Chapitre 7 : Le temps s'égrène, passent les minutes et les heures

A nouveau le temps s'était écoulé, plus long et plus douloureux cette fois, et mon quotidien semblait rythmé par les crocs des vampires sur ma peau. J'avais beau me battre de toutes mes forces, usant de mes capacités surhumaines, ils demeuraient plus forts que moi. Ayato laissait sa colère parler dès qu'il distinguait de nouvelles marques sur moi, et j'étais lassée de toutes ces histoires. Je n'étais une fois de plus qu'un morceau de viande, ou un jouet que des enfants de maternelle s'arrachait.

J'avais cessé de compter les jours de ma nouvelle vie qui prenait de plus en plus la continuité de l'ancienne avec pour seule facteur différent le fait que mes bourreaux étaient maintenant des vampires. Si je devais dire depuis combien de temps j'étais au manoir, j'aurai presque tendance à répondre une éternité mais dans les faits, il me semblait que j'étais arrivée il y a plus ou moins deux ou trois mois.

Les nuits de cours se succédaient, ma peau palissait et mon corps peinait parfois à suivre ce train de vie inadapté pour lui entre anémies, manque de sommeil et de soleil. Je devais aussi veiller à me nourrir convenablement, car ce n'était pas avec le repas mensuel de la famille que j'allais être rassasiée.

Pourtant dans cette souffrance, je semblais m'accrocher au peu de force qu'il me restait, et je me surprenais à apprécier taquiner et provoquer Ayato, le seul un temps soit peu compréhensif à mon égard. Enfin, je ne comptais pas vraiment Subaru et Shuu, qui ne me mordaient que quand ils s'y sentaient obligés, ce qui était plutôt rare.

Un autre facteur modifiait un peu la noirceur du quotidien qui me tenait en tenaille : ces derniers temps, au lycée, je me sentais particulièrement observée. Une impression pesante que semblait avoir remarqué Ayato, ce qui prouvait qu'il faisait plus attention à moi que les autres.

Cette nuit-là, alors que je marchais à ses côtés pour aller dans la salle de cours, quelqu'un me rentrait dedans assez violemment pour nous faire trébucher tous deux.
Sur le coup un peu surpris, Ayato se mit à pouffer de rire, ce qui me fit penser encore que dans le fond, il ressemblait parfois à un gamin.

Alors que bakayato ricanait toujours, je me relevai en aidant la personne qui était tombée avec moi. Je m'aperçus alors que c'était une jeune fille qui se confondit aussitôt en excuse. Je l'arrêtais aussitôt en m'excusant aussi.

« Désolée, je ne faisais pas attention non plus.
- Excuses acceptées ! On est toutes les deux en tort on va dire.
- Oui disons cela... Je ne t'avais jamais vu encore... Tu es en deuxième année ?
- Oui, je m'appelle Rhin, Rhin Tsumaki !
- Enchantée, je suis Anju Itadashi. »

Je dévisageai cette fille, non en deux ou trois mois, je n'avais encore jamais vu son visage. Elle semblait déborder d'énergie, et une lueur étrange brillait dans son regard.

- D'accord, désolée mais je vais devoir y aller. On risque de se revoir tantôt, bye !
- Euh oui, au revoir. »

Et aussitôt, la silhouette énergique s'éloigna, nous laissant Ayato et moi plantés dans le couloir. Ayato me regarda avec un petit sourire moqueur, pourtant, une expression indéchiffrable voila ses yeux l'espace d'un instant.

« Tu tiens plus sur tes deux jambes chichinashi ?
- Oh la ferme bakayato... »

Et comme un vieux couple, nous nous étions alors chamaillés jusqu'à la salle de classe.

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Après avoir fait la rencontre de cette fille, je me dépêchais de repartir avec la même énergie. Alors c'était elle, Anju Itadashi, la fille qui habitait avec les Sakamaki, ces gens imbus d'eux-mêmes, nos ennemis.

A la fin des cours, je rejoignis en vitesse mes frères et nous rentrions chez nous.
Cette fille occupant trop mes pensées, je décidai d'essayer de faire autre chose : jouer de la guitare, dessiner, mais rien ne me l'enlevait de l'esprit.
Jetant un œil à mon dessin, je m'aperçus que je l'avais dessinée, tout en noir, maigre, un air de désespoir marqué sur son visage, elle était tout à fait dans mon style artistique et collait étrangement à la réalité. Je me plantais alors devant le miroir et souris tout en me regardant, toute cette histoire promettait d'être amusante...

« Rhin, dépêche-toi ou l'autre blond va prendre ta part ! Me hurlai l'un de mes frères »

Vous voulez savoir qui je suis ? Vous le saurez bien assez tôt.

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En rentrant, j'étais tellement épuisée que j'allais m'enfermer dans ma chambre, espérant un peu de répit.

C'était bien sûr sans compter sur Ayato, qui se décida à apparaître assis en tailleur sur mon lit à côté de moi.

« Faut que tu te prépares, on va bientôt bouffer, dit-il simplement.
- Oui je sais, mais je voulais seulement me reposer avant de finir une fois de plus comme votre dessert favori malgré mes protestations.
- L'autre fois t'as collé ton poing dans la joue de Raito, tu m'étonnes qu'il était énervé.
- Il n'avait qu'à pas essayé de glisser sa main sous ma jupe. Sérieux comment on peut passer d'un mec normal de ce côté-là comme toi à un mec extrême comme Raito alors que vous êtes jumeaux ? »

Parlant sur un ton plutôt léger malgré mon agacement flagrant, je remarquai après coup qu'Ayato semblait s'être un peu renfermé.

« Parce que nous avons eu des raisons de devenir comme ça. »

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