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          Les flashs crépitaient dans l'air surchargé de tension. Les garçons piaffaient d'impatience, tout en essayant de paraître calmes en vue des photos que les journalistes effectuaient. C'était peine perdue, mais personne n'osait remettre en question leur professionnalisme.

          Ce fut bientôt mon tour, et je m'avançai jusqu'à entrer en pleine lumière. Aussitôt, les regards se posèrent sur moi, ils semblaient presque peser sur ma peau.

          Ils me paraissaient tangibles, faisant fourmiller chaque parcelle de mon corps. Le tissu fluide, noble, caressait mon épiderme à chaque pas effectué sur un rythme bien précis, m'envoyant de petites décharges électriques. L'air conditionné contribuait à me faire frissonner, ce qui augmentait toujours plus le terrain que je perdais au profit de la fébrilité.

          Mais je tenais bon, et occultais le bourdonnement produit par les spectateurs qui, je le sentais, me scrutaient sous toutes les coutures. Moi, ou le vêtement.

          Les chuchotements prenaient de l'ampleur en même temps que ma progression. Pourtant, je gardai le regard fixé bien au-dessus de leurs têtes, il était hors de question de croiser leurs yeux brillants. Je me détachais de tout ce qui pouvait bien se passer dans cette vaste salle au murs voûtés ornés de dorures. A croire qu'ils venaient tous pour l'architecture... Enfin, si ça avait été le cas, on m'aurait moins scruté.

          Devant moi, un grand brun avançait avec une assurance de conquérant, pourtant personne ne s'attardait sur lui. Mon blond platine attirait les regards, c'était lui qui m'avait d'ailleurs fait connaître. Rien ne pouvait rivaliser, pas même un mec qui se prenait pour le fils de la reine d'Angleterre.

          Je ne tardai pas à finir ma boucle, et revins face aux places situées devant la scène, les parfums capiteux ne manquèrent pas de me monter à la tête. Je continuai, toujours calé à la seconde près sur le rythme exigeant. Rien ne brillait plus à mes yeux que la porte par laquelle j'étais entré.

          Pourtant, une chevelure jumelle à la mienne me détourna de mon objectif. Sa propriétaire ne put s'empêcher de m'adresser un sourire éclatant, bien qu'elle savait que je ne pourrais pas lui répondre. Impassible, je déviai tout de même mon regard dans sa direction.

          Explosion.

          Ou plutôt, implosion ?

          Mon cœur faillit succomber à la violence de l'assaut qu'il venait de subir. Il ne paraissait plus savoir battre correctement ; il se contentait de me porter à bout de pulsations.

          Car à côté de ma bien-aimée petite sœur était assise une brune flamboyante. Elle était assise, et avait ses yeux rivés sur moi. Pas dans les miens, bien sûr, mais sur mon corps, mon torse dévoilé par le tissu entièrement transparent, mes bras nus...

          Son regard me dévorait, et m'embrasa sans que j'eus le temps de prendre une inspiration. Le visage fermé, animal d'après mon agent, je continuai sans tourner la tête, même si je mourais d'envie de détailler sa silhouette.

          J'expirai brutalement - pour éviter l'asphyxie - seulement une fois arrivé dans les coulisses. Aussitôt je me pris une violente bourrade entre les omoplates :

— Bah alors Blondie, c'était si dur que ça ? ricana le prince d'Angleterre. Pense à prendre ta retraite, mec !

          Pour toute réponse, je le toisai puis me laissai emporter par les maquilleuses, retirai ma tenue et finis par sortir fumer. Une voix suave interrompit mes mouvements rendus saccadés par l'épreuve que je venais de vivre.

— Salut, mon chou...

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