Chapitre 55

Chapitre 55

Je me réveillai en sursaut alors que j'avais eu l'impression de sentir les mains de Skel autour de mon cou. Je regardai aussitôt autour de moi en essayant de reprendre mon souffle, avant de me rendre compte que j'étais dans ma chambre, dans mon lit, auprès de Dawton. Ce dernier était encore en train de dormir et je soufflai un grand coup par la bouche en me demandant si tout ça n'était qu'un rêve. Je remarquai que je portais des vêtements amples appartenant à Dawton et je sentis quelque chose autour de mes pieds. Je soulevai la couverture pour voir qu'il y avait des bandages, ce qui me fit froncer les sourcils. La réalité me rattrapa lourdement alors que je me rendais compte que tout ça était vraiment réel.

Skel, son gang et Otis qui s'était fait tabasser par ma faute.

Un frisson me traversa le corps et je me rapprochai de Dawton qui dormait tranquillement à mes côtés. Je pris son bras, le soulevai et me recroquevillai contre lui, mettant son bras autour de moi. Je me souvins alors qu'il fallait que j'aille travailler. Travailler me permettrait d'oublier ce qu'il venait de se passer. Penser à autre chose était la solution. Je me redressai un peu trop vite, ce qui le réveilla.

- Oh non ! Je voulais pas te réveiller !

Dawton grogna, avant de cligner des yeux plusieurs fois. Il me serra contre lui et déposa un baiser sur mon front.

- Qu'est-ce que tu fais, chaton ? marmonna-t-il.
- Il faut que j'aille travailler !
- J'ai appelé Louise pour lui expliquer la situation. Tu as quelques jours libres pour te rétablir.
- Mais je vais bien !

Il posa sa main sur l'arrière de ma tête, alors que de l'autre main, il tapotait mon dos.

- Non, tu ne vas pas bien. Je ne vais pas bien. J'ai cru que j'allais te perdre, chaton.

Son nez vint humer mes cheveux, ce qui me rappela le geste de Skel. Je me figeai alors en sentant mon coeur prendre de la vitesse.

- Chaton ?

Dawton me releva le menton et fronça les sourcils. La peur devait se lire sur mon visage, puisque je vis son air inquiet prendre le dessus.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

J'enfonçai ma tête contre son torse et il me caressa les cheveux.

- I-il... a aussi humé mes cheveux...

Dawton se figea dans son geste.

- Qu'est-ce qu'il a fait d'autres ?

Sa voix tentait d'être calme, mais je pouvais sentir la colère qui émanait de lui.

- I... Il m'a caressé le visage... et... voulait me toucher ailleurs...

Le grognement de Dawton fut puissant et fit trembler son torse.

- Il voulait que je sois son esclave.

Ma voix se brisa sur la fin et la prise de l'Alpha se raffermit sur moi.

- Tout va bien. Il ne pourra plus rien te faire. Tout le gang a été démantelé.

Il lâcha un soupir.

- J'ai eu peur, Ginger.

Je n'aimais pas le fait de savoir qu'il avait eu peur et que c'était de ma faute.

- Peur qu'il t'arrive quelque chose.

Sa voix me paraissait vulnérable et je sentis les larmes me monter aux yeux.

- Je suis désolée...
- Tu n'as pas à t'excuser.
- C'est de ma faute...

Je me redressai légèrement, quittant sa prise pour le regarder droit dans les yeux.

- Ca ne serait jamais arrivé si...

Je baissai les yeux en fixant mes mains.

- Si... je... si je n'avais pas tenté de voler leur argent.

Dawton se redressa aussitôt.

- Comment ça ?

Je me mordis la lèvre inférieure.

- T-tu te souviens du jour... de la mort de mon père ?
- ...Oui.
- Les points de suture à mon bras...
- Ne me dis pas que c'était ce connard ?

Je hochai la tête lentement.

- Ce jour-là... j'étais sortie pour aller dérober cet argent... mais en apprenant que cet homme avait assassiné d'autres personnes pour cet argent, j'ai fait du bruit par mégarde, et il m'a repéré. En fuyant, j'ai abandonné l'argent, mais sa lame m'a touchée, alors que je lui décochais une droite. C'était seulement grâce à ça que j'étais parvenue à fuir.

J'entendis Dawton soupirer d'un air frustré.

- Qu'est-ce que je t'avais dit, Ginger ? A propos de tous ces vols ?
- ...D'arrêter.
- Et qu'est-ce que tu as fait ?

J'avais l'impression de me faire gronder par mon père, mais je savais qu'il n'apprécierait pas si je venais à lui faire la remarque.

- Je suis allée voler.

Il émit un son mi-agacé, mi-fatigué.

- Si je n'étais pas allée là-bas ce jour-là, j'aurais pu éviter ce qu'il s'est produit hier... et... si j'avais été à la maison, j'aurais pu sauver mon père à temps.

Les larmes me montèrent aux yeux. Je serrai mes mains en poings, la gorge nouée à l'extrême.

- C'est... ce que je me dis... depuis qu'il est mort... Que c'est de ma faute s'il est mort.

Les mains de l'Alpha se posèrent sur les miennes, les entourant complètement et il desserra mes poings.

- Ce n'est pas de ta faute, d'accord ? Avoir consommé autant d'alcool durant toutes ces années n'est pas sans conséquence. Tu le savais.
- Mais si j'avais appelé les secours à temps, il ne serait pas mort à l'agonie, seul dans la maison !

J'avais relevé la tête pour le regarder.

- Et s'il m'avait appelé ? Et s'il pensait avant de mourir que je l'avais abandonné ? T-tout cet argent... c'était seulement pour survivre... seulement pour qu'il puisse vivre correctement si je venais à partir... Pour qu'il puisse reprendre un semblant de vie normale !

Les larmes chaudes tombaient lourdement le long de mes joues. J'étais sur le point de craquer. Mon père était parti de ce monde depuis un moment, mais je n'avais jamais pu terminer son deuil.

- J-j'ai jamais pu lui dire tout ce que j'avais sur le coeur... et... il est mort... comme ça ! Sans même que je puisse lui dire à quel point il me manquait...

Je ne pus me retenir plus longtemps et éclatai en sanglot. Les bras de Dawton m'entourèrent comme des piliers auxquels je pouvais m'accrocher. Il me laissa pleurer dans ses bras sans me faire la moindre reproche et je finis par hoqueter, fatiguée. Je clignai des yeux plusieurs fois en tentant de rester éveillée.

- Ne te force pas, chaton. Repose-toi.

Je secouai la tête de gauche à droite.

- Ca va mieux. Merci.
- Tu dois mourir de faim.

Il sortit du lit et me tendit ses deux bras. Je le regardai avec interrogation.

- Viens, ma Luna.

Je me redressai et il me souleva. Je passai alors mes bras autour de son cou, laissant ma tête reposer près de la sienne. Il me fit sortir de notre chambre et descendit les escaliers. Il se dirigea vers la cuisine, où il me déposa sur une chaise. Il alla ensuite scruter l'intérieur du frigo, avant de se mettre à préparer quelque chose. Il me servit d'abord un thé, ce qui me fit sourire doucement. Je bus la boisson chaude qui me détendit et soufflai un grand coup par la bouche, contente d'être chez moi.

- Au fait... comment va Otis ?
- Tu t'inquiètes pour lui ? fit-il surpris.

Je me mordis la lèvre inférieure.

- Il a essayé de me sauver, marmonnai-je.

Dawton sourit.

- Il devrait aller mieux avec quelques semaines de repos.
- Et... pourquoi est-ce que tu portais leur tenue ?

Il fronça les sourcils, avant de comprendre.

- Otis m'avait informé qu'il serait plus simple de nous introduire dans l'entrepôt habillé comme eux. Il n'avait pas tort. La plupart avait gardé leur cagoule et ne connaissait pas les autres.
- Pourquoi est-ce que tu as mis autant de temps ?

Il s'arrêta dans son geste, alors qu'il coupait quelque chose.

- Je me suis assuré qu'il n'y avait plus aucun danger pour les enfants, Marina et Louise. Je savais que tu m'en voudrais si quelque chose leur était arrivé.

Je hochai la tête lentement.

- Il fallait que je fasse parler aussi quelques hommes. Je n'avais aucune idée de l'endroit où tu pouvais être avant l'appel d'Otis. J'ai essayé de me focaliser sur notre lien, mais je ne pouvais sentir que ta peur, ce qui me rendait complètement fou. Le fait que tu ais parlé de Paul voulait dire que tu avais été enlevée. J'ai réfléchi aux ennemis que je pouvais avoir, mais je n'aurais jamais pensé à cet homme.
- Parce que c'est de ma faute...
- Il va payer. Tout comme les hommes qui ont osé te toucher.
- Où ils sont ? Et comment tu peux savoir qui m'a touché ?

Dawton désigna son nez.

- Ils ont ton odeur.
- Oh...

Il ignora ma première question et se remit à cuisiner alors que j'étais plongée dans mes pensées.

- Est-ce que tu comptes le... tuer ?

Face à l'absence de réponse de Dawton, je le vis fixer sa main pour ne pas me regarder.

- Pourquoi ? me demanda-t-il simplement.
- J-j'aimerais qu'il paye pour ce qu'il a fait. Pour les personnes qu'il a tuées. J'aimerais qu'il purge sa peine en prison et que les familles puissent mettre un visage sur le meutrier qui a assassiné leur proche.
- ...D'accord. Une fois que je lui aurais réglé son compte d'abord.
- Qu'est-ce que... tu comptes lui faire ? hésitai-je.
- Tu ne veux pas savoir, chaton, m'affirma-t-il.

Je reportai mon attention sur ma tasse et soufflai sur la fumée qui s'en dégageait.

- Qu'est-ce que tu comptes faire après manger ?
- M'occuper de toi.

Je levai les yeux pour le voir m'observer.

- Tu ne veux peut-être pas le montrer, mais je sais que ce qu'il s'est passé t'a secoué. Tu n'as pas à avoir honte, tu sais ?

Je hochai lentement la tête.

- Je sais, soufflai-je. C'est juste que... ça fait des années que je ne compte que sur moi-même...
- Je comprends. Mais maintenant, je suis là, Gin'.

Il me fit un clin d'oeil et je souris légèrement. J'avais ressenti de petits papillons dans le bas de mon ventre, et ce n'était pas pour me déplaire. Je lui faisais de plus en plus confiance  et je l'aimais un peu plus chaque seconde, chaque minute, chaque heure que je passais avec lui. J'avais l'impression de tomber sans cesse amoureuse de lui.

Mais ça, il ne le savait toujours pas.


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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©

Présence de fautes en tout genre. A éditer.

Lil', le 19.03.2020 à 17:01



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