IV

        La nuit avait déjà bien entamé son chemin dans le ciel. Dans la matinée suivante, il partirait. À son plus grand malheur.
    Le jour précédent, il s'était réconcilié avec Heeseung, s'excusant aussi d'avoir été trop loin dans ses paroles et ils s'étaient réunis tous les quatres autour d'une bière artisanale qui les avait maintenus joyeux toute la nuit.
    Depuis l'annonce de son départ, Bambi l'attendait de pieds ferme chaque jour aux ruines. Il lui faisait visiter constamment des parties de la forêt que Jungwon n'avait encore jamais vu. Ils avaient même croisé la petite sœur de Bambi dans les bois. Jungwon s'était évidemment caché derrière un arbre mais il avait eu le loisir de voir qu'elle lui ressemblait énormément, une étincelle de naïveté en plus. Bambi avait été fier lui présenter, de manière non officielle certes, un membre de sa famille.
    Aujourd'hui, il l'avait emmené dans une sorte de cave sous son village. Ils étaient passés par un trou creusé depuis des siècles, d'après ses dires, pour suivre une petite galerie à peine illuminée pour atteindre une grande salle. L'odeur de terre fraîche et d'épices s'y faisait sentir et Jungwon s'était émerveillé de l'endroit. Des dessins étaient affichés contre les murs de pierre soutenant le tout. Évidemment, l'humain s'était inquiété qu'on le voit mais son ami lui avait assuré qu'il ne risquait rien. Il avait tenté de lui expliquer ce que représentait les croquis sur les murs, mais le langue des signes n'étaient pas le fort de Jungwon sur le long terme et il avait vraiment eu des difficultés à tout comprendre. Ce qu'il avait compris c'est qu'ils étaient des sortes de cousins des fées et qu'ils se cachaient des humains parce qu'ils avaient été réduits en esclavages ou assassiné pour leurs sangs. Si c'était bien ce qu'il avait dit. Jungwon s'en était horrifié.
    A la nuit tombée, ils avaient rejoints les ruines habituelles sous la guidance de la plein lune. Jungwon s'était assis sur l'encadrement de l'ancienne fenêtre et Bambi était resté debout, un coude posé sur sa cuisse à l'écouter parler. Jungwon lui racontait comment était la ville, pourquoi il ne l'aimait pas et ses inconvénients. Évidemment qu'il avait aussi énuméré les avantages, sinon ils n'y habiteraient pas. Mais rien ne valait la campagne, et surtout celle-ci. Bambi avait même fait des grimaces sur les aspects peu flatteurs des métropoles.
    Puis Jungwon s'était arrêté, parce que son cœur s'était serré.

- Je ne veux pas y retourner.

    Bambi attira son attention pour lui demander pourquoi, parce que c'était sa vie. Pourquoi ne pas vouloir reprendre son cours ?

- Je suis bien ici; se justifiait-il en soupirant; c'est calme, c'est reposant. Je peux voir aisément les étoiles, les admirer, les nommer.

    Bambi sembla fort intéressé par ce sujet. Alors Jungwon lui designa la première qu'il eut trouvé, l'appelant "le mouton" parce qu'il y voyait une forme bouffante et à l'aspect moelleux. Puis une autre qu'il avait appelé le cachalot parce qu'il trouvait ce nom amusant pour une telle constellation. Il pointa l'étoile du Nord en lui avouant avoir fait exprès de ne pas l'inclure.

- Comme ça, je peux toujours me fier aux étoiles pour retrouver mon chemin; s'amusait-il.

    Bambi se tourna vers lui, vient se positionner entre ses jambes, qu'il avait écarté au préalable, pour venir poser son index contre le torse de Jungwon.

- Moi ? Jungwon; parce qu'il pensait qu'il avait oublié son nom; tu ne t'en souvenais pas ?; avec un sourire égayé.

    Bambi secoua la tête et pointa l'étoile la plus brillante du ciel avant de revenir à lui. Son sourire s'était lentement évanoui en faisant le lien.

- Bambi; commençait-il.
- Jay; le reprît-il.

    Jungwon eut le souffle coupé de surprise. Il avait parlé, d'une voix rauque, sourde et magnifique. Et il avait dit un nom, le sien.

- Jay...; souffla Jungwon; c'est ton nom ?

    Le rouquin hocha la tête en croisant son regard. L'or de ses yeux semblait briller à l'appellation de son nom, ses oreilles s'étaient abaissées comme s'il appréciait cela. Alors Jungwon sourit, parce qu'il avait eu assez confiance pour lui parler, parce qu'il savait le faire.

- Jay.

    De nouveau, ses prunelles luirent.

- Comme ça te va bien.

    Bambi, ou plutôt Jay, vint chercher sa main pour entrelacer ses doigts doucement avant de l'apporter à la partie gauche de sa poitrine. Il sentait son coeur battre plus rapidement qu'à la normale, ses doigts remontant jusqu'à son poignet.

- Jungwon; articulait Jay.

    Là, ce fut le palpitant du brunet qui avait accéléré la cadence comme jamais. Cela était douloureux mais pas comme une blessure ou une souffrance, plus comme si cela lui appartenait, qu'il ne battait que pour lui à cet instant.
    Ils échangèrent un long regard qui en disait beaucoup sur ce qu'il se passait et qui ne disait rien à la fois, qui laissait l'atmosphère tendre se propager autour d'eux. Jay vint poser ses mains sur la pierre froide pour se pousser sur la pointe des pieds, lentement et sûrement. Il était si proche de son visage que Jungwon cru bien défaillir. Il n'avait jamais senti pareil haleine de framboise, ni vue si belle créature au monde. Jay rompit l'échange de leurs yeux pour poser ses lèvres sur les siennes, d'un effleurement de papillons. Chaud, doux, sucré, merveilleux. Ils se séparent, aussi fébriles l'un que l'autre. Jungwon avait les esprits sans dessus-dessous, il avait le bas ventre parcouru de fourmillements doucereux, il avait l'impression qu'un courant électrique passait par chaque veine de son être.
    Jungwon attrapa sa nuque pour retrouver sa bouche, avec moins de timidité et plus de force, écrasant volontairement son nez contre le sien, approchant son corps un peu plus en glissant ses pieds au sol et sa main libre sur son flanc. Jungwon avait l'impression d'avoir manqué de quelque chose toute sa vie et qu'il en était gâté à présent. Cependant, il était trop tout feu tout flamme pour ne pas se séparer de lui pour reprendre son souffle. Il était à bout de souffle comme s'il avait couru un marathon, il avait l'impression que son ventre allait exploser pour laisser les papillons voler dans la nuit, en direction de la pleine lune.
    Jay revint à la charge en agrippant les pants de sa chemise, caressant ses lèvres, les aimant comme Jungwon se rendait compte qu'il était tombé amoureux d'une créature merveilleuse. Un amour d'été intense et magique, sans extravagance et tout doux. Comme ceux des livres et des peintures.
    Jay quitta ses lèvres pour venir embrasser la commissure, ses joues rebondies, le bout de son nez. Jungwon avait l'impression de rêver. Il vint découvrir sa gorge dénudée, son trapèze sous son vêtement en flanelle verte, avant de le prendre dans ses bras avec toute la force dont il pouvait faire preuve. Il enfouit son nez dans son cou en humant son odeur comme la plus rare des fleurs, appréciant chaque note, chaque subtilité.

- Je ne veux pas partir.







[PAS RELU]

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top