Je ne suis l'objet de personne et il va devoir le comprendre. Pas de celles avec qui on couche le premier soir, surtout que je suis toujours vierge. D'ailleurs, j'en viens à me demander comment ça a pu arriver. Je n'ai jamais eu cette envie de me donner corps et âme à un homme.

Il est là, m'embrassant et moi je rumine sur un seul geste qu'il a eu. Après tout, il n'a pas insisté. Je me laisse donc aller et passe ma main dans ses cheveux, beaucoup trop longs, lui rendant son baiser.

Nous nous asseyons, tout en ne nous lâchant pas, comme si le simple fait de se détacher pourrait nous faire étouffer. Alors que je suis à califourchon sur lui, Markos fait irruption en se raclant la gorge. Nous nous arrêtons à contre cœur et l'interrogeons du regard.

— Amber est là ! lance-t-il en regardant René dans les yeux.

— Et merde ! s'exclame ce dernier.

Il se lève d'un bond, me poussant par la même occasion et rentre rapidement dans la maison. Markos, lui, me regarde d'un air navré et me chuchote un « désolé » quasi inaudible.

Je reste là, ne sachant pas ce que je dois faire. Me demandant si je devrais l'attendre ou non et quoi penser de cette Amber, je décide de me rapprocher d'eux pour voir ce qu'il en est. En entrant, Markos et un autre type dont je ne connais pas le nom me font barrage et mon ami me dit :

— Vaut mieux que tu restes là, il devrait pas en avoir pour longtemps.

« C'est quoi ce bordel ? » ai-je envie de hurler mais je me retiens et hoche simplement la tête. Je ne vais pas faire une crise d'hystérie pour un mec que je connais à peine.

Lorsque cette constatation me frappe, j'ai soudainement honte de moi. Moi, qui juge ces filles faciles se laissant aller avec le premier venu, suis devenue comme elles. Je me sens sale et ai besoin de rentrer chez moi. Je bouscule Markos et sors rapidement.

Dehors se trouve René et cette fille brune, tout l'inverse de moi. « Elle doit aller chercher ses vêtements au rayon enfants tellement elle est maigre » pensé-je. Ils ne me remarquent pas et étant de nature curieuse, je décide de tendre l'oreille et d'écouter leur conversation.

— Je m'en fous de ce que tu veux ! siffle René.

— C'est pas vrai, je le sais !

— Je t'ai juste baisée, je t'ai rien promis ! continue-t-il sur le même ton.

La fille est en larmes, tandis que lui est tendu. Elle renifle et lui demande :

— Tu n'as pas aimé ?

— Oh si ! Et pour te dire, tu es l'un de mes meilleurs coups, mais je te l'ai dit, c'était comme ça.

Je reste bouche bée, je n'arrive pas à croire ce que j'entends. Est-ce juste « un coup comme ça » qu'il voulait avec moi aussi ? Markos ne l'aurait pas laissé faire, si ?

— Et tu ne veux pas recommencer ? questionne Amber toujours en larmes.

« J'ai dû mal à croire qu'on puisse se mettre dans un tel état pour un mec avec qui on a passé une seule nuit » me dis-je.

— Non, t'es bien trop chiante et j'ai un autre coup de prévu ! répond-il sèchement en lui tournant le dos.

« J'espère qu'il ne parlait pas de moi car il va être déçu » pensé-je amère.

Je me remets en route pour ne pas qu'ils puissent voir que j'étais à côté et que j'ai entendu leur conversation. Je passe devant lui sans même un mot essayant de l'ignorer, mais il me retient par le bras et me demande :

— Tu vas où ?

J'hésite, puis décide de ne pas répondre sincèrement et opte pour une option plus diplomatique, enfin plus ou moins.

— On m'a appelée, je dois rentrer !

Mon ton se fait sec, même si j'ai voulu répondre aimablement, ses paroles résonnent encore en moi. Il me fixe, surpris de ma réaction mais me laisse partir. J'avance sans même me retourner lorsque j'entends cette fille lui dire :

— C'est elle ta nouvelle pute ?

Je sens la colère monter en moi et lui lance :

— Meuf, c'est pas parce que t'es une catin qui donne son cul au premier venu que je fais la même chose. Personnellement je me respecte !

Je n'attends pas sa réponse et fais demi-tour. Elle ne dit rien et lui non plus. Je rentre à pied, me disant que cela m'aidera à me calmer. Rien n'y fait, je ne décolère pas. Je me sens salie, souillée par ce mec.

Je n'arrive pas à m'expliquer ce que j'ai fait, ce qui empire mon mal être. Une fois chez moi, je file sous la douche comme si le filet d'eau chaude allait me laver de mes actes, de ses mains sur moi.

Je suis contente de ne pas avoir cédé, si j'avais couché avec lui, cela aurait été pire. Je me réserve, je veux que la première fois ait une vraie signification, que ce soit avec quelqu'un qui compte. Avant, je voulais que ce soit avec l'homme de ma vie, un peu du genre « on a des rapports une fois mariés » mais je sais que ce n'est pas ainsi que ça se passe. Je ne veux pas attendre le mariage, mais au moins quelques mois, que je sois sûre de moi.

Je sors de l'eau, lassée de cette soirée, et décide de rejoindre mon lit. Je m'endors immédiatement, mes rêves peuplés de ce beau blond à la barbe et aux cheveux longs avec des yeux si bleus.