A travers les âges

Anniversaire0 –

(Naissance)


Ence vingt trois septembre pluvieux, des pleurs résonnent. Dehors,tout comme à l'intérieur, il fait très froid. Tellement froid quedans les rues du village, se trouve les corps de personnes décédéesà cause du froid glaciaire qui règne dehors. D'habitude, il ne faitpas aussi froid, en septembre. Et personne n'y était grandementpréparé, à cette vague de froid. A croire que le malheur commencedéjà à arriver.

Lespleurs proviennent d'une petite maison. Dans cette maison, il y a unhomme et une femme. La femme vient d'accoucher d'un enfant. Il s'agitde son second et très certainement dernier. Avoir trois enfants estdéconseillés lorsqu'on n'est peu fortuné comme cette famille. Leurpremier enfant est né l'année dernière, le cinq février. Et ilfaisait très doux. Tout le contraire d'aujourd'hui où le deuxièmeenfant nait dans le froid.

Lamère sourit lorsque son mari lui met le nouveau né dans ses bras,bien enroulé dans un morceau de tissu. L'enfant ouvre ses yeuxdifficilement dévoilant des orbes bleues. Le resteront-elles ou bienprendront-elles une autre couleur ? Leur ainé, Gilbert, a lesyeux dorés. De beaux yeux dorés, comme sa mère. Et il a lescheveux noirs de son père. Qu'en sera-t-il de cet enfant ?

« -Comment veux-tu l'appeler ? demande d'une voix douce le père.C'est moi qui avait choisit son prénom, à Gilbert. A toi dechoisir. »

Lamère regarde attentivement son enfant, à la recherche d'un prénomadéquat. Puis, son regard s'illumine lorsqu'elle trouve comment ellesouhaite appeler le bébé qu'elle tient dans ses bras. Un petitsourire attendrie aux lèvres, elle murmure presque :

« -Vince. Son prénom sera Vincent. »



Anniversaire1 –

(1an)


Aujourd'hui,comme la dernière fois, il y a un mauvais temps, dehors. La petitemaison est bien fermée, les volets sont rabbatus et le vents'acharne dessus, comme s'il souhaitait les faire tomber. Mais cettefois-ci, l'ambiance n'est pas au beau fixe, contrairement à l'annéeprécédente. Il y a un enfant qui marche sur ses petites jambes àtravers toute la maison, ses pas encore hésitant. Une femmes'approche d'un berceau, ses longs cheveux blonds rassemblés enqueue basse. Elle se mordille la lèvre inférieur lorsqu'elle voitle deuxième enfant qui ne s'agite pas beaucoup dans son berceau. Lesmains tremblantes, elle l'en sort pour le poser sur le sol, lelaissant ramper par terre. Cet enfant fête aujourd'hui sa premièreannée, mais rien ne change de d'habitude.

Lepère entre dans la pièce. Il voit l'enfant nommé Vincent, croiseson regard et est prit d'un affreux frissonnement qui n'est pas causépar le froid, mais par la peur et le dégoût. En un an, les yeux dubébé ont eu le temps de prendre leur véritable couleur : desyeux vairons. C'est quelque chose de rare et qui est déjà bizarre.Et quand on s'intéresse plus précisément à la couleur, c'estd'autant plus répugnant à voir. L'oeil gauche est tout à faitcomme celui de son frère, d'une belle couleur dorée. Mais ...l'oeil droit, c'est ça qui est effrayant. Il est rouge. Or, il estde renommé que les enfants aux yeux rouges sont mauvais, ils sontmaudits et apportent le malheur.

Audébut, les deux jeunes parents ont tenté de passer en travers de cedétails, d'aimer ce fils qui est leur chair, leur sang. Mais ...C'est impossible. Dès le jour de sa naissance, le malheur s'estabattu sur eux, sur le village. Les enfants aux yeux rouges apportentvéritablement le malheur ! Et rien que l'idée d'aider àgrandir l'un de ces enfants ... les répugnes. Tout ce qu'ils peuventfaire, c'est de s'occuper de cet enfant bizarre et de l'élever dansle secret. Pour l'instant, personne ne sait pour cet ... êtreabjecte qu'ils ont créé. Ils ont dit à tout le village que leurpetit Vincent avait une santé fragile et donc qu'il ne fallait pasle voir. Pour l'instant, ça passe. Ils doivent cacher cet œil rougemaudit du regard de tous.

Est-ceque la naissance d'un enfant maudit ... mérite-t-elle d'êtrecélébrée ? La réponse est non. Certaine pas. Ce seraitsouhaiter la bienvenue au diable !



Anniversaire2 –

(2ans)


« -Maman ? hésite une petite voix. »

Lamère de famille se détourne de la table sur laquelle elle préparele repas du soir. Elle sourit à son fils ainé, s'agenouillantdevant lui afin d'être à sa hauteur. Elle lui prend doucement lesépaules, lui sourit chaleureusement, alors qu'elle demande de savoix la plus douce :

« -Qu'y a-t-il, Gilbert ?

-Qu'est-ce que ça veut dire « rôti » ?

-Rôti ? répète la jeune mère, surprise d'une telle question.Pourquoi demandes-tu cela ?

-Parce que les autres disent que Vincent est rôti. »

L'adulteécarquille ses yeux. Il y a quelques mois, le village a découvertpour ce qu'est Vincent : une abberation. Depuis, beaucoup necessent de le malmener, de tout le temps dire qu'il est maudit. Elleet son mari ont commit l'erreur de laisser errer le bambin dans lesrues. Mais maintenant, elle ne le laisse plus sortir. S'il ne sortpas ... tout devrait bien se passer, n'est-ce pas ? Au bout dedeux ans, ce dégoût qu'elle ressent à l'égard de sa chair et deson sang ne cessent d'augmenter. Son mari ne veut même pluss'approcher de son second fils. Même s'ils l'avaient voulu, ilsn'auraient pas fait de troisième fils, de peur de donner la vie àun nouvel enfant aux iris écarlates.

Lamalchance semble s'enchainer, c'est effrayant.

Maisleur enfant n'a que deux ans, ils ne peuvent l'abandonner. Peut-êtreauraient-ils mieux fait de le tuer à la naissance ? Ainsi, leminimum d'affection qu'ils ressentent pour cette aberration, cetteculpabulité qui vit en eux, auraient été des moindres.

Vincententre à cet instant dans la pièce, une main fermement appuyécontre le mur pour s'empêcher de tomber – il ne marche que depuisun mois. Il hésite, ne sait pas s'il doit parler ou non. Bien qu'iln'ait que deux ans, il a vite comprit que ses parents n'aimaient passpécialement sa présence. Son père refuse de l'approcher et samère évite un maximum de la toucher. Au moins, elle fait encorel'effort de lui parler.

« -Vincent, approche, lui ordonne sa mère, la voix un peu tremblante. »

L'enfants'exécute, s'avançant précautionneusement, jusqu'à arriver devantelle. Puis, sans avertissement, elle serre ses deux enfants dans sesbras, les épaules tremblantes, alors que des larmes coulent de sesyeux.

« -Tout va bien se passer, vous verrez. Oui, tout va bien ... »

C'estce qu'elle murmure. Gilbert serre dans sa main le bras de sa mère,en signe de réconfort, tandis que son cadet ne sait comment réagirface à ce contact inconnu.

Uncâlin ... C'est bien, comme cadeau d'anniversaire, non ?



Anniversaire3 –

(3ans)


Depetites silhouettes s'approchent de la maison, la plus grandesoutenant l'autre, plus petite. On reconnaît aisément celles dedeux très jeunes enfants. Le plus grand ouvre la porte de la maison,la refermant derrière eux. Difficilement, ils vont jusqu'à lacuisine. Lorsqu'ils entrent dans la pièce, Gilbert, que l'onreconnaît facilement grâce à ses cheveux noirs ondulés, sesenvoûtants yeux dorés ainsi que son air déterminé et protecteur,dit à la femme de la maison :

« -Mère, Vince est blessé ! »

Lafemme se tourne sans précipitation vers ses enfants. Son visageexprime un dégoût pur et simple lorsqu'elle pose ses yeux doréssur son plus jeune enfant. Cette aberration.

« -Et alors ? crache-t-elle. Il finira par guérir. »

Depuisquelques mois, c'est devenue une scène familière. Vincent estblessé, alors Gilbert l'aide à rentrer jusqu'à la maison, vientvoir leur génitrice qui le remballe avant de retourner à sesaffaires. En tant que grand frère, Gilbert sait qu'il est de sondevoir de protéger son petit frère, envers et contre tous. Les genspauvres comme eux n'ont aucune raison de vivre, alors ... avoirVincent qui a besoin de lui, cela le réjouit. Même si il souffre.

L'enfantaux cheveux noirs aide son cadet jusqu'à ce qu'ils atteignent lachambre. Il dit à son frère qu'il revient, qu'il va chercher del'eau à la cuisine pour nettoyer ses blessures avant qu'elles nes'infectent. Lorsqu'il revient dans la cuisine, il remarque que leurmère s'est assise sur une chaise. Elle semble fatiguée. Timidement,il s'approche d'elle. Il se triture les doigts avant d'oserdemander :

« -Mère ... Pourquoi Vincent a un œil rouge ?

-Parce qu'il est maudit, répond-elle durement.

-Pourquoi les autres n'arrêtent pas de le malmener ?

-Parce qu'il est maudit. »

Parcequ'il est maudit.

C'estcomme si c'était la réponse a tout. Qui a décidé que les enfantsaux yeux rouges sont maudits ? Parce qu'il y en a si peu ?Pourtant, Vincent n'a jamais rien fait de mal ... Qu'a-t-il pu faire,pour mériter un tel traitement, si ce n'est que naitre avec un œilrouge ? Il l'ignore. Pour lui, en tout cas, son petit frèren'est en rien coupable. Il n'a jamais demandé cet œil rouge.

Gilbertdécide d'aller prendre de l'eau et un chiffon. Puis il retourne dansla chambre qu'il partage avec son petit frère. Avec des gestes doux,il nettoie ses plaies, lui promettant de toujours rester à ses côtéset de toujours le protéger, quoi qu'il arrive.

Parceque c'est ça, être frère, n'est-ce pas ?



Anniversaire4 –

(4ans)


Ilfait nuit noire.

Lamain qui enserre avec force leurs poignets tout en les tirant telledes griffes acérées est douloureuse. Cela fait un moment que lesdeux enfants ont cessé de protester face à l'étrange comportementde leur mère. Ils ont même arrêté de poser des questions surl'endroit où ils se rendent. Il fait tellement sombre ... C'esteffrayant.

Vincentfrémit alors qu'il regarde partout autour de lui. Il ne peut riendiscerner de ce qu'il se passe autour de lui. La salle source delumière, c'est la lampe que tient leur père qui les accompagne. Queva-t-il advenir d'eux, à présent ?

Unepetite source de lumière se fait voir, au loin.

Ilssont emmenés vers là-bas. Plus ils se rapprochent, plus ils peuventvoir la silhouette d'un homme. Ils arrivent devant lui.

« -Comme promis, nous vous les avons emmenés, déclare leur mère d'unevoix froide.

-Montrez-les moi. »

Sansdouceur, la mère des deux frères projettent d'un geste du bras secses deux enfants qui tombent au sol sous la force, lâchant desexclamations douloureuses.

« -Lequel est maudit ? demande l'homme. »

Lafemme désigne Vincent. L'homme se penche vers lui, approchant salanterne de son visage. Il écarte d'une main les mèches de cheveuxqui empêchent la vision de l'oeil droit, révélant un œil rougesang. L'étrange homme se relève et sort de ses vêtements, uneépaisse liasse de billet.

« -Exactement comme vous me l'avez décrit. Je les prends. Ilsattireront beaucoup de spectateur. Les nobles paient cher pour voirne serait-ce qu'une seconde un enfant maudit. »

Pourson quatrième anniversaire, Vincent a été vendu avec son frère àun cirque ambulant.



Anniversaire5 –

(5ans)


Ilfait froid, tellement froid. Les nuages recouvrent tellement le cielqu'on pourrait croire que la nuit commence à tomber. Pourtant, ilfait encore jour. Ce n'est que le milieu de l'après-midi. Depuis ledébut de la journée, des gens ne cessent de passer devant la mêmecage. Dans celle-ci se trouve deux enfants serrés l'un contrel'autre, couvert de vêtements et de couvertures si froides ... Celafait deux jours qu'ils sont dans cette ville. Ils y resteront environdeux semaines, comme d'habitude. Le cirque ambulant auquel leur mèreles a vendu a pour habitude de toujours bougé, ne restant à la mêmeplace pas plus de deux semaines.

Ily a des nobles qui paient pour voir la cage de ces deux enfants.Parce que l'un des deux est maudit. Ils sont comme des monstres defoire, seulement bon à divertir les gens. C'est triste ... C'est àpeine s'ils peuvent savoir quel jour ils sont. Bien sûr, Gilbert neperd pas la notion du temps. A chaque jour qui passe, il ajoute unjour à la date. Bien que ... Ce ne soit pas toujours exact. Il n'ajamais réellement su combien de jour tel ou tel mois avait de jour.Parce que certains en ont trente, d'autre trente-et-un. Alors il y ava un peu au hasard. Par conséquent, ce jour-là, il pense qu'ilssont le dix huit septembre et non pas le vingt trois. Par conséquent,il ignore que ce jour-ci, c'est l'anniversaire de son petit frèrequ'il souhaitera quelques jours plus tard.

Maisne dit-on pas que c'est l'intention qui compte ?



Anniversaire6 –

(6ans)


Cesoir-là n'est pas si différent des autres. La seule différence parrapport à l'année passée est que leur « maitre » aaujourd'hui donné d'affreux coups de fouet à Gilbert à la place deson petit frère. C'est devenu habituelle, à présent. Cela faitquelque temps que le directeur du cirque les fouettes. C'est parceque ces temps-ci, les affaires vont mal et le froid est persistant.Donc l'homme meet les malheurs qui lui arrive sur le dos de l'enfantmaudit qu'il enferme. Parce qu'il est de renommé qu'ils apportent lemalheur. Vincent a, dit-on, apposé sa malédiction sur le cirque etcela déplait grandement au directeur. Alors il le bat. Et Gilbertprend toujours sa défense malgré la douleur déchirante qui doittranspercer son corps de toute part. Son petit frère ne reçoit parconséquent que peu de coups. Mais il en reçoit toujours au moins unseul, lorsque son ainé n'a plus suffisamment de force pours'interposer. Et le soir, en voyant son grand frère en si piteuxétat par sa faute, Vincent pleure dans les bras de Gilbert. Maisencore une fois, il ignore que c'est l'anniversaire de son cadet, cejour-ci, alors il ne le lui souhaite pas. A dire vrai, il a perdu lecompte des jours, en deux ans. Il suppose seulement, grâce au froid,qu'ils sont en hiver et que l'anniversaire de Vincent est déjàpassé depuis longtemps.



Anniversaire7 –

(7ans)


Cetteannée, les affaires sont frusctueuses. Il y a plus de visiteurs quel'an passé. De trop nombreuses personnes ne cessent de défilerdevant la cage, dans un cortège de visages tous plus inconnus lesuns que les autres. Gilbert et Vincent sont toujours enfermés àdouble tour. Ils sont crasseurs, ne recevant un semblant de douchequ'une seule fois par semaine. Un seau d'eau glacé dont le contenuest lancé su eux depuis l'extérieur de leur prison et qui leslaisses toujours frigorifiés pour plusieurs longues heures. Laplupart des visiteurs, si ce ne sont tous, sont des nobles. Desnobles qui les fixent de leurs regards avides comme s'ils n'étaientque des monstres inspirant à la fois la fascinaton, la peur et ledégoût.

C'enest écoeurant !

Etles enfants, face à ces regards insistants, ne peuvent que se sentircomme des bêtes de foire, et en éprouvent de la honte. Alors ils serecroquevillent l'un sur l'autre dans le vain espoir que le tempsdéfile plus rapidement. Malheureusement, comme attendu, le temps neva pas plus vite. Il a même l'air de ralentir !

Quandle soir vient, Gilbert et Vincent sont fouettés sans vergogne parleur acheteur, jusqu'à ce qu'ils finissent sanguinolants, juste pournourrir un plaisir malsain. Simplement parce qu'ils sont des monstreset que les monstres doivent savoir où se trouve leur véritableplace. Qu'il est naturel – et même que cela coule de source – debattre les êtres abjects qu'ils sont.



Anniversaire8 –

(8ans)


« -Grand frère ! Grand frère ! Nous devons rentrer ... S'ilss'aperçoivent que nous nous sommes enfuis, on va avoir desennuis ! »

Cetteannée-là, tout es différent de ces sept dernières années queVincent à vécu à ce jour.

« -On ne peut pas. Tu l'as vu aussi, non ? Des gouttes de lumièressont entrées en moi. Et depuis, j'ai toujours cette impression quequelqu'un m'appelle.

-Mais ... »

Depuisquelques temps, Gilbert ne cesse de répéter la même chose, encoreet encore ... Il dit que depuis que ces étranges lumières sontentrées en lui, il a l'impression tenace qu'on l'appelle, qu'on luiindique un chemin à suivre. Et à force, il avoue sans réel hontequ'il pourrait en devenir complètement fou. Vincent aussi, a eu ceslumières qui sont entrés en lui. Il voit le chemin que lui indiqueles lumières. Sauf que lui, il n'éprouve pas l'envie de les suivreset les ignores tant bien que mal. Pour lui, ce n'est qu'unebizarrerie de plus qui gravite autour de lui, se mêlant auxnombreuses autres.

« -Ne t'inquiète pas. Peu importe ce qui nous arrivera, je seraitoujours là pour te protéger. »

Vincentregarde le visage souriant de son cher et si précieux grand frère,puis la main chaleureuse et encourageante qu'il lui tend. Il attendpatiemment que son cadet la saisisse, un grand sourire aux lèvres.Les larmes noient son regard rouge maudit et doré pur. Une tellecontradiction ...

« -Allez, qu'est-ce que tu attends ? Viens, Vince ! »

Tremblant,il saisit sans hésitation la main que lui tend son ainé.

Vincentignore pourquoi Gil veut suivre ces lumières ... Lui, tout ce qu'ilressent lorsqu'il les voit, c'est un étrange et insistant sentimentde malaise. Il a l'impression que là où les flocons de lumière lesguident, c'est vers l'endroit qui les mènera à leur perte.Cependant ... Si son grand frère veut y aller, alors il n'a d'autreschoix que d'accepter. Parce qu'il l'aime pour tout ce qu'il a faitpour lui à ce jour.

Est-ceque là où ils se rendent ... Gil nii-san sera heureux ?



Anniversaire9 –

(9ans)


Celafait déjà un an.

Unan qu'ils voyagent de ville en ville, toujours en suivant ce cheminde lumière dorée qu'eux seuls peuvent voir.

Vincent... est surnommé « la cause du malheur », parce qu'il aun œil rouge.

Ceuxqui ont les yeux rouges apportent le malheur.

Lesgens répètent cela et ne cessent de le malmener. Gilbert et Vincentpassent leur temps à se cacher, et errent dans les rues à cause del'oeil du plus jeune, tout en continuant leur avancé. Ils surviventen volant. Et ... Gilbert ne cesse jamais de le protéger des coupsqui lui sont destinés. Souvent, très souvent ... Il essaye del'abandonner. Mais il ne peut jamais le laisser-là alors qu'il faitsemblant de dormir. Gilbert n'a jamais pu se résoudre à abandonnerson petit frère. Il ne repoussera jamais ... ses bras quis'accrochent à lui.

Cejour-là ... Ils sont battus par des gens de Sablier, la capitale.Après un an de voyage, ils sont arrivés jusqu'ici. Ils sont toutprès de leur but ! Et pourtant ... Sous ces coups que les deuxenfants reçoivent ... leurs vies ne semblent plus tenir qu'à unfil. Gilbert est déjà inconsicent et pourtant, on continue à lefrapper tandis que Vincent maintient ses yeux ouverts quedifficilement. Il pourrait mourir ... si facilement.

« -Hé ! Qu'est-ce que vous faites ?! »

C'estla voix d'un homme alarmé. Il semble à Vincent que la personne quivient d'intervenir approche. Il lui semble tout autant que c'est unnoble, à en croire les tissus volant au gré du vent qu'il peutentendre. De longs cheveux blonds tressés s'agitent sous son nez.

Quelqu'unvient les sauver de cette situation ?

Impossible.

Cethomme n'a-til pa encore remarqué son œil rouge ?

Ilva rapidement déchanter.

Etpourtant ... Plusieurs heures plus tard, ce noble étrange – JackVessalius – a soigné les deux enfants des rues qu'ils sont et ilvient tout juste, en plus, de lui couper ses cheveux blonds, àprésent courts.

« -Alors Vincent . Tu es plus propre à présent, non ?

-... Avec les cheveux courts, mon œil rouge n'est plus caché ...

-C'est bon, tu n'as plus besoin de le cacher !

-Mais ...

-Ecoute bien Vincent, dit Jack en serrant avec douceur sa tête entreses mains. Tu ne dois pas prêté attention à ce que disent lesautres. Tu dois juste te rappeler que j'adore ton œil rouge ! »

Pourson neuvième anniversaire, Vincent a reçu un endroit chaud oùvivre. Des gens accueillants. Un endroit où Gil n'aura plus àsouffrir pour le protéger. Comme dans un rêve ... Un rêvetellement éphémère. Parce que le lendemain même, ils sont emmenésdans un autre grand manoir.

Celuide la famille Baskerville.



Anniversaire10 –

(10ans)


Celafait tout juste un an que Gilbert et Vincent sont arrivés au manoirde la famille Baskerville. Un an que le plus âgé est devenu levalet de Glen Baskerville, le chef de cette grande famille où aucundes membres n'est relié par des liens de sang. La vie qu'ils mènentest paisible. Pourtant ... Ils ne peuvent oublier le passé. Etcertainement pas Vincent. Parce que c'est à cause de lui, si songrand frère a autant enduré.

« -Joyeux anniversaire, Vince ! s'exclame Gil en souriant, arrivantdevant lui.

-Pourquoi dis-tu cela, Gil nii-san ? marmonne le blond.

-Parce que c'est le jour de ta naissance.

-Ce n'est pas quelque chose à fêter ! s'exclame Vince. A causede cet œil rouge ... A cause de moi ... Tu as trop souffert. Alorsle jour de ma naissance n'est certainement pas quelque chose qu'ilfaut fêter !

-Vince ... Je suis heureux que tu sois toujours à mes côtés, souritle brun en saisissant son petit frère par les épaules. Je nelaisserai personne condamner mon propre frère. Alors Vince ...Célébrons le jour de ta venue en ce monde, car le miracle de la vieest la plus belle chose qui puisse arriver.

-... Autrefois ... l'Abysse était un endroit baigné de lumièredorée. A présent, ce n'est plus qu'un endroit sombre. Est-ce quel'inverse est possible ? Est-ce que l'Abysse pourra un jourredevenir cet endroit brillant de lumière ?

-Si c'est le cas, sourit Gil, alors toi aussi, tu peux devenir rempliede lumière. »

Sondixième anniversaire était les prémices du malheur qu'ilattirerait. L'innocence finit toujours par se perdre, que ce soit tôtou tard.



Anniversaire11 –

(11ans)


Lebruit du tissu qui se fait couper, déchirer, résonne dans toute lavaste pièce baignée d'obscurité. La lune resplendit dans le ciel,illuminant à travers les grandes baies vitrées la pièce, bien quetrès faiblement. Une chaise est posée juste à côté de la fenêtresur laquelle est assise une petite silhouette enfantine. Il s'agit decelle de Vincent, occupé à détruire une peluche consciencieusementà l'aide d'une grande paire de ciseaux. La mousse se répnd sur lesol, alors que le bruit se fait toujours plus fort, les mouvementsplus rapide, faisant résonner les sentiments du jeune garçon.

Aujourd'hui,c'est son anniversaire. Et en toute honnêteté, il ne sait pasvraiment quel âge il a. En suivant les années qu'il a vécu à cejour, il a onze ans, mais si on se fie à sa date de naissance, ilest encore plus vieux. Alors ... quel âge a-t-il réellement ?Onze ans, peut-être. Oui, c'est son onzième anniversaire qu'il vit.Donc il a onze ans.

Ilse lève et pose sur sa chaise la peluche déchiquetée ainsi que sapaire de ciseaux. Puis, il se dirige vers la porte et quitte sachambre. Les chandeliers des couloirs sont allumés mais il n'y a pasle moindre bruit dans le manoir. La famille Nightray, de ce qu'il apu en constater, est assez silencieuse.

Ily a quelques mois de cela, il a été retrouvé devant la porte del'Abysse qui a été confié à cette famille après l'évènementqui fut appelé « la Tragédie de Sablier ». La ville aété entièrement engloutit par l'Abysse. Et ça, il ne peuts'empêcher de penser que tout ce qui est arrivé était de sa fauteà lui. Parce qu'il s'est laissé si facilement manipulé par cettefemme. Miranda Barma, s'il a bonne mémoire.

Vincents'avance dans les couloirs du manoir.

Dorénavant,il est connu sous le nom de Vincent Nightray. Ce nom ne lui va pas simal ... Qui aurait pensé que ce garçon mal enbouché qui apporte lemalheur partout où il passe ... deviendrait un noble de haut rang ?L'ironie de la situation ne manque jamais de le faire sourire. Aprésent, ce qu'il doit faire est très simple : Il doitretrouver son grand frère. Depuis qu'il est arrivé, il fait sesrecherches.

L'enfantcontinue son avancé dans les inombrables couloirs jusqu'à arrivé àdes escaliers qui mènent au sous-sol de la maison. Il s'arrêtedevant ceux-ci. Il hésite, mordille sa lèvre inférieur jusqu'ausang. Juste en bas ... se trouve l'une de cinq portes de l'Abysse. Il... a peut de se retrouver à nouveau devant l'un de ces passages quiconduit vers l'Abysse. Et si ... Et si la Tragédie de Sablier sereproduisait ? Cela l'effraie. Il n'est pas encore prêt àfaire face au passé. Il n'est pas encore prêt à approcher quoi quece soit qui soit en lien avec l'Abysse ou même Sablier. Letraumatisme laissé est trop profond et la plaie saigne encore.

Ilaurait préféré ... tout oublier.

Cependant,il n'a en aucun cas le droit d'oublier tous les crimes qu'il acommis. En aucun cas !

Ilrevoit défiler dans sa tête toutes les images de Sablier, tout cequ'il aurait voulu oublier. Pressant ses mains de chaque côté de satête, il tombe à genou sur le sol alors qu'il commence à avoirmal. C'est douloureux. Tellement douloureux ... de se souvenir de cequ'il s'est passé il y a de cela cent ans. Il ne veut pas. Il n'en apas envie !

Savision commence à s'obscurcir et sa conscience vacille.

Gilnii-san ... Reviens vite.

C'estcomme cela que plusieurs heures plus tard, un serviteur retrouveVincent Nightray évanouit devant les escaliers qui mènent ausous-sol.



Anniversaire12 –

(12ans)


Unenouvelle année vient de s'écouler. Celle-ci était longue. Vraimentlongue. Dans quelques mois, cela fera deux ans qu'il est apparudevant la porte de l'Abysse de la famille Nightray et qu'il a étéadopté par cette même famille.

Ilveut voir son grand frère ... Il a besoin de s'assurer qu'il vabien, qu'il n'est pas resté dans l'Abysse. Et si il était restédans l'Abysse ? Cette pensée l'horrifie. Et si ... Et s'ilétait devenu une chain, parce qu'il est resté trop longtempslà-bas ?! Vincent a besoin de s'assurer de ce fait. Sansréfléchir, il se lève de son lit et marche jusqu'à cet escalierdevant lequel il s'est évanouit l'an passé. Déglutissant, ilcommence à descendre les marches, une chandelle dans sa mainlégèrement tremblante. Au bout de plusieurs longues minutes, ilpeut voir une forte luminosité. Il arrive alors devant la fameuseporte.

Ilsent ses jambes trembler à cause de la peur qui l'assaille. Il doitse montrer courageux. Si ce n'est pas aujourd'hui ni dans les moisqui vont suivre, alors ce sera dans plusieurs années, qu'il devraaccompagner son grand frère jusqu'ici afin qu'il passe un pacte avecRaven. C'est son destin, de faire ce contract. Il suffit d'avoirentendu le nombre de contractant que cette chain a refusé. C'estparce qu'elle est liée à Gil depuis plus de cent ans !

Lentement,il s'avance vers la porte, toujours hésitant.

Non.

C'esttrop dur.

Iln'arrive pas à s'approcher de cette porte à moins de trente mètres.C'est impossible qu'il puisse combler cet écart.

Songrand frère ... est forcément sortit de l'Abysse. Il a provoquécette Alice aux cheveux blancs exprès pour qu'elle les éjectes tousau même moment. Certes, il est arrivé cent ans plus tard, mais ...Gil est forcément sortit, non ? Après tout, cet homme auxlongs cheveux blancs et à l'oeil rouge qui était présent à cemoment-là est arrivé à la même époque que lui. Et il n'avait pasl'air d'avoir changé.

Oui.

Gilest forcément quelque part dans ce monde.

Forcément.

Ildoit s'armer de patience en attendant leurs retrouvailles.

Revoirson grand frère qu'il aime tant ... serait le plus fabuleux descadeaux d'anniversaire qui lui serait donné d'avoir.



Anniversaire13 –

(13ans)


Malgréle fait que cette année il fête son treizième anniversaire,Vincent n'a pas l'air d'être un enfant de plus de dix ans, même enétant indulgent. Comme il a passé plus de cent ans dans l'Abysse,est-ce que son corps s'est lui-même déréglé, faisant qu'ilvieillisse plus lentement ? L'Abysse est un endroit où latemporalité se distord, où un viellard peut redevenir un enfant enune fraction de seconde. Donc cette hypothèse sur son corps quiviellit lentement est tout à fait plausible. Il faudrait qu'il yréfléchisse plus en profondeur ...

Celafait presque trois ans qu'il vit chez les Nightray et à ce jour, iln'a toujours aucune nouvelle de son grand frère bien aimé. Ilattend toujours qu'ils soient à nouveau réunit. Ce jour finira bienpar arrivé. Dans quelques mois, quelques années ... qu'importe !Ils se retrouveront, il le sait.

Doncil ne perd pas espoir.

Est-ceque de là où il est, Gilbert le cherche lui aussi ? Ou bien seréjouit-il de leur séparation ? Après tout, sans lui,n'aurait-il pas été libre dès le début ?



Anniversaire14 –

(14ans)


Cetteannée, il n'y a rien de particulier à signaler. Si ce n'est ...cette haine intenable que les autres Nightray ne manquent pasd'exprimer lorsqu'ils croisent Vincent dans un couloir. Ce sontgénéralement des regards en coin. Au début, ils malmenaient un peul'enfant sans défense qu'il était, mais ... Ils ont arrêtélorsqu'ils sont tombés sur sa passion : la décapitation depeluche. Et puis ... C'est ennuyant de voir que chaque coup qu'on luiporte ne lui fait ni chaud ni froid. Par le passé, il en a connu despires, en vivant cette vie d'enfant maudit avec son grand frère.

Ici,il n'est que le vulgaire enfant recueillit puis adopter par le ducNightray par pitié, alors que la vérité est toute autre. Si le ducsait qu'il vient du passé, il ignore complètement que depuis sanaissance, il est fortement lié à l'Abysse et qu'à cause de ça,il sème le malheur sur son passage. C'est une chance pour eux quepour l'instant, rien de très grave ne soit encore arrivé.Cependant, ça ne saurait tarder.

Illui semble avoir entendu que le petit Elliot, le dernier né de lafamille et qui est âgé de trois ans, a attrapé un assez mauvaisvirus ...



Anniversaire15 –

(15ans)


Vincentest décidé.

Ilest temps pour lui de faire face à une partie de son passé. Il doitaffronter cette peur panique qu'il a de la porte de l'Abysse. Par lepassé, son Gil a souvent prit les coups pour lui, bien trop. Depuisqu'ils ont été sauvé par Jack, il ne souhaite qu'une chose :protéger à son tour son grand frère de ses propres mains. Il neveut pas le perdre. Et si plus tard il souhaite le protéger, ildevra forcément faire un contrat avec une chain. Il devra allerdevant une porte de l'Abysse, tout simplement. Et non seulement allédevant, mais aussi la toucher.

Latoucher et en plus, prendre le risque qu'elle s'ouvre et provoque unenouvelle tragédie.

Fébrile,il arrive devant la porte de l'Abysse de la famille Nightray. Commela dernière fois qu'il s'y est rendu, il est toujours aussitremblant. C'est un gros traumatisme qu'il a subit. Et il est certainque jamais il ne pourra retourner à Sablier. Ça, c'est impossiblepour lui.

Vincentne parvient pas à s'approcher de la porte. Au lieu de cela, ils'enfuit presque en courant. C'est vraiment trop dur. Il ne peut pasfaire cela. C'est impossible !

Ilne veut plus ... se retrouver face à cette vision cauchemardesque.

Plusjamais.



Anniversaire16 –

(16ans)


Uneservante est venu chercher Vincent Nightray dans sa chambre pour luiqu'il y avait un visiteur pour lui. Un fait rare. Ce visiteurl'attend dans un des salons du manoir. Il s'y rend de ce pas,maudissant mentalement ce gamin qui est encore en train del'espionner avec un manque total de discrétion. Pourquoi Elliotl'observe-t-il ainsi ? C'est affreusement désagréable.Heureusement que cela n'arrive que quelque fois autrement ses nerfsauraient craqué depuis longtemps déjà !

Ilarrive devant la porte du salon où l'attend ce mystérieur visiteur.

Ilouvre la porte et entre dans la pièce, prenant le soin de refermerla porte après son passage. Quelle n'est pas sa surprise de voirinstallé sur l'un des fauteuils de la pièce ... un homme aux courtscheveux blancs dont une mèche cache l'oeil droite, laissantparfaitement découvert le droit qui est aussi rouge que le sien. Ilest vêtu d'un élégant costume et tient dans sa main une canne.

L'hommequ'il a croisé dans l'Abysse et celui auquel il a demandé deprévenir la maison Nightray s'il trouvait son grand frère. C'estaussi le valet de Sharon Rainsworth, s'il a bonne mémoire. Posé surla table devant lui, un dossier. Vincent s'approche prudemment del'homme. Il connait parfaitement la principale raison pour laquelleles personnes sont envoyées dans l'Abysse. Il est obligé qu'il aitété un contractant illégal par le passé. Sans compter qu'il aentendu parler de cette histoire comme quoi cet homme est le meilleurcombattant de Pandora grâce à son talent à l'épée, mais aussipour la chain avec laquelle il a passé un contrat légal.

MadHatter.

Lachain qui peut détruire les autres chains. Et les Baskerville sontplus comme des chains, dans un sens. C'est pourquoi il préfèrerester méfiant.

« -Bien le bonjour, Messire Vincent Nightray, salue gaiement l'homme ense levant pour faire une révérence un brin moqueuse. Nous n'avonsguère est le temps de nous présenter lors de notre dernièrerencontre. Enchanté, mon nom est Xerxes Break et je suis un fidèleserviteur de la famille Rainsworth.

-... Est-ce ton véritable nom ou bien est-ce un faux, Mr leChapelier ? demande innocement Vincent. »

L'oeilrouge s'écarquille légèrement avant de devenir plus dur. Il a viséjuste, il semblerait. Ce n'est pas le vrai nom de cet homme. Rien debien surprenant.

« -La raison de ta venue ? Je doute que tu n'ais que cela à faireque de venir me rendre visite. »

L'albinoss'empare du dossier posé sur la table et vient le donner à l'enfantque le prend dans ses mains pour l'ouvrir. Il écarquille s yeux envoyant de quoi il est question.

« -Lors de notre dernière rencontre, vous m'avez dit de vous prévenirsi je trouvais un garçon ressemblant à la description que vousm'avez faite. »

Jesuis à la recherche de mon grand frère, personne ne sait où il setrouve. Il a les cheveux noirs et les yeux dorés. Il a un an de plusque moi. Son nom est Gilbert. Si tu croises quelqu'un qui luiressemble, pourrais-tu le diriger vers la maison Nightray ?

Alorsil s'en est souvenu.

Ilprend entre ses doigts fin une photographie présente dans ledossier. Elle reprensente bel et bien un enfant aux cheveux noirs etaux yeux dorés. Mais même sans ces détails, il l'aurait reconnuentre mille. Parce que c'est son précieux grand frère.

« -Ce jeune homme a été retrouvé il y a presque cinq ans devant laporte de l'Abysse de la maison Vessalius. Son nom est Gilbert. Il estdevenu le serviteur du jeune Oz Vessalius.

-Son serviteur ... murmure Vincent. Quelle ironie ... »

Levoilà de nouveau serviteur, mais cette fois-ci, celui du descendantde leur sauveur. Vraiment ... Y a-t-il un sens à tout cela ? Leconnaissant, il voudra rester aux côtés de son maitre. Cetteloyauté que Jury lui a rentré dans le cerveau, elle vaut bien plusque son petit frère lui-même.

« -C'est lui, dit-il en direction de l'homme en face de lui. Maintenantje sais ... qu'il n'y a presque plus aucune chance pour qu'il sedirige vers la maison Nightray. A moins qu'un certain événement nese produise, il primera avant toute autre chose sa loyauté enversson maitre.

-Hé bien dans ce cas, il ne vous reste plus qu'à espérer que cesoit le cas. Sur ce, je vais me retirer, à présent que ma missionest accomplit. »

Ilse dirige vers une armoire dans un coin de la pièce, y entre etreferme la porte sur lui. Surprit, Vincent va jusqu'à cette armoirequ'il ouvre pour constater ... qu'il n'y a personne dedans. Il pouffeen secouant la tête.

UnChapelier Fou, définitivement.

Bien.

Aprésent qu'il sait où est son grand frère, tout devrait commencerà aller pour le mieux. Bientôt, très bientôt, ils seretrouveront. Il en a l'impression.



Anniversaire17 –

(13ans)


« -Dis, Gil nii-san ... »

Ungarçon aux cheveux noirs ondulés lève son regard du livre qu'iltient entre ses mains pour observer le garçon qui vient de l'appelerà savoir : son petit frère. Vincent. Il commence petit àpetit à s'habituer à cette appelation de « grand frère ».Et dire qu'il avait même oublier qu'il avait un frère ... Pour êtrehonnête, il n'aime pas trop être à ses côtés. Il a peur qu'en lefaisant, sa mémoire ne lui revienne. Toutefois ... Cet homme, XerxesBreak, lui a dit de se servir de tout ce qui pourrait lui êtreutile. Et Vincent l'adore tellement – sans qu'il ne comprennepourquoi – qu'il pourrait faire n'importe quoi pour lui. Cela s'estdémontré il y a à peine quelques mois, lorsqu'il l'a conduitjusqu'à la porte de l'Abysse que garde Raven.

Vincentse tient à quelques mètres de lui, debout, un livre à la mainqu'il vient de prendre.

« -Qu'y a-t-il, Vincent ?

-J'aimerai savoir ... Quel âge as-tu ?

-... Quatorze ans ? répond Gilbert en fronçant les sourcils. »

Saréponse sonne plus comme une interrogation. En toute honnêteté, ilne comprend absolument pas d'où sort cette question. Il ne faisaitrien qui puisse faire que la conversation tourne vers un tel sujet.Vraiment ... Son petit frère est étrange.

« -Vraiment ? Alors dans ce cas, j'ai treize ans.

-Tu décides ça comme ça ? s'étonne Gil.

-Oui. Parce que j'ai un an de moins que toi. Oh ! Il faut avertirle duc.

-Le ... duc ? répète Gil, surprit. Mais de quoi parles-tu ?

-Le cinq février, tu auras quinze ans. Et quand un noble à quinzeans, on organise une cérémonie de passage à l'âge adulte. Jepensais que tu le savais, Gil nii-san, après ces évènements...

-Comment connais-tu ma date de naissance ? C'est maitre Oz qui mel'a donné quand il a apprit que je ne m'en souvenais plus !

-Vraiment ? C'est amusant que ce soit tombé sur le même jour,alors, rit doucement Vincent. »

Ilvient s'asseoir en face de Gilbert et lui offre son sourire douxqu'il ne réserve qu'à son grand frère adoré.

Aprèsquelques minutes de silence, Gilbert demande :

« -Et toi Vincent, tu es né quand ?

-Moi ? répète le blond avec un petit air surpris. »

Unpetit sourire apparaît sur ses lèvres. Son grand frères'intéresse-t-il à lui ? Ce serait formidable, si c'était lecas.

« -Hé bien ... C'est aujourd'hui ; le vingt trois septembre.

-V ... Vraiment ?! s'exclame Gilbert. Je ... Je l'ignorais !

-Ce n'est pas grave, le rassure Vincent. Je n'ai jamais aimé lecélébrer ... »

Parceque cela ne cesse de lui rappeler que sans lui, son frère ainéaurait été bien plus heureux. Il se retient de dire cela, bienentendu.

Gilobserve quelques secondes son frère avec attention. C'est rare qu'ilait cette expression nostalgique. Mais quand elle est présente, iln'a pas cette impression que Vincent lui cache quelque chose.

Ilsourit doucement.

Lachaise de Gilbert racle sur le sol tandis que l'adolescent vient semettre devant Vincent. Il hésite l'espace d'une seconde avant deposer sa main sur les cheveux de Vincent et de les ébouriffés avecun air attendrit.

« -L'année prochaine, je t'offrirai un cadeau. C'est promis.

-Ne te force pas, Gil nii-san ... marmonne le blond en rougissant trèslégèrement. Rester à mes côtés est le meilleur cadeau que tupuisses me faire. »

Gilbertprend quelques couleurs en entendant cela. Pourquoi son petit frèredoit-il toujours se comporter ainsi ? Comme si être à sescôtés était la plus belle chose qui puisse lui arriver dans la vie...



Anniversaire18 –

(14ans)


« -Où est-ce que tu vas, Gilbert ? »

Gilbertlance un regard attendrit en direction de Elliot qui le suit depuisdéjà dix minutes dans les couloirs du manoir, curieux de savoirpourquoi son frère adoptif s'agite ainsi depuis qu'il est réveillé.

« -Je vais voir Vincent, répond le noireau.

-Pourquoi ? »

L'adolescents'arrête de marcher. Il se retourne vers Elliot, s'agenouille devantlui en posant une main sur son épaule avant de lui dire :

« -Aujourd'hui c'est son anniversaire. Comme je ne l'ai encore jamais vuquitté le manoir, j'ai pensé que ce serait une bonne idée de lefaire sortir un peu.

-C'est l'anniversaire de Vincent ? s'étonne l'enfant.

-Tu l'ignorais ? Il a quatorze ans, aujourd'hui. C'est l'âgequ'il s'est donné l'année dernière, pour avoir un an de moins quemoi ...

-Il n'en parle jamais. En plus, avant que tu n'arrives, il étaittoujours tout seul. Mais tu es sûr que c'est une bonne idée del'emmener dehors ? Il ne va peut-être pas apprécier ...

-Je ne sais pas. C'est pourquoi je tente. Je ne sais pas vraiment cequ'il aime, ni ce qu'il déteste. »

Surce, il reprend son chemin, abandonnant Elliot là. Lorsqu'il arrivedevant la porte de chambre de son frère, il frappe timidement àcelle-ci avant d'entrer pour découvrir son petit frère à peineréveillé.

« -Gil nii-san ? murmure-t-il en frottant son œil droit, alorsqu'il lance un regard noir vers la fenêtre.

-Je t'ai réveillé ?

-Non ... Est-ce que tu voulais quelque chose ?

-Oui. Habille toi chaudement, Vince. Nous sortons pour la journée

-Où est-ce qu'on va ?

-A Réveil ! »

Vincentlance un étrange regard à son grand frère, l'air de se demander cequ'il ne va pas chez lui. Il se lève tout de même pour se dirigervers la pile de vêtements qu'on lui a préparé – fermant lesrideaux de la pièce au passage.

« -Je suis prêt dans cinq minutes. »

Gilberthoche la tête avant de quitter la pièce pour attendre Vincentdevant la porte de celle-ci. Comme dit, il ressort de la piècequelques minutes plus tard, prêt à sortir. Ensemble ils quittent lemanoir, utilisant un fiacre qui les attends devant. Ils montentdedans et prennent la direction de la capitale qui se situe non loin.

Alorsque le paysage défile sous leurs yeux à travers la fenêtre dufiacre, Vincent sent ses mains trembler. Il serre les poings afin quecela ne se voit pas.

Unecapitale ...

Celalui rappelle trop fortement Sablier.

Quece soit la tragédie qu'il a causé ou bien ... Cette annéed'errance avec son grand frère, à se faire maltraiter à cause deson œil rouge maudit. Après avoir été recueillit par Jack, il n'aplus jamais été en ville. Pas même cent ans après ces évènements.Bien qu'il sache parfaitement que la condition des enfants aux yeuxrouges s'est améliorée avec le temps, il a toujours aussi peurd'être malmené.

« -Vincent ? Tout va bien ? »

Vincenttourne son regard vers Gilbert qui le regarde d'un air soucieux. Il atrès bien vu le visage du blond palir.

« -Je vais bien, Gil nii-san. J'ai juste ... pensé à quelque chose dedésagréable.

-Alors n'y pense plus, Vincent. Aujourd'hui c'est ton anniversaire. Ilfaut que tu en profites. »

Vincenthoche lentement la tête.

Ace moment-là, le fiacre s'arrête. Le cochet vient ouvrir la porteet les aides à sortir.

« -Je viendrai vous chercher à dix-sept heure, dit-il.

-Ce sera parfait, merci. »

Instinctivement,dans un vieux reflexe, Vincent se cache derrière son grand frère,s'aggripant à l'un de ses bras, les mains toutes tremblantes.

« -Vincent ? Tu ... Tu es sûr que ça va ?

-Je ... Je n'aime pas les villes ... Surtout quand il y a autant demonde.

-On peut rentrer, si cela te dérange autant. »

Gilbertignore pourquoi, mais il a l'impression qu'il est préférable des'en aller et ce, très rapidement. Il a beau faire un effort pour lecacher, Vincent est actuellement terrifié. D'habitude, il n'aime pasquand son cadet s'agrippe ainsi à lui, mais là ... Il le laissefaire. Cela à l'air de tellement le rassurer, à l'heure actuelle.

« -Non ! Non ... Je crois que ça va aller ... Allons-y.

-... Comme tu voudras. »

Ilss'avancent dans les rues de Reveil. Vincent à l'horrible impressionque tous les regards sont tournés vers lui, que tous voient son œilmaudit. Il lui semble même entendre : « La cause dumalheur ! ». Mais tout ça, il se l'imagine. Parce qu'envrai, personne ne les regardes. Par habitude, il a baissé la tête.Mais ses cheveux ne cachent pas trop son œil rouge, bien qu'un peu,tout de même. Et Gilbert, face à la peur que ressent Vincent, sesurprend à s'inquiéter pour lui. Pourtant, il ne devrait pass'étonner que ce soit le cas. C'est normal de s'inquiéter pour sonpetit frère !

Duranttoutes la journée, Gilbert traine son petit frère dans les ruespavées de la capitale, l'empêchant ainsi de ce fait de tropangoissé. Toute la ville et ses magasins semblent y passer et c'estvraiment très agréable, comme promenade. Pour la première fois,Gilbert est heureux de passer du temps avec son cadet et il ne pensemême pas à ses inombrables souvenirs oubliés. A cet instant, ilsne sont plus que Gilbert et Vincent, deux frères qui passent un peude temps ensemble.

« -Grand frère ! Allons voir là-bas, j'aimerai voir la place. »

Gilhoche la tête, rassuré que son petit frère propose d'aller à unendroit. Le grand sourire joyeux et sincère qu'il affiche lui donneun baume au cœur.

Lesoir, ils sont de retour au manoir. Gilbert raccompagne Vincentjusqu'à sa chambre, restant avec lui jusqu'à ce qu'il s'endorme.Avant de s'endormit, le blond dit doucement :

« -Merci, Gil nii-san pour cette journée ... »



Anniversaire19 –

(15ans)


Ily a plusieurs servantes réunis dans la même pièce, toutes en trainde s'agiter autour d'une même personne : Vincent Nightray. Il yen a une qui s'occupe d'attacher soigneusement ses cheveux, utilisantd'inombrables pinces pour dompter les mèches blondes un peu troprebelles, d'autres qui s'occupent d'ajuster sa tenue avec grand soin... C'est à peine si l'adolescent peut respirer, à cause de toutecette agitation.

S'ilest autant entouré aujourd'hui, c'est parce qu'un événementimportant va se dérouler. En effet, aujourd'hui à lieux uneréception, et pas n'importe laquelle : il s'agit de sacérémonie de passage à l'âge adulte. Il a quinze ans,aujourd'hui. Et tous les jeunes nobles doivent passer par cette étapeun jour où l'autre. Faire ses débuts en société, autrement dit.La fête promet d'être grandiose, comme c'est une fête en l'honneurd'un membre des quatre grandes familles ducales du pays. Et celapromet également d'être terriblement ennuyant ...

Lesservantes s'éloignent de lui pour contempler leur œuvre avant dedéclarer qu'il est parfait. Il est à présent l'heure pour lui d'yaller.


Ilarrive devant les grandes portes de la salle de réception. Lesgardes les ouvrent en grand pour le laisser passer. Ses vêtementsvolant derrière lui, Vincent entre à l'intérieur de la grandesalle où de nombreux invités sont déjà présents. Presqueimédiatement, il répère son frère ainé appuyé contre un mur,très peu à l'aise à ce genre d'évènements.

Souriant,il s'approche de lui.

« -Grand frère !

-Ah ... Vince. Te voilà. Tiens ? Tu as mit des pinces ?s'étonne Gil. »

Ilapproche sa main d'une mèche de cheveux blondes qui n'est pasépinglée, la faisant glissant sur ses doigts.

« -Ils étaient trop ébouriffés avec un ruban, se justifie le blond.Pourquoi ? Ça ne me va pas ? »

Pouraccompagner ses dires, il se met à tourner sur lui-même, laissantson ainé admirer sa tenue qui vole au gré du vent. Avec des cheveuxplus longs, le spectacle serait d'autant plus époustoufflant, selonGilbert.

« -Tu penses ? »

Lebrun rougit en constatant qu'il vient de faire la remarque à hautevoix.

« -Ce ... Ce n'est pas ... ! Enfin, je ...

-Merci, Gil nii-san. Je pensais justement ... à les laisserpousser. »

Presqueinconsciemment, il met sa main gantée sur son œil droit maudit avecune expression à la fois amer et pleine de mélancolie.

« -Et si on allait saluer les invités ?

-Quoi ?

-Viens, Gil ! »

Etsans pouvoir rien y faire, le pauvre Gilbert Nightray se retrouvetrainé à travers toute la pièce par son frère qui, mine de rien,est plutôt fort. Ils rencontrent de ce fait un certain Reim Lunettesqui représente le duc Barma qui, malheureusement, n'a pas pu sejoindre aux festivités. Vincent fait aussi la rencontre d'OscarVessalius. En le voyant de loin, Gilbert s'est littéralement enfuiten courant.

« -Comment se porte Gilbert ? se renseigne Oscar auprès deVincent.

-A merveilles, sourit l'adolescent. Mais je crois qu'il culpabilise unpeu ... »

Iljette un regard vers un coin de la pièce où son frère est en trainde discuter avec Xerxes Break, qui accompagne Sharon Rainsworth. Elleaussi ne peut que très peu se montrer en société. Cela fait deuxans qu'elle a fait un contrat avec sa chain et tout comme son valet,son corps à cessé de vieillir. Sa cérémonie de passage à l'âgeadulte, il y a quelques mois, a été compliqué à organiser, de cequ'on raconte.

« -Et vous, des nouvelles de votre neveu – Oz ? Cela fait deuxans depuis ce malheureux incident. »

Biensûr, le cas Oz Vessalius ne préoccupe en aucun cas Vincent. Car sonretour signifie dire au revoir à son très cher grand frère.

« -Non, aucune. A dire vrai, il serait étonnant qu'il parvienne à ensortir. Pour tous, il est considéré comme décédé. »


« -Par cette épée baptismale, toutes les impuretées serontnettoyés. »

Ça,Vincent en doute fortement. Cela se voit, que le duc Nightray neconnait pas sa position d'enfant maudit qui sème le malheur partoutoù il passe. L'ironie le fait par contre doucement sourire.

Agenouillédevant le duc Nightray, celui met l'épée sur son épaule gauche,puis son épaule droite tout en récitant son petit discours. Celafait, il se lève puis prononce son sermen, comme on lui a dit de lefaire.

« -Jusqu'au jour où mon cœur s'affaiblira et que mon pouls cesserad'exister. Je protégerai continuellement le nom de la familleNightray. »

S'ilsveulent que son cœur cesse de battre, ils vont devoir attendre auminimum deux siècles ! Il est un Baskerville, il ne veillirajamais comme les humains. Un jour, il finira en particule doré aprèsque son corps se soit fissuré comme un morceau de verre. Ce sera ça,sa fin.

« -Et maintenant je fais le sermen pour cette Terre ... et pour mes amisde servir dignement le pays. »

Lorsqu'ilse relève, il lance un sourire à Gil qui vient poser sur sesépaules lorsqu'il se relève, la robe.

Ainsis'achève cette cérémonie.

Cejour-là, Vincent vient d'avoir quinze ans et il est heureux d'êtreaux côtés de Gil.



Anniversaire20 –

(16ans)


Iln'y a que peu d'élèves dans les couloirs de l'établissement,aujourd'hui. C'est peut-être normal, étant donné qu'il est encoreassez tôt. Au lycée Ludwidge, les cours commencent à huit heure etdemi. Généralement, les étudiants commencent à se promener dansles couloirs vers sept heure trente et huit heure pour aller prendreleur petit déjeuner. Pour l'instant, il est à peine six heure et lesoleil n'est pas encore complètement levé.

C'estla principale raison pour laquelle Vincent se promène dans lescouloirs à une heure si tôt dans la journée. Même si en public ila l'air d'être tout ce qu'il y a de plus à l'aise avec le monde –surtout les femmes – il préfère de loin être seul. Il crainttoujours au fond de lui, qu'on ne crie à l'enfant maudit en levoyant et que les évènements se reproduisent, comme dans le passé.Et puis ... Il n'apprécie pas beaucoup la lumière du soleil. Quandcelui-ci n'est pas complètement levé, c'est agréable !

Sescheveux blonds mi-longs volant au gré de la brise matinale, Vincentcontinue de toujours s'avancer dans les nombreux couloirs dubâtiment. Il porte distraitement une main à sa mèche de cheveuxqui camouffle presque entièrement son œil rouge, se faisant laréflexion que si à l'époque il les avait eu aussi longs, cela luiaurait évité nombre de problèmes.

Desbruits de pas commencent à raisonner derrière lui.

« -Vincent ! »

L'adolescents'arrête et se tourne vers le propriétaire de cette voix tellementconnue. Son visage s'adoucit lorsqu'il voit son grand frère arriververs lui, vêtu d'un costume noir.

« -Est-ce qu'il y a un problème, Gil nii-san ? s'enquit le plusjeune. »

Songrand frère est essoufflé, d'où sa question. Une fois son soufflereprit, Gilbert répond :

« -Je t'ai cherché partout.

-Pourquoi grand frère me cherchait-il ? Si tu ne pars pasmaintenant, tu risques d'être en retard pour ta visite guidée dePandora.

-C'est tout de même ton anniversaire ... marmonne Gil. Et je ne seraipas là pour le fêter avec toi, cette année. »

Cen'est pas tant cette idée de ne pas être à ses côtés le jour deses seize ans, qui dérange Gilbert. C'est surtout le fait qu'il atoujours en lui ce sens du devoir envers son petit frère malgré sonamnésie. En réalité, Vincent sait parfaitement que son grand frèren'apprécie pas du tout sa compagnie. Il le déteste même, en uncertain point. Et cette sorte de haine est gravée en lui à toutjamais. Si au début Vincent trouvait cela cruel que Gil fassesemblant de l'apprécier ne serait-ce qu'un minimum, aujourd'hui ilapprécie ces efforts faits.

Monexistence ne fait qu'embarassé Gil nii-san ...

Leregard du blond s'obscurcie légèrement lorsque cette penséetraverse son esprit. Toutefois, il reprend bien vite son sourire àla fois sincère et pleins de mensonges, de non-dits.

Gilbertfouille dans sa veste de costume et en ressort un long ruban rouge.

« -Je sais que ce n'est rien, mais je te l'offre comme cadeaud'anniversaire. Tes cheveux commencent à devenir trop longs alorsles attacher n'est peut-être pas une mauvaise idée ...

-Merci, Gil ! »

Leblond s'apprête à récupérer le ruban lorsque Gilbert passederrière lui et lui noue avec prudence ses cheveux. Vincent,surprit, se retourne pour voir que les joues de son grand frère sesont légèrement colorées de rouge par la gêne. Marmonnant unephrase incompréhensible, il s'en va. Sans doute devait-ce être unesalutation ...

Vincenttouche du bout des doigts le ruban qu'il vient de recevoir, tandisqu'un sourire se trace sur ses lèvres.

Décidément,il adore trop son Gil.

Plusjoyeux, il retourne à sa promenade matinale dans les couloirs.



Anniversaire21 –

(17ans)


Cejour-là, il a décidé qu'il n'irait pas en cours. Il n'est pasd'humeur à y aller. Il préfère prétexter une maladie quelconque.Assit à même le sol, ses jambes repliées contre son buste avec satête reposant dessus, des larmes coulent sur les joues de Vincent.Il se mordille la lèvre inférieur pour retenir le moindre de sessanglots.

Ildéglutit.

Ily a quelques heures, il s'est réveillé d'un rêve ... étrange.

Ila rêvé ... de la vie qu'aurait pu avoir son grand frère adorés'il n'avait pas existé. Et ... sa vie semblait être tellementparfaite sans lui comme fardeau. Tellement meilleur ... Il seraitresté dans ce monde de lumière qu'il mérite tant. Au début,lorsqu'il s'est réveillé, il était comme dans un second état.Puis la culpabilité à commencé à le ronger jusqu'à ce qu'ilfinisse dans cette situation actuelle.

Ila beau se répéter autant de fois qu'il le souhaite, que ce n'estqu'un rêve, il ne peut s'empêcher d'y songer.

Iln'est qu'un poids pour son frère.

Est-ceque ... Si jamais il n'était venu au monde, est-ce que son grandfrère aurait été joyeux ? Très certainement.

Samort rendrait-elle heureuse son grand frère ? Non ... Non, celane le rendrait pas heureux. Gentil comme il est, il s'en voudrait,pour sa mort. Il s'inculperait, s'accusant de ne pas avoir étéassez présent pour son petit frère qu'il ne fait qu'ignorer 360/365jours. Non, pour que son frère ne s'en veuille de rien, il faudraitqu'il ne se souvienne pas de lui.

Qu'iln'ait jamais existé.

Toutce qu'il souhaite, c'est rendre son grand frère heureur, lui, ssseule et unique famille. Il serait prêt à tout pour lui. Même àcommettre des atrocitées, à commettre l'irréparable. Pour cetteimmense dette impayable qu'il lui doit, c'est le minimum qu'il puissefaire : se salir les mains pour lui. Effacer son existencequitte à en détruire tout ce qui l'entoure et sa vie elle-même.

Ilest prêt à tout pour son grand frère.

Tout.
Etun jour, il pourra lui offrir cette vie qu'il a toujours mérité ...

Pourcet anniversaire-là, Gilbert n'était pas aux côtés de son frère.Peut-être que s'il l'avait été, les pensées de Vincent n'auraitpas ainsi tourné, qui sait ...

Sije ne suis qu'un fardeau pour Gil nii-san ... Je n'ai qu'à justedisparaître.



Anniversaire22 –

(18ans)


Sije ne suis qu'un fardeau pour Gil nii-san, je n'ai qu'à justedisparaître ... Si je ne suis qu'un fardeau pour Gil nii-san, jen'ai qu'à juste disparaître ... Si je ne suis qu'un fardeau pourGil nii-san, je n'ai qu'à juste disparaître ... Si je ne suis qu'unfardeau pour Gil nii-san, je n'ai qu'à juste disparaître ... Si jene suis qu'un fardeau pour Gil nii-san, je n'ai qu'à justedisparaître ...

Cettephrase tourne en boucle dans sa tête sans nul cesse depuis plus d'unan. Elle ne quitte même plus son esprit que ce soit la journée oula nuit. Dès lors qu'il pose son regard vairon vers Gilbert quidétourne à chaque fois son regard, il y pense encore plus. Il y apense tellement qu'à ses yeux, cette option est devenue la seulechose qui pourrait rendre heureux son grand frère.

Nejamais avoir existé.

C'estla seule option qui lui reste à ce jour.

Gilbertne l'aime plus.

Cesderniers temps, il a l'air de l'esquiver. Il peut compter sur lesdoigts d'une main le nombre de fois qu'ils se sont tous les deuxretrouvés dans la même pièce, ce mois-ci. Il lui lance toujours unétrange regard, dans ces cas-là.

Enréalité, Gilbert préfère se tenir éloigné de son petit frèrepour éviter de se souvenir de ce passé qu'il a oublié. Une bribede souvenir lui est revenu alors qu'il se tenait aux côtés de sonpetit frère. C'est toujours lorsqu'il est à côté de lui, quequelque chose lui revient en tête, aussi petit soit ce détail desouvenir. Et puis ... Il y a ce sourire factice que Vincent lui offrecontinuellement. Auparavant, il n'arrivait déjà pas trop à sonderses pensées. Mais à présent, c'est à peine s'il peut nommerl'expression sur le visage de son cadet. Il n'arrive plus àdiffériencer ... la peur de la joie. Au fond de lui, il commence àcraindre que son petit frère ne soit pas mêler à des affaireslouches.

Commenttout a-t-il pu dégénérer ainsi ?

C'estpour cela qu'aujourd'hui, au détour d'un couloir, Gilbert ne faitque lâcher un :

« -Joyeux anniversaire, Vince. »

Sije ne suis qu'un fardeau pour Gil nii-san, je n'ai qu'à justedisparaître ...

« -Merci, Gil nii-san. »



Anniversaire23 –

(19ans)


C'estarrivé à cause d'une simple coïncidence.

Cesoir-là, Vincent doit effectuer la sale besogne qu'on ne confie qu'àla famille Nightray : faire la peau à un contractant illégaldevenu un peu trop dangereux. Bien qu'il n'ait pas encore de chain –Gil n'a toujours pas effectué son contrat avec Raven – il faitpartit de l'organisation Pandora qui lui confie deux-trois petitesmissions de temps à autre, quand aucun contractant n'est libre.

SelonVincent, le soir est le meilleur moment pour dénicher un criminel.Et c'est surtout parce qu'il préfère travailler de nuit plutôt quede jour. C'est une chose qui n'a jamais changé chez lui. L'une desseules rares choses, en fait.

Vincents'avance silencieusement dans les rues pavées de la ville, sescheveux flottant derrière lui, noué à l'aide du ruban que sonfrère Gilbert lui a offert pour son anniversaire il y a déjàquelques petites années. L'une de ses mèches blondes cacheinnocement son œil rouge maudit sans que cela ne soit voulu. Lesvieilles habitudes ont la vie dure, après tout.

Desbruits se font entendre tout près et quelques secondes plus tard,sans qu'il n'ait vu le coup venir, le mur contre lequel il s'estappuyé explose. Les pierres de la bâtisse sont éjectées etVincent se retrouve coincé par celles-ci, plusieurs pierres écrasantson corps. S'il n'avait pas été un Baskerville, il serait mort surle coup, à en croire la douleur qui envahit son corps. Il tente dese relever sans y parvenir. Les pierres qui sont sur lui sont bientrop lourdes. S'il veut s'en sortir, il va avoir besoin d'aide.

Commeune réponse à sa pensée, des bruits de pas se font entendre. Despas lourds et certainement pas humains. Le voilà en facheusesituation si c'est le criminel qu'il poursuit qui le trouve ...

C'estalors qu'il voit sortir des décombres, la silhouette d'une chain enforme de lion, suivit par une jeune femme vêtue ... d'une capepourpre. Une cape pourpre horriblement familière à Vincent. Lanouvelle arrivante le remarque tout de suite, le fixant un moment,comme se demandant si cela vaut la peine ou non de l'aider. Alors lejeune adulte décide de signaler sa présence et de quémander del'aide avec ce timbre léger qui est devenu sa façon de parlerenvers les autres. Ainsi, il est sous-estimé. Et c'est arrangeantpour lui.

« -Bien le bonsoir. Un peu d'aide ne serait pas de refus.

-Pourquoi le ferais-je ? répond la jeune femme en le narguant duregard. Quelqu'un de normalement constitué serait soit à l'agonie,soit déjà mort.

-Et tu touches le cœur du problème : je ne suis pas normalementconstitué. »

Lesmèches de cheveux qui cachent ses yeux s'écartent à cet instantprécis, dévoilant ses yeux vairons doré et rouge. La jeune femmeécarquille légèrement ses yeux en voyant l'oeil rouge scintiller àla lueur de la lune.

« -Vois-tu, je suis assez similaire à une chain en certain point. Commetout Baskerville qui se respecte, ajoute-t-il malicieusement.

-Tu es ... ce gamin maudit dont maitre Glen s'occupait, réalisesoudainement la jeune femme.

-C'était plutôt Jack mais oui, si tu veux. Alors ? Vas-tu enfinte décider à m'aider ? C'est vraiment très désagréable,comme position. »

LaBaskerville conscent à l'aider, ordonnant à sa chain – Léon –de le dégager de ces décombres. Il se relève en épousetant sesvêtements.

« -Je ne crois pas que nous ayons eu l'occasion d'être présenté, àSablier. Je me serai souvenu d'une aussi belle femme.

-Si tu crois que la flatterie va fonctionner sur mon, tu perds tontemps.

-Mon nom est Vincent, dit le blond pour réponse. Vincent Nightray.

-... Charlotte Baskerville.

-Alors c'est toi, Lottie ! Et donc, que vient faire unBaskerville ici ?

-Nous sommes actuellement à la recherche du réceptacle qui a reçul'âme de maitre Glen, répond Lottie. Et je suis tombé sur uncontractant qui ne devrait pas l'être.

-« Nous » ? répète Vincent.

-Zwei doit être dans les parages, répond vaguement la jeune femmeaux cheveux roses, ballayant l'air de sa main.

-Zwei, hein ... »

Ilse souvient très bien de cette Baskerville-là. Il l'a rencontré àSablier et il l'appréciait assez. Elle contrôlait très mal sachain alors elle restait enfermée. La voir ainsi dans une cage, sansmême pouvoir se souvenir de son prénom, lui a rappelé ces annéesque son frère et lui-même ont passé en cage, gardé comme desbêtes de foire. Il l'a prit en pitié, autrement dit.

Vincentpose son regard sur Lottie, songeur.

Ilsait que s'il veut effacer son existence, il va avoir besoin de laVolonté de l'Abysse afin qu'elle change le passé. Pandora est déjàà sa recherche et si en plus il se met les Baskerville dans la poche... Il doublerait ses chances d'atteindre son objectif.

« -Lottie, j'ai une proposition à te faire.

-Une proposition ?

-Je vais vous aider à retrouver le réceptacle dans lequel se trouvel'âme de Glen Baskerville. En tant que membre de Pandora, vous aurezun agent infiltré. Qu'en dis-tu ?

-Tes services en échange de quoi ?

-Ça, c'est un secret, déclare Vincent en mettant un doigt sur sabouche. Disons seulement ... que je dois accomplir quelque chose quirequiert son aide.

-... Soit. Qu'il en soit ainsi, alors. »

Vincentcommence à se rapprocher de son but. Etre allié avec Pandora et lesBaskerville est la meilleure chose à faire.

Bientôt,dans un avenir proche, il a prévu d'effacer son existence pour lebien de son grand frère Gilbert.



Anniversaire24 –

(20ans)


« -Vincent ? »

Vincentse retourne pour voir venir vers lui, son petit frère du nom deElliot. C'est le seul Nightray qu'il aime dans toute cette maison.Parce qu'il est tellement différent des autres membres de la familleNightray et que sa simple présence dans ce manoir redonne le sourirà Gil.

Tousles deux, ils ont sept ans d'écart. Et encore ... C'est en enlevantquatre ans avec cet âge qu'il s'est lui-même donné. De par cettedifférence, ils n'ont pas les mêmes centres d'intérêt. Ilsentretiennent néanmoins une relation cordiale. C'est déjà pas mal.

« -Est-ce que tu as un problème, Elliot ?

-... C'est Gilbert qui m'a demandé de venir te voir.

-Gil nii-san ? répète le blond, légèrement surprit.

-Il m'a dit que comme cadeau d'anniversaire, je pouvais t'offrirquelques cours de piano, puisque tu ne sais pas en jouer.

-Des cours de piano ? Ce serait bien, en effet. Où est-il,d'ailleurs ?

-Il était dans sa chambre, la dernière fois que je l'ai vu. Illisait un livre ...

-Je vois. Je suppose qu'on n'y peut rien. »

Vincenthausse les épaules alors qu'Elliot l'observe silencieusement,cherchant à savoir ce qu'il se cache réellement derrière le visagedésintéressé de son frère ainé. En vain. Le blond excelle dansl'art de cacher ses expressions. Surtout depuis quelques temps, enfait. Il pourrait parier que son ainé est devenu encore plusmystérieux après que cette fille soit devenue sa servante, l'annéedernière. Quel est son nom, déjà ? Echo, il lui semble. Etd'abord ... Où se l'est-il dégôté, cette gamine qui n'a pas l'aird'avoir plus de seize ans ?

« -Est-ce que ça te fait de la peine, que Gilbert ne vienne pas tesouhaiter un bon anniversaire ? demande finalement l'héritierNightray.

-Non. Gil nii-san a toujours été ainsi. Je dirai que c'est mieuxainsi.

-Je vois. Tu as finis par te lasser de lui, en fin de compte, conclutElliot.

-Certainement pas ! s'exclame Vincent, surprenant son cadet. Gilnii-san est quelqu'un de très précieux à mes yeux, Elliot. Si unjour je devais faire quelque chose de mauvais, ce serait pour lui etlui seul. Disons seulement que cette distance entre nous deux ... neme fera rien regretter. Faisons-nous ce cours de piano ? »

Elliotlance un étrange regard à Vincent.

Ils'est toujours entendu avec sa famille avec laquelle il est lié parle sang. Mais avec ses frères adoptés, il n'a jamais su comment secomporter avec eux. Il ne sait même pas s'il s'entend réellementbien avec Gilbert et Vincent, en fait. Ils sont tellement ...différents d'eux, les Nightray !

Ilsoupire avant d'acquiescer, tous deux prenant la direction de lasalle de musique du manoir pour qu'Elliot donne un cours à Vincent.

Depuissa chambre, Gilbert peut entendre le son triste d'un piano. Il fermele livre qu'il tient dans les mains et le pose sur la table à côtéde lui puis il ferme les yeux pour profiter de la mélodie auxcombinaisons si simples, mais pourtant remplie de tant de sentiments.Il sent une pointe de culpabilité l'assaillir lorsqu'il comprendpresque tout de suite que c'est Vincent, qui fait résonner cettemusique dans les couloirs du manoir. Peut-être aurait-il dû allervoir son frère ... ?

Non,c'est mieux ainsi.



Anniversaire25 –

(21ans)


Sespas résonnant dans les couloirs du manoir Nightray, Vincent sedirige vers l'un des salons où il accueille toujours ses invités.Ses « amis », comme il les appelles couramment. Marchantnon loin derrière lui, sa servante, Echo, le suit silencieusement.Il met en place son masque de sourire innocent puis ouvre en grandles portes du salon.

« -Bien le bonjour ! salue-t-il gaiement. »

Al'intérieur, trois personnes vêtues de cape rouge. Deux hommes etune jeune femme.

Vincents'avance dans la pièce, Echo s'occupant de refermer la porte aprèsson passage.

« -Désolé pour le retard. Il semblerait que Gil nii-san aitaujourd'hui décidé de jouer au grand frère.

-Que dirait-il, dans ce cas, s'il apprenait que son innocent petitfrère s'est allié au Baskerville ? se moque Lottie.

-Il serait furieux, répond Vincent avec un sourire. Mais ce n'est pasgrave ; qu'importe ses expressions ou même ses actes, jel'aimerai toujours autant.

-Tu me fatigues déjà ... soupire la Baskerville. Y a-t-il du nouveauchez les quatre grands ducs ?

-Du nouveau ? répète Vincent en allant s'asseoir sur un siège.J'ai entendu Gil nii-san dire qu'il allait bientôt tenter de passerun contrat avec Raven. Bien entendu, je sais qu'il y parviendra,c'est Gil après tout.

-C'est surtout parce qu'il est déjà lié à cette chain depuis centans. Il n'aura pas eu à faire grand chose pour obtenir sa chain.Quand Raven aura un contractant, toi aussi tu passeras un contratavec une chain ?

-Bien entendu.

-En tant que membre de Pandora ou bien en tant que Baskerville ?

-En tant que membre de Pandora, je le crains. Autrement, je seraidéclaré comme étant un contractant illégal, ce qui serait fâcheuxpour la suite.

-Autre chose ?

-Elliot s'est trouvé un valet ... qui a piqué ma curiosité.

-Ta curiosité ? Qu'a-t-il de si spécial, ce valet ?

-C'est un de ces enfants de la maison de Fianna qui se trouve àSablier.

-Oh ?

-Les enfants qui se retrouvent là-bas sont fortement lié àl'Abysse. Un parent qui est devenu un contractant illégal, unerencontre avec une chain ou même une attaque.

-Intéressant, en effet, approuve l'un des hommes présents, Fang.Mais sans intérêt pour notre objectif. »

Vincentne peut s'empêcher de repenser à sa rencontre plus tôt dans lajournée avec le fameux serviteur. L'espace d'un instant, il a cruvoir au travers cette tignasse désordonnée et ces lumières auxverres épais, des yeux noirs dans lesquelles dansaient des gouttesde lumière. Mais ... Il a dû rêver.

Inévitablement,ses pensées dérivent vers son grand frère Gilbert et soncomportement peu habituel de tout à l'heure. Il semblait vraimentvouloir jouer au grand frère, aujourd'hui. Parce que c'est sonanniversaire ? Peut-être. Qu'en sait-il, après tout ? 

Toutce qui l'importe, c'est le bonheur de son grand frère et riend'autre.

Etc'est pour ce bonheur qu'il doit à tout prix disparaître.

Pourson grand frère, il est prêt à faire n'importe quoi !

Mêmeà s'allier avec les Baskerville.

Sansla moindre hésitation.



Anniversaire26 –

(22ans)


« -Pourquoi, père ? hurle Claude en frappant le bureau du ducNightray avec colère. Pourquoi as-tu laissé Gilbert passer uncontrat avec Raven ? Il n'est même pas un descendant de lafamille Nightray !

-Pourquoi es-tu si en colère, Claude ? demande le duc. Tudevrais être ravi de savoir qu'un contractant ait enfin été trouvépour Raven.

-C'est vrai que ni moi, ni Fred, ni Ernest non plus n'avons réussi àpasser un contrat avec Raven ... Mais ... Peut-être qu'Elliot ...

-C'est inutile, le coupe Vincent. »

L'attentiondes trois autres personnes se tournent vers Vincent assit sur lerebord de la fenêtre, regardant l'extérieur tout en caressantdistraitement ses longs cheveux blonds. Il tourne son regard vaironvers Claude Nightray, poursuivant d'un ton presque narquois :

« -Passer un contrat avec une chain requiert du talent. Mais dans cecas, il n'est pas question de talent, mais plutôt dequalification. »

Ernestaffiche une expression interloqué tandis que son petit frère paradoption poursuit :

« -Et Gil ... a obtenu ces qualification il y a longtemps. »


Ladémarche hésitante, Vincent s'approche de la porte de l'Abysse dela famille Nightray. Aujourd'hui, il va passer un contrat avec unechain. Il tient un carcer dans sa main qu'il serre pour se donner ducourage. Il lance un discret coup d'oeil vers Gilbert quil'accompagne, au cas où qu'il y ait un problème. A présent, iln'est plus qu'a à peine cent mètre de la grande porte et il peutdéjà sentir la pouvoir de l'Abysse. Sensation terriblementfamilière qui l'effraie. Il doit poser sa main sur cette porte, mais... Et si elle s'ouvrait ? Que ferait-il ? Il ne veut pasqu'une nouvelle tragédie se reproduise !

Net'ouvre pas ... Ne t'ouvre pas ... Ne t'ouvre pas ...

C'estce que Vincent se répète inlassablement dans sa tête, les yeuxfermés, tandis qu'il approche sa main tremblante de la porte. Samain rentre en contact avec elle. Tout devient alors différent,autour de lui. Tout est sombre. Ça y est, il est dans l'Abysse. Maisla porte ne s'est pas ouverte. Bien heureusement !

Aprésent, il doit passer un contrat avec une chain.

Illui faut le pouvoir de protéger Gilbert, son grand frère.


Unedouleur sur le côté gauche de la poitrine, à l'endroit même oùse trouve le cœur. A l'instant, il vient de passer deux pactes etc'est à la fois fatiguant ... et douloureux. Un premier contrat entant que membre de Pandora grâce à l'utilisation d'un carcer, avecune chain du nom de Yamane aux pouvoirs endormant. Et un second entant que Baskerville dont lui seul aura l'existence avec une chainqui porte le nom Demios a qui a pour capacité ... la décapitation.Une chain inoffensive et une autre aux pouvoirs mortels. La preièreofficiellement et l'autre inconnue.

Larespiration légèrement haletante, Vincent se concentre pours'empêcher de montrer qu'il souffre à la poitrine. Il serait toutde suite démasqué. Il sent une main se poser sur son épaule tandisqu'une voix inquiète l'appelle :

« -Vince ? Tout ... va bien ? Tu ... Tu es tout pâle ... »

Gilbertsemble inquiet pour lui. Il s'extirpe de ses pensées légèrementembrouillées pour tourner son regard vairon vers son grand frère.Il le voit un peu flou ... Et il se sent terriblement fatigué.

Acet instant précis, sa nouvelle chain – une sourire géante–apparaît au-dessus de lui et ... tout s'obscurcit autour de lui.Il sent la douleur de son corps qui percute douloureusement le solavant qu'il ne ressente plus rien. Il vient tout simplement ... de selaisser emporter par le pouvoir de Yamane et s'est endormit.


Lorsqu'ilse réveille, Vincent remarque qu'on l'a déposé dans son lit.

Heureusement,il est encore totalement habillé. Il n'y a qu'un bandage au niveaude son cou, là où Demios l'a coupé pour boire son sang afin deformer le pacte.

Quec'est pitoyable.

Apeine vient-il de former un pacte qu'il se laisse déjà submergerpar le pouvoir de sa chain. Mais ... Il devait s'y attendre. Ilconnait le prix pour avoir deux pactes en même temps : moins decontrôle sur ses chains et surtout, une durée de vie bien pluscourte. Avec deux chains, il y a beaucoup de pouvoir de l'Abysse dansson corps.

« -Vince ? »

Leblond remarque alors Gilbert se tenant dans un coin de la pièce.Cela fait combien de temps qu'il est ici ? Lui-même à l'airfatigué. Lui-même a passé son pacte plus tôt dans la journée etmalgré sa fatigue ... il est resté pour surveiller Vincent ?

Vincentse lève, titubant légèrement. Gilbert accourt imédiatement verslui malgré son air fatigué.

« -Attend, Vince ! Il faut que tu te reposes.

-Je vais bien, Gil nii-san ... Je me suis levé un peu tropbrusquement, c'est tout.

-Assied-toi. Et ... détend-toi. Sinon, tu risques à nouveau deperdre le contrôle de sa chain. »

Sonregard est levé vers le haut, fixant ... Yamane qui est à nouveauvisible. Vincent décide d'appliquer les conseils. Il s'assied sur lelit et se concentre. Sa chain disparaît comme si de rien n'était.


Plustard dans la journée, Vincent a décidé que pour se détendre, ilallait faire un tour en ville. C'est ce qu'il a dit à Elliot avantde lui promettre de ne pas trop se surmener, ajoutant que de toutefaçon, Gilbert sera avec lui. Car en effet, son frère ainé àdécidé de l'accompagner, juste au cas où. Suite à cetteproposition, le blond a donné sa journée à Echo. Du moins enapparence. Car en réalité, il l'a envoyé faire un rapport àLottie et aux autres à Sablier sur les évènements de cettejournée, en tant que Zwei.

Aumilieu de la foule, il distingue les deux personnes pour lesquellesil est venu. Deux Nightray. Il les a entendu dire de mauvaises chosessur Gilbert. Ils ont prévu de lui faire du mal, de l'éliminer,parce qu'il a passé un contrat avec Raven alors qu'il n'est pas unhéritier légitime de la maison Nightray.

EtVincent ne peut tout simplement pas laissé passer cela.

C'estpourquoi il parvient à semer son grand frère grâce à la foule etentre dans la ruelle plutôt sombre où se sont aventurés les deuxNightray. Il les suit discrètement jusqu'à un cul de sac.Lorsqu'ils veulent faire demi-tour, Vincent se plante en plein milieude leur passage, les empêchant de s'en aller.

« -Vincent ? s'étonne Fred. Qu'est-ce que tu veux ?

-Vous tuer, répond le blond. »

Fredécarquille les yeux en entendant cela.

« -Mais qu'est-ce que tu ... »

Iln'a pas le temps de finir sa phrase. Vincent vient de faireapparaître Demios, décapitant Fred grâce à son tout nouveaupouvoir. L'autre Nightray n'a pas le temps de réagir. Sa tête finitpar rouler à son tour sur le sol.

Oui.

PourGil, son grand frère adoré, Vincent est prêt à tout, même à sesalir les mains s'il le faut. Puisqu'il va un jour disparaître ...Ce n'est pas grave s'il détruit tout ce qu'il y a autour de lui.



Anniversaire27 –

(23ans)


Cejour-là, un contractant illégal s'est échappé de sa prison àPandora. Vincent a décidé de partir à sa recherche et de l'abattreaussi tôt que possible. Le contractant de Grimm possède desinformations compromettantes sur le Chasseur de Tête et parconséquent, sur lui. Il doit le tuer avant qu'il ne les diffuses oubien il risque fortement d'avoir des ennuis.

Touts'est plutôt passé comme prévu si ce n'est sa rencontre imprévueavec son grand frère Gilbert après qu'il ait abattu le contractantillégal. Son grand frère, tellement préoccupé par l'état de cepetit Vessalius tout juste échappé de l'Abysse, ne s'est même passouvenu qu'aujourd'hui, Vincent fêtait ses vingt trois ans.

Maisce n'est pas grave.

Ilne lui en veut pas.

Jamaisil ne pourra en vouloir à Gil pour quoi que ce soit.

Ill'aime, alors il lui pardonnera toujours tout et il est prêt à toutpour lui.

Qu'importele nombre de personnes que tu tueras de tes propres mains, je seraistoujours le seul à être de ton côté, Gil nii-san.

Toujours.

Jusqu'àce que la mort l'emporte.

Jusqu'àce qu'il disparaisse.

Detoute façon, dans un avenir plus ou moins proche, Vincent a prévude disparaître !


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