18
E.P
Je sondai mes poches en espérant que mes clés y apparaîtraient comme par magie. Je fouillai ma mallette, retournai ma chambre en l'arpentant tel un rat dans une boîte. Trente minutes plus tard, cette fatigue qu'on éprouvait en recherchant quelque chose d'introuvable, émergeai en moi. Malgré l'aide de Bertha, les recherches ne donnèrent rien. « T'en fais pas, de toute façon, elle doit bien être planqué quelque part. On finira par la trouver. Viens te reposer un peu » disait-elle. Elle lançait parfois des petites piques sur la négligence et l'attitude "tête en l'air" des hommes. Autant vous dire qu'elle me décourageait aussi. Fatigué, je descendis au rez-de-chaussée pour me reposer sur le canapé. À côté, les yeux de Sarah agressaient l'écran d'un portable en silence. Quelques secondes, plus tard, elle s'adressa à moi, toujours les yeux rivés sur son écran.
— À cet instant, t'aurais dû être déjà loin.
Pour toute réponse, j'émis un râle semblable à celle d'une bête et fermai les yeux.
— La chance n'a pas été avec toi.
Un petit frisson parcourra mon corps, comme si un fantôme l'avait traversé. Voilà la deuxième fois que j'entendais ce mot sortir de sa bouche et ça ne me plaisait pas du tout. Mais pas du tout. Chance. La manière dont sa voix traînait me plantait des tas de mauvaises graines dans la tête.
— Tu entends quoi par là ?
Elle jeta son portable près de sa jambe avant de réduire la distance entre nous. Elle mit une main sur ma cuisse et chuchota.
— Aussi inutile que cela puisse paraître, il y a toujours une raison pour tout. Du tout minuscules détails qu'on ne voit pas jusqu'à celle aussi grosse que le monde.
Elle augmenta l'intensité de son regard. Délirant certes, mais ses yeux semblaient devenir de plus en plus colorés. Je trouvai du courage pour lui faire face. Elle rayonnait de beauté.
— Donc tu penses qu'il y a une raison à ma clé qui reste introuvable ?
— C'est peut-être un signe du destin qui dit que tu fais une grosse connerie. Où pour dire de prendre les choses en main.
Je ne croyais pas au destin où tout ce qui s'y apparentait de loin ou de près. Car c'était une belle manière de créer son cocon de confort, et que trop de gens y croyaient. Chemin tout tracé ? Qui avait envie de vivre des aventures si ses choix n'étaient pas si spontanés que ce qu'il croyait ? En-tout-cas pas moi. Je préférais croire à l'avenir. Quand ce mot sonnait dans ma tête, je le voyais comme quelque chose de plus malléable, contrôlable. Penser que tout ce qui nous arrivait, les bonnes comme les mauvaises, était les conséquences de nos actes, m'apaisait. Autant vous dire que maintenant, ça me laissait un goût amer.
— Non, tu te trompes. Le destin, comme tu dis, n'a aucun rapport avec ça. La raison est logique, je ne suis pas parti parce que j'ai égaré ma clef. J'ai égaré ma clé à cause de ma négligence. Un point c'est tout.
— Je te dis que oui.
Par plaisir de rébellion, je lui tins tête. On finit par former une petite atmosphère de deux gamins qui essayaient de convaincre l'autre à coup de : oui, non. Oui, non. Je pensai qu'elle aussi, trouvait un quelconque charme à ce jeu. Et pourtant, l'impensable se produisit. Sarah rugit comme une bête féroce l'aurait fait devant un ennemi, tout en écrasant son poing sur ma jambe.
— JE TE DIS QU'OUI.
La douleur fut immédiate. Et mon cœur enfla sous l'effet de la surprise. Elle n'y était pas allée de main morte. Ses lèvres restèrent figées quelques instants avant de se mettre à danser. Son visage adopta un ton calme avant de ressembler à celui d'une personne effrayée.
— Je... Je suis si désolée. Pardonne-moi, je ne voulais pas te frapper.
Son cri avait troublé la paix de la maison et Bertha débarqua dans le salon, paniquée à l'extrême. On aurait dit qu'elle s'attendait à trouver un mort. Elle nous regarda en passant d'une tête à l'autre, avant de se détendre et de demander ce qu'il se passait. Pour toute réponse, elle reçut que le son des pieds de Sarah qui détalait. Ainsi que mon visage blafard qui montrait toute mon incompréhension.
— Ce n'est rien. finis-je par dire.
Comme elle n'y pouvait rien, elle s'en alla trouver ses occupations, non sans lancer un regard inquiet. Je massai un peu ma jambe pour saisir toute l'ampleur de ce qui venait de se passer. Pourtant, la curiosité prit le dessus sur tout. Sur le doute qui devait surgir de partout, sur la rage qui aurait dû m'animer... Je crois que ce fut à cet instant-là que je commençais à sentir que cette femme différait des autres dans le mauvais sens du terme. S'énerver pour si peu avait quelque chose d'alertante.Je sondai mes poches en espérant que mes clés y apparaîtraient comme par magie. Je fouillai ma mallette, retournai ma chambre en l'arpentant tel un rat dans une boîte. Trente minutes plus tard, et cette fatigue qu'on éprouvait en recherchant quelque chose d'introuvable, émergeai en moi. Malgré l'aide de Bertha, les recherches ne donnèrent rien. « T'en fais pas, de toute façon elle doit bien être planqué quelque part. On finira par la trouver. Viens te reposer un peu » disait-elle. Elle lançait parfois des petites piques sur la négligence et l'attitude "tête en l'air" des hommes. Autant vous dire qu'elle me décourageait aussi. Fatigué, je descendis au rez-de-chaussée pour me reposer sur le canapé. À côté, les yeux de Sarah agressaient l'écran d'un portable en silence. Elle pourrait au moins faire semblant de s'intéresser à mon désarroi. Quelques secondes, plus tard, elle s'adressa à moi, toujours les yeux rivés sur son écran.
— À cet instant, t'aurais dû être déjà loin.
Pour toute réponse, j'émis un râle semblable à celle d'une bête et fermai les yeux.
— La chance n'a pas été avec toi.
Un petit frisson parcourra mon corps, comme si un fantôme l'avait traversé. Voilà la deuxième fois que j'entendais ce mot sortir de sa bouche et ça ne me plaisait pas du tout. Mais pas du tout. Chance. La manière dont sa voix traînait me plantait des tas de mauvaises graines dans la tête.
— Tu entends quoi par là ?
Elle jeta son portable près de sa jambe avant de réduire la distance entre nous. Elle mit une main sur ma cuisse et chuchota.
— Aussi inutile que cela puisse paraître, il y a toujours une raison pour tout. Du tout minuscule détails qu'on ne voit pas jusqu'à celle aussi grosse que le monde.
Elle augmenta l'intensité de son regard. Délirant certes, mais ses yeux semblaient devenir de plus en plus colorés. Mon regard trouva du courage pour lui faire face. Elle rayonnait de beauté.
— Donc tu penses qu'il y a une raison à ma clé qui reste introuvable.
— C'est peut-être un signe du destin qui dit que tu fais une grosse connerie. Où pour dire de prendre les choses en main.
Je ne croyais pas au destin où tout ce qui s'y apparentait de loin ou de près. Car c'était une belle manière de créer son cocon de confort, et que trop de gens y croyaient. Chemin tout tracé ? Qui avait envie de vivre des aventures si ses choix n'étaient pas si spontanés que ce qu'il croyait ? En-tout-cas pas moi. Je préférais croire à l'avenir. Quand ce mot sonnait dans ma tête, je le voyais comme quelque chose de plus malléable, contrôlable. Penser que tout ce qui nous arrivait, les bonnes comme les mauvaises, était les conséquences de nos actes, m'apaisait. Autant vous dire que maintenant, ça me laissait un goût amer sur la langue.
— Non, tu te trompes. Le destin, comme tu dis, n'a aucun rapport avec ça. La raison est logique. Je ne suis pas parti parce que j'ai égaré ma clef. J'ai égaré ma clé à cause de ma négligence. Un point c'est tout.
— Je te dis que oui.
Par plaisir de rébellion, je lui tins tête. On finit par former une petite atmosphère de deux gamins qui essayaient de convaincre l'autre à coup de : oui, non. Oui, non. Je pensai qu'elle aussi, trouvait un quelconque charme à ce jeu. Et pourtant, l'impensable se produisit. Sarah rugit comme une bête féroce l'aurait fait devant un ennemi, tout en écrasant son poing sur ma jambe.
— JE TE DIS QU'OUI.
La douleur fut immédiate. Et mon cœur sauta d'un bond sous l'effet de la surprise. Elle n'y était pas allée de main morte. Ses lèvres restèrent figées quelques instants avant de se mettre à danser. Son visage adopta un ton calme avant de ressembler à celui d'une personne effrayé.
— Je... Je suis si désolée. Pardonne-moi, je ne voulais pas te frapper.
Son cri avait troublé la paix de la maison et Bertha débarqua dans le salon, paniquée à l'extrême. On aurait dit qu'elle s'attendait à trouver un mort. Elle nous regarda en passant d'une tête à l'autre, avant de se détendre et de demander ce qu'il se passait. Pour toute réponse, elle reçut que le son des pieds de Sarah qui détalait. Ainsi que mon visage blafard qui montrait toute mon incompréhension.
— Ce n'est rien. finis-je par dire.
Comme elle n'y pouvait rien, elle s'en alla trouvé ses occupations, non sans lancer un regard inquiet. Je massai un peu ma jambe pour saisir toute l'ampleur de ce qui venait de se passer. Pourtant, la curiosité prit le dessus sur tout. Sur le doute qui devait surgir de partout, sur la rage qui aurait dû m'animer... Je crois que ce fut à cet instant-là que je commençais à sentir que cette femme différait des autres dans le mauvais sens du terme. S'énerver pour si peu avait quelque chose de très alertant. Et ça m'attirait. Je me levai du canapé en récupérant le portable que Sarah balançait quelque temps plus tôt. Afin d'éviter toute tentation, je n'essayai même pas d'y jeter un coup d'œil. Je montai lentement l'escalier comme si tout en haut, m'attendait un bourreau avec une hache. Je longeai le petit hall et m'arrêtai devant la porte de la chambre de Sarah. Je toquai une fois, deux fois, trois fois. Personne ne répondit.
— Sarah, c'est moi. Tu as oublié ton portable en bas, je te l'ai rapporté.
Je perçus avec effort des mots étouffé par des bouts de tissus.
— Che shuis fraiment décholé.
Un sanglot éclata. Résonnant malgré les obstacles. J'essayai d'ouvrir la porte, mais elle était verrouillée.
— Je sais. Allez, ouvre la porte. Je ne pensais pas que tu pouvais pleurnicher.lertant. Et ça m'attirait. Je me levai du canapé en récupérant le portable que Sarah balançait quelque temps plus tôt. Afin d'éviter toute tentation, je n'essayai même pas d'y jeter un coup d'œil. Je montai lentement l'escalier comme si tout en haut, m'attendait un bourreau avec une hache. Je longeai le petit hall et m'arrêtai devant la porte de la chambre de Sarah. Je toquai une fois, deux fois, trois fois. Personne ne répondit.
— Sarah, c'est moi. Tu as oublié ton portable en bas, je te l'ai rapporté.
Je perçus avec effort des mots étouffé par des bouts de tissus.
— Che shuis fraiment décholé.
Un sanglot éclata. Résonnant malgré les obstacles. J'essayai d'ouvrir la porte, mais elle était verrouillée.
— Je sais. Allez, ouvre la porte. Je ne pensais pas que tu pouvais pleurnicher.
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