaye de calquer ma respiration à la sienne pour me calmer. Je n’avais encore jamais été aussi proche de Michael, sa proximité m’avait toujours fait peur, dans la méfiance d’un sale coup. Mais là j’ai confiance et je le laisse enfouir ses doigts dans mes cheveux pour les caresser. Je ferme les yeux et cesse de pleurer. Je me sens mieux.

« - Je ne voulais pas te faire pleurer Peacock – Dit-il pour détendre l’atmosphère-

- C…C’est pas ta faute –Dis-je entre deux hoquets-

- C’est juste que… Je comprenais pas et j’aime bien savoir pourquoi les gens m’envoient chier – Il rit et s’écarte de moi pour me regarder- Alors il va falloir que tu m’expliques comment avec autant de larmes tu n’as presque pas perdu de maquillage. –Je ris doucement- Je dois en avoir un peu dans le cou non ?

- Non ça va – Je souris et essuie les traces de mascara sur son cou- merci d’être resté.

- J’allais pas te laisser en plan alors que tu pleurais hein, je suis peut-être un connard doublé d’un pervers, j’ai reçu une éducation ! »

        Je lui adresse un sourire et le laisse se pencher sur moi pour déposer ses lèvres sur mon front. J’embrasse à mon tour sa joue avant d’aller ranger le masque et retoucher mon maquillage. Quand je reviens il n’a pas bougé, il joue un peu avec ma raquette et me la tend. Je me sens soulagée d’un poids, bien que Michael m’avait vu pleurer au moins maintenant il m’avait vu comme j’étais vraiment, il avait pu voir que je n’étais pas insensible aux attaques et à la pression. Je pouvais être naturelle avec lui.

*

                La compétition, il n’y a rien de mieux, l’adrénaline qui fait bouillonner votre sang et marcher votre corps comme par magie. Inutile de préciser que j’ai commencé au dernier terrain et que je suis actuellement au premier, indétrônable et toujours face à Calum. Je pense que lui comme moi nous allons avoir une très bonne note. Ensuite nous entamons les matchs en double, Calum ne peut pas venir avec moi car nous sommes les deux plus forts et qu’il y aurait un trop gros écart de niveau. Nous sommes donc encore une fois l’un contre l’autre et seuls nos binômes changent. Je serre les dents lorsque Hemmings se joint à mon adversaire, bizarrement plus personne ne veut être dans mon équipe maintenant. Je soupire et regarde Michael ‘Je ne sais pas jouer’ me dit-il en plaisantant.

« - C’est bon tu me fais pitié Peacock j’arrive – Me dit Ashton-

- Devant ou derrière ?

- Ca dépend comment tu aimes qu’on te prenne sweetheart – Il me fait un sourire pervers qui me répugne, je lève les yeux au ciel-

- Bon tu es plus grand que moi mais j’ai un doute, tu es à l’aise avec les volants longs ?

- Pas vraiment –Dit-il en perdant son sourire-

- Alors tu vas devant et n’hésite pas à smasher ! »

        Je me place derrière et souris en remarquant que pour une fois c’est moi qui regarde ses fesses. Calum sert long et Ashton renvoie le volant avec difficulté, en hauteur. Il vient d’offrir la possibilité à l’adversaire de faire un smash que je rattrape de justesse en plongeant sur le côté.

« - Eh oh c’est pas des arts-martiaux qu’on te demande de faire Peacock ! –S’exclame Ashton essoufflé-

- Je sais mais j’aime jouer comme ça, ça te pose problème ?

- Juste que ça me stresse de te sentir rouler bouler derrière moi ! »

        Il remet son bandana en place et nous récupérons le volant, 1-0. Je sers à gauche, face à Hemmings. Il est très grand et il peut aisément rattraper mes services longs. Je prends la raquette en revers et fais un service risqué qui rase le filet et tombe pile dans l’angle interne de son carré de service. Il n’a pas eu le réflexe de se jeter en avant. 2-0. Les échanges qui suivent sont intenses et je me retrouve à ne jouer qu’avec Hemmings, nous ne faisons que des passes hautes et longues jusqu’à ce que l’un d’entre nous ne cède. Ashton tourne sa tête exaspérée face à moi lorsque je lui crie de se baisser. Il s’exécute et je smash à l’avant du terrain, à l’opposé de Calum qui, à force de ne plus bouger, n’a pas eu le temps de rattraper mon volant. Le point suivant c’est Ashton qui le marque et je le félicite grandement. Au début il me regarde avec méfiance puis finalement il arbore un grand sourire et vient me taper dans la main. J’adore le sport !

        Le match se termine, 21 à 19 pour Ashton et moi. Il me fait une légère étreinte, qui me surprend et part ensuite narguer les deux autres. J’échange une poignée de main amicale avec Calum et hésite lorsqu’Hemmings me tend la sienne. Je glisse ma main et ses doigts se referment autour des miens, on se fixe un long moment avant que je ne sente la douleur me parvenir. Il m’écrase les doigts. Je serre les dents et plante mes ongles dans sa paume. Je ne lâcherai pas son regard. Il mordille sa lèvre, faisant bouger ses piercings et finit par retirer sa main.

« - Ne fais pas ta fière Camden, je t’aurai »

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