Chapitre 34 ½ : Subaru
D'aussi loin que je me souvienne, la colère avait toujours dominé mes actions.
J'entendais encore les pleurs de ma mère, ses supplications pour qu'on l'achève... Une scène m'a particulièrement marqué.
Ma mère, courant, larmes dévalant ses joues, à travers le château. Un couteau planté dans sa poitrine, recouvrant ses pâles habits d'une teinte vermeil.
« Je t'en supplie ! Tranche-moi la tête ! Vite avant qu'il n'arrive ! »
J'étais tétanisé. Comment pouvait-il en être autrement ?
Heureusement- ou malheureusement, aujourd'hui encore je ne sais quoi en penser, elle était toujours en vie à l'heure où je me parlais.
J'observai mon reflet dans le miroir, et le frappai de toute mes forces. Ces souvenirs que je voulais oublier ne faisaient que m'assaillir à nouveau.
« Ne t'approche pas de moi ! Tu m'as souillée ! Je te hais !
- Mère, c'est moi Subaru... Il n'est pas là pour le moment.
- Où est-il ?! Je veux le voir !
- Jamais je ne le laisserai vous faire à nouveau du mal...»
Ces discussions me blessaient toujours un peu plus. Ma chère mère, brisée par son époux et cousin, qui ne pouvait s'empêcher de l'aimer et de le détester. Elle voyait en moi ce qu'elle ne pouvait plus en lui, enfermée dans sa tour de solitude, gardée par ses cauchemars.
« Subaru ! Subaru ! Subaru ! Viens, s'il te plait mon petit !
- Mère ? Que se-passe-t-il ?! »
Il lui arrivait d'avoir des accès de tendresse. Une main sur ma joue, une étreinte réconfortante. De tout cœur j'aimais ma mère. C'était la plus belle des roses, elle faisait fierté à son ancien surnom : la Rose Blanche. Cependant, par la faute de ce crétin de roi, par ma faute, la Rose s'était fanée.
Ma naissance a été sa déchéance.
Me laissant glisser le long du mur de la salle de bain, j'enfouis ma tête dans mes bras, appuyé sur mes genoux.
J'éprouvais tellement de rage... Contre lui, contre moi, contre ce monde. Mon existence lui était aussi vitale qu'insupportable, et enfant que j'étais, je ne pouvais que subir ses changements soudains d'humeur.
Dans ses accès de folie, elle me suppliait de la tuer avec cette dague qu'elle m'avait donné. Je n'avais jamais pu m'y résoudre.
« Mère, pardonnez-moi... »
Qu'importe les claques qu'elle pouvait me donner lorsqu'elle perdait la raison, qu'importe tout ses mots que j'avais encaissés, ce qui me blessait le plus c'était de voir comment il la traitait. L'enlaçant quand elle m'insultait, la traitant comme un objet acquis et maintenant cassé, elle qui l'avait tant aimé. Il ne voyait ses femmes que comme des expériences, et ses enfants comme des résultats.
Je m'étais juré de lui faire payer et de la délivrer de ses tourments. Même si j'étais souillé, même si j'étais une abomination, même si j'étais seul. Ce serait mon ultime but.
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