3.


On se revit devant l'école comme prévu et elle nous amena dans un petit parc. C'était la sortie des cours donc il inondait d'enfants et de leurs parents. Ma phobie ! Les lieux publics étaient devenus un enfer pour moi. Mais là, ça allait encore, car elle nous dirigeait vers un coin dans l'herbe loin du monde. Elle s'assit et m'invita du regard à faire la même chose. La vue n'était pas déplaisante, mais le bruit si. Même si l'on s'était éloigné des gamins, on les entendait toujours aussi fort.

Je posai mes yeux vers cette fille bizarre pour la détailler. Ses mains s'enfonçaient dans l'herbe pour l'arracher. Les traits de son visage étaient ternes et apaisés. Ses yeux se tournèrent vers moi, mon cœur fit un bond. Elle me surprit en train de l'observer. Avec les reflets du soleil, je remarquai que ses prunelles étaient d'un brun foncé. Le genre de brun qui te fait voyager dans un pays chaud en quelques secondes. Ton cœur se réchauffait en un instant.

- Alors, pourquoi voulais-tu faire ça ? Sa voix était douce. Le genre de voix qui te donne envie de te confier à la personne. Mon cœur bâtit de nouveau, mais ce n'était pas le même battement que tout à l'heure.

Elle voulait savoir pourquoi. Et moi je ne savais pas par où commencer. L'histoire était trop longue, trop douloureuse. Mes mots restaient coincés dans ma tête. Je me sentais vulnérable d'un coup. Je ne voulais pas quelqu'un découvre ce qu'il y avait dans ma tête. Mais en même temps, ce serait bien de ne pas garder tout ça pour moi, d'avoir quelqu'un à qui parler. Une personne qui ne te juge pas, juste une oreille attentive. Se confier à quelqu'un était encore plus dur que je ne le pensais.

Elle détourna son regard et je pus enfin respirer. Mais le son de sa voix murmura de nouveau des mots à mon égard.

- Tu comptes recommencer ? Elle évitait de me regarder cette fois.

- Non... je ne sais pas. Comment lui dire qu'avant qu'elle ne m'ait surpris ce matin-là, j'allais sur le toit tous les jours.

Chaque matin, à mon réveil, mes pensées se dirigent vers cet endroit et je me demandais si j'allais avoir le courage de franchir enfin le pas et à chaque fois j'échouais lamentablement.

Elle se tourna vers moi et me sourit tendrement. On est resté là à observer le paysage chaotique devant nous quand sa voix vint perturber ce silence.

- Tu n'as pas d'amis ?

- C'est compliqué.

Raph avait été chargé de m'intégrer dans l'école. Je restais peu de temps avec lui. J'avais peur d'être proche des gens. Les amis que j'avais avant ont disparu de ma vie.

- Et de ta famille ? Tu en as une ?

Si avoir une famille consiste à avoir une mère biologique et un père biologique alors oui j'en avais une.

- Oui, mais ce n'est plus la même chose qu'avant.

- Avant quoi ? Attend laisse-moi deviner. Tes parents se sont séparés et tu le vis mal.

Sa voix était calme comme si elle avait peur d'appuyer là où ça fait mal.

- Non, ce n'est pas leur séparation le problème. C'est difficile d'en parler.

- Je ne suis pas là pour te juger si ça peut te rassurer.

- Je sais.

J'ignorais pourquoi, mais je lui faisais confiance. Mon secret aurait été bien gardé avec elle pourtant j'étais incapable d'en parler. Je n'y arrivais pas.

- Alors, dis-moi comment tu te sens, là maintenant.

- Bien.

Et c'était vrai cette fois.

- Et comment te sens-tu à l'école?

Je la regardai longuement dans les yeux. Incapable de lui expliquer mes sentiments, alors elle ajouta pour me rassurer :

- J'essaye de te comprendre et de t'aider.

- Je me sens vide et j'ai peur.

Je me sentis soulagé de le dire, de l'avouer à quelqu'un. J'avais peur. Peur que tout ne recommence, peur qu'on ne découvre mon secret, peur que tout le monde ne soit au courant.

- De quoi as-tu peur ? C'est grave ?

Elle était inquiète. Pour une fois depuis longtemps quelqu'un s'en faisait pour moi.

- J'ai peur que quelqu'un ne découvre tout.

- Tu as fait quelque chose de mal ?


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