Chapitre 36


Jisung, le corps épuisé par cette grossesse imposée, a passé une grande partie de l'hiver dans la chaleur de ses édredons. Seungmin, le médecin, ne s'en est pas inquiété. C'est chose courante lors des premiers mois. Il faut laisser le temps au corps de s'habituer à l'intrus qui s'y développe. Au moins l'oméga n'a pas eu à chercher beaucoup d'excuses pour fausser compagnie à l'alpha qui l'a mis dans cet état.

Ainsi, presque à son insu, les jours sont passés, et en ouvrant les paupières ce matin là, il se fait éblouir par le soleil de printemps. Mars est presque terminé, bientôt les cerisiers à sa fenêtre seront en fleurs... Et lui est toujours là. Voilà plusieurs jours qu'il se sent mieux, moins fatigué et plus à même d'occuper ses journées à autre chose que dormir, et autant qu'il songe à aller fouiner un peu afin de voir s'il peut trouver quelques indices pouvant impliquer Tian dans des affaires louches.

Le corps engourdi, il s'étire, félin, avant de se redresser lentement et de dégager ses cheveux qui le gênent dans son mouvement. Debout, la fine chemise de coton ne cache pas le léger arrondi que forme son ventre, mais depuis le départ, il tente de l'ignorer, et de ne jamais baisser le nez pour voir où cela en est. Ses mains ne le touchent pas. Cela n'existe pas et cela n'existera jamais. Lorsqu'il ouvre un tiroir pour en sortir de quoi aller se nettoyer dans la pièce adjacente, il remarque le petit sachet de tissu soigneusement noué qui contient le mélange qu­e le médecin lui a laissé. Si le lien ne le libère pas rapidement, il va falloir qu'il se décide à l'aider. Sa gorge se serre à l'idée, bien conscient que ce serait aller contre son propre instinct et que cela risque d'être compliqué. Le meuble est refermé dans un claquement, et il se détourne déjà. Il n'est pas encore prêt à faire ce choix de manière délibérée et espère que ce lien qui l'unit à Minho sera suffisant.

Tian est absent, comme souvent en journée. Il les passe sûrement au palais à conseiller le Roi pour ses propres intérêts. C'est durant ces moments, que Jisung, maintenant correctement vêtu et coiffé, se permet d'errer dans la demeure à la recherche de quelques occupations. A cette heure, il s'agit de retrouver Chaton qu'il n'a pas encore vu. En prime, cela lui permettra d'avoir une bonne excuse s'il est pris là où il ne devrait pas se trouver. Un fil de laine pend à son doigt, en prévision des moment de jeu qu'il va s'octroyer avec le petit chat, et dans ses mains, un sachet où il a déposé quelques morceaux de poisson séché. Mais rien de tout cela ne semble attirer le minet qui se cache il ne sait où.

Une petite moue au visage, l'oméga arpente les couloirs, en appelant parfois le chat de quelques mois, et guette dans chaque recoin si la petite bestiole ne s'y blottit pas. Lorsqu'il croise un domestique, il se tait, se contentant d'un salut du chef formel avant de reprendre sa recherche. La porte de la bibliothèque est entrouverte et Jisung s'y faufile donc après avoir veillé au fait qu'il n'y ait personne.

— Chaton ? Tu es là ?

Seul le craquement du parquet sous ses pas lui répond, tandis qu'il a le museau levé pour chercher le greffier disparu. Un regard derrière lui et il va repousser un peu la porte pour s'assurer qu'on ne le voit pas et déposant sur un guéridon de bois sombre le sachet de nourriture pour son chat, le noiraud se décide à fouiller un peu les documents disponibles dans cette pièce. Oh il est persuadé de n'y rien trouver. S'il était lui même impliqué dans des affaires sordides, ce n'est pas à la vue de tout un chacun qu'il mettrait ces papiers, et à part des archives de comptabilité et des rouleaux chinois, et en d'autres langues qui lui sont inconnues, Jisung ne trouve rien d'intéressant.

Un ronronnement se fait alors entendre, suivi d'un miaulement léger. Se détournant des livres qui ne lui apportent rien, l'oméga sourit en voyant Chaton sauter d'une étagère, avant de venir vers lui au son feutré de ses petites pattes sur le bois. Il se saisit alors du sachet de gourmandises, et s'accroupit pour venir caresser la petite bête qui se frotte chaleureusement à lui. Et Jisung rit lorsque les moustaches du félin le chatouillent.

— Eh. Tiens.

Quelques morceaux de poisson plus tard, l'oméga est en tailleur au sol, en train de grattouiller la tête du chat qui en redemande encore et encore, avant de voir le fil attaché au doigt de son maître. Le jeu dure un moment, durant lequel le jeune homme retrouve le sourire voire un rire doux, mais une soudaine douleur à son ventre le rappelle à l'ordre, le ramenant à la réalité de sa condition. Secouant brièvement la tête, il reflue ces pensées qui essayent de s'introduire au creux de son esprit, et il se concentre plutôt sur son état présent, peut-être qu'il n'est pas bien installé. Alors il se décide, à regrets, de stopper là l'amusement, et se relève, après avoir vidé sa petite réserve de poisson pour que son petit protégé ait son comptant de nourriture.

— Aller, la fête est finie. J'aimerais trouver quelque chose avant qu'il rentre.

Si au moins il peut en effet trouver là où l'alpha range les documents importants, il perdrait moins de temps à chercher dans le futur. S'il connaît déjà l'endroit, y passer de temps à autre observer les nouveautés ne prendrait pas bien longtemps et ce serait déjà bien plus sécurisant. Lorsqu'il sort de la pièce, Chaton le suit avant de s'en aller fièrement en trottinant vers une destination connue de lui seul. Jisung l'observe s'en aller, la queue haute et l'air fier, sans pouvoir retenir un petit sourire. Il aimerait beaucoup être un chat, quasi persuadé que même les chats traînant dans les rues ont meilleure vie que la sienne. Enfin... Eux au moins sont libres. Pour le reste, il est sûr qu'il n'est pas non plus à plaindre.

Cessant de se perdre dans ses pensées, maintenant que Chaton a disparu au détour d'un couloir, l'oméga arpente à son tour le corridor de sa prison dorée, jusqu'au bureau de Tian, non sans vérifier tout autour de lui que personne n'arrive ou déambule dans l'allée pour une raison quelconque. Personne. Cela devrait être simple... Il n'a qu'à ouvrir délicatement, refermer derrière lui, fouiner, et s'en aller après avoir trouvé ce qu'il cherche. Enfin ça c'est dans l'idéal. Pour l'heure, il se tient devant la porte, la main tremblante levée à quelques centimètres de la clanche. Il n'y arrive pas. Il sent la peur s'insinuer et il revoit la colère de l'alpha lorsqu'il s'était attardé un peu trop dans la pièce de cette Mei Lin. La punition cuisante ne l'a pas laissé indemne, est-il réellement prêt à réitérer ?

Dans un geste vif, il retire ses doigts, secoue sa main et sautille devant la porte pour tenter de se décider et de lutter contre ces pensées qui ne le laissent pas tranquille. Il sent encore le poids de Tian sur lui, et le plat du bois contre son torse, la violence de la scène le fait encore trembler tout son saoul, mais mû du désespoir de revoir Minho un jour, il relance sa main rapidement pour attraper la poignée et pousser la porte avant de s'engouffrer dans la pièce les yeux clos. Rapidement il la referme, et s'adosse à la porte en soupirant bruyamment. Il ne s'est pas rendu compte avoir retenu son souffle tout au long du mouvement. Ses paupières sont closes, serrées, et il peine à se décider à ouvrir les yeux. Il laisse le temps à son cœur pour calmer ses battements puissants, qu'il entend presque à ses oreilles. Après quelques minutes, il est un peu apaisé. Personne ne semble l'avoir vu entrer, personne n'est venu pousser la porte et il n'y a aucun bruit lui laissant penser que quelqu'un l'attendait dans la pièce. Il lui faut encore un instant pour qu'il réussisse à ouvrir les yeux doucement.

La fragrance poivrée de Tian embaume l'air, faisant grimacer Jisung. La pièce est belle. Les murs blanchis à la chaux, comme le reste de la demeure, sont ornés de magnifiques fresques délicatement peintes, et le tout contraste avec les meubles de bois sombre qui composent le mobilier épuré. Dans un beau vase de porcelaine se tient une branche de fleurs de Méihuā. Connaissant quelque peu la symbolique de cette fleur, l'oméga affiche un sourire acerbe. Mais il a suffisamment traîné. Son cœur battant toujours à un rythme soutenu, il se hâte en direction du bureau bas de l'alpha, et se laisse choir sur le coussin qui y est déposé.

Ses mains tremblantes soulève les quelques feuilles qui traînent, mais ce qu'il parvient à traduire lui confirme que ce n'est pas grand-chose. Ses doigts pressés tâtent le meuble jusqu'à trouver des tiroirs qu'il ouvre rapidement. Sa nervosité l'handicape et il peine à se concentrer suffisamment pour traduire comme il faut les documents qui lui tombent sous les yeux. Mais une fois encore, cela ne semble pas bien important. Toujours rien de concret... Des lettres, des factures, des documents officiels... Machinalement, il glisse son bras afin de toucher le fond des tiroirs, et il sent alors une texture différente. Il sort alors de sa cachette un carnet couvert de cuir noir et à la fermeture simple. Le cœur battant à tout rompre, Jisung l'ouvre et parcourt rapidement les notes en chinois qu'il ne comprend pas entièrement. Soudain, il ferme les yeux et grimace. Il se morigène de ne pas avoir été assidu pendant les cours avec son perpecteur. Les rouvrant, une phrase lui saute toutefois aux yeux... « Le lot d'Omegas provenant de Joseon sera prêt pour le transport avant la prochaine pleine lune. » Serrant violemment les dents, il y voit également le nom de son père griffonné dans un coin en tournant la page. Ses mains tremblent de plus belle et son ventre se tend malgré lui. Une douleur diffuse le prend, mais il n'y fait pas attention. Ce carnet semble être sa clé de sortie. Ce carnet, il suffirait qu'il le vole, qu'il arrive à s'en aller d'ici avec et il pourrait retrouver Minho et sa vie avec lui.

Le noiraud n'a pas le temps de se pencher davantage sur les pages manuscrites qu'un bruit lointain dans la maison lui glace les sangs. Des pas, une porte qu'on claque. Ses mains deviennent moites et maladroites, et il prend quelques secondes de trop pour ranger tout comme c'était. Cette hésitation lui coûte cher : les pas se rapprochent, et il entend distinctement la voix familière, rauque et grave de Tian saluer un domestique à l'entrée.

— Non, non, non...

La panique le submerge, et maintenant face à la porte sa main resta un instant suspendue au-dessus de la poignée. Que dirait-il si Tian le trouvait là ? Rien. Il n'avait aucune excuse. L'idée le glace jusqu'à l'os, mais il doit bouger, maintenant. Il sort précipitamment du bureau, son souffle court et désordonné. Il prie pour que personne ne l'ait vu, avant de se faufiler jusqu'à ses quartiers aussi rapidement qu'il le peut. Une fois en sécurité, il ferme la porte derrière lui et s'effondre sur le sol, tremblant de la tête aux pieds, recroquevillé sur lui même. Il passe une main encore tremblante sur son visage livide et finit par se lever pour se rendre à la salle d'eau, versant l'eau d'un broc dans la vasque. Dans des gestes maladroits et chaotiques, il s'asperge et tente de reprendre le contrôle de lui même. Personne ne paraît l'avoir vu, il n'a croisé personne et Tian n'était pas encore là. Il ne risque rien. Enfin ce n'est pas ce que sa conscience lui hurle et il a bien du mal à retenir le sanglot d'angoisse qui lui comprime le thorax.

— C'est fini, c'est fini Jisung. Aller calme toi.

Une crampe abominable le saisit soudain, lui coupant le souffle et le pliant en deux. Ses jambes lâchent presque quand il laisse échapper un gémissement douloureux, une de ses mains trempées vient vivement se saisir de son ventre durci, comme un rappel que même là, à ce moment, il n'a pas droit à avoir le contrôle. Cela ne dure qu'un instant, la douleur s'atténue rapidement, et Jisung pousse un profond soupir en tentant de lutter contre la sueur froide qui l'a saisi.

Hochant doucement la tête, il retourne à sa chambre afin de grimper sur le lit. Ce n'est rien, il a eu sûrement bien trop peur et cela se répercute sur son corps. L'idée se tient. Terrorisé, le noiraud attend que quelqu'un ouvre la porte, lui signifiant qu'il avait été pris sur le fait et qu'il devait rendre des comptes pour avoir osé fouiller. Mais rien ne vient. Il lui faut un long moment pour qu'il réussisse à se calmer, plusieurs heures en vérité. Des heures cruellement longues et pleines d'agonie durant lesquelles sa panique se répercute au creux de son ventre. Il souffle doucement, tentant de calmer les douleurs qui se diffusent.

Lorsque le valet de Tian frappe doucement à sa porte pour le prévenir que le repas l'attend, le sursaut qui le prend lui fait bondir le cœur.

— Ou... Oui j'arrive.

Jisung s'extrait de son lit et ajuste ses vêtements avant de souffler longuement. S'ils savaient pour sa petite aventure dans le bureau, ils seraient déjà venus le trouver, Tian en tous cas. Ce qui n'est pas le cas. Comme ces dernières semaines, il l'a laissé se reposer sans rien demander, alors c'est qu'il ne doit rien savoir. De toutes manières il le saura très vite. Le cœur battant, l'oméga descend jusqu'à la salle à manger, et se glisse jusqu'à sa place sans un regard pour l'alpha.

— Bonsoir Jisung. Comment s'est passée ta journée ?

Ces tentatives de conversations deviennent bien trop habituelles, et le noiraud n'y participe quasiment jamais, sauf pour répondre en monosyllabes, ce qui est déjà bien.

— Bien.

L'alpha hoche la tête en se servant, ses baguettes venant se saisir du contenu de quelques plats qu'il dispose dans un bol de vaisselle coûteuse.

— J'espère que tu te reposes comme il faut. Si quelque chose t'ennuie, dis le moi et nous y remédierons.

— Non... Il n'y a rien...

— Parfait.

La faim n'est pas vraiment présente chez Jisung, qui observe les plats un peu nauséeux. Sûrement le contre coup de la frayeur de tantôt. Mais la douleur dans son ventre, parfois diffuse, parfois plus vive se fait tout de même plus présente et il commence à redouter ce qu'il est en train d'arriver. Oh il l'a appelé de tout son être, mais est-il vraiment prêt à cela ? Ses pensées sont un chaos dans lequel on peut y trouver tout et son contraire. Tian semble s'apercevoir que cela ne va pas, ou que quelque chose cloche, et observe son oméga avec les sourcils froncés.

— Tu es sûr que ça va ? Tu es pâle...

Jisung s'agite un peu à sa place et tente de trouver une posture qui ne le fera pas souffrir outre mesure, mais il semblerait que ce soit peine perdue.

— Ça va. Je dois... Avoir trop ma...

Un pique de douleur aiguë le plie en deux, et il geint sous la douleur qui le fait s'agripper à la table, le souffle court.

Cette fois, Tian ne doute plus de l'état de Jisung, il semble bien en peine. Il se lève, appelle son domestique rapidement, et lui ordonne d'aller chercher le médecin chez lui. L'alpha revient se poster devant le noiraud qui a bien du mal à se remettre de la dernière crampe ressentie.

— Ça va aller, ce n'est ri...

Rien ? Le cri qu'il pousse à la nouvelle vague de douleur qui lui vrille le ventre jusqu'à aller lui saisir les reins n'est pas d'accord avec ce qu'il s'évertue à penser et à vouloir croire. Lui saisissant le bras, le chinois met Jisung debout, mais les jambes de ce dernier s'affaissent sous son poids. Elles ne le portent plus, et l'oméga se retrouve prostré au sol, en tenant son ventre douloureux. Lorsque la contraction se termine, il souffle et tente de se redresser, mais son sang se glace dans ses veine, et ses yeux s'ouvrent grands sous la sensation d'un liquide chaud qui coule au long de ses cuisses quand il tente de se relever. La sérénité feinte de la salle à manger est balayée en un instant. Là où les plats raffinés trônaient quelques instants plus tôt, il n'y a désormais qu'un chaos rouge et douloureux. Le regard qu'il lance à Tian est totalement perdu, et livide, il baisse le nez pour voir une importante tâche sombre imprégner son vêtement. Malgré lui, une vague de panique le submerge. Le mélange de douleur et d'angoisse devient presque insupportable, mais il n'a pas le temps de se laisser aller à la terreur qui lui enserre la gorge, qu'il se retrouve, gémissant, dans les bras de l'alpha qui le monte à sa chambre pour aller le déposer sur le lit qu'il occupait encore peu avant. Là il se pelotonne, en boule, comme si la posture pouvait protéger l'enfant dans son ventre. Il n'en veut pourtant pas, alors pourquoi ressent-il ce désespoir qui commence à l'envahir ? Il appelait cette situation de ses vœux, alors pourquoi maintenant il ferait tout pour retenir la vie en son sein ? Une nouvelle douleur le saisit, et il se laisse aller à sa souffrance.

Tian qui assiste à la scène est impassible. Il n'y a que le muscle de sa mâchoire qui vient indiquer à quel point il peut être contrarié de la situation. De ce qui se déroule devant ses yeux. L'oméga perdu au milieu de draps sanguinolents. Il reste immobile aux côtés de Jisung, son regard fixé sur le sang qui imprégne les tissus. Ses doigts se crispent légèrement contre le dossier d'une chaise, trahissant une once d'agitation qu'il refuse de laisser transparaître. Il tend l'oreille, espérant que le médecin se hâte d'arriver. Ce n'est que bien des minutes plus tard que Seungmin, essoufflé, se montre dans la chambre, suivi de deux domestiques apportant des bassines d'eau chaude. Il s'arrête net à l'entrée de la chambre, affiche un mouvement de recul et ses sourcils se froncent, trahissant sa vive inquiétude. Ils ont trop attendu, c'est trop tard pour perdre un enfant sans craindre quoi que ce soit.

Son regard s'attarde sur le lit écarlate, sur Jisung, en mauvaise posture, pâle et frémissant, puis sur Tian qui refoule son inquiétude derrière un masque fêlé. Rapidement, le médecin se reprend, inspire profondément avant de s'avancer, recouvrant son professionnalisme.

Les heures se sont succédées dans un flot de douleurs et l'oméga est maintenant épuisé. Le médecin est toujours au chevet de Jisung, veillant à chaque détail. Les draps sont changés, l'oméga rafraichit et revêtu de frais. Le silence règne dans la pièce, et le noiraud, allongé, pâle comme un linge, fixe le plafond d'un air distrait, vide de toute émotion. Son corps tremble encore, vidé de ses forces et il meurt de froid. Pourtant bouger lui semble au dessus de ses forces. Alors il reste ainsi. Seungmin nettoie ses instruments sans mot dire, mais finit par se tourner vers le jeune homme.

— Jisung... Je suis désolé. Il n'y avait rien d'autre à faire.

Aucune réponse. Le silence de l'oméga en dit long, plus que des mots ne pourraient jamais le faire.

— Je vais demander à ce qu'on te laisse tranquille pour ce soir. Tu as besoin de repos.

Le médecin se redresse et sort de la pièce, ordonnant aux domestiques de ne déranger Jisung sous aucun prétexte. Dans le couloir, il croise Tian, qui semble l'attendre, les bras croisés et le regard glacial.

— Alors ?

— Il l'a perdu.

La réponse de Seungmin est donnée sur un ton égal, qui masque l'agacement qu'il ressent à l'égard de ce chinois. Sait-il seulement qu'il ne peut avoir d'enfant avec un oméga déjà lié à un autre ?

L'alpha serre les mâchoires, mais ne dit rien. Après un long silence, il fait un geste de la main, indiquant qu'il a compris.

— Assurez-vous qu'il se remette. Je veux qu'il soit à nouveau en état dans les semaines à venir.

Seungmin sent une bouffée de colère monter en lui, mais il se contente d'un hochement de tête avant de s'éclipser. Il ne peut pas... Il ne peut... Il opère un demi-tour, et s'adresse finalement à Tian.

— Est-il votre lié ? Si non, il y a de très forte chance que chaque tentative soit un échec, et plus les échecs se multiplieront, plus votre oméga sera en danger, et pourrait perdre la vie. Il s'en est fallu de peu cette fois. Il a besoin de repos, et de se remettre comme il faut.

Il jette un regard emplit de rancœur à l'homme avant de tourner les talons pour de bon. Levant toutefois une main, il rajoute quelques paroles.

— Je reviens demain pour voir si tout va bien.

Dans la chambre, Jisung sent les larmes couler librement sur ses joues. Il ne sait pas exactement ce qu'il ressent : de la douleur, de la colère ? Un soulagement intense. Mais au fond de lui, il sait que quelque chose a changé. Cette perte, bien que tragique, a ravivé de plus belle la flamme en lui. Son envie de survivre. L'envie de se battre.

Ses mains toujours tremblantes se posent sur ses yeux clos. Il murmure, presque inaudible, comme une prière :

— Je vais sortir d'ici. Bientôt.



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Si j'ai bien compté, il devrait rester une dizaine de chapitres. On approche de la fin. Vous l'imaginez comment?? (pour info : je n'en ai pas la moindre idée moi même XD  je vais où ils vont. La fin se fera comme ils se seront débrouillés.)

Croisez les doigts pour qu'ils aient de la chance et qu'ils se débrouillent bien XD

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