19 ~ The shadow with silver eyes
Nerveuse, je pose mon téléphone sur le lit et m'empresse de rejoindre Calum encore occupé à passer commande, à croire qu'il dévalise le restaurant. Alors qu'il fait les cents pas dans l'appartement, je commence à préparer notre petit coin télé, allant chercher deux belles assiettes dans la cuisine lorsqu'un détail me saute aux yeux.
Luke a laissé ses chaussures !
Je jette un coup d'œil au basané avant d'attraper la paire et de la jeter discrètement derrière mon lit, priant intérieurement pour qu'il n'ait rien vu. Comment expliquer la présence d'une paire de chaussures pour homme qui n'appartient pas à Calum. Il faudra que je pense à les ramener à Luke quand je retournerai à Pak'N'Save, à moins que cet idiot ne se soit rendu compte qu'il est en train de traverser tout le chemin jusqu'à sa maison en chaussettes et qu'il ne revienne.
Mais il n'est pas revenu.
J'ai passé la soirée dans les bras de Calum à manger des sushis tout en regardant Harry Potter. Comme si de rien était et profitant d'une soirée normale en compagnie de mon meilleure ami. Mais je crois que le mot normal est à bannir de mon vocabulaire, car dorénavant les Serpentard me font penser à plein de petits Irwin et je me maudis de ne penser qu'à lui. Je le déteste, alors pourquoi faut-il que mes pensées soient braquées sur lui comme si ma vie en dépendait ? J'imagine que lui ne pense pas à moi une seule seconde alors pourquoi devrais-je le faire ?
Pour l'oublier je me dirige vers la cuisine où se trouve le dessert que j'ai moi-même fait livrer lorsque Calum prenait une petite douche rapide, un banana-split pour lui et un petit gâteau au chocolat pour moi, puis je dépose le tout sur la table basse. Ma tête recommence à me cogner, c'est assez pesant car c'est différent d'une migraine, j'ai l'impression que tout mon crâne se compresse, qu'on appuis dessus sauf que je ne prends aucun médicament. Je n'ai pas de doute sur les capacités de Calum, cependant je crois bien que le contenu de ses remèdes m'affecte différemment.
Comme si la Fleur des Morts qu'il utilise partout provoquait en moi des effets secondaires.
« - Dis-moi Calum, tu crois au surnaturel toi ?
-Pas du tout pourquoi ? –Demande-t-il sans quitter l'écran des yeux-
-Aujourd'hui Caitlin m'a parlé d'une histoire assez étrange et je me suis dit que tu pourrais sûrement nous éclairer toi qui est chimiste.
-En quoi puis-je vous aider ? –Demande-t-il d'un ton commercial-
-Est-ce qu'il existe un médicament capable de faire vomir de l'argent ? Par argent j'entends le métal, pas la monnaie.
-Tu veux dire, expulser de ton corps un métal pur ? –Soudain ses yeux se posent sur moi et il fronce les sourcils- Tu t'intéresses à la chimie ?
-Je voulais simplement savoir s'il existait une explication rationnelle –Dis-je en haussant les épaules-
-Le seul moyen de régurgiter de l'argent, c'est après en avoir ingurgité.
-Donc ça ne se fait pas par hasard ? La personne doit avoir pris de l'argent massif d'une quelconque façon pour que son corps fasse un rejet ?
-Exact, notre corps n'est pas fait pour tolérer ce genre de liquide. D'ailleurs on le régurgite seulement si on en a pris à petite dose. Si il y en a trop alors le corps fait une sorte d'intoxication, comme si tu l'avais empoisonné et tu meurs dans les secondes qui suivent.
-Et est-ce qu'il existe des médicaments à base d'argent ?
-Dans beaucoup de médicaments, les nitrates d'argent sont très puissants et permettent une protection maximale contre les bactéries et les virus. L'argent détruit tout ce qui va être étranger au corps, on le préfère même aux antibiotiques si tu veux tout savoir. Cependant, ce n'est pas avec une si petite dose que l'on peut en régurgiter.
-Donc si quelqu'un devait en vomir, ça ne serait pas à cause du médicament ?
-Non, à moins d'en faire une overdose peut-être, je n'ai jamais réfléchis à la question. Est-ce que ça te convient comme réponse ?
-Oui Doc –Dis-je avec un sourire amusé avant de reposer ma tête sur son épaule, profitant qu'il ne me voit pas pour effacer mon sourire-
-Mais ne t'inquiète pas, je crois me souvenir que tu es allergique à l'argent alors je ne te donne aucun médicament qui en soit composé.
-Est-ce qu'il y a de la Fleur des Morts dans ce que tu me donnes ?
-Oui mais là aussi la dose n'est pas suffisante pour te droguer. Et puis jamais une telle idée ne pourrait me passer par la tête !
-Me voilà rassurée. »
Il pose ses lèvres contre ma tempe et nous reposons notre attention sur le film. Enfin lui plutôt que moi. Dans ma tête défilent en boucle des images d'une fille que j'imagine être Sybill, vomissant de l'argent massif après avoir pris des médicaments à Pak'N'Save. Je devrais être rassurée. Calum vient de me prouver scientifiquement qu'il s'agit d'une réaction chimique, rien de surnaturel.
Pourtant, je ne me sens pas très bien.
Je me lève du canapé, prétextant être épuisée, avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain où je retire mon haut. Ma cicatrice est toujours aussi blanche, comme si elle ne s'était jamais réouverte ces derniers temps. Je passe ma main dessus et l'observe de plus près.
Comment ai-je pu me faire une marque pareille ? Ai-je été propulsée à travers le pare-brise du véhicule comme dans mon rêve ? Auquel cas le verre a coupé mon dos lors de ma chute ? En tout cas ce qui est sûr, c'est qu'elle s'est refermée grâce à la Fleur des Morts. La pommade de Winonah en était composée, ça commençait à cicatriser.
Puis je me suis noyée dans Grey Atlantis, à l'endroit-même où poussent tout un tas de Fleurs des Morts. Je suis sûre que l'eau en était imprégnée et que ça a permis à ma cicatrice de se refermer.
Et je suis également sûre que c'est à cause de ça que je me suis évanouie à plusieurs reprises.
Cette plante ne me drogue pas, elle m'affaiblit.
Et alors que je fixe encore ma cicatrice, la lumière grésille au-dessus de moi. La pièce est tantôt dans la pénombre, tantôt éclairée. Mes yeux n'arrivent plus à se faire à la différence de lumière et c'est quand je vais pour l'éteindre que l'ampoule explose. Me voilà plongée dans le noir. Au loin j'entends le film qui continue de tourner et j'imagine que Calum n'a donc rien entendu, tandis que je cherche à tâtons l'interrupteur menant aux sports placés au-dessus du lavabo.
Je n'entends que mon souffle saccadé par-dessus les bruits sourds du film qui se joue au loin. Je ne dois pas paniquer, tout va bien se passer. Je vais allumer la lumière et sortir prévenir Calum. Oui, tout v...
Tout aurait dû bien se passer.
Alors pourquoi lorsque j'arrive enfin à allumer les spots, je me trouve face à face avec une créature effrayante. Elle se reflète dans le miroir. Elle est noire comme la nuit et ses yeux argentés me laissent apercevoir deux fentes noires. Je presse fermement mes mains contre ma bouche pour ne pas hurler, avant que les spots ne se mettent à grésiller. Le miroir aussi semble apparaitre et disparaitre, alternant mon reflet effrayé avec celui du monstre. Jusqu'à ce que ce monstre ne se jette sur moi.
Je me mets à hurler et m'éjecte en arrière, mon crane heurtant le mur de plein fouet alors qu'au loin j'entends le film être mis sur pause. Des pas résonnent et font vibrer le sol à mesure qu'ils se rapprochent, puis on tente d'ouvrir la porte.
Pourtant je ne l'ai pas fermée à clef.
«- Sia ?! Sia est-ce que ça va ? Ouvre-moi ! »
Je me redresse tant bien que mal, les bras chancelants alors que ma main cherche à tâtons la serrure. Il fait noir, je ne sais plus où je me situe, je sais simplement que je suis tombée et lorsque je déverrouille la porte, Calum se précipite sur l'interrupteur.
«- I...Inut... »
Et la lumière s'allume. Mes yeux vacillent et au-dessus de moi je remarque l'ampoule intacte. Pourtant elle vient d'exploser. Les spots aussi, il y avait cette créature, c'est elle qui a tout détruit. Je m'agrippe à Calum lequel m'allonge dans son lit avant d'observer mon crâne douloureux.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
«- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! –Me demande Calum visiblement très inquiet-
-J...J'ai glissé –Dis-je avant de prendre conscience que je suis à demie-nue devant lui, cachant ma poitrine de mes bras- J...Je voulais juste me doucher.
-Redresse-toi, je dois examiner ton crane –Me dit-il alors que je ne bouge pas, colant mon dos à son matelas- Alésia !
-Je... Je peux avoir un haut avant ?
-C'est pas la première paire de seins que je vois tu sais.
-C'est pas une raison –Dis-je les joues rouges alors qu'il me tend un pull à lui que j'enfile, cachant ma cicatrice-
-T'es pas croyable, t'as l'intention de rentrer en France saine et sauve ou non ?
-Je n'ai pas fait exprès –Dis-je en grimaçant lorsque ses mains se posent sur mon crâne douloureux-
-Tu aurais pu t'ouvrir la tête, le mur de la salle de bain est presque déformé !
-N...N'exagère pas –Dis-je en soufflant-
-Je n'exagère pas. La prochaine fois que tu veux prendre une douche, tu m'appelles !
-Quoi ? Pour qu'on se douche ensemble ? Non merci !
-Non pour que je reste derrière la porte à écouter que tout aille bien pour toi. Je ne veux pas que tu te fasses du mal.
-C...Crois-le ou non, je ne le fais pas exprès –Dis-je en lachant un petit soupir alors qu'il me prend dans ses bras-
-C'est le temps que tu t'habitues à vivre ici. Ta famille te manque je le sais et t'as le droit d'être sentimentale. Simplement fait attention à toi Sia, je ne serais pas toujours là pour veiller sur toi. »
Je fais un petit oui de la tête avant de tenter de me lever, sauf que le basané n'est pas pour cette initiative. Il me rallonge et comme la dernière fois, il dépose un oreiller à côté du sien, m'obligeant à dormir avec lui. Lorsque je ferme les yeux je revois les iris argentés du monstre et instinctivement je m'agrippe à Calum comme si je m'agrippais à un doudou, sa chaleur et sa présence m'apaisent et me calment et je crois que bientôt je tombe de sommeil, cessant de lutter contre mon mal de crâne insoutenable.
*
Le lendemain je suis de repos, pourtant ça ne m'empêche pas de me lever pour aller à Pak'N'Save. Calum à quelques heures devant lui alors il se propose de m'accompagner. Discrètement je fourre les chaussures de Luke dans mon sac et suis mon meilleur ami à l'extérieur, descendant la petite route baignée sous un soleil de plomb. Ici les saisons sont inversées, plus on s'approche de la fin d'année et plus les températures restent élevées et je dois avouer qu'il va me falloir du temps pour m'y faire, en France le climat est bien trop aléatoire, tandis qu'ici, tout semble idyllique.
J'entre la première dans le magasin, recevant quelques moqueries de Latoya et Ermione surprises de me voir ici alors que je devrais être en train de profiter de mon jour de repos. Calum s'occupe de pousser la caddie, tandis que je m'éloigne un instant, prétextant devoir parler à un collègue.
Je m'aventure dans les rayons, cherchant désespérément Luke des yeux, avant de me prendre quelqu'un de plein fouet.
«- Avoue je te manquais bébé –Se moque une voix juste au-dessus de moi et pour qui je ne redresse pas la tête-
-Appelle-moi encore une fois bébé et tu es mort.
-Toute cette haine de si bon matin, c'est effrayant –Dit-il alors que je m'écarte d elui- Eh tu vas où ?
-Je cherche Luke.
-Il ne travaille pas aujourd'hui –Répond-t-il- en posant son carton- Tu veux que je lui fasse passer un message de ta part ?
-Tu serais capable de le faire ?
-Oui cependant je ne suis en rien coupable si le message se trouve être un tantinet déformé à l'arrivée.
-Va te faire foutre.
-Oh allez je plaisantais, où est passé ton superbe sens de l'humour Pouffy ?
-Est-ce que je peux avoir son numéro de téléphone ?
-Tu ne sais pas draguer ma pauvre.
-Je ne drague pas ! J'ai besoin de lui rendre un truc !
-Quoi donc ?
-Un truc qui ne te regarde pas.
-Oh du genre un truc qu'il a oublié après t'avoir gentiment sautée ?
-T'insinue quoi là ? Que j'ai couché avec lui ?
-Quand une fille veut rendre un 'truc-qui-ne-regarde-personne' à un gars, c'est souvent de cet ordre oui. Mais j'imagine que t'as pas l'habitude, c'est tout nouveau pour t...
-Tiens tu lui donneras ça –Dis-je en lui balançant la paire de chaussures au visage- C'est vrai que c'est très sexuel comme objet.
-Luke est fétichiste des chaussures –Répond le bouclé avec un sourire en coin alors que je m'apprête à m'en aller- Eh pas si vite bébé.
-Quoi encore ?
-Voilà le numéro de Luke –Dit-il en me passant un bout de papier sur lequel il vient de griffonner un numéro- Tu ne me remercies pas ?
-Merci.
-Merci qui ? »
Je ne réponds rien d'autre qu'un lever de majeur avant de retourner auprès de Calum. Bien qu'Irwin avait l'air de me suivre, dès qu'il aperçoit mon meilleur ami il retourne dans son rayon, faisant comme si de rien n'était.
Je remarque également que pendant ma courte absence, Calum a eu le temps de remplir le caddie jusqu'aux deux tiers, me faisant ouvrir grand les yeux.
«- On a besoin de tout ça ?
-Je prends quelques vivres en plus, à cause de la période des pluies.
-Là où tout est inondé ?
-On ne le sera pas, mais j'imagine que d'ici là il n'y aura plus rien en rayon alors autant se servir maintenant.
-Quand est-ce que ça aura lieu ?
-C'est variable. Si t'écoutes les tarés folkloriques, ça dépend de l'humeur de celui qu'on appelle l'Elu de l'Eau. Mais si t'écoutes la météo, tu seras fixée sur la date et le pourquoi du comment.
-Tu ne crois pas au folklore ?
-Tu y crois toi ?
-Euh je... Non. Mais ma copine Caitlin y c... Caitlin ! »
Je suis pris d'un hoquet d'horreur en voyant ma camarade en caisse. Sa joue droite est violacée et son arcade sourcilière couverte de petits pansements, pourtant malgré ça elle se force à me sourire, adressant un même sourire à Calum qui reste lui aussi assez surpris de voir Caitlin aussi défigurée.
« -Je me suis pris une de ces chutes en venant au boulot –Glousse Caitlin- Tu aurais dû me voir Alésia j...
-Qui t'a fait ça ?!
-Quoi ?
-Caitlin est-ce que c'est ton copain ?
-Mais non je suis tombée !
-Caitlin ! –Dis-je les dents serrées- Pourquoi tu ne m'as rien dit avant ?
-Mais je... Tout va bien tu sais ?
-Il te frappe ?
-Je suis simplement tombée Alésia –Dit-elle gênée alors que tous les regards se posent sur elle- Tu dis n'importe-quoi.
-C'est toi qui dis n'importe-quoi, ça ressemble pas à des bleus qu'on se fait en tombant !
-On en parlera plus tard tu veux ? –Dit-elle en faisant passer nos articles-
-Pourquoi tu es avec un tel connard ?
-Tu ne le connais pas, il est gentil –Dit-elle les joues rouges-
-Il est tout sauf gentil Caitlin !
-C'est mon choix Alésia, si toi t'as la chance d'en faire un autre alors tant mieux pour toi –Dit-elle d'une petite voix alors que je pose ma main sur la sienne-
-Toi aussi tu peux faire un autre choix.
-D...De toute façon ça n'a rien à voir je suis tombée, en venant ici. Les filles m'ont vue.
-T'es pas une bonne menteuse –Dis-je affligée- On pourrait t'aider si tu disais la vérité !
-On en parlera plus tard –Dit-elle en esquivant mon regard-
-Bon, si jamais t'as besoin voilà mon numéro.
-Je pensais que tu n'allais jamais me le donner –Dit-elle d'une petite voix-
-J'ai eu quelques soucis mais j'ai de nouveau un téléphone. Tu me promets de m'écrire ?
-Pas tous les soirs –Dit-elle mal à l'aise-
-Au moins dès que tu en as la possibilité et que tu en ressens le besoin.
-Promis Alésia.»
*
Calum est reparti en cours. Entre temps j'ai rangé les courses et enregistré le numéro de Caitlin qui m'a envoyé un petit message, me remerciant de m'être inquiétée pour elle. Vraiment je me demande ce qui ne tourne pas rond dans la tête de son copain. Je suis sûre que c'est lui qui lui a fait ça et j'aimerais pouvoir faire quelque chose.
Mais peut-être vais-je faire empirer la situation. C'est toujours très délicat de se mêler de ce genre d'histoire.
Alors j'attends simplement qu'elle ait fini le boulot pour qu'on puisse parler un peu plus, prenant le temps d'écrire un message à Luke en attendant.
« A : Luke
Salut Lucas c'est Alésia. Irwin m'a passé ton numéro maintenant que j'ai de nouveau un téléphone, j'espère que ça ne t'ennuie pas.
Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué tu as oublié tes chaussures chez moi hier, heureusement pour toi que Calum n'a rien remarqué. Je les ai passées à ce con d'Irwin quand je l'ai croisé à Pak'N'Save tout à l'heure, j'espère qu'il te les rendra comme convenu. Sinon je me demandais, quand comptes-tu repasser ? Je crois que j'ai quelques questions à te poser, notamment au sujet du folklore.
Xo »
Dois-je lui parler du monstre que j'ai vu dans le miroir de la salle de bain ou bien vais-je passer pour une illuminée ? D'autant plus que j'avais dit ne pas croire au Folklore, il risque de se moquer de moi. Pourtant c'est à lui que j'ai envie de parler. Encore une fois c'est une envie que je ne comprends pas, je ne la contrôle pas tout comme cette obsession à penser à Irwin.
D'ailleurs combien avais-je de chances de tomber sur lui ce matin ? N'est-il pas sensé petre un peu en cours aussi ? J'ai l'impression de le voir tous les jours, si ça se trouve il a abandonné. Ca collerait au personnage.
Voilà que je pense encore à lui.
Excédée j'attrape mon appareil photo et quitte l'appartement pour aller prendre quelques clichés de l'Océan et des paysages de campagne. Il fait beau, tout est calme et j'aurais presque envie de me mettre en maillot de bain si je n'avais pas cette horrible cicatrice dans le dos.
Mon téléphone vibre. Cailtlin a fini le boulot ?
Sauf que c'est le prénom Luke qui brille sur mon écran.
« De : Luke
Le con d'Irwin t'emmerde, bébé. »
« A : Luke
IRWIN ? T'as pris le téléphone de Luke ou bien tu t'es trompé de numéro ? »
« De : Luke
A ton avis bébé ? »
« A : Luke
Supprime mon numéro ! »
« De : Luke
Ce serait du gâchis. Non je compte bien en profiter. Ton portable reçoit les photos ?
« A : Luke
Non. »
« De : Ashton
Dommage, tu ne recevras pas les photos de mon micro-pénis. »
« A : Ashton
Franchement supprime mon numéro, tu me dégoutes ! »
« De : Ashton
A demain bébé et ne pense pas trop au folklore, certain sont devenus fous à cause de ces histoires, ce serait dommage que tu viennes à le devenir, j'ai encore besoin de toi. »
Je cherche un éventuel doigt d'honneur parmi mes émoticônes mais je finis par abandonner, préférant me remettre à mon activité. Je crois qu'encore une fois je ne m'en suis pas rendue compte mais je me suis avancée et à présent je fais face à Grey Atlantis. Je me risque à y descendre, observant la marée haute qui commence progressivement à se retirer, avant de prendre quelques clichés.
Encore cette poussière que je ne peux pas voir à l'œil nu.
La prophétie disait qu'un enfant allait naitre ici, qu'il serait mourant et que l'Eau ferait tout pour le sauver.
Les âmes des noyés ont été absorbées par l'enfant.
Il n'y a plus de fantômes ici.
Seulement de la poussière.
Enfin, c'est si on en croit la légende.
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