Chapitre 58

Chapitre 58

Je me sentais gênée vis à vis de ce qu'il s'était passé, mais Dawton paraissait content, il avait toujours ce sourire aux lèvres que j'avais envie d'arracher. Le voir si heureux me réjouissait, mais j'avais aussi cette envie de l'embêter juste pour le faire grogner.

Comme lorsque je le taquinais sur son âge.

- Chaton, tu veux aller au centre commercial ? On peut profiter de ce jour de repos pour sortir tous les deux.
- Et ta paperasse ?

J'avais quitté des yeux l'écran pour le regarder d'un air suspicieux.

- Je peux laisser ça de côté quelques heures. Ca ne presse pas.
- Tu ne diras pas ça lorsque tu te rendras compte que tu auras plein de trucs à faire à cause de cette sortie.

Il leva les yeux en soupirant.

- Allez, chaton. Après, tu prendras l'excuse des arcades pour dire que tu ne veux pas sortir.

Je soupirai en laissant ma manette de côté et éteignis la console.

- Ok, allons y.
- Cool !

Il se leva rapidement de sa chaise, rangeant son portable dans sa poche et vint vers l'armoire pour prendre une veste qu'il enfila. Je me levai à mon tour et pris ma veste pour la mettre.

- Qu'est-ce que tu veux faire au centre commercial au juste ?
- Juste me promener avec toi. Faire ce qu'un couple ferait dans un centre commercial.

Je le suivis hors de la chambre.

- C'est étonnant que tu veuilles faire ce genre de chose.
- J'ai envie de faire plein de chose avec toi, rétorqua-t-il. Et puis, ces papiers commençaient sérieusement à me donner la migraine.
- En même temps, tu ne fais que ça.
- Je n'ai pas le choix.
- Et Noah ? Qu'est-ce qu'il fait au juste ?
- Il s'occupe des problèmes mineurs.
- C'est à dire ?
- Des bagarres entre voisins, des mécontentements, ce genre de chose.
- Il se tape tout le sale boulot en fait.
- Il se tape le boulot qui n'est pas urgent pour un Alpha de régler, me rectifia-t-il.
- Et qu'est supposée faire une Luna ?
- S'occuper de sa meute.

Je roulai des yeux.

- Mais dans le fond des choses ? Que fait-elle ?
- S'occupe des femmes. Elle a un lien étroit avec les femmes de la meute, avec la déesse de la Lune. Il est plus simple pour elle de communiquer et de représenter l'espoir aux membres de la meute.
- Et tu penses vraiment que je sois en mesure de faire ça ?
- Peut-être pas maintenant, mais un jour, tu te sentiras prête. Tu pourras t'occuper de la meute à ta façon. Tu y contribueras lorsque tu le voudras.
- Et si le déclic ne me vient pas ?
- J'ai confiance en toi, en tes capacités. Le moment voulu, tu sauras.

Le fait qu'il puisse avoir une confiance quasi aveugle en mes capacités était terrifiant. A croire qu'il ne se rendait pas compte que j'étais encore beaucoup trop irresponsable pour pouvoir m'occuper de quiconque. J'avais déjà du mal à comprendre mes sentiments, mais s'il fallait en plus que je puisse m'occuper d'état d'âme de tas de personnes, je n'étais pas sûre de pouvoir m'en sortir.

- Tu voulais dire quoi par faire des choses en couple au centre commercial ?
- Juste sortir. Me promener avec toi, faire les magasins.
- Tu sais que je ne te laisserais rien m'offrir ?
- Je sais, confirma-t-il en souriant.

Nous nous étions installés dans sa voiture et il avait démarré l'engin.

- Je vais probablement ruiner l'ambiance, mais... j'y pense beaucoup ces derniers temps... qu'est-ce qu'on fait de l'histoire de l'accident ?
- On laisse le temps agir, me répondit-il en gardant les yeux rivés sur la route. Je sais qu'il va te falloir du temps, du temps pour digérer tout ça, pour me faire confiance à nouveau et te décider que j'en vaux la peine. Que tu comprennes que Jasmine n'est rien d'autre qu'une soeur pour moi. J'essayerai d'être patient avec toi, de ne pas te brusquer et de faire en sorte de t'impliquer dans ma vie autant que je le peux, pour ne pas te laisser de côté comme tu pensais l'être. Tu n'es pas un divertissement pour moi. Rien à voir du tout. Je tiens vraiment à toi. Je t'aime, Ginger.

Mon coeur prit de la vitesse et je savais parfaitement qu'il pouvait l'entendre grâce à son ouie de loup. Il savait que ce qu'il disait me faisait de l'effet.

- Arrête de dire ça à tout bout de champs.
- C'est ce que je ressens pour toi.

Je sentis mes joues chauffer et je détournai le regard. Je ne savais pas quoi lui dire.

- C'est parce que je t'aime que je fais tous ces efforts, que je veux te rendre heureuse et faire en sorte qu'on finisse le reste de notre vie ensemble.
- C-c'est cheesy.

Je croisai les bras et regardai par la fenêtre. Le reste du trajet se fit dans un silence seulement rompu par les sifflements de Dawton, alors que je restais muette, terriblement gênée par ce qu'il venait de dire. Il se gara et retira sa ceinture. J'en fis de même et descendis de la voiture. Il y avait autant de monde que dans mon souvenir et je remarquai que Dawton m'attendait. Il tendit sa main dans ma direction et je la pris après quelques hésitations. Il sourit de toutes ses dents et nous mena jusqu'au centre commercial. Je pouvais voir des jeunes de mon âge discuter, se chamailler, des couples marcher en riant, des enfants courir l'un après l'autre. Tout le monde paraissait insouciant, tout le monde semblait vivre. Vraiment vivre. Sans aucun problème dans leur vie. Mais je savais que ce n'était qu'une illusion. On pouvait très bien avoir des problèmes, mais tout le monde faisait en sorte de les cacher, de ne pas les montrer, pour éviter que les gens ne s'en plaignent. Nous marchâmes main dans la main et Dawton me guida parmi la foule. Il me fit entrer dans une boutique de vêtements féminins et je jetai un coup d'oeil autour de moi. Il y avait des ensembles sympas, mais aurais-je le courage de les porter si je venais à les acheter ?

- Ca t'irait bien, ça !

Il désigna une chemise à motifs et une jupe noire. Je ne fis que hocher la tête. Je finis par lâcher sa main pour pouvoir regarder les vêtements qui se présentaient devant moi.

- Tu te plaignais de venir mais au final, c'est toi qui vas finir avec des sacs de vêtements.

Je roulai des yeux et il s'esclaffa. Il passa un bras autour de mes épaules.

- En réalité, je vais devoir partir à une réunion sur un autre territoire dans quelques jours.
- Oh...

Je sentais la déception s'abattre sur moi. Il allait s'éloigner alors que je m'étais habituée à sa présence. Alors que je voulais passer de plus en plus de temps avec lui.

- J'aimerais que tu viennes avec moi.
- Avec toi ?

Il hocha la tête.

- Je ne veux pas te laisser ici. Je veux que tu viennes avec moi. Qu'est-ce que tu en dis ?
- Mais je ne servirais à rien.
- Tu es ma Luna, tu représentes la meute aussi, Ginger.

Je me mordis la lèvre et je vis son regard fixer ma bouche. Il rapprocha son visage de mon oreille gauche.

- Par contre, chaton, à ta place, je ne me mordrais de cette manière, si tu ne veux pas finir dans les toilettes publiques avec l'une de mes mains dans ta culotte.

Mon coeur rata un battement alors qu'il déposait un baiser sur ma joue.

- Qu'en dis tu ?
- D-de quoi ?

Il rit légèrement.

- De venir avec moi à cette réunion. Ce sera l'occasion de te présenter comme étant ma Luna aux yeux des autres. Je pourrais enfin parler de toi.

Il semblait tout excité à l'idée même de pouvoir me montrer à tout le monde.

- Depuis le temps que je parle de toi, les gens aimeraient te rencontrer.
- Parce que tu parles de moi ? fis-je surprise.
- Oui...

Il sembla soudainement embarrassé.

- C'est assez surprenant...
- Pas tant que ça. Tu es ma Luna. Celle avec qui je veux passer le reste de ma vie.
- Tu dis beaucoup de chose cheesy.

Il sourit légèrement.

- Parce que je t'aime.

Je rougis aussitôt.

- Alors ? Quelle est ta réponse ?
- D'accord, je viens.
- Yees !
- Mais pour les arcades ?
- Je me suis déjà arrangé avec Louise.
- Quoi ?! Tu lui en as déjà parlé ?!
- Oui. Elle a insisté pour que je t'embarque, donc tu n'aurais pas pu retourner travailler de toute manière.
- C'est affligeant ! Vous complotez derrière mon dos ! m'exclamai-je.
- Comploter, comploter, tout de suite les grands mots !

Je lâchai un grand soupir à fendre l'âme.

- Dis moi alors, qu'est-ce que je suis supposée porter pour donner une bonne image de la meute ?
- Ce que tu veux.
- Tu ne m'aides pas !
- Je ne vais pas t'imposer une tenue. Tu es libre de porter ce que tu veux.
- Même ça ?

Je désignai mes vêtements et il rit.

- Oui, si c'est ce qui est le plus confortable pour toi.

- Tu me laisserais vraiment habillée en mode pyjama ?
- Oui, me confirma-t-il. Tu es très belle dedans.

Je roulai des yeux, ce qui le fit s'esclaffer.

- Tu es très bien comme ça. Mais je sais que tu tiens à ton image et que tu feras un effort vestimentaire, juste pour te sentir à la hauteur. Mais tu n'as pas besoin de faire tous ces efforts, tu sais ? Tu es déjà à la hauteur, contrairement à ce que tu peux croire.

Je fis la moue, touchée par ce qu'il pouvait dire. Il ne faisait que booster un peu plus le peu de confiance en moi que j'avais.

- Bon... comment comptes-tu t'habiller ?
- Un petit ensemble bleu marine, cravate et chemise blanche.

Rien qu'en l'imaginant habillé de cette manière, je craquais déjà. Mes pensées me menèrent au fait que je pourrais le déshabiller, lui retirer moi-même son gilet sans manche, puis cette chemise blanche qui faisait ressortir la couleur de ses yeux. Je secouai aussitôt la tête de gauche à droite pour chasser ses mauvaises pensées de mon esprit.

- Tu pensais à quelque chose, coquine ?

Il avait rapproché son visage du mien, un sourire narquois aux lèvres. Je repoussai son visage en détournant le regard.

- Oh, oh, c'est vrai en plus !
- Aide moi à chercher une tenue au lieu de raconter des bêtises.

Il rit aux éclats et je sentis des papillons se répandre dans mon ventre. J'étais juste simplement heureuse de le voir aussi joyeux, aussi heureux, aussi détendu.

- Que veux tu porter ?
- Quelque chose qui ne montre pas que je suis toujours une gamine. Autant leur faire croire que je suis un peu mature. Sinon, ils diront que tu as une adolescente pour âme soeur et que tu es un pédophile.

Son regard croisa le mien et je ris en même temps que lui.

- Tu n'en rates pas une pour m'enfoncer.

Je lui fis un clin d'oeil.

- Ah et quelque chose de la même couleur que ta tenue.
- De la même couleur ?
- Ouais... pour que l'on soit assortis... comme un vrai couple.

Je vis presque des étoiles dans ses yeux.

- Comme un couple..., murmura-t-il pour lui-même. Ca sonne bien.

Je me sentis rougir. Je venais de lui indiquer que je commençais à accepter notre relation. Que j'étais prête à avancer. Le simple fait d'avoir accepté d'aller à cette réunion devait représenter beaucoup pour lui. J'avais l'impression d'avoir fait un grand pas dans sa direction et qu'il semblait fier de ma décision.

Il déposa un baiser sur mon front.

- Merci, chaton.

Les papillons dans mon ventre semblèrent plus intenses et j'avais de plus en plus envie de lui dire que je l'aimais. Pourtant, je maintins la bouche fermée, cherchant à ravaler mes sentiments pour lui.

Ce n'était pas le bon moment pour lui avouer tout ça.

Peut-être bientôt...


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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©

Présence de fautes en tout genre. A éditer.

Lil', le 21.03.2020 à 15:53

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