J'avais toujours beaucoup aimé mon père. Il était fier de passer du temps avec moi, de me montrer ce royaume qu'il dirigeait. J'étais son fils préféré.
J'aimais beaucoup mon grand frère également.

Ils étaient pour moi deux modèles de force, de puissance, et je voulais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour atteindre leur niveau.

Il était simple pour moi d'obtenir la reconnaissance de mon père, le roi des fondateurs Giesbach. Mais le vrai défi pour moi, c'était d'impressionner mon frère.

Carla était aimé du peuple, il était sérieux, droit, rapide, intelligent, il avait tout pour lui. Cela me peinait quelque peu quand je voyais mon père le maltraiter, mais je ne trouvais pas cela alarmant non plus.

Je sentais toutefois qu'il gardait des choses pour lui, il était renfermé et méfiant envers mon père. Ma mère le protégeait beaucoup, et je n'avais jamais été proche d'elle.

Pourtant, j'aurais aimé que mon frère me regarde. Il était tellement préoccupé par tout ce qu'il se passait autour de lui qu'il ne me remarquait pas. Je ne me sentais pas digne de son attention.

Alors, pour espérer attirer son regard, je m'entrainais et me battais constamment en duel avec les gardes. Je cherchais constamment la bagarre, pourtant cela ne me suffisait plus. Il me fallait un vrai combat. Alors, sur un coup de tête, je m'enfuis du château et me mis à parcourir les terres Vibora.

J'attaquais les gens que je trouvais, j'attaquais leur lignée, jusqu'à ce que je me fasse attraper par le roi Vibora. Il demanda audience à mon père, mais mon frère eut vent de l'histoire et vint à l'audience avant que notre père n'en soit informé. Il voulait empêcher une crise diplomatique alors que notre royaume était déjà au bord de la guerre avec les vampires.

C'est alors que cet évènement resta à jamais marqué dans ma mémoire.
Pour convaincre le roi Vibora de m'épargner, je vis mon frère courber l'échine, marchant sur sa fierté. Il s'était incliné devant une sous-race des fondateurs, il aurait largement pu les obliger par la force. J'aurais préféré mourir que de subir cette humiliation, de voir mon idole, mon grand-frère, s'incliner.
Mais cela ne suffit pas au roi Vibora qui voulait un sacrifice. Pour sauver ma vie Carla me força à m'agenouiller puis il me creva l'œil gauche avec son épée.
Je crus perdre la tête. J'aurais préféré qu'il me tue plutôt que de subir cette humiliation, et je lui en ai longtemps voulu.

Mais je ne lui ai jamais pardonné d'avoir tué notre père. Bien que je l'admire, bien que je l'aime de tout mon cœur, il a détruit la personne qui m'aimait le plus. De plus, il était de mèche avec notre mère, cette femme. Celle qui a détruit le royaume en organisant ce coup d'état.

À la suite de cela, rien n'a jamais été pareil.