Chapitre 37 ½ : Raito, partie 2
Je me vois encore manger des macarons, sur le canapé du salon. Leur goût sucré, leur texture fondante, j'étais fan de ce genre de pâtisseries. Mes préférés étaient ceux à la pistache.
La suite des événements m'avait pourtant laissé un goût amer, ternissant ce que j'aimais tant.
Qu'est-ce que l'amour ? Est-ce ainsi qu'on appelle une trahison que l'on pardonne ? Est-ce ainsi que l'on qualifie ces douleurs dans le cœur, cette sensation d'étouffement, de souffle coupé ? Est-ce ainsi que l'on nomme ces sentiments où l'on se sent sombrer ? Si l'amour signifiait tout cela, à quoi bon vouloir l'éprouver ?
Trahison.
Je fus appelé au château, convoqué par notre géniteur. Ne souhaitant pas l'énerver plus que de raison, je m'étais hâté. C'est là que je l'ai vue, pleurant dans ses bras. Le regard de mon père était à refroidir l'âme.
Écœurement.
Elle lui avait alors dit que je lui avais fait des avances, que je l'avais forcée, qu'elle trouvait cela répugnant.
Déception.
Richter, ce toutou prêt à tout pour avoir son attention, lui aussi était fou d'elle, avait confirmé ses propos. J'étais seul, abandonné de tous.
Haine.
J'avais si froid, j'étais tremblant. La punition fut le souvenir le plus marquant de tous.
Marchant vers les cachots, je passais ma main sur les barreaux de fer. Tout s'était produit ici.
Celui qui était censé être notre père m'avait fait enfermer ici. Jusque-là, rien d'anormal si je mettais de côté ce sentiment d'abandon qui me serrait le cœur. Je m'étais fermé, une main tenant mon front. J'attendais patiemment.
C'est alors qu'elle était entrée. Je crus qu'elle allait me libérer, m'expliquer la raison de tout ce cirque, s'excuser et me consoler.
J'étais naïf et encore trop innocent.
Richter la suivait, il semblait mal à l'aise, ce qui m'étonna. Elle avait toujours son sourire charmeur, sa main passa le long des barreaux, puis de sa voix langoureuse elle me brisa un peu plus.
« Ce lieu est parfait pour toi. »
Mes yeux s'étaient un peu plus ouverts, choqué par ce qu'elle venait de dire. Puis pour me montrer à quel point j'étais inutile désormais, elle se tourna vers Richter.
Celui-ci, de plus en plus mal-à-l'aise me jeta des coups d'œil.
« Ici ? Tu es sûre ?
- Parfaitement. »
Et c'est alors que, sous mes yeux, je la vis succomber au plaisir de la chair avec mon oncle. J'avais la nausée, j'aurais voulu pleurer, hurler. Je me sentais humilié, piétiné, utilisé, abusé.
Cela a à jamais bouleversé ma vision des choses, l'amour ? Ce n'est que ce que cherche à éprouver ceux qui sont faibles. Les seules choses qui ne trompent pas sont les actions, les mots ne sont qu'un doux poison.
J'ai refusé l'amour.
Pourtant, pouvais-je nier que je l'aimais en dépit de tout ? Je ne savais plus ce qui était raisonnable, et c'est dans ce contexte qu'Ayato nous avait parlé de son plan pour mettre fin à nos souffrances.
J'allais renier à jamais cet amour imparfait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top