Cinq
Le reste de l'année est passé et je t'observais sortir régulièrement par ta fenêtre. Ta chambre étant au rez-de-chaussée, traverser le jardin dans la nuit sombre pour sauter la barrière n'était pas très compliqué. Alors un soir, je suis allée te voir dans ta chambre et après avoir fermé la porte je t'ai posé cette question : "Comment s'appelle-t-elle ?".
Tu es devenu tout blanc d'un coup et tu m'as regardé bizarrement. Alors pour en avoir le coeur net, je t'ai demandé: "Quel âge a-t-elle ?". Là, tu as souris, comme rassuré. "Elle a quatorze ans. Et elle s'appelle Emily.".
J'ai hoché la tête tout en réfléchissant. Je pouvais écarter la piste de la fille parce que tu avais l'air beaucoup trop soulagé que je pense que tu sortais avec une d'elle et tu avais eu très peur à ma première question. Je savais donc que tu sortais avec tes potes mais je ne savais pas où, avec qui et pourquoi.
À la fin de l'année suivante, j'ai eu mon bac et j'ai soufflé mes dix-huit bougies. Et après la remise du diplôme, j'ai voulu te parler mais tu ne m'as pas écouté. Je voulais savoir où tu allais le soir et tu refusais de me le dire. Puis je suis parti à la FAC en déménageant, la peur que tu fasses une bêtise me collant à la peau.
Vers le milieu de ma troisième année de FAC, j'ai reçu un coup de fil de ma mère en larme. Elle m'a demandé de venir et j'ai accouru. Sur place, j'ai appris que tu avais disparu, ou plutôt fait une fugue comme la fait remarquer Papa. Tu avais laissé un message pour moi. Il disait:
"À toi sœurette, je voulais que tu connaisses la réponse à ta question. Ne ment pas, je sais que tu le savais au fond de toi. Tu ne voulais simplement pas l'admettre. Va voir là où tu m'as aidé lorsque je luttais pour garder mes repas."
J'ai relevé la tête et j'ai couru vers ma chambre j'ai soulevé ma couette et j'ai trouvé un papier froissé au fond du lit. Le message contenait que quelques mots:
"Là où mes genoux ont été râpés, mes mains ensanglantées et mes larmes ont coulés sous les coups. Je t'attends sur une pierre. Viens seule j'ai à te parler."
Alors j'ai montré ça à mes parents qui ont acquiescé. J'ai attrapé mon sac, mon téléphone, le bâton de marche de mon père et j'ai pris le volant. Je me suis arrêtée sur la route que tu prenais pour rentrer à la maison quand tu étais encore en primaire.
Là, je t'ai trouvé assit sur une pierre, au bord de la route. Tu m'as vu quand je me suis approchée et tu est venu vers moi. Tu grelottais et je t'ai donné mon manteau. Je me suis assise avec toi sur une pierre.
Je t'ai écouté me parler de ta vie depuis ton arrivée au collège. Face à l'isolement, tu t'étais tourné vers de mauvaises fréquentations. Tu allais fumé le soir, tu te soulais la gueule pour être accepté de ces crétins drogués. Et puis hier soir, ils sont allés enmerder une fille et lorsque tu as voulu t'interposer, ils se sont énervés. Tu t'es pris quelques coups dans la gueule et lorsque tu es rentrés, tu es tombés sur Maman et Papa qui ont fait un grand scandale devant ta lèvre sanglante et ton menton bleui sous les coups. Alors tu t'es disputé avec eux et tu es parti en laissant ce mot sur la table du salon. Tu pensais que je t'écouterais, que je t'aiderais, comme autre fois, en primaire. Alors, on est remonté dans la voiture et je t'ai ramené à la maison. Je reviendrai bientôt pour ton anniversaire, pour fêter ta majorité. Je pensais que tu étais revenu sur le droit chemin. Malheureusement, je trompais.
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