14.


Je fermai les yeux en espérant que ce soit un rêve, un horrible cauchemar. Mais ils étaient encore là quand je les rouvris. Ma mère s'habilla précipitamment, l'homme se tourna pour prendre de l'eau au robinet. Je tournai les talons pour ne plus les voir. J'essayai de rejoindre ma chambre le plus rapidement possible, mais je me cognai dans les escaliers. Je me relevai vite, pressé de m'éloigner le plus possible d'eux. Ma mère m'appela plusieurs fois. Je ne me retournai pas. Avant de claquer la porte de ma chambre et de m'y enfermer, j'entendis son amant lui dire : « Il s'est battu. »

Des images remplirent ma tête, celles qui me hantaient nuit et jour, j'aurais aimé les oublier une bonne fois pour toutes. Cela semblait impossible, le film dans ma tête s'empirait et ça devenait impossible. Je criai pour faire sortir toute la douleur et la souffrance emmagasinées pendant tout ce temps. Rien ne changea, c'était toujours douloureux. Je me laissai aller sur le sol de ma chambre, le plancher froid m'accueillit. Je fermai les yeux, essayai de faire le vide dans ma tête. Ce qui fut encore plus dur, alors je pensai aux bons moments, n'importe lesquels. Alice était dans chacun d'eux.

Un matin, avant d'aller en cours, elle avait pris Erick dans ses bras pour lui donner « des forces ». J'avais détourné mon regard pour essayer de cacher ma jalousie. Mais elle était venue vers moi pour m'en faire un aussi. Elle s'était mise sur la pointe des pieds et avait passé ses bras autour de mon cou. Je l'ai accueillie en enroulant mes bras sur sa taille fine et l'ai serrée à mon tour. Elle avait profité pour me chuchoter : « Tu sens divinement bon ! » à l'oreille. J'ai viré au rouge. Ma journée avait été émerveillée par ce simple moment.

Le jour où j'avais coupé mes cheveux, Alice avait passé la journée à me toucher les cheveux. Elle était triste parce qu'elle les adorait longs. Chose que j'ignorais sinon je ne les aurais jamais coupés. Elle avait rajouté que j'étais passé d'adorable à beau. Je n'avais pas compris ce qu'elle voulait dire par là. Je me concentrai sur les souvenirs avec Alice et il fallut peu de temps pour que j'entende sa voix. Elle paraissait réelle. Des pas se firent entendre dans les escaliers et quelqu'un frappa à la porte de ma chambre. Ma mère ne venait jamais dans ma chambre. La personne n'attendit pas ma réponse et entra. Ça ne pouvait être qu'une seule personne. J'étais incapable d'ouvrir les yeux. Les pas se rapprochèrent et je la sentis s'agenouiller près de moi. Quelque chose de froid entra en contact avec ma peau. J'ouvris automatiquement les yeux et ils croisèrent les siens.

Alice !

Elle était là, au-dessus de moi, le rêve avait l'air tellement réel.

- Ta mère m'a demandé de te donner ça. Erick m'a tout raconté.

Elle montra la poche de glace posée sur mon visage et un kit de secours à côté. Ce n'était pas un rêve. Je restai immobile et incapable de lui parler.

Ses doigts vinrent essuyer les coins de mes yeux et mes joues. Je ne compris pas tout de suite qu'elle essuyait mes larmes. Je me relevai aussitôt et me cachai le visage dans mes mains. Alice les écarta et se mit devant moi. J'étais assis, dos contre mon le pied de mon lit et elle, accroupie entre les jambes.

- Tu as le droit de pleurer, tu sais. Chuchota-t-elle.

Elle me caressa les cheveux et ses mains glissèrent sur mon visage. Nos fronts se touchèrent et je sentis son souffle sur moi. Elle s'écarta pour prendre la poche de glace et la posa de nouveau sur mon visage. Nos regards se croisèrent, je l'évitais depuis tout à l'heure.

- Je ne savais pas que tu serais dans cet état, Erick était tout excité de s'être défendu malgré sa sale mine. Je pensais te trouver dans le même état.

Voyant que je ne répondais pas à son monologue, elle continua.

- Tu es en état de choc. Ça doit être l'adrénaline qui est redescendue, tu as eu peur, c'est tout.

J'aurais aimé que ce soit cet évènement qui m'ait mis dans cet état. Elle lut dans mes yeux qu'elle se trompait.

- Il s'est passé quelque chose avec ta mère ? j'ai vu ton père sortir de la maison en colère lorsque je......

- Ce n'est pas mon père.

Cet homme est beaucoup plus jeune que mon père. Alice me regarda avec les yeux ronds, elle s'en voulait d'avoir dit ça.

- Oh ! Excuse-moi, je croyais que...

- C'est son amant.

Je scrutai son visage à la recherche d'une émotion, mais elle ne fit rien paraître. Elle ne fut même pas surprise, au lieu de ça elle se concentra sur mes bleus. Je savais qu'elle réfléchissait et que d'un moment à l'autre elle allait me poser une question à laquelle je ne voudrais pas répondre, alors je la devançai.

- Pourquoi as-tu encore disparu ? Elle se mordit les lèvres pour avoir le temps de répondre.

- C'est compliqué ! Toujours la même réponse.

- Pourquoi es-tu si souvent absente les matins ? Ça aussi c'est compliqué ?

- Oui.

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