Chapitre 15: Père
Depuis plusieurs jours, j'étais détenue par Tweedledum et Tweedledee- plus communément appelés Ayato et Raito. Ayato voulait me faire souffrir par tous les moyens, Raito était plus réservé là-dessus mais laissait faire son frère. Pourtant, ils se querellaient régulièrement. Ayato me lassait au plus haut point, n'était-il donc qu'un héros de comédie romantique ? Vouloir venger sa chère et tendre sur laquelle il a posé ses crocs, que c'est ... romantique ?
Raito semblait aussi las que moi de cette attitude mièvre. C'était d'ailleurs l'un de leurs sujets de dispute. Raito ne semblait pas croire du tout en l'amour ou quelque autre sentiment joyeux, à l'inverse d'Ayato qui apparemment s'y laissait porter sans s'en apercevoir.
Aussi, Raito trompait beaucoup plus mon ennui qu'Ayato. Raito essayait d'innover constamment dans sa manière de m'aborder, un coup tentant le flirt, l'autre m'exposant son caractère autoritaire, ou en jouant le désintéressé. Même si j'avais plus l'impression d'être en face d'un acteur de théâtre, je trouvais cela amusant.
Aussi, je ne fus pas surprise qu'un jour, Raito décide de goûter mon sang.
« C'est pour l'expérience » Avait-il sorti à Ayato.
Ayato, alors furieux que je ne réagisse à aucune de ses tentatives de torture physique ou psychologique, avait tourné les talons et claqué la porte en partant.
Raito avait pivoté vers moi, tout sourire.
« Enfin seuls ! »
Raito, sans la moindre trace d'hésitation, s'approcha alors de mon cou et me mordit. J'attendis sa réaction, car cela allait être pour moi le moment le plus amusant.
Jusque-là, les frères s'étaient refusés à boire mon sang pour je ne savais quelle raison, mais le fait que Raito décide de briser cet accord tacite qu'ils semblaient avoir passé me fit sourire.
Raito se recula quelques instants après, une goutte de sang roulant du coin de ses lèvres. Pour un humain, cette vision serait cauchemardesque, mais dans notre monde, c'était monnaie courante et même plutôt bon signe.
La surprise se lisait sur le visage du jeune vampire, ses yeux verts écarquillés et sa bouche entrouverte le prouvaient.
« Ton sang... je n'en avais jamais goûté de tel... qui es-tu ?
- Enfin tu me poses cette question ! »
Il me regardait sans réellement comprendre, il était perdu. Il regarda à nouveau mon cou, mais ne se priva pas pour retourner boire un peu de cette substance au gout étrange.
« Je ne suis ni complètement un vampire, ni une humaine, pourtant je suis une créature démoniaque. »
Ma devinette l'agaçait apparemment, il me mordit violemment. Ne me laissant pourtant pas emporter pour ce genre de comportement, je poursuivis.
« Je suis une fille des ombres née pour tuer, je ne rêve que de la mort et je suis porteuse de mauvaise nouvelle. Je peux faire apparaître tout ce que je veux dans une matière noire qui vous est inconnue, je peux arrêter le cœur de quiconque le mériterait et le faire souffrir ainsi. Je suis bien plus puissante que vous.
- Arrête ces arrogances ou bientôt tu finiras par te dénommer toi-même « Ore-sama ». »
Me comparer à Ayato semblait être une insulte pour lui, je le laissai dire, s'il voulait s'illusionner sur la véracité de mes propos, qu'il en soit ainsi.
Il continua de s'abreuver encore un peu de mon sang, je le laissai faire, n'étant pas soumise à la même condition physique que les humains qui auraient pu se retrouver vite anémiés.
Il se redressa un moment après, sourire aux lèvres.
« Et tu sais, rien ne m'est inconnu. C'est bien pour ça que tu ne peux pas utiliser tes pouvoirs tant que ces cordes seront solidement attachées.
- Sale petit con. Je te jure que si je me libère, je t'étripe. »
Un rire résonna dans les cellules et Raito essuya la larme qui glissa du coin de son œil, semblant véritablement s'amuser.
« Bien qu'il y ait de l'écho, on peut faire tout ce que l'on veut ici, personne ne nous entendra.
- Je dois prendre ça comme un sous-entendu ? Grommelai-je. Si c'est le cas, laisse tomber. »
Il arqua un sourcil en me regardant.
« En quel honneur devrais-je écouter notre prisonnière et accéder à ses demandes ?
- Parce que sinon, tu subiras le courroux de mon père. »
A nouveau, il rit à gorge déployé, comme si je venais de lui raconter la blague du siècle.
« Mais Rhin-chan, ce n'est pas ton petit papa qui va venir te chercher ici et venir te sauver la peau.
- Sais-tu au moins qui est mon père pour dire cela ? »
Il réfléchit un instant, du moins fit semblant.
« Un papa poule qui a toujours gâté sa fifille ?
- Tu as déjà entendu parler d'Hadès ? »
Le silence dévora subitement les lieux. Raito perdit tout sourire et me fixa d'un œil noir.
« Oï, à quoi tu joues là ?
- Je ne joue pas. Je dis seulement que je suis la fille d'Hadès. Le dieu des Enfers. Celui qui règne dans l'ombre et non votre père. »
L'expression de son visage était fermée, froide. Il en était presque effrayant.
« Vous êtes les princes de ce royaume, je suis la fille d'un dieu. Constate l'écart de puissance et tu verras que je suis bien au-dessus. Si je suis ici, c'est seulement parce que vous m'avez prise en traitre alors que j'étais préoccupée par autre chose, mais si nous étions dans un combat légitime, vous seriez déjà mort. Que disais-tu déjà ? Ah oui, que rien ne t'était inconnu et donc que c'était pour ça que tu avais installé ces cordes. Mais en fait c'était un coup de poker, tu as bloqué la partie de mes pouvoirs que tu connaissais, j'ai peut-être d'autres atouts dans ma manche. »
Il se contentait de me fixer en silence, il était en colère mais faisait tout pour la contenir.
« D'ailleurs si tu veux un exemple de ce que tu ne peux contrôler, regarde mes bras et mes jambes. »
Sûrement par automatisme et curiosité, il s'exécuta et releva mes manches et coupa de manière transversale mon pantalon. Mes tatouages couleur argent se mouvait comme si un serpent vivait sous ma peau, et des volutes de fumée semblait s'en dégager. Raito eut un soudain mouvement de recul, son instinct agissant pour lui.
Avec un grand sourire, je laissai mes tatouages s'enflammer. Une chaleur si intense s'en dégagea que mes cordes tombèrent rapidement et je pus m'approcher de Raito.
« Honnêtement Raito, j'avais fini par t'apprécier, mais je déteste qu'on me rabaisse ou que l'on parle mal de mon père. Et puis, il fallait bien quelqu'un pour payer ces jours où vous m'avez gardé ici. J'attendais juste le moment parfait, ce moment où tu déciderais d'écarter Ayato pour ton plaisir personnel, ce moment où tu aurais goûté à mon sang, où tu te poserais enfin des questions sur mes origines. Je pensais que cela allait être plus tôt, et même si c'était Ayato qui avait cédé le premier, cela m'aurait convenu. Alors merci d'avoir atteint mes espérances, et bon séjour en enfer, Raito Sakamaki. »
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