Chapitre 49 : Les miroirs de l'oubli
L'apparence modifiée d'Hadès s'altéra aussitôt que les Mukami et Ayato le reconnurent. Une silhouette plus imposante, une aura écrasante, des yeux luisants ; il n'avait plus rien à voir avec l'air vicieux qu'arborait l'image de Karlheinz. Il était indescriptible physiquement, mais n'en restait pas moins effrayant même pour des créatures démoniaques.
« Je me demande quelle tête a fait ma fille lorsque votre père lui a porté le coup de grâce. Etait-elle apeurée ? je ne pense pas, cela ne lui ressemblerait pas. Elle a dû se battre jusqu'à la mort. Ah, Perséphone, je lui rendrai hommage n'aie crainte. »
Entre deux monologues, le regard du dieu des Enfers se posait sur les vampires. Ceux-ci n'en menaient pas large, pourtant, l'un d'eux s'avança vaillamment au-devant d'Hadès.
Ruki, fier et droit, s'inclina dans une courbette parfaitement respectueuse avant de se relever le visage sévère.
« Veuillez nous excuser d'avoir failli à la protection de votre fille. Elle était comme une sœur pour nous et sa disparition est regrettable. »
Le dieu et le reste de l'assistance étaient étonnés par cette attitude chevaleresque et sincère, mais le silence ne dura pas.
« Les excuses ne suffisent pas à expier ce qui a été commis. »
Une fois de plus, Kanato et Azusa virent les silhouettes courir dans les cadres et ne manquèrent pas d'en alerter discrètement les autres.
« Je préfère les actions aux paroles. »
Des cadres dorés sortirent alors une autre version d'eux-mêmes, avec des habits et une attitude singulière et différents.
Ruki, toujours devant les autres, se précipita vers l'armure qui servait de décoration près de la porte principale et en tira une épée. Il était prêt à se battre et défendre ses frères.
Anju quant à elle était toujours bloquée entre conscience et inconsciente, n'ayant nulle idée de ce qu'il se produisait en cet instant dans la réalité.
Des souvenirs enfouis faisaient écho dans son âme et elle était plus que perdue. Qui était-elle ? Quelle était cette partie d'elle dont elle ne se souvenait plus ? Cela l'effrayait.
Au loin, une nouvelle silhouette se profila. Plus sombre que la première, mais plus majestueuse aussi. Etrangement, Anju se fit la réflexion qu'elle connaissait cette démarche et cette aura, sans pour autant pouvoir identifier de qui il s'agissait.
La silhouette ressemblait à une femme envoûtante, un halo argenté l'entourait et la blancheur d'un sourire se discernait.
« Salut petite peste, je t'ai manqué ? »
Cette voix. Il était impossible de s'y tromper.
« Rhin ? Que fais-tu ici ? »
Un petit rire mesquin se fit entendre avant que la jeune femme ne reprenne son sérieux.
« Disons que je tenais à faire savoir que j'étais là. Je suis assez agacée que tout le monde me pense si faible pour être déjà morte, surtout par la main de Karlheinz ! »
La surprise prit possession entièrement de l'âme d'Anju.
« Comment ça ? Tu veux dire que....
- Eh non, je ne suis pas morte, j'ai seulement fait succomber mon enveloppe corporelle. Apparemment, même mon père n'y a vu que du feu. Je dois être une bonne comédienne. Bref, je viens t'annoncer en avant-première mon retour. Je voulais voir ta réaction, ça allait être drôle. »
Anju n'en revenait pas, aussi aucun mot ne sortit de sa bouche.
« En chemin, j'ai croisé la gardienne des clés. Elle se dépêchait car elle accueillait une nouvelle âme. Apparemment mon père ne fait pas son boulot aux Enfers car j'ai entendu dire qu'il s'agissait d'un vampire. »
L'esprit de l'ex-ange se remit alors en marche alors que la silhouette de Rhin se dessinait toujours face à elle, muette en l'attente d'une réaction.
« Oh... Elle a dû accueillir l'âme de Shu.
- Eh ? Shu ? L'aîné des Sakamerde ? Il est mort ? Oh la vache. Désolée. »
C'était étrange et perturbant de parler si naturellement avec une personne que l'on pensait décédée, c'était la réflexion que se faisait Anju alors qu'elle hochait la tête pour approuver les propos de la demoiselle supposée défunte.
« Mais Rhin, comment es-tu encore en vie ?
- Oh ça ? C'est parce que je suis aussi une déesse. Mon vrai nom est Macaria, déesse de la mort heureuse. Te souviens-tu de ce que tu as vu ce fameux jour où j'ai combattu Karlheinz ? »
Les souvenirs de la jeune femme étaient vagues sur ce fameux incident qui l'a pourtant tant marquée. Mais elle comprenait ce que cela impliquait.
« Si tu n'es pas réellement morte, pourquoi ? Tout ça a juste mis le feu aux poudres et créé la guerre !
- On dit des hommes qu'ils cherchent des prétextes pour le moindre conflit : argent, pouvoir, manipulation, territoire ; mais au fond, nous, créatures démoniaques ou surnaturelles ne sommes pas différents. Les uns veulent l'immortalité, les autres une mort utile, se battre pour le monopole des âmes, ou encore pour des conflits vieux de plusieurs siècles. Mon père cherchait déjà à pousser Karlheinz à la faute, et les anges ont un conflit d'intérêt avec les Enfers. Je n'avais pas vraiment d'autres choix à cet instant que de disparaître. Mais ne t'en fais pas, je ne suis pas restée les bras croisés, et bientôt tout sera réglé. L'équilibre sera rétabli de manière durable et tes vampires adorés seront sauvés, mes frères aussi. »
Le sourire que la déesse lui offrit était le plus doux qu'elle lui ait connu, loin de toute malice, elle pensait chacun de ses mots et Anju sut qu'elle pouvait lui faire confiance.
Bientôt, tout serait rétabli. Le futur était en marche.
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