Chapitre 6: Tout vient à point à qui sait attendre
Cela faisait maintenant deux jours que le vampire écarlate jugeait que je lui appartenais comme un vulgaire objet, repoussant ses frères lorsqu'ils tentaient de trop s'approcher de moi. En un sens, s'il n'y avait que cela, cela ne m'aurait pas dérangée au plus au point. En revanche ce qui était plus contraignant, c'est le fait que je ne puisse rien faire sans que bakayato ne vienne s'immiscer.
La seule arme dont je disposais donc pour lui tenir tête était mon caractère pourri. Même si ces derniers temps, je m'étais posée des questions existentielles sur ma vraie personnalité, ce que je devais faire ou ne pas faire, comment agir avec les autres, ces deux derniers jours m'ont été profitables dans le lâché prise. Plutôt que de me faire des promesses de changement, je n'avais qu'à agir comme bon me semblait et je verrai où cela me mènerait.
Ces doutes ne cessaient pourtant de m'assaillir à nouveau aujourd'hui, se mêlant à mes souvenirs passés. Mes parents, mes jours d'école, ce sentiment d'infériorité qui n'a pas cessé de me tirailler. Rien ne semblait avoir changé si ce n'est cet air arrogant sur mon visage, depuis quand suis-je devenue si douée pour peindre ce masque d'indifférence ?
Jetant un œil par la fenêtre, je m'aperçus que le soleil ne s'était pas encore levé. Tard chez les vampires, tôt chez les humains, un moment de calme propice pour se ressourcer. Trouvant cet instant de quiétude particulièrement alléchant, je me levai d'un bon et sortis de ma chambre pour accueillir la fraîcheur de l'aurore et rejoindre le jardin encore plongé dans le sommeil. Je m'assis sur un banc et j'observai le ciel encore stellé d'étoiles, même si elles tendaient à disparaître au profit de couleurs nouvelles apportées par les premiers rayons du soleil. Le spectacle était si beau que je ne pouvais en détacher mes yeux.
Pourtant l'hiver apportant sa température relativement basse, je me devais de bouger ou mon corps serait engourdi par le froid. Ainsi, je repris ma promenade, toujours dans une bulle de solitude apaisante.
Au loin, j'aperçus une tour de pierres, perdue au milieu des roses blanches. Même si je trouvais ces fleurs superbes, quelque chose dans l'atmosphère du lieu me procura un sentiment d'inconfort, ma bulle volait en éclat. J'aperçus alors ce qui était peut-être la cause de ce ressenti, une silhouette se tenait devant la tour, tenant quelque chose reflétant un peu la faible lumière.
Prudemment, je m'approchai jusqu'à discerner les traits de la personne devant moi. Subaru, le benjamin de la famille aux cheveux d'un blanc argenté aux quelques lueurs mauves, avait les yeux rivés sur cet édifice qui avait plus tôt attiré mon œil. Son visage était dur, fermé, et son poing crispé sur cet objet que je parvenais à présent à identifier : une dague qui semblait en argent. La matière de l'arme m'était familière car j'en avais déjà eu une entre les mains, et que mes yeux pouvaient parfaitement distinguer ce qu'ils avaient déjà vu, c'était une autre de mes particularités mis à part leur couleur changeante.
Soudain, sentant sûrement ma présence, Subaru se tourna vers moi et je sentis son regard me transpercer, me sonder.
« Qu'est-ce que tu m'veux ? »
Loin d'être surpris, Monsieur était plutôt ennuyé de me voir, et au fond de moi je le savais, je le dérangeais en pleine réflexion sur un sujet qui m'échappait complètement. Et loin de moi l'idée de vouloir écouter ses pensées, ce vampire était si renfermé sur lui-même qu'une barrière semblait empêcher quiconque de pénétrer dans son esprit.
« Je me baladais seulement, je ne voulais pas te déranger, j'ai atterri ici par hasard, je m'en vais. »
D'habitude, je n'aurais pas été si calme et diplomate, mais ce malaise qui émanait de lui me faisait m'adoucir, de peur que quelque chose en lui ne se brise, en ignorant quoi.
Un soupir passa la barrière de ces lèvres et le temps que je me retourne, je sentis un courant d'air. Jetant un œil en arrière, mon hypothèse se confirmait : Subaru venait de disparaître.
Cette rencontre quelque peu étrange avec le jeune vampire m'avait un peu perturbée, et la fatigue ne semblant pas vouloir me tenter, je décidais de poursuivre ma petite expédition, à l'intérieur du manoir cette fois. Je n'étais pas encore réellement habituée au rythme nocturne de mes hébergeurs et la fatigue ne semblait vouloir me gagner que la nuit, mais une fois que j'avais commencé à lutter contre elle, elle s'en allait, me laissant sans réel repos.
Je m'aventurais dans les différentes salles et finis par tomber sur ce qui semblait être une salle de jeu, dotée d'un billard, d'un jeu de fléchettes, on s'y sentait plus à l'aise que dans le salon.
Je m'avançai dans la pièce et regardai le billard, tentant de comprendre comment y jouer.
Soudain, je sentis une présence juste derrière moi et un rire à mon oreille. Ma « discussion » avec Subaru plus tôt semblait m'avoir fait oublier que les autres étaient constamment sur mon dos.
« Hello hello Bitch-chan ! Tu te demandes comment jouer c'est ça ? »
Il susurrait à mon oreille comme s'il voulait me charmer, cela me dérangeait et je ne tardai pas à le manifester.
« J'étais seulement curieuse, sans plus. Bon, je vais aller dormir moi...
- Tu ne comptes tout de même pas partir maintenant ? Tout commence seulement à devenir intéressant... »
Disant cela, il s'approchait de moi alors que je m'étais dégagée de son emprise en parlant.
« Ayato n'est pas là pour m'empêcher de te tourmenter ou de me régaler, j'ai enfin champ libre !
- Que tu crois, je ne dépends pas d'Ayato pour ma défense. »
Raito était vraiment celui que je redoutais le plus, bien avant Ayato. Il semblait tout connaître de moi, de mes habitudes à mes secrets, et même en tentant de lire ses pensées, je serais toujours aussi perdue face à lui. En plus d'être intelligent, il était cruel et pervers, cet accord n'était pas du tout à mon goût.
Pourtant, je n'étais pas décidée à me laisser faire et encore moins à compter sur Ayato pour me défendre, comme je venais de lui dire.
Alors qu'il s'approchait avec son sourire pour me mordre, j'usais d'une technique que je n'avais jamais dévoilée concernant mes pouvoirs : encore une caractéristique de mes yeux.
Les faisant briller d'une étrange lueur, je le fixais dans les yeux alors qu'il approchait et qu'un instant de surprise marqua ses traits. Je profitai de cette faille dans sa garde pour m'éclipser en moins d'une fraction de secondes. A présent au niveau de la porte, je m'étais mise à courir vers ma chambre. Même s'il pouvait me rattraper en peu de temps avec sa téléportation, j'avais gagné cette manche et je savais qu'il allait mettre quelques secondes avant de réagir, ce qui me laissait le temps de m'échapper.
Arrivée dans ma chambre, je m'y enfermai et je réfléchis. A part ma détermination et mes tours de passe-passe, qu'est ce qui pouvait m'aider à me sortir complètement de cette situation ? Raito allait venir et me mordre, et je n'aurai pas la force de le repousser s'il se met en colère. Devais-je baisser les bras ? La punition risquait d'être insoutenable si j'échouais la prochaine fois. Pourtant, je me devais d'être patiente, j'avais décidé de faire ce je voulais sans plus me prendre trop la tête avec mes pensées parasites et mes souvenirs, alors je devais m'y tenir. Ma détermination finirait bien par payer, et à ce moment-là, j'aurai l'ascendant sur ces ni-morts ni-vivants.
Tout vient à point à qui sait attendre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top