Chapitre 26
Le chap25 est sorti Dimanche pour ceux qui n'ont pas eu la notif :)
/!\ TW : Agression, violence, non consentement. Cela reste de l'ordre de l'implicite (je n'aime pas du tout détailler) mais ... Ne lisez pas si vous ne le souhaitez pas. Il y aura de quoi deviner ce qu'il s'est passé même si je pense que vous imaginez déjà bien.
Je vais signaler le passage incriminé par le petit panneau. Vous pourrez le sauter.
(m'en voulez pas trop siouplé XD )
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Le trajet depuis l'entrepôt dans lequel sont retenus les oméga se fait dans un silence de plomb, seulement dérangé par le bruit des roues de la voiture sur le pavé ou le pas des chevaux. Parfois Tian échange quelques mots avec son intendant sur la gestion de la demeure. Il est hors de question pour Jisung d'ouvrir la bouche. Épuisé après des jours de détention et de lutte, il se contente de regarder au dehors, assez vaguement, le front appuyé contre la fenêtre dont le rideau est ouvert. Ses pensées sont surtout focalisées sur ses retrouvailles avec Minho. Il n'y a que lui dans son esprit. Voilà plusieurs jours qu'il a remarqué que le froid qui l'habitait a disparu... Est-ce que cela veut dire que l'alpha est quelque part non loin ? Machinalement, ses yeux se perdent sur les passants qu'ils frôlent, comme si par un merveilleux hasard il allait pouvoir admirer le visage si parfait de son ami d'enfance, de son âme sœur. Et à l'idée un chaud parfum poudré vient voleter autour du noiraud.
C'est lorsque l'intendant tire sur les chaînes qu'il porte toujours aux poignets que l'oméga remarque l'arrêt de leur moyen de transport. Avec méfiance et bien peu d'entrain, il se dresse et descend de la voiture, son regard se portant sur la demeure du Chinois. Ce dernier, après un regard offert qui lui a tendu le dos, a d'ores et déjà pénétré la propriété sans même l'attendre, et Jisung se laisse conduire jusqu'à l'intérieur, non sans cacher une grimace. Ainsi Tian et sa famille baignent dans le luxe... C'en est presque indécent. Dire que lui aime et apprécie la simplicité de la vie... Il comprend pourquoi le désir de son paternel s'est porté sur celui là... Et un petit bout de son esprit se demande pour combien il a été vendu...
Arrivés dans la large entrée lumineuse malgré le jour qui commence à décliner, le regard du noiraud s'ouvre grand avant de laisser place à un air consterné tandis qu'il perd son regard sur les moulures, les bibelots, vases, et les différentes fresques représentant de magnifiques montagnes enneigées, des cascades et autres contrées chinoises particulièrement agréables. Il est cependant coupé dans sa découverte par l'intendant béta qui l'interpelle en tirant un peu sur la chaîne, comme un maître tire sur la laisse de son chien lorsqu'il prend trop de temps à sentir un brin d'herbe. Cette chaîne qui mord sa peau déjà irritée et abîmée et qui ne fait que lui rappeler sa condition.
— Un bain va vous être préparé, jeune maître. Votre chambre se situe à l'étage. Nous allons retirer également une partie de vos fers afin de ne vous laisser qu'un poignet entravé pour faciliter vos changements de vêtements, et le reste vous sera retiré à condition que vous soyez docile et que vous ne montriez aucune envie de vous enfuir.
Il a envie de pouffer. D'éclater de rire à la face du domestique au ton si mielleux et de lui dire qu'alors jamais il ne reverra son poignet nu, sans le fer qui l'enserre et le blesse, au point qu'il est certain d'y trouver une plaie infectée. Puis « jeune maître »... L'impression d'être de retour dans l'ancienne demeure qu'il habitait avec son Père se fait forte, et il réprime un frisson. Il n'aime pas être appelé ainsi, encore moins par un homme à la botte du vrai maître de la maison, et qui le dévisage comme s'il était bon à écraser.
— Hinhin.
Que dire de plus ? Merci ? Merci de m'enfermer dans cette magnifique cage dorée ? Merci de me garder ainsi prisonnier ? Oh grand merci pour le bain offert, c'est très généreux à vous après tant de jours à lutter contre la chaleur dans une carriole sale et une petite cellule misérable.
Devant la réponse laconique du jeune homme, l'intendant tire donc la chaîne derrière lui et monte le grand escalier jusqu'à pouvoir conduire l'époux enfin là, à la chambre qui lui a été alloué.
Jisung pourrait tenter de s'en aller maintenant. Ce n'est pas un vieil homme comme celui qui le conduit qui va le maintenir en place. Toutefois, il est exténué, et il sait que toute tentative sera un échec. Il ne rêve que de dormir. Dormir réellement. Dans un endroit confortable. Et il rêve de pouvoir se plonger dans un baquet plein d'eau, se frotter et nettoyer toute cette crasse qui le recouvre depuis trop longtemps.
Ses muscles sont douloureux, tout son corps lui fait mal. Alors ce soir, il profitera allégrement de ce qui lui est offert. Parce qu'il doit se refaire une santé s'il veut pouvoir s'en aller et échapper à cette traque infâme qu'ils ne manqueront pas relancer. Il doit aussi prévenir Minho qu'il risque gros s'il vient à être attrapé... Mais pour l'heure son esprit a l'air éteint, et il a bien du mal à aligner deux pensées cohérentes. Tout ce qui lui vient en tête, c'est de lever les bras tendus devant l'homme. Homme qui le regarde sans comprendre.
— Oui ?
Jisung soupire, et du menton désigne les fers.
— Je pense que ça va rouiller si je me baigne avec. Vous ne voudriez tout de même pas être responsable de leur gâchis ? Enfin c'est une suggestion... Puis vous avez dit que vous les enlèveriez.
— Seulement si vous êtes docile.
L'intendant le toise un instant, et sourit en biais avant de finalement sortir la clé confiée par Tian, de sa poche.
— Je vous ôte les deux le temps du bain. Lorsque vous en serez sorti, je vous en remettrai un.
L'oméga hausse une épaule, il est bien trop épuisé pour continuer de polémiquer et de débattre sur l'utilité de ces maudites chaînes qui ne sont fixées à rien et qui sont là pour lui servir de laisse au cas où il faudrait le promener un peu partout à la guise du chinois. Il ne sait toutefois pas cacher son soulagement en sentant le poids du métal se retirer de ses poignets. Ses mains tremblent de ce changement soudain et il regarde ses membres meurtris, découvrant l'étendu des dégâts, des plaies, quelques croûtes, des gonflements bouillant, l'un plus que l'autre, le second étant protégé en parti par les bracelets de cuir qu'il porte grâce à Minho.
— Vous avez 20minutes. Je reviens passé ce délai, je vous remets le fer et je vous conduirai au maître pour le repas.
Jisung regarde l'intendant partir en fermant la porte derrière lui. Il s'attend à un bruit de clé et n'est pas surpris lorsque la serrure est fermée à double tour. Il ne faudrait pas qu'il s'enfuit... Poussant un soupir, il ferme les yeux un instant. Ceux-ci lui brûlent, et il ne rêve que d'une chose : se laisser paresseusement tomber dans les bras de Morphée. Mais la journée n'est pas encore terminée.
Autour de lui, il détaille alors la pièce dans laquelle il se trouve. Un lit dont les couvertures sont parfaitement ajustées, une armoire qui a l'air de n'avoir jamais été ouverte, un bureau vide mais charmant... Totalement impersonnelle et à la chaleur inexistante, à l'image même de son... Époux. Quelques pas sont exécutés en direction de la fenêtre qui s'ouvre sur de beaux jardins. Cela doit être agréable de se promener sur ce grand par terre, sous les cerisiers. C'est lorsqu'il braque son regard sur ces derniers qu'il remarque Tian, debout sous les branches à fumer son kiseru.* Il lui tourne le dos, et Jisung se permet de le détailler plus avant, de bas en haut. Jusqu'à tomber dans son regard. Il s'est retourné dans sa direction ! Avec une grimace dévoilant ses dents, l'oméga se retire rapidement de sa position.
Sentant un long frisson lui parcourir l'échine, le noiraud se décide à aller se couler dans le bain qui l'attend dans la pièce attenante. En entrant dans l'eau chaude, il grimace de nouveau. Les blessures qu'il arbore le brûlent, le piquent. Avec un nouveau soupir, Jisung essaye tant bien que mal de se détendre comme il le peut, tout en tentant de ne pas se laisser happer par le sommeil. Il lui faut frotter. Frotter sa peau rendue plus sombre par le temps qu'ils ont passé à rôtir sous le soleil de fin d'été. Frotter pour retirer toute cette crasse accumulée et cette odeur fétide. C'est avec douceur qu'il passe sur la glande dans sa nuque, toutefois, le geste le fait frissonner. Fermant les paupières, Jisung se souvient de tous ces bains pris en compagnie de son alpha. Cette douceur avec laquelle il se laissait savonner et caresser, et lui même rendant les gestes offert avec délectation, apprenant le corps magnifique de son autre.
Il chasse les souvenirs en sentant sa lèvre se mettre à trembler, et il lui faut redoubler d'effort pour ne pas se mettre à pleurer d'un seul coup. Il revivra ces moments, il se le promet.
Lorgnant sur son état, la couleur de l'eau qui a bien changé, les ecchymoses, les plaies, son amaigrissement... Jisung se met à rire. Un rire nerveux, qui le prend aux tripes. Un rire fou, qui vient du plus profond de son âme, mais qui se change rapidement en sanglots qu'il n'a pas senti venir, les larmes ruisselant sur ses joues. Il a envie de crier. Il a besoin de hurler sa peine et sa douleur, mais il réprime cette nécessité en serrant les dents à s'en faire mal à la mâchoire. Une longue plainte s'échappe de sa gorge serrée, et il sent tous ses muscles se tendre douloureusement avant qu'il ne se mette à trembler violemment. Les plaintes ne s'arrêtent plus, il doit crier, il doit hurler et libérer ce chagrin contre lequel il lutte. Mais à la place, ce sont les parois du bain qu'il se met à frapper à s'en faire mal aux mains. L'eau éclabousse tout autour de lui, mais il s'en moque éperdument. Finalement, il se laisse couler. Doucement il s'enfonce dans l'eau qui n'est plus très claire. Il ne respire pas. Les yeux clos, c'est l'image de Minho qui s'impose à lui, et finalement, il hurle tout son saoul, il hurle dans l'eau pour soulager ce poids qui lui broie les épaules. Il aimerait tellement ne pas vivre cette injustice... Il devrait être en paix dans les bras chaleureux de celui qu'il aime tant, pas ici, pas là à tenter de se noyer pour échapper à une vie qui n'est pas celle qu'il souhaite. Mais finalement, il se redresse, aspire une grande goulée d'air sous le rideau de cheveux sombres qui lui tombent sur le visage. Il est bien là, vivant. Il ne peut pas céder ainsi. Il doit revenir, il doit retrouver Minho.
Il s'est changé, et tout de frais vêtu, c'est dans un bruit de chaîne incongru qu'il arrive à la longue table où l'attend déjà Tian. Jisung ne lui accorde pas un regard, pas une attention lorsque l'intendant, lui, le salue et qu'il conduit l'oméga à la place qui lui est désignée. Une soupe lui est servie, avec un bol de riz, quand l'alpha se régale de viande et de beaux légumes.
— Ça fait longtemps que tu n'as pas mangé à ta faim. Il te faut reprendre en douceur sans quoi tu risques de te rendre malade.
Jisung qui tient ses baguettes sans toutefois toucher à la nourriture présentée, les dépose à la voix de Tian.
— Tu ne manges pas ?
— Non.
Jisung a le regard fixé sur le bol de riz blanc, posé devant lui. Un sourire en coin se fait montre sur le visage anguleux de l'alpha chinois, qui se régale de ses plats, amusé. Il finit par feindre le dépit, soupirant exagérément.
— Moi qui pensais que j'allais devoir t'enchaîner au mur pour ne pas que tu t'échappes... Finalement tu n'auras même pas la force de mettre un pied devant l'autre pour t'en aller.
Cela fait lever le museau de l'oméga qui lui lance un regard furieux.
— Quoi qu'il arrive, je ne compte pas rester ici bien longtemps. Tu ne me tiendras pas prisonnier.
Tian déguste un morceau de viande délicieusement cuite et brillante, l'air de ne pas écouter, mais il répond, après un blanc volontairement long.
— Tu n'es pas prisonnier. Tu es mon épousé. La nuance est de taille. Et si je dois mater celui que j'ai marié, je le ferai et il n'y aura personne pour y redire quoi que ce soit. Plus encore de par sa condition d'oméga. Et ne me remercie pas de t'avoir tiré de ta cage chez ce marchand... Je t'en prie, c'est un plaisir.
Le rouge monte aux joues de ce dernier. Être réduit à cette condition ne lui sied guère, mais l'épuisement étant là, il décide de laisser la manche à Tian pour ce soir. Et surtout... Il ne compte pas le remercier de quoi que ce soit.
***
Trois jours qu'il tente d'esquiver Tian, trois jours qu'il ne l'a pas vu, ou lorsqu'il se rend compte qu'il vont se croiser, il a tôt fait de changer de direction. L'après midi est bien entamé, et Jisung, dans son désir d'échapper aussi à l'intendant qu'il exècre tant il pue l'indifférence malgré ses tentatives de l'amadouer, trouve une porte ouverte dans un couloir où il n'est encore jamais venu.
Curieux, et sans gêne, l'oméga pousse doucement la porte qui s'ouvre dans un grincement sinistre. Toutefois l'intérieur ne ressemble en rien à ce qu'il pensait y trouver. Rien de trop formel, rien de froid. La petite pièce est beaucoup plus chaleureuse que le reste de la maison. Un tapis épais jonche le sol parqueté, le bois sombre des meubles, les coussins brodés déposés sur un fauteuil confortable. Une petite boite en laque rouge délicatement ornée d'or est déposée sur le bureau, renfermant sans doutes ces deux billes de relaxation que Jisung a déjà aperçu dans d'autres lieux. Des cadres jaunis, un portrait d'une magnifique femme posée dans une position apaisée sous les cerisiers en fleurs. Un bel éventail particulièrement travaillé orne le dessus d'une étagère. De nombreux ouvrages dans les bibliothèques présentes attirent son attention, et avec précautions, l'oméga pénètre la pièce pour détailler tout cela. Sur le bureau un carnet. Un nom y est inscrit en jolie dorure. « Mei Lin ».
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le sursaut de Jisung aurait pu l'envoyer sur la Lune s'il ne l'avait pas contenu un minimum. Il attend un instant que son cœur et son souffle reprennent un rythme régulier, avant qu'il réagisse.
— Je me promène.
La réponse ne convient nullement à l'alpha qui s'approche avec un sourire mauvais collé sur le visage et le parfum poivré envahit la petite pièce, mettant à bas la fragrance bien plus subtile du musc blanc.
— Cette pièce t'es interdite. Il n'y a rien pour toi ici. Tu n'as pas à y entrer.
— C'est qui Mei Lin ?
Au nom énoncé, l'alpha serre les poings. Il aimerait arracher la langue de cet imbécile qui se pense tout permis. Que plus jamais il ne vienne prononcer ce nom devant lui.
— Personne que tu as droit de connaître. Et ne dit pas son nom, tu n'en as pas le droit.
Il a décidé de jouer avec son époux. Il le peut bien après tout. C'est lui qui le tient prisonnier ici. Levant le regard en se tournant vers le chinois trop grand, il désigne le carnet et le prend nonchalamment pour le feuilleter. Un journal... Il remercierait presque son paternel de lui avoir forcé la main avec ses cours de chinois. Il n'en a pas retenu grand-chose, mais suffisamment pour savoir lire ce qui est écrit dans le calepin. Et cela lui fait froncer les sourcils. Tian s'est rapproché, et à mesure qu'il avance, Jisung recule, calquant son pas à celui de son mari.
— Vous...
Le regard de Jisung se fait mauvais, et il finit par lancer le carnet au visage du chinois qui l'esquive en le rejetant plus loin de côté.
— Tu oses te comporter comme ça avec moi alors que tu vis la même chose ??
— Jisung, tu devrais te taire maintenant.
— Me taire ?! Tu t'en prends à moi parce que t'es trop lâche pour ne pas te laisser faire de ton côté ??
— Jisung...
Le regard de l'alpha aurait pu devenir incendiaire tant la fureur lui brûlait au fond des yeux. Mais Jisung, outré de ce qu'il vient de découvrir n'y prête même pas attention vraiment. Il continue de reculer pour ne pas se faire attraper, tournant en rond autour du bureau.
— Tu l'as abandonnée pour m'épouser moi, et tu croyais que j'allais faire pareil de mon côté sans rien dire, comme la petite poupée bien sage de mon Père ? T'es un faible ! Un lâche ! Un misérable qui ne...
⚠️
Il n'a même pas eu le temps de faire attention au fait que Tian s'est très vite rapproché pour le saisir à la gorge afin de le faire taire. Soudain Jisung réalise pleinement ce qu'il vient de faire, et... Ce n'est pas bon. Mais l'idée même de servir de défouloir à un homme parce que lui a eu le cran de se rebeller le fait vriller tant c'est injuste. Avec un hoquet, il cherche sa respiration, ses doigts venant enserrer la large main qui l'étrangle, lui broie la trachée mais finalement c'est un violent coup de genou porté à la partie la plus sensible de l'anatomie du chinois qui lui permet de se trouver libre. Il ne lui faut qu'un instant pour se reprendre et courir vers la sortie de la pièce tandis que l'alpha est plié en deux de douleur, mais la chaîne... Cette foutue chaîne qui lui pend au poignet se tend si brutalement, que dans l'élan l'oméga est projeté au sol, le souffle coupé sous le choc.
— Tu veux jouer Jisung ? Tu veux me provoquer ? Voir jusqu'où je peux aller ?
Rapidement, la chaîne est remontée jusqu'à ce qu'il se saisisse de l'oméga qui recommence déjà à se débattre. Jisung commence à regretter d'avoir voulu le pousser dans ses retranchements. Il se rend bien compte que leurs forces ne s'équivalent pas du tout, et il a sous estimé la force brute de l'alpha qui vient de le redresser, et de le plaquer contre un meuble de beau bois. Le contact violent lui mord la peau sous son vêtement, et il se sert de sa main encore libre pour assener un coup de poing magistral à Tian... Qui bouge à peine sous le choc. Cela semble même exacerber sa fureur, et Jisung se débat de plus belle en criant.
— Arrête ! Lâche moi !
— La ferme ! Tu vas apprendre à obéir, crois moi.
Le ton brusque puis doux et mielleux qu'il utilise pour lui parler, arrache des frissons à Jisung qui tente de se recroqueviller pour échapper à son traitement. Tian récupère la main libre de l'oméga et dans un geste fluide et maîtrisé, il le force à pivoter vivement contre le meuble, plaquant son torse avec violence, avant de s'écraser sur lui de tout son poids pour le maintenir en place. Ses poignets lui font mal, serrés dans la poigne de l'homme en plus du fer qui lui reste, et il se cambre en tirant sur ses bras pour essayer de le faire lâcher, ce qui n'amène que plus de contrôle de la part de Tian. La douleur lancinante de ses poignets le fait geindre mais le son qu'il produit est étouffé par les battements frénétiques de son cœur qui résonnent à ses oreilles.
— Lâche moi, lâche moi, pardon, fais par ça, j't'en prie, lâche moi.
— Tu crois pouvoir t'en sortir comme un charme à la moindre petite contrariété Jisung ? Tu me dois une nuit de noces.
— NON ! Lâche moi ! Arrête !
Le ton traînant et lascif de Tian le fait gémir de terreur. Terreur qu'il peine à contenir. Mais la main libre de l'alpha glissant au long de son flanc jusqu'à sa hanche lui arrache un tremblement. Le poids pesant sur son dos devient une prison de laquelle il ne sait s'évader. Les phéromones poivrées sont si concentrées qu'il a le sentiment d'être presque assommé.
Le bruit des chaînes, des vêtements froissés, se mêlent à une tension presque insupportable. Une humiliation froide s'installe dans le regard de Jisung lorsqu'il réalise que la force de Tian dépasse tout ce qu'il aurait pu imaginer. Le musc blanc vire à l'aigre, très vite supplanté par le parfum du chinois.
Quand l'alpha se rapproche davantage, son souffle effleurant la nuque de Jisung, ce dernier sent les vestiges de son contrôle lui échapper. Il serre les poings, la honte brûlant sa peau, alors que les gestes de Tian deviennent plus insistants, plus invasifs. Comme il aimerait pouvoir sentir cette belle fragrance d'immortelle, et cette petite touche épicée qui se réveille lorsque Minho est agacé...
Tout son être hurle une révolte que son corps ne peut plus mener. Maintenu, enchaîné, plaqué à ce meuble sans pouvoir bouger, il étouffe presque sous le poids à ses épaules.
Un dernier mouvement brusque, un cri étouffé, et Jisung sent ses forces l'abandonner, remplacées par la terreur, cette terreur glacée qui l'envahit tout entier. Les secondes s'étirent, indifférentes à sa souffrance, comme si le monde avait cessé de tourner. Personne n'est là pour lui venir en aide. Personne n'est là pour venir le sauver à l'instar des contes que l'on entend lorsqu'on est enfant. Dans la réalité, on subit, et la chance ne sourit pas à tout le monde. Il veut appeler Minho, il veut hurler son nom, dans l'espoir qu'il arrive ici et le sauve de ce qui est en train de se passer. Mais il sait bien que c'est inutile et qu'il lui faut attendre.
***
Jisung reste figé debout contre le meuble de bois massif, son regard perdu dans le vide.
Le poids de Tian n'est plus sur lui, mais l'impression de son emprise reste gravée dans sa chair. Il n'ose pas bouger, pas même respirer trop fort, de peur que l'alpha revienne à la charge. Est-ce qu'il va revenir ? Est-ce qu'il va recommencer ?
— Voilà, c'est mieux, murmura Tian en se redressant le souffle encore court, ajustant ses vêtements avec une indifférence glaçante.
Jisung sent un goût métallique sur sa langue, et il réalise qu'il a mordu sa propre lèvre pour retenir un cri. Ou plusieurs.
— Je t'avais dis de sortir de cette pièce.
Jisung n'entend plus vraiment. Les battements frénétiques de son cœur couvrent tout, et son corps tremble, incapable de répondre aux ordres de son esprit. Fuir. Respirer. Survivre. Sa respiration haletante ne demande qu'à prendre un rythme lent et profond, mais il ne le peut pas. Comment respirer quand l'alpha est toujours là, et qu'il peut le maîtriser comme un chat maîtrise une souris ? Sa nuque lui fait mal. Il l'a mordu de nouveau. Il veut effacer Minho.
Tian se penche à nouveau, et après une brève hésitation que Jisung ne remarque pas, il effleure la joue de l'oméga d'un doigt, comme pour s'assurer qu'il a bien compris.
— Brave oméga.
Sa large main ébouriffe les cheveux décoiffés de Jisung qui ne tente pas de se soustraire au geste. Son regard est toujours perdu dans la contemplation du néant devant lui, et il lui faut un long moment après avoir entendu la porte se refermer pour se laisser glisser contre le meuble, jusqu'au sol.
Il veut crever.
Il peut ?
Sans trop réfléchir, son regard se porte sur ses poignets meurtris, rougis et marqués des mains de l'alpha. Sa gorge le fait souffrir. Tout son corps lui fait mal. Tout son corps tremble violemment, encore sous le choc de ce qu'il vient de se passer. Ses mains sont toujours devant lui mais il ne les voit plus.
Il veut mourir.
Il ne peut pas mourir.
Non...
Qu'est-ce que Minho dirait ?
...
Qu'est-ce que Minho va dire ?
Est-ce qu'il va pouvoir le regarder dans les yeux ?
Est-ce qu'il pourra encore voir ce regard si amoureux ?
Cet air si doux ?
...
Du dégoût ?
Du mépris...
Un hoquet.
Un sanglot.
Un cri déchirant qui résonne dans la pièce et au-delà.
⚠️
Tian qui se tient debout au milieu du couloir observe le carnet qu'il a ramassé en partant, effleurant avec douceur et délicatesse le nom en filigrane doré. Un nom si cher à son cœur, qu'il a abandonné sans se retourner pour se consacrer pleinement aux desseins de son père. Sa colère est tarie pour l'heure, jusqu'à la prochaine remontée. Le cri de Jisung résonne dans le couloir où il se tient, et il se contente de fermer son poing tremblant sur le calepin, une grimace rageuse au visage. Si lui a abandonné celle qu'il aime, alors il n'a pas à subir son sort seul. Et l'oméga le comprendra et s'y fera lui aussi.
* longue pipe
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Voilà vous me détestez maintenant XD
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