Chapitre 52½ : Carla
J'étais le fils ainé du couple royal, le prince fondateur. Mon père, le roi Giesbach, était un homme borné. J'ai longtemps cherché son affection, celle qu'il portait à mon jeune frère Shin, je l'admirais aussi.
J'étais son premier fils, mais je ressemblais surtout à ma mère. Mes cheveux étaient blancs, parsemés de pourpre, mon teint était particulièrement pâle, mes traits fins.
Cependant, je n'avais en réponse que de la violence. Je n'étais pas le fils qu'il pouvait aimer, je ne lui ressemblais pas, je n'étais pas ce qu'il voulait. Il abusait de moi mentalement et physiquement, me poignardant à de multiples reprises dès que mon frère avait son dos tourné, mon corps était recouvert de ses cicatrices.
Était-ce étrange de penser qu'il faisait ce qu'il y avait de mieux à l'époque ? Était-ce étrange de continuer à apprendre et évoluer pour qu'il soit fier de moi ?
J'étais devenu de plus en plus fort dans cette optique. Je voyais mon frère marcher dans mes pas, une boule d'énergie qui semblait admirative de ce que je pouvais accomplir, cherchant à me dépasser à tout prix.
Mais la personne dont je cherchais l'approbation ne me renvoyait que violence et remarques désobligeantes. La reine Krone, ma mère était toujours là pour me réconforter. C'était une femme d'une bonté incroyable, plaçant toujours ses fils avant ses propres sentiments.
Je faisais tout ce que je pouvais pour qu'elle ne s'inquiète pas pour moi, lors de mes affrontements avec mon père, lorsque rien n'allait. Elle m'a donnée goût à l'art, m'a fait évoluer au mieux qu'elle le pouvait.
Mais les choses empirèrent lorsque notre père, à Shin et moi, devint fou. La maladie qui tuait notre peuple faisait rage, décimant petit à petit femmes, hommes, enfants. Même notre mère fut touchée. Nous étions au bord de l'extinction. Pourtant, il ne semblait obsédé que par Karlheinz et cette guerre qui avait lieu.
Je compris plus tard qu'il craignait ma puissance et que je prenne le trône. Pourtant, quoiqu'il dise, j'accédais à ses requêtes, par respect et pour gagner son affection. Cependant, mes actions têtues me revenaient souvent comme un boomerang et énervaient mon père plus que de raison, au point qu'il me voulut mort.
Il décida de m'envoyer au front de cette guerre, dans l'espoir que Karlheinz et moi ne nous entretuions. Ma mère, de plus en plus affaiblie, se leva contre son mari pour protéger ma vie. Elle ne reçut pourtant qu'un violent coup, aggravant sa condition, avant d'être jetée en prison.
Je me souviens de mon père demandant de jeter moi-même ma mère en prison. Je m'étais retrouvé bloqué, quoi que je fasse, qu'importe comment je retournais le problème, je fus obligé de céder et de m'y plier.
Pourtant, je continuais d'aller voir ma mère. Cette femme qui m'avait sauvé la vie, à qui je devais tout l'amour que j'avais reçu dans ma vie.
Tant qu'elle eut encore de la force, ma mère demanda à sa jeune sœur, Menae, de s'enfuir du château en prenant un échantillon de son sang contaminé. Elle la supplia d'aller trouver quelqu'un capable de concevoir un remède à ce virus nommé Endzeit.
Je vis ma mère perdre ses forces, s'effondrer, je la vis couverte de ces étranges plaques violettes. Pourtant, le souvenir me marquant le plus était ce fameux jour, peu avant de mourir, où elle me donna un couteau recouvert de son sang infecté, me demandant d'arrêter ainsi la folie du roi.
Pour la première fois, je me suis alors mesuré à mon père dans un combat singulier. Je devais faire respecter la dernière volonté de ma mère. Je réussis à tuer cet homme que j'avais longtemps admiré, infecté par le même poison qui coulait dans les veines de ma mère.
Mais dans ce même affrontement, j'avais moi-même été planté par ce couteau infecté. Je succombais moi-même peu à peu à l'Endzeit, j'allais moi-même mourir.
Shin fut furieux contre moi en découvrant que j'avais tué notre père. Il l'aimait énormément et n'avait jamais vu le côté sombre qu'il m'avait montré toute ma vie. Je décidais également de ne rien dire sur ce poison qui me rongeait peu à peu, sauvant les apparences et maintenant la dignité qu'il me restait pour sauver notre sang.
Nous étions enfermés par Karlheinz et ne pouvions pas sortir. Ce fut une longue attente de plusieurs centaines d'années, avant que finalement je parvienne à nous libérer lors de la lune de sang.
Nous fîmes alors la rencontre de Kyra, avec qui des liens se tissèrent malgré nos caractères affables et tortionnaires. Elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour nous aider, jusqu'à ce qu'elle soit tuée, je perdis alors la seconde femme qui comptait le plus dans ma vie à cet instant.
Jusqu'à ce que l'on découvre l'existence d'Anju, où tout prit à nouveau un départ inattendu.
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