Chapitre 49 Bis

Ils avaient raison. Ma main semblait un peu trop gonflée pour être dans son état normal. Rien que pour me changer, j'avais eu du mal et j'avais pris un peu plus de temps que prévu.

- Te voilà ! s'exclama Marina. T'en as mis du temps !
- Je ne me rappelais pas que mettre une droite pouvait faire si mal.
- Tu as sûrement mal positionné ta main...

Elle regarda ma main avec inquiétude et fronça les sourcils en fixant quelque chose derrière moi.

- Quoi ?
- Je pense qu'on discutera quand tu reviendras aux arcades.

Elle me tapota l'épaule et retourna dans les vestiaires. Je compris lorsque je sentis un bras s'enrouler autour de ma taille et que des picotements apparurent lorsque sa peau frôla la mienne.

- Tu vas bien ? Des jeunes de la meute m'ont prévenu qu'il y avait eu un incident. J'ai fait aussi vite que j'ai pu pour venir.

Il me fit pivoter pour que je lui fasse face et il me regarda de la tête aux pieds, avant que ses yeux ne s'arrêtent sur ma main droite. Il écarquilla des yeux et la prit délicatement dans sa main.

- Qu-qu'est ce qu'il s'est passé ?
- ...J'ai mis une droite à quelqu'un.

Il arqua un sourcil en observant ma main sous toutes les coutures.

- Pourquoi ?
- Parce qu'il me faisait des avances.

Il grogna en comprenant ce que je venais de dire.

- Où est-il ?
- Sûrement en train de pleurer dans son coin.

S'il apprenait qu'il était encore ici, Dawton ne tarderait pas à commettre un meurtre. Si je pouvais éviter qu'il n'ait à se débarrasser d'un corps, ce serait ma bonne action de la journée.

- A quoi ressemble-t-il ?

Il avait les yeux sombres et son corps vibrait de colère.

- Laisse tomber. Je retourne aux arcades.

Je retirai ma main de la sienne, mais il m'arrêta en se mettant devant moi.

- Je m'occuperai de son cas plus tard. Je te ramène sur le territoire pour que tu te fasses soigner.

Il vit ma tête.

- Pas de mais. Je t'emmène, un point c'est tout.

Il me prit la main gauche et me traina derrière lui. Je me sentis presque nostalgique lorsqu'il m'obligea à m'asseoir dans sa voiture à l'avant. Il tira sur la ceinture et me la mit, son visage se trouvant si proche du mien, que je m'arrêtai de respirer un instant. Son regard vert était intense, ce qui fit accélérer mon coeur. Il s'installa derrière le volant et démarra aussitôt. Le trajet me parut court et long à la fois. J'étais anxieuse à l'idée d'être seule avec lui, mais je me sentais bien à la fois d'être à nouveau auprès de lui. Il finit par garer la voiture devant la résidence qui m'était familière et je retirai la ceinture, le temps qu'il fasse le tour de la voiture. Il ouvrit la portière et je descendis en regardant autour de moi, avec la sensation que j'étais de retour chez moi. Dawton me prit la main gauche et me guida jusqu'à l'infirmerie/maternité et je reconnus les alentours, me souvenant de la première fois où j'étais venue ici. Il entra dans le hall et une infirmière leva la tête, puis écarquilla des yeux en nous voyant.

- Alpha, Luna ! Un problème ?!

Elle s'était levée de sa chaise et semblait anxieuse.

- Il faudrait soigner sa main droite.
- Oui, Alpha. J'appelle le doc tout de suite.

Ce dernier ne mit pas à longtemps avant d'apparaitre devant nous en blouse blanche.

- Par ici, Alpha, Luna.

Il nous fit signe et Dawton prit les devants avant d'ouvrir la porte de consultation. Il me souleva pour me mettre assise sur le lit et le médecin s'approcha lorsque Dawton lui tendit ma main gonflée. L'homme arqua un sourcil et me regarda.

- Puis-je savoir comment vous vous êtes fait ça, Luna ?
- J'ai mis une droite à quelqu'un.

Il hocha la tête lentement.

- Je vais déjà mettre de la glace sur votre main.

Il partit et une infirmière revint avec un pack de glace qu'elle posa délicatement sur ma main. Le médecin revint avec un pot, qu'il posa sur la table. L'infirmière lui tendit une spatule et de l'eau, puis il se mit à faire un mélange.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? me demanda Dawton.

Je savais que si ce n'était pas moi qui lui répondais, il trouverait forcément des réponses ailleurs.

- Comme je te l'ai dit, il me faisait des avances et j'ai fini par lui mettre une droite.
- Et ?
- ...Et écraser son entre-jambe.

Dawton grimaça de douleur, mais semblait plutôt fier.

- Ensuite ses amis sont apparus pour le défendre, mais les membres de la meute sont apparus et ont pris ma défense.

L'Alpha hocha la tête, satisfait.

- Ils méritent une récompense... D'ailleurs, que faisais-tu là-bas ?
- Je suis sortie avec les autres.
- A la piscine ?
- Oui... et alors ?

Son regard descendit le long de mon corps.

- Tu étais en maillot de bain ?
- Oui et ?

Il grinça des dents, ses yeux devenant noirs soudainement.

- Tu étais en maillot de bain devant d'autres hommes ?

Je roulai des yeux, avant de prendre le pack de glace qui était sur ma main droite et de le balancer sur lui. Il émit un grognement à mon encontre lorsqu'il se le prit en plein ventre.

- Je n'hésiterai pas à écraser ton entre-jambe s'il le faut, Dawton. Ce ne sont pas le médecin ni l'infirmière qui se trouvent dans cette pièce qui vont m'arrêter.

Comme s'il s'était imaginé la scène, il grimaça et ses yeux redevinrent verts. Il ramassa le pack de glace et le reposa sur ma main gonflée. L'infirmière et le médecin m'avaient clairement entendu et je les avais vus se tendre comme un arc. Finalement, ils se tournèrent pour nous faire face et le médecin s'installa sur une chaise. Il se plaça devant moi et prit une bandelette que l'infirmière lui tendait. Il retira le pack de glace et se mit à entourer ma main avec les bandelettes imprégnées de quelque chose de bleue. Je sentis un froid instantané entourer ma main, alors qu'il continuait d'enrouler des bandelettes, qui se mirent à durcir. Il venait de me faire un platre ?

Il termina et sembla satisfait de son travail.

- Vous devez le garder quelques jours, Luna, et nous pourrons le retirer. Les bandelettes sont imprégnées d'une potion anti gonflement et vous remettront en place ce qui a pu être déplacé.

Vraiment pratique cette potion.

- Merci beaucoup.

Ils me sourirent et Dawton me fit descendre du lit en plaçant ses mains sur ma taille.

- Ne force pas aujourd'hui, Gin'. Demande un congé à ta cheffe et reste sur le territoire.
- Non.

Il fit la moue et je me dégageai de sa prise.

- Ramène-moi aux arcades.
- Tu ne veux vraiment pas rester ici ?
- Non.
- Tu te sens si mal à l'aise que ça ici ?
- ...Si tu ne me ramènes pas aux arcades, j'irai moi-même en marchant.

Il poussa un soupir en passant une main dans ses cheveux et finit par accepter.

- Très bien, je te ramène.

Il me fit signe de sortir et je le suivis jusqu'à la sortie de l'immeuble, puis jusqu'à sa voiture. Je m'installai et mis la ceinture moi-même, ce qui arracha un nouveau soupir venant de Dawton. Il se mit à conduire en silence et ça en devenait pesant. Arrivée aux arcades, je descendis de la voiture et Dawton en fit de même, me raccompagnant jusqu'à l'entrée.

- Merci, finis-je par dire.

Il passa sa main sur mon visage, caressant ma joue lentement, ses yeux verts ne me quittant pas un seul instant.

- Je suis désolée.
- Pourquoi est-ce que tu t'excuses ? m'interrogea-t-il.
- Parce que je fais de ta vie un enfer.

Il secoua la tête de gauche à droite.

- Je peux comprendre que tu ais perdu confiance en moi, Gin'. Ca prendra le temps qu'il faudra.
- J'ai envie d'être avec toi, avouai-je. Mais... j'ai l'impression que c'est trop tôt pour nous.

Il me sourit tendrement, avant de déposer un baiser sur ma tempe.

- C'est déjà un bon signe que tu veuilles être à nouveau avec moi.

Il pinça mon nez et sourit d'un air chaleureux.

- Ne t'en fais pas pour moi, Gin'. Je peux t'attendre.

Il passa sa main sur ma tête.

- N'en fais pas trop avec ta main droite. Laisse-la se rétablir. Je passerai te voir dans la soirée.

Je hochai la tête et il déposa un autre baiser sur mon front.

- A plus tard, Gin'.

Il me fit signe d'entrer dans les arcades et j'obéis en lui souriant pauvrement. Je fis un seul pas que Louise apparut devant moi. Elle regarda aussitôt ma main avec exaspération.

- Je t'ai envoyé avec eux pour que tu t'amuses, pas pour que Marina m'appelle pour me dire que tu t'es battue et que ton prince charmant est venu te chercher.
- Ce n'est pas mon prince charmant.
- Prince charmant, âme soeur, tout le tralala, c'est la même chose. Montre-moi ta main.

Je lui tendis ma main droite et elle soupira.

- Au moins, il t'a emmené voir un médecin. Tom te remplacera pendant ces quelques jours. Profites-en pour te reposer ou pour aller voir ton prince charmant.
- Je n'ai pas envie d'aller sur son territoire.
- D'après Marina, prince charmant serait un loup...
- Oui et donc ?
- La belle et la bête ! Un classique !

Elle tapa dans ses mains et je roulai des yeux, provoquant un éclat de rire venant de la femme.

- Je peux vraiment rien faire ?
- Tu penses vraiment que je vais laisser une blessée de guerre travailler ?
- J'avais de l'espoir.
- Tu vas mourir d'ennui ici, avec une seule main. Tu devrais inviter prince charmant pour qu'il te fasse sortir et pour que vous vous réconciliez.
- Quelqu'un pourrait arrêter de me parler de lui ?! lançai exaspérée.
- Pourquoi ? C'est drôle ! intervint Tom.
- Tu ne vas pas t'y mettre !
- Je pense que tous les habitués de ces arcades sont au courant de votre relation, me fit remarquer Tom.
- Manquerait plus que ça.
- T'inquiète, d'après les sondages, ils pensent que ton prince charmant va réussir à te reconquérir.
- Parce que y'a des sondages en plus ?!
- Oui et des paris.
- Oh j'y crois pas !

J'avais une migraine qui commençait vraiment à prendre naissance.

- Comment j'ai pu terminer ici ?
- Enfance difficile ? fit Tom avec un sourire malicieux.
- Retourne travailler au lieu de faire les voix off, grognai-je.

Il éclata de rire, suivie de Louise, tous deux, fiers de leurs idioties.

- Donne-moi un sandwich au poulet au lieu de ricaner.

Il m'en tendit un avec un sourire. Avec toutes les longueurs que j'avais faites, j'avais faim et puis avec tout ce qu'il s'était passé, autant me remplir la panse, pendant que je le pouvais encore. Je m'assis sur une chaise, tout en mangeant tranquillement. Je portai mon regard sur les alentours, voyant qu'il y avait pas mal de monde et je m'en voulus de ne pas pouvoir aider. Au lieu de quoi, je m'étais faite ce plâtre. A la main droite en plus de ça ! Tom apparut et posa une canette qu'il ouvrit devant moi.

- Merci.

Tom avait deux ans de plus que moi et était un elfe. Il avait les yeux verts comme Dawton et des cheveux blonds courts. Ses oreilles pointues étaient couvertes de piercings et il avait un tatouage sur la nuque. Il croisa les bras devant moi, en me regardant manger.

- Quoi ?
- Tu ne veux pas te remettre avec ton prince charmant rapidement ?
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai misé gros sur toi, chérie.
- C'est vraiment gentil de ta part d'avoir misé sur moi. Combien t'as mis ?
- 500 molt.
- Quoi ?! Autant ?!
- Les paris n'étaient pas en ta faveur, chérie.
- Arrête de m'appeler "chérie", c'est dégueu.
- C'est vrai que ton prince charmant ne serait pas content d'entendre un autre mec dire ça à sa princesse.
- Je ne suis pas une princesse.
- Non, c'est vrai, Cendrillon.
- Je n'ai rien à avoir avec Cendrillon.

Il hocha la tête.

- Non, c'est vrai. Tu es plutôt Belle. Puisque tu as ta propre bête.

Je lâchai un soupir exaspéré, ce qui le fit éclater de rire.

- Ton loup est quand même victime d'un sortilège puisqu'il peut prendre forme humaine !
- Arrête de dire n'importe quoi et va travailler avant que je ne te botte les fesses.
- Quoi ? Avec ta main dans le plâtre ? Tu penses me faire quelque chose ?

Je posai lourdement la canette sur la table et il sursauta.

- Tu ne m'en penses pas capable ?

Il se leva de la chaise en levant les mains en l'air et s'éloigna tout en gardant ses yeux fixés sur moi pour s'assurer que je n'allais pas l'attaquer. Je le vis retourner derrière le comptoir et j'eus un semblant de sourire. Depuis que j'étais aux arcades, je m'étais familiarisée avec chaque employé et Louise me faisait penser à une figure maternelle, tandis que Marina et Tom étaient les frères et soeurs que je n'avais jamais eus.

Agaçants, mais supportables.

Et je commençais vraiment à m'attacher à eux comme pas possibles.

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Présence de fautes en tout genre. A éditer.

Lil', le 23.02.2020 à 12:04