Chapitre 54 Tris

J'étais vraiment à un point culminant où la douleur se rapprochait d'une agonie. Le chef dont j'avais appris qu'il s'appelait Skel était en train de rire, visiblement satisfait de me voir souffrir de cette manière. Je grognai en voulant que cette torture cesse.

- Quoi ? Tu rends déjà les armes ? Je pensais que tu serais plus résistante !

J'en avais même les larmes qui m'étaient montées aux yeux sous cette torture. Il arrêta et explosa de rire, alors que je reprenais mon souffle difficilement. Si au moins je pouvais respirer par la bouche, je me sentirais bien mieux, mais il semblait avoir compris qu'à la moindre occasion, je n'hésiterais pas à l'insulter. Il regarda son arme de destruction et sourit un peu plus.

- Je savais que c'était une bonne idée.

Faisait-il souffrir toutes ses victimes de la même manière ?

- Chef.
- Quoi ? grogna-t-il en levant les yeux.

Un homme en cagoule venait d'apparaitre, le coupant dans sa satisfaction.

- Nous avons perdu contact avec les autres près des arcades.

Skel arqua un sourcil et me jeta un coup d'oeil, puis se redressa.

- Envoie une patrouille pour voir ce qu'il se passe.
- Bien, chef.

Skel fixa ce qu'il avait dans la main, avant de se remettre à me torturer. Le contact contre la plante de mes pieds me fit arquer le dos, alors que je voulais à tout prix éviter ce contact. La plume longeait lentement ma peau des pieds, alors qu'il me maintenait fermement le pied pour que je ne bouge pas.

- Et si tu répondais à mes questions ?

C'était juste de la torture. Pure et simple.

- Ma patrouille ne répond plus...

Il laissa la plume longer la plante de mes pieds et je serrai les dents sous cette horrible sensation qui me parcourait.

- Serait-ce l'oeuvre de l'homme qui t'a appelé un peu plus tôt ?

Il retira la plume en réfléchissant.

- Qui est-il exactement ?

Il se redressa et jeta la plume par terre. Il me fit alors face puis tira sur le morceau de scotch d'un coup sec. Je ne pus me retenir de gémir de douleur.

- Qui est cet homme ?

Il s'installa à califourchon sur moi, passant ses bras autour de mes épaules, pour que nos visages se retrouvent l'un en face de l'autre. Avec son poids, je pouvais sentir les morceaux de bois de la chaise s'enfoncer dans mon corps, ce qui était assez douloureux.

- Qui est cet homme ? répéta-t-il.

Il prit quelque chose de sa main droite et je sentis une lame froide se poser sur mon cou.

- Je ne me répéterai pas, chérie.
- ...M-mon âme soeur.

Enfin, c'était ce qu'il disait.

- Mais encore ?
- Ma moitié.
- Ne joue pas à ça avec moi, chérie.

Je le fusillai du regard, ce qui le fit sourire.

- J'aime vraiment cet air que tu as sur le visage. De la détermination mêlée à de la colère. Un vrai délice de te voir arborer ce genre d'expression.

J'eus une moue emplie de dégout lorsqu'il posa ses lèvres sur ma joue. Mon coeur battait la chamade et je n'attendais qu'une chose : que Dawton apparaisse. Pourtant, ce ne fut pas lui qui intervint, mais une voix qui me semblait familière.

- Chef ?
- Quoi ?! hurla ce dernier en relevant la tête.

Un homme cagoulé était à présent près de nous, ce qui me laissa reprendre mon souffle.

- On a un souci dehors.
- Envoie les autres s'en occuper ! Tu vois pas qu'j'suis occupé ?!

Je vis le regard de l'homme dévier jusqu'à moi et il reporta son attention sur son chef.

- C'est vraiment grave, chef.
- Occupe-toi de ça, putain !!

Skel ignora l'homme en cagoule pour me fixer à nouveau.

- Je devrais faire de toi mon esclave, chérie.

Il passa la lame sur ma joue, puis la fit descendre jusqu'à mon cou, puis sur mon pull. Il voulut soulever le morceau de tissus, mais je décidai enfin d'agir. Je le repoussai soudainement, utilisant mes poings liés pour lui donner un bon coup au torse et il tomba en arrière. Je me mis aussitôt sur pieds, sentant le froid du sol me glacer les os et courus aussi vite que je pus. Je m'arrêtai pourtant en voyant l'homme en cagoule.

- Continue de courir !

Je fus surprise par ce qu'il me dit et le regardai avec méfiance.

- Dawton est en route !

J'écarquillai des yeux. Comment connaissait-il l'Alpha ?

- Qui...
- SALE GARCE !! hurla Skel.
- Dépêche-toi ! insista l'homme à cagoule.

Je me remis à courir malgré moi et j'entendis une altercation se produire. En tournant la tête vite fait, je vis que l'homme en cagoule venait d'interrompre Skel en lui mettant une droite. Je ne m'attardai pas dessus et continuai dans ma fuite en me souvenant du chemin que j'avais emprunté pour me retrouver ici. Je vis que les hommes n'étaient plus autour des différents points de feu et accélérai mon allure. Pourtant, j'eus la mauvaise surprise de découvrir un groupe d'homme juste devant l'entrepôt, ce qui me fit déglutir péniblement. Ils tournèrent la tête en me voyant et pendant quelques secondes, ils se demandèrent ce qu'il se passait avant que je ne mette à fuir.

- ATTRAPEZ-LA !

Je fonçai à l'opposé de leur direction, pestant contre le fait que je sois pieds nus à cause de l'autre fou. Cependant, je fus taclée au sol et je gémis de douleur face à ma chute. Quelque chose attrapa mes cheveux et me tira en arrière.

- Salope, tu pensais t'échapper où comme ça ?

Je pouvais voir que j'étais entourée d'hommes en cagoule et je déglutis péniblement. Ils pointaient leur arme sur moi et celui qui me maintenait me tira en arrière. Je dus pousser sur mes pieds afin qu'il ne tire pas trop fort sur mes cheveux, puis il me ramena à nouveau jusqu'à l'entrepôt. Ce fut à ce moment-là que je découvris Skel en train de passer à tabac un homme que je reconnus aussitôt. Nous n'avions peut être pas une très bonne relation, mais il avait tenté de m'aider.

- Otis ?
- Oh... tu connais ce fils de pute ?
- D'où tu traites sa mère ?! Elle t'a rien fait que je sache ! criai-je.
- Ta gueule.

L'homme qui me maintenait tira un coup sur mes cheveux, ce qui me fit grogner de douleur. Otis grogna à son tour, alors qu'il s'était pris un coup de pieds dans l'abdomen. Il m'avait certes fait perdre mon ouie et je lui en voulais pour ça, mais il venait de mettre sa vie en danger à cause de moi. Je ne comprenais d'ailleurs pas ce qu'il pouvait bien faire ici. Cette situation me faisait presque penser à la première fois où je l'avais rencontré. J'étais celle qui me faisait passer à tabac et c'était ce jour-là que j'avais rencontré Dawton.

- Pour qui tu travailles ?

Otis cracha du sang, ce qui me fit grimacer. Skel leva alors la tête en faisant la moue, puis avança jusqu'à moi. Il me gifla, alors que l'homme qui me tenait les cheveux me lâchait en même temps. Je tombai alors au sol en gémissant et ma tête fut relevée par Skel qui secoua la tête de gauche à droite.

- Tu n'aurais pas du faire ça, chérie. J'allais être indulgent avec toi... mais tu as tout gâché.

Son nez vint humer mes cheveux.

- Ne me touche pas, sifflai-je.
- Mmh... je peux peut-être te garder après tout... il suffit de te dompter...

Sa main me tint le visage, puis descendit jusqu'à ma poitrine.

- Ne me tripote pas, connard.

Il sourit de toutes ses dents et jeta un coup d'oeil à ses hommes.

- Où sont les autres ?
- Partis voir ce qu'il se passait aux arcades. Ils ne devraient pas tarder à revenir.

Skel réfléchit un instant, puis se redressa, m'attrapant par les cheveux.

- Viens, esclave.

Je me remis difficilement sur mes pieds et me contraignis à obéir, alors que je pouvais voir les autres hommes attendre patiemment vers les points de feux. Skel donna un autre coup de pieds à Otis qui gémit de douleur, alors qu'on passait près de lui. Il me jeta un regard désolé et Skel tira un peu plus fort sur mes cheveux.

- Avance.

Il me ramena vers la chaise en bois où j'étais juste auparavant et m'obligea à m'asseoir.

- Et si on reprenait où on était ? Ton petit comportement rebelle est vraiment divertissant...

Sous la colère, je sentis les larmes me monter aux yeux. Je voulus lui donner un autre coup avec mes poings liés, mais il m'arrêta et sourit.

- C'est vraiment adorable... Tu pensais pouvoir me faire le même coup deux fois ?

Il laissa son regard dévier jusqu'au canapé et m'observa de la tête aux pieds. Il entoura mon cou de sa main, me coupant le souffle et m'obligea à me lever, puis il me jeta contre le vieux canapé. Je toussai en sentant l'air s'engouffrer à nouveau dans mes poumons et il se mit à califourchon sur moi.

- Comment vais-je pouvoir te punir ?

Dans l'impossibilité de lui mettre un coup avec mes poings, je décidai d'élever mes jambes et cela me suffit largement pour coincer son cou avec mes genoux. Mes mollets étaient contre son menton et il releva les mains pour tenter de les enlever pendant qu'il pestait. Je mis toute la force que je pouvais et profitai du fait qu'il n'y avait plus ses mains pour lui donner un bon coup entre les jambes. Il hurla de douleur et tomba en arrière. Je le libérai et m'échappai de sa prise, tombant sur le sol douloureusement. Je me mis alors à ramper, espérant m'éloigner de lui le plus vite possible. Je m'arrêtai pourtant en voyant la silhouette d'un homme en cagoule. J'avais l'impression que je ne m'en sortirai jamais. A chaque fois, il y avait quelqu'un pour me stopper dans ma fuite.

- Attrape-la, lui ordonna Skel.

Je croisai alors le regard de l'homme qui était devant moi et mon coeur rata un battement. Je sentis les larmes me monter aux yeux en sentant le soulagement s'abattre sur moi. Il s'agenouilla à ma hauteur et m'aida à me mettre assise. Il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit, il avait juste à être là. Il portait une cagoule noire et le reste de la tenue qui ressemblait aux autres hommes. Si je ne connaissais pas aussi bien ce regard, je ne l'aurais jamais reconnu. Skel approcha à grands pas, une grimace présente sur son visage. Il respirait la colère et il voulut m'attraper pour me mettre une leçon, pourtant il s'interposa. Il était clairement plus grand que Skel et ce dernier fronça les sourcils sous la surprise.

- Qu'est-ce que tu fous ?

Il lui décocha une droite aussitôt et Skel tomba au sol comme une poupée de chiffon. Dawton retira alors sa cagoule et montra les crocs, ses yeux devenus soudainement d'un noir intense.

- Tu vas regretter d'avoir touché à ma moitié.

Skel le regarda sans comprendre, mais Dawton ne lui laissa pas le temps de réfléchir, fonçant droit sur lui. Il le frappa à nouveau et je fermai les yeux pour ne pas regarder ce qu'il se passait, me contentant d'écouter les gémissements de douleur de Skel.

- Luna.

Je tournai la tête en entendant quelqu'un m'appeler et je fus soulagée de voir que Noah était également là. Il portait lui-même la tenue noire et il s'agenouilla à ma hauteur, puis défit les liens.

- O-Otis ?
- Des Warriors l'ont emmené à l'hôpital. Il devrait s'en sortir.

Je soufflai de soulagement.

- Et les enfants ? Louise ? Et Marina ?
- L'Alpha s'est déjà chargé des hommes qui étaient dans le coin.

Un poids en moins venait de se retirer de mes épaules. Noah leva la tête, ce qui me fit tourner la tête. Dawton avait retrouvé ses yeux verts vifs et le Beta alla vers le corps qui ne bougeait plus un peu plus loin, puis le traina derrière lui comme s'il ne s'agissait là que d'un sac poubelle.

- Je suis désolé d'avoir mis autant de temps, Ginger.

Il s'était agenouillé à ma hauteur. Il passa sa main sur ma joue et essuya quelques larmes qui s'étaient échappées de mes yeux.

- Tout va bien maintenant. Est-ce que tu es blessée ?

Je fis non de la tête et il souffla de soulagement. Il me prit dans ses bras et me souleva pour me garder contre son torse. Je vis alors que plus personne à part des Warriors dont j'avais reconnu le visage, étaient également habillés en noirs. Ils éteignirent les feux et je me laissai savourer l'étreinte de Dawton. Il me porta jusqu'à sa voiture noire et m'installa sur la banquette. Il prit mes pieds dans ses mains et grogna.

- Pourquoi est-ce que tu es pieds nus ?

Je me mordis la lèvre inférieure.

- Ginger ?
- Il... Il m'a... torturé avec une plume.

Il fronça les sourcils sous la surprise et chercha la moindre once de plaisanterie dans mes paroles.

- C'était... horrible, soufflai-je.

Je frissonnai de dégout et Dawton s'installa près de moi.

- C'est fini maintenant. Il va payer pour avoir osé te toucher et t'avoir fait du mal.
- Les enfants vont vraiment bien ?

Il hocha la tête.

- Je suis désolé d'avoir mis du temps à comprendre que quelque chose clochait. Lorsque j'ai fait le tour des arcades, j'ai remarqué ces hommes en noir qui trainaient dans le coin et je me suis occupé d'eux. Noah les a récupérés et avec des Warriors, nous nous sommes lancés à ta recherche. J'ai reçu un appel d'Otis qui m'a prévenu où tu étais.

Je hochai la tête en comprenant.

- D'ailleurs, qu'est-ce qu'il faisait ici ?
- Il était en mission d'infiltration pour son boss. Il a été assez surpris de te voir ici.

Dawton me vit frissonner et sortit rapidement de la voiture, pour ouvrir le coffre. Il revint aussitôt en posant une couverture sur mes genoux et une paire de chaussure devant moi.

- On reparlera de tout ça en arrivant à la maison, d'accord ? Repose-toi.

Il s'arrangea pour me mettre la ceinture et cala soigneusement la couverture, puis me fit enfiler les chaussures. Il s'installa ensuite derrière le volant et démarra. Les autres voitures étaient déjà parties, sauf une qui attendait que Dawton ne parte pour le suivre.

Soulagée de sentir l'odeur familière de cet Alpha, je fermai les yeux et m'endormis aussitôt.

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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat©

Présence de fautes en tout genre. A éditer.

Lil, le 18.03.2020 à 15:58