Chapitre 3 : Des pouvoirs difficiles à maîtriser

Toutes ces pensées me rendaient malade. Une douleur vive lancinait dans ma tête, m'empêchant une réflexion cohérente sur ces maux qui me lacéraient le cœur.

La douleur était si forte qu'un petit cri s'échappa de mes lèvres. Je m'écroulai sur le lit qui m'était attribué, tentant d'une quelconque façon de soulager ma souffrance.

Après de longues minutes, n'y tenant plus, mes yeux rencontrèrent l'obscurité et mon corps se sentit si lourd qu'il y sombra sans se débattre.

J'ouvris les yeux à nouveau, aveuglée par les rayonnements lunaires. Je posai ma main en visière, le temps que mes pupilles s'adaptent. Une fois à peu près réveillée, je m'aperçus que j'étais entourée des six frères.

« Maintenant que tu es réveillée, peut-être pourras-tu nous expliquer ton comportement ? »

Perdue avec les mots de Reiji, celui-ci soupira et m'expliqua ses propos.

« Non seulement tu t'en vas en courant, mais de plus tu nous vrilles les tympans en criant sans raison. »

La douleur qui m'avait arrachée un son me revint en mémoire. J'essayai de formuler une phrase mais ma bouche pâteuse et ma gorge sèche ne me laissèrent pas cette chance. N'arrivant pas à communiquer, les regards braqués sur moi devinrent lourds et insupportables.

A nouveau Reiji soupira, faisant signe à ses frères de partir.

« Nous aurons à nouveau cette discussion plus tard. Mais ne t'avises pas de nous déranger à nouveau, cela ne sera pas sans conséquence. »

Après avoir craché ces mots, il prit la porte, suivit par la majorité de ses frères. Shuu préféra disparaître après avoir lâché que je l'ennuyais et que je ne devrai plus le réveiller à l'avenir. Les triplets avaient essayé de rester, mais comme ils se battaient plus ou moins, ils ont fini par sortir pour régler leurs comptes. Subaru, lui, était parti sans faire d'histoire.

Profitant de ce calme retrouvé, je me réinstallai dans le lit, m'accordant un repos supplémentaire puisque mon corps ne voudrait de toute manière pas bouger.

Le réveil du lendemain fut moins laborieux. Je me levai avec une énergie nouvelle, déterminée à apprivoiser cette nouvelle vie qui semblait compliquée autant par l'apparition de nouveaux pouvoirs, que par la présence d'êtres sanguinaires qui apparemment ne voulaient que se distraire de ma misérable existence.

J'arpentais les couloirs lorsque je rencontrai l'un d'eux.

Je n'étais toujours pas habituée à entendre leurs pensées, gérer ce flot de paroles non dites allait être ardu.

Ne prêtant pas plus attention que cela au vampire solitaire, je rejoignis le salon. J'y trouvais cette fois trois des frères : Shuu, allongé encore une fois dans un des canapés à somnoler, Ayato et Kanato, en train de se chamailler pour de la nourriture.

Je restai un peu interdite devant ce conflit puéril. Les vampires mangeaient-ils comme nous ? Il fallait croire. Mais leur était-ce vraiment indispensable ? Je ne pensais pas, cela devait être par goût.

A nouveau j'entendais leurs pensées. Celles-ci n'étaient pas très agréables, malgré leurs liens proches en tant que frères, ils s'insultaient de tous les noms dans leur tête.

Tentant de détourner mon esprit de cette intrusion dans leur vie privée, je manifestai ma présence d'un raclement de gorge.

Ayato tourna son regard vers moi et me fixa sans un mot, alors que les deux autres restaient indifférents.

Le rouge se contenta de me détailler en silence de longues minutes. N'y tenant plus, je rompis cette absence de bruits pour ne pas entendre ses pensées qui risquaient de s'avérer malsaines.

« Je suis si belle que tu ne peux plus détacher ton regard de moi le rouge ? Ironisai-je avec malgré tout une certaine méfiance.
- On a déjà vu mieux, chichinashi. »

Il ricana en continuant de me fixer. Quel goujat !

« Regarde les Teddy, si bruyants et ennuyants...Ils vont se disputer, partons avant que cela ne devienne vraiment dérangeant. »

L'intervention de Kanato me fit retrouver le sens de la répartie, au diable les bonnes résolutions ! Je ne me contenterais pas de fermer les yeux sur ce genre de qualification !

« D'où sors-tu ce surnom, baka ??
- Si tu ne me crois pas, regarde-toi dans un miroir. Il n'y a que la vérité qui blesse. »

Interdite face à cette violence orale, ma bouche s'ouvrit sans qu'un son ne sorte. Finalement, ma répartie était partie en vacances.

Shuu, qui semblait excédé par tant de bruit, partit du salon sans un mot. Kanato était finalement resté pour regarder le conflit, amusé par cette scène malgré ses propos précédents.

Puisque les mots ne franchissaient pas les barrières de mes lèvres, je m'approchai d'un air provocateur d'Ayato. Je ne me laisserai plus marcher sur les pieds, mais j'aimerai pour autant ne plus m'attirer autant de problèmes à cause de mes propos et de mes actes.

Ayato me regardait avec un air de défi, souriant.

« Je t'ai blessé, chi-chi-na-shi ?
- Arrête de m'appeler comme ça ! Répliquai-je du tac au tac.
- Pourquoi t'obéirai-je ?? On ne donne pas d'ordre à Ore-sama !
- Je fais ce qui me chante ! Si je veux te tenir tête je le fais, baka !
- N'oublie pas ta place. Tu ne devrais pas m'appeler ainsi. »

Au fur et à mesure de nos échanges, on se rapprochait l'un de l'autre. Ayato concentrait un mélange d'amusement et d'irritation extrême dans son regard, tandis que seules la rage et l'impatience me guidaient.

Soudain, Ayato me plaqua avec une force incommensurable contre le mur, je ne pouvais pas bouger. Il dégagea les cheveux de mon cou, et me fixa d'un air dédaigneux.

« Je n'ai pas peur de toi. Même si tu es un vampire, je ne cèderai pas.
- Tu devrais pourtant, car je pourrais te tuer sur le champ...»

Disant cela, il sourit et s'approcha de mon cou. Je me débattais mais sa poigne était si forte que je ne faisais que me fatiguer. La rage montait tellement en moi que mes yeux me piquèrent. Il ne devait pas voir mes yeux, il ne me lâcherait jamais sinon !

Je fermai les yeux, lâchant une dernière phrase.

« Dans ce cas, vas-y, tue- moi si tu en as le cran. Ne viens pas te plaindre sur mon cadavre après si tu as des représailles de la part de ton père. »

Il ricana amèrement et me mordit sans la moindre considération pour moi. Une vive douleur me traversa, localisée néanmoins dans mon cou. J'entendais mon sang s'écouler dans sa gorge et mon corps semblait figé, pour je ne savais quelle raison. Est-ce qu'une morsure de vampire infligeait une sorte de léthargie à la victime pour qu'elle ne se débatte pas ?

« Ton sang est bon, sucré et doux. Rien que pour sentir à jamais ce goût exquis, je vais te garder en vie. »

Son sourire carnassier semblait plus effrayant que jamais, mais peut-être à cause de la douleur, je ne ressentais pas de peur.

Mon esprit resta concentré sur de sombres pensées. Comment avais-je pu, par deux reprises, croire que tout se passerait bien ici ? Je n'étais qu'un sacrifice, jetée en pâture à des vampires, n'ayant personne qui viendrait me sauver.

Ma vie désormais se résumerait à des morsures, des anémies, du désespoir. De nouveaux pouvoirs à contrôler ? A quoi bon ? S'il s'agissait de ma seule force, j'userai de tous les stratagèmes pour garder ma santé mentale. Je ne pouvais pas fuir, je n'avais nulle part où me cacher sans qu'ils ne me retrouvent.

« Eh, tu devrais être reconnaissante du cadeau que je te fais ! Tu as l'honneur de rester en vie grâce à ma grande mansuétude ! »

Les paroles d'Ayato sonnèrent comme un gong. Mon corps était lourd, je me sentais faible de tout ce sang perdu, ma bouche était à nouveau pâteuse.

Je réussis néanmoins à articuler.

« Pourquoi devrais-je être reconnaissante ? Après tout, je ne sais pas si vivre ce qui m'attend est mieux que la mort.
- Je ne te laisse pas le choix. J'ai décidé quelque chose : à partir de maintenant, tu m'appartiens. Je déciderai de ta vie, tu me devras tout, je ne laisserai personne d'autre t'approcher. »

Pour confirmer ses mots, il me mordit à nouveau, assurant sa supériorité sur mon corps déjà affaibli. N'ayant plus de force suffisante pour maitriser mes actes, je laissai un petit gémissement de douleur m'échapper. Ayato afficha une expression satisfaite, révélant pleinement son côté sadique. Mon liquide vital se faisant absorber peu à peu, je sentis mes paupières se fermer et ma conscience s'éteindre.

A nouveau, l'obscurité m'accueillit, avec au loin, un rire que je reconnus comme celui de mon bourreau.

Une relation toxique se tissait, de laquelle j'essayais de fuir avec ma santé mentale fébrile.

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