Chapitre 51 : Ce qui leur a échappé
Reiji, Ruki et Yuma s'étaient tous les trois retrouvés dans l'un des couloirs de la réplique du château d'Eden. Décontenancés par leur changement soudain de position, ils mirent quelques secondes avant de se tourner les uns vers les autres pour débattre de la meilleure solution à envisager.
Pourtant, pas un seul mot n'avait pas encore quitté leurs lèvres que Ruki fut attrapé à la gorge par une silhouette sortant du cadre derrière lui, attirant le jeune vampire contre le mur- et le portrait- de manière brusque.
Un bruit sourd retentit quand le dos du garçon aux cheveux cendrés rencontra le mur. Les bras de la silhouette enserraient toujours sa gorge. Tentant de se débattre, la victime fit des moulinets avec l'épée saisie auparavant dans le hall.
Reiji, qui s'était emparé d'une arbalète, tira en direction de l'assaillant qui disparut mystérieusement dans le cadre.
Ruki se laissa tomber au sol, une main sur sa gorge.
« Merci.
- La silhouette avait ton apparence. Eloignez-vous des cadres, il peut en venir d'autres. »
Comme mesure de précaution, Reiji saisit l'épée de Ruki et découpa la toile présente dans le cadre.
« Si cela constitue un portail, il ne pourra plus passer par ici. Faisons pareil avec tous les portraits.
- On peut en placer une quand même avant que tu fasses ton chef ? »
Reiji leva un œil vers la carrure imposante de Yuma, pas le moins du monde intimidé.
« Tu as une suggestion ? Un meilleur plan ? Fais vite dans ce cas. »
Mais le grand vampire ne fit que pester, devant admettre qu'il n'avait pas de meilleure solution.
Une fois la frayeur de Ruki dissipée, le trio se remit en route, prenant soin de détruire chaque cadre sur leur passage.
« On essaye de retrouver Hadès ou les autres d'abord ? S'enquit Yuma, brisant le silence installé depuis quelques instants.
- Il serait plus sage de tout d'abord retrouver les autres, commença Ruki, nous ne sommes pas de taille à affronter un dieu à nous trois.
- Même au complet, il faut avouer que nous ne faisons pas le poids. Espérons que l'un ou l'autre d'entre nous ait une brillante idée tout en affrontant l'un de nos doubles, ironisa Reiji. »
Et ainsi ils progressèrent, sans trop de difficulté, à la recherche de leurs frères.
De leur côté, Kou, Subaru et Azusa faisaient face à Hadès. Ils savaient par avance que s'ils commettaient le moindre faux pas, s'en était fini de leur vie. Mais aussi, ils se devaient de protéger Anju, qui avait été confiée aux soins d'Azusa par Ayato.
Subaru fixa le dieu des Enfers dans les yeux, rongeant son frein pour ne pas exploser l'un ou l'autre des murs d'agacement. La situation les dépassait complètement et ils ne voyaient aucune issue. Ils ne savaient même pas ce que vivaient leurs frères, éparpillés aux quatre coins du château.
Le benjamin Sakamaki se posa par ailleurs une question soudaine : où était leur vrai père ? Le véritable château d'Eden était-il encore debout ?
Mais son attention sur ses pensées glissa quand il ressentit une étrange sensation. Le sentiment d'un changement imminent. Mais il ne savait pas comment l'expliquer, et n'osait pas regarder les garçons à ses côtés de peur de faire un geste brusque rompant la quiétude temporaire.
Kou à côté essayait de sonder le dieu qui les toisait d'un air supérieur. Son œil aurait dû l'aider à lire dans son cœur, mais que pouvait-il faire face à un dieu ? Il était impassible. Pire encore, Hadès affichait un regard hautain et haineux face à eux. Au fond de lui, Kou savait que c'était un père aimant qui était aveuglé par la rage d'avoir perdu sa fille, mais il ne pouvait s'empêcher de trouver injuste que les innocents aient à payer une colère divine.
Soudain, Azusa émit un faible bruit de surprise et un frottement de vêtements se fit entendre alors qu'un petit grondement de voix féminin s'éleva, brisant l'atmosphère très tendue de la pièce.
Tous les regards se tournèrent vers elle et Kou ne put s'empêcher de murmurer « Anju ! Tu es réveillée ! » mais sa voix s'éteignit aussitôt en voyant les yeux de la jeune femme.
A force de la côtoyer, les vampires avaient pris l'habitude du changement de couleur constant de ses iris, évoluant avec ses émotions, ses variations d'hormones, et même parfois la météo. Mais jamais Anju n'avait eu les yeux blancs.
Une main en appui sur le mur à ses côtés, Anju se releva et s'avança vers Hadès, sans crainte.
« Que me veux-tu jeune femme ? J'espère que tu as compris que cette histoire de mariage n'était qu'une excuse pour vous forcer tous à venir tout en vous faisant perdre confiance absolue en Karlheinz.
- Mariage ? Mais, ce serait de l'inceste, père. »
La température du hall chuta alors d'une dizaine de degrés. Le visage d'Anju s'étira en un sourire frêle, et peu à peu, une ombre se manifesta aux côtés d'Anju, s'épaississant peu à peu. En quelques secondes, l'ombre avait pris la forme d'une jeune femme à l'allure longiligne, les cheveux lui tombant en cascade dans le dos, des tatouages argentés lui dévorant les bras.
Impossible de s'y tromper : il s'agissait de Rhin. Les yeux d'Anju avaient perdu leur couleur blanche à mesure que l'ombre se soit matérialisé.
« Merci Anju, heureusement qu'Aiko t'as laissé utiliser le pouvoir des anges une fois de plus. J'espère qu'elle ne sera pas trop sévèrement punie. Comme il est bon de vous revoir père ! Enfin, j'avoue que j'aurais préféré ne pas revenir alors que vous avez revêtu l'apparence de l'homme qui m'a tuée de sa main. Mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut, n'est-ce pas ? »
Hadès était bouche bée de se trouver face à sa fille. Au loin, on pouvait entendre une explosion qui fit vibrer quelque peu le sol.
« Ma fille... Tu es en vie...
- Vous savez, j'ai pris un pari risqué en me laissant tuer par Karlheinz. Je voulais provoquer le conflit pour le résoudre de manière définitive. Rappelez-vous, je suis la déesse de la mort heureuse. La guerre n'a jamais réussi mes affaires. D'ailleurs, laissez-moi vous dire que vous faites très mal votre boulot ! On a dû accueillir Shu Sakamaki au paradis ! »
Et la demoiselle éclata d'un rire dans joie.
« Enfin, pour en revenir à nos moutons. Je suis là pour arrêter votre bêtise, père. Et je ne suis pas seule. Comme je l'ai déjà dit à Anju ici présente, je n'ai pas été inactive pendant mon repos forcé ! Par exemple... »
Elle claqua des doigts comme pour donner un signal et Anju laissa un petit sourire se hisser jusqu'à ses lèvres, visiblement soulagée.
« Par exemple, j'ai pu discuter avec les morts. Ils sont très bavards ! J'ai trouvé un moyen de soigner l'Endzeit, la maladie qui a décimé les fondateurs et j'ai pu comprendre les intentions de Karlheinz toutes ces années. De plus, j'ai retrouvé sa trace, et j'ai ramené un peu de compagnie avec moi. Ils ne devraient pas tarder à arriver. En attendant, enlevez-moi cette apparence grotesque et changez ce décor immonde ! »
Les triplets étaient toujours en position délicate. Leur esprit commençait à les lâcher sous les mots douloureux et hypnotiseurs des démons sous leur apparence. Soudain, on entendit une explosion et les silhouettes les lâchèrent sous la surprise. Toute la façade du premier étage venait de sauter, à quelques mètres d'eux, une ouverture gigantesque s'était créée.
Un loup se jeta sur les doubles démoniaques, prêt à les déchiqueter.
Derrière lui, la silhouette d'un homme et d'une femme se dessinèrent. La jeune femme tenait une lance et semblait étrangement bien savoir la magner. Des cheveux violets volèrent dans tous les sens alors qu'elle aida le loup à réduire en lambeau ces démons qui tentaient de s'échapper.
« Salut à vous, mes chers demi-frères ! Alors comme ça, je vous ai manqué ? »
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