Chapitre 52
Chapitre 52 Tris
- Tu sembles perdue dans tes pensées depuis ce matin... Ca va ?
Je tournai la tête pour voir que Dawton avait levé le nez hors de ses feuilles et qu'il m'observait depuis son bureau. J'étais vautrée sur le lit et j'avais sûrement cessé de bouger depuis un moment. Je m'étais même mise à somnoler l'espace d'un instant avant de me réveiller complètement face aux questions qui pouvaient tourner dans ma tête.
- Ca va.
- C'est un petit "ça va". Tu veux qu'on parle ?
- Pas vraiment, soupirai-je.
Je me roulai dans la couverture en prenant garde à ma main et posai ma tête contre le matelas. Je me faisais du mal pour rien à me poser autant de questions, mais c'était plus fort que moi. Je fermai les yeux et inspirai un grand coup pour sentir l'odeur de Dawton qui était imprégnée dans le tissu. Je ne tardai pas à m'endormir malgré tout.
Je fus réveillée par quelques secousses et je clignai des yeux difficilement.
- C'est l'heure de manger, Gin'.
- Laisse-moi encore dormir, me plaignis-je.
- Tu vas pouvoir retirer ton plâtre pourtant.
Je me réveillai subitement en regardant autour de moi. Quel jour était-on ? Qu'est-ce que je faisais encore dans ce lit ? Dawton portait un pull blanc et un pantalon noir. Ses cheveux étaient légèrement trempés et je me demandais comment j'avais pu faire pour ne pas l'entendre prendre sa douche.
- Le petit déjeuner est prêt. Tu pourras retirer ton plâtre seulement si tu as mangé.
Je fis la moue en comprenant qu'il ne faisait que retarder le retrait de ce truc qui me gênait dans le moindre de mes mouvements.
- C'est pour ton bien. Tu avais pourtant apprécié le petit déjeuner d'hier.
Je ne pouvais pas dire le contraire. J'avais étonnamment bien mangé. Avec un peu de réticence, je le suivis jusqu'en cuisine où il y avait un assortiment de céréales et de fruits.
- Tu sais bien que je ne choisirais pas entre les deux. Si je pouvais ne pas manger, je ne mangerais pas.
- Je m'en doutais, soupira-t-il.
Il prit un bol et versa des céréales, puis du lait. Il me tendit le bol et la cuillère. Je me mis à manger sous son regard.
- Tu ne manges pas ?
- J'ai déjà pris un café. Je mangerais plus tard.
- C'est étonnant venant de toi.
- J'ai une réunion avec un autre Alpha une fois que tu auras retiré ton plâtre.
- Je pourrais retourner aux arcades après ? Comme ça tu pourras aller à ta réunion tranquillement.
Je vis la tristesse s'afficher sur son visage. Ce n'était pas contre lui, c'était juste l'ennui. Je n'avais rien d'autre à faire ici à part dormir. Je n'aimais pas être dans cet état larvaire aussi longtemps.
- Je pourrais t'y amener si tu y tiens tant. Mais je viendrais te chercher ce soir.
- Quoi ? Pourquoi ?!
- J'ai envie de te savoir en sécurité ici. Auprès de moi.
- Je peux très bien rester aux arcades !
- Tes affaires sont ici.
- Je peux les prendre avec moi.
Il soupira.
- Pourquoi est-ce que tu ne veux pas rester ici ? Tu semblais bien ces derniers jours à te reposer. C'est encore trop tôt pour toi ?
- Peut-être.
- J'essaye de faire des efforts pour nous deux, mais tu ne me facilites pas la tâche.
Je lâchai la cuillère dans le bol.
- Tu crois que c'est facile pour moi peut-être ? De me faire comprendre que je ne crains rien ici, que je devrais te faire confiance alors que tu me semblais si proche d'une autre femme ?! J'arrive toujours pas à me dire qu'il ne se passe rien entre vous deux. Tu m'as peut-être expliqué une fois ce qu'il y avait entre vous, mais pour mon cerveau, pour mon coeur, c'est encore difficile à appréhender. Tu penses vraiment que je me laisserais avoir une seconde fois aussi facilement ? Je sais que je me sens bien avec toi à mes côtés, mais je ne sais pas si je devrais te laisser être comme ça avec moi ! J'en sais rien !
Je lâchai un grand soupir.
- J'essaye de me convaincre que tout ce que je suis en train de faire ici, ce n'est pas bien. Peut-être que tu perds patience, mais pour moi, il va encore me falloir beaucoup de temps pour digérer tout ça. Pour peut-être pouvoir t'accorder ma confiance à nouveau.
- Il ne se passe rien et ne se passera jamais rien avec Jasmine. Je la considère comme ma soeur. Rien de plus, rien de moins. Elle fait partie de ma famille.
Mon coeur se serra. Pourquoi ne pouvais-je pas me dire qu'il ne se passait rien entre eux deux ? Peut-être parce que j'avais clairement vu le comportement de cette femme envers lui. Et son comportement envers elle. Il m'avait paru tellement attentionné envers elle. Tellement protecteur.
- Tu es importante pour moi. Tu es mon âme soeur, ma moitié, Ginger. J'ai envie de te rendre heureuse. Tu ne sembles pas en mesure de comprendre que je pourrais donner ma vie pour toi.
Je me souvins qu'il avait volontairement donné son sang pour me sauver. Qu'il avait été affaibli à cause de ça, qu'il avait donc mis en danger sa meute à cause de moi.
- Allez, mange. On reparlera de ça plus tard.
Il prit la cuillère pour la remettre à nouveau dans ma main et me fit signe de la tête de continuer à manger. Je finis par obéir. Une fois terminée, il récupéra le bol et le mit à l'évier, puis attrapa ma main gauche. Il m'entraina à sa suite vers la porte où il me fit enfiler des chaussures. Nous marchâmes ensuite jusqu'à l'infirmerie/maternité. Dawton entra en premier. Une infirmière à l'accueil inclina la tête en nous saluant. Elle fit ensuite le tour du comptoir avant de se diriger vers une porte qu'elle ouvrit.
C'était la même pièce que la dernière fois et Dawton posa ses mains sur ma taille pour me soulever. Il me déposa sur le lit qui me semblait bien trop haut pour moi pour que je puisse m'y installer toute seule. L'attente fut courte et le médecin apparut aussitôt, en nous saluant. Il s'approcha de moi et sembla demander l'accord à Dawton du regard pour pouvoir me toucher. Il prit délicatement ma main droite dans ses mains.
- Tout s'est bien passé, Luna ?
- Oui, confirmai-je.
- Nous allons pouvoir le retirer et voir si tout s'est bien remis.
Il retira aisément le plâtre avec une sorte de scie, puis il utilisa ses mains pour écarter les bouts. Ma main me parut à soudainement petite et endorlie.
- Vous pouvez la bouger à nouveau, Luna.
Je bougeai lentement mes doigts et grimaçai sous cette sensation étrange que j'avais depuis qu'il avait retiré le plâtre.
- Un souci ? me demanda Dawton.
Il observait mon visage et jetait quelques coups d'oeil à ma main droite.
- Non, non. Il faut juste que je retrouve l'habitude.
- Si vous constatez la moindre gêne, n'hésitez pas à revenir consultez, déclara le médecin.
- Merci.
Dawton me souleva pour me reposer sur le sol et je saluai le médecin avant de sortir. En quittant le bâtiment, je sautillai presque sur moi-même, contente d'avoir à nouveau une liberté de mouvement. J'étais presque excitée de pouvoir à nouveau faire plein de chose. Ne plus être dépendante de qui que ce soit. Juste pouvoir être libre.
- Tu peux me ramener aux arcades maintenant ?
- Non.
- Comment ça "non" ?!
- Il faut que tu prennes une douche d'abord. Et tu ne comptes tout de même pas y aller dans cette tenue.
Je remarquais que je portais la même chose ces derniers jours et je grimaçai. Il n'avait pas tort. Je ne pouvais pas me rendre aux arcades de cette manière autrement mon image en pâtirait.
- Ok, une douche. Et de nouveaux vêtements.
Nous marchâmes jusqu'à la maison où je montai directement les marches pour me rendre à la chambre. Dawton sur mes pas, il m'arrêta toutefois alors que je comptais me rendre dans la salle de bain. Il avait attrapé ma main droite et semblait l'observer de toute part. Comme s'il souhaitait s'assurer que je n'avais vraiment plus rien.
- Je suis content de voir que ta main a bien guéri.
Il déposa un baiser dessus puis releva la tête. Il coinça une mèche de cheveux derrière mon oreille et mon coeur prit de la vitesse. Je ne pouvais pas faire face à ce genre de comportement venant de lui. Ca me faisait complètement craquer. Son regard était intense et semblait lire ce qu'il pouvait se passer dans ma tête à l'instant même. Son visage se rapprocha du mien et je retins mon souffle, comme si j'étais moi-même sur le point de savoir ce qu'il allait se passer. Sa main prit mon visage et ce simple contact comme toujours était électrisant. Je le sentis prendre lui-même une inspiration. Ses yeux passaient des miens à mes lèvres. Il voulait réduire cette distance qu'il y avait entre nos lèvres. Mais je savais que nous ne serions pas en mesure de nous arrêter si nos lèvres entraient en contact. Je me retirai brutalement de cette transe dans laquelle nous semblions être et il sembla comprendre lui-même ce qu'il s'apprêtait à faire. Je fis quelques petits pas en arrière et il grogna. Je remarquai alors la bosse entre ses jambes et je retins un rire.
- Dans 15 minutes, on part ! criai-je en allant m'enfermer directement dans la salle de bain.
Mon coeur battait la chamade alors que j'avais refermé la porte derrière moi. Je le savais. J'avais tous ces problèmes, mais ça ne m'empêchait pas de le désirer. D'avoir envie de l'embrasser, de le prendre dans mes bras, de passer mes mains dans ses cheveux.
Je finis par me reprendre et retirai mes vêtements. Je filai alors rapidement sous la douche et me lavai soigneusement les cheveux. Une fois terminée, je m'enroulai dans une serviette et séchai mes cheveux, puis je me rendis compte que j'avais oublié de prendre des vêtements propres dans ma précipitation. J'ouvris la porte lentement pour regarder autour de moi et vis qu'il n'était pas là. J'en profitai pour récupérer un débardeur, un sweat et un jean ainsi que des sous vêtements que je ne tardais pas à enfiler dans la salle de bain. Je me coiffai et me brossai les dents, avant de retourner dans la chambre. Dawton était de retour et avait déjà enfilé une veste.
- Allons-y.
Nous nous rendîmes jusqu'à la voiture où je m'installai sur le siège avant. Je n'eus pas le temps de mettre ma ceinture que Dawton le fit pour moi et il en profita pour déposer un baiser sur mon front.
- Je passe te chercher ce soir quoi que tu puisses en dire. Je ne te laisse plus le choix de filer.
- C'est de la séquestration !
- C'est un kidnapping, me rectifia-t-il.
Je le regardai en arquant un sourcil.
- C'est pour ton bien et mon bien. Pour notre bien à tous les deux.
Il me fit une petite pichenette sur le nez.
- Tu sais que ça va être compliqué pour nous deux si tu persistes à vouloir m'éviter.
- Ca va être compliqué pour toi. Je m'en sortais très bien.
- Tu t'es retrouvée impliquée dans une bagarre et tu t'es blessée.
- Je n'ai fait que me défendre ! Si des mecs étaient mieux élevés, je n'aurais pas eu à faire ça !
Il soupira.
- Pour ton bien, Ginger... Tu peux faire ça, s'il te plait ? Me laisser venir te chercher ? Juste pour m'assurer que tu manges bien, que tu vis bien et que tu n'as rien ?
- Tu peux le faire à distance comme tu le faisais si bien ces derniers temps.
- Non, pas maintenant que j'ai à nouveau gouté à ton étreinte. J'ai envie de plus, mais je sais qu'il te faut du temps, alors je prends sur moi. Je sais que tu as aussi senti ce courant entre nous tout à l'heure. Tu ne peux pas le nier, tu voulais aussi que je réduise cette distance entre nous.
Il avait à nouveau rapproché son visage du mien et je retins malgré moi mon souffle. Je voulais gouter ses lèvres. Je voulais tellement y gouter. Je rapprochai mon visage du sien et je vis ses yeux s'assombrir. Il suffisait de peu pour que nos lèvres se touchent. De peu pour que nous franchissions ce pas. Il se pencha pour réduire l'espace, mais je tournai vivement la tête sur le côté, ce qui le fit soupirer d'un coup. Je souris en me retenant de ne pas rire et lui donnai une tape sur l'épaule.
- Ramène-moi aux arcades, mec.
Il se recula et je maintins un visage sans expression alors que je le voyais clairement frustré de ne pas avoir pu m'embrasser.
Peut-être que je devais le laisser se rapprocher de moi.
Peut-être.
______________________________________
Hey !
- Votez
- Commentez
- Rendez-vous au prochain chapitre ! :)
© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas plagiat ©
Présence de fautes en tout genre. A éditer.
Lil', le 17.03.2020 à 16:11
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top