Chapitre 45
Chapitre 45 Bis
Grâce à Louise, j'avais rapidement pris mes marques, discutant aisément avec tous les clients qui étaient majoritairement des ados qui séchaient les cours. Je trouvais toujours quelque chose à faire pour m'occuper l'esprit et évitai comme je le pouvais de dormir, pour éviter de voir le visage de Dawton. Ce jour où j'avais quitté le territoire restait encore trop douloureux pour moi. Ce jour où j'avais décidé de prendre mes distances.
- Gin', chérie, me dit Louise en apparaissant devant moi.
- Oui ?
Elle posa ses mains sur mes épaules et me poussa hors du comptoir pour que je m'assois sur la chaise.
- Il est temps que tu te reposes, chérie. Tu travailles non stop depuis que je t'ai embauché !
- Je peux continuer !
- Repose-toi chérie, Marina prend la relève !
Elle me montra du doigt la jeune fille de l'autre côté de la salle d'arcades.
- Va donc dormir un coup. Tu m'as l'air sur le point de tomber dans les pommes.
Elle me tendit un verre d'eau que je pris et me fit signe de partir en direction de ma chambre qu'elle m'avait fait découvrir lors de la première nuit. Je déverrouillai la porte et y entrai. Je me posai aussitôt sur le lit, la fatigue m'emportant rapidement.
Je me réveillai en sursaut et en sueur face au cauchemar que je venais de vivre. Ma mère avait été tué des mains de Dawton, qui était complètement couvert de sang.
Je soufflai un grand coup par la bouche et soupirai. C'était une des raisons pour laquelle je faisais en sorte de travailler au lieu de me reposer. Il suffisait que je ferme les yeux pour que je me retrouve à penser à lui. Il me manquait terriblement, alors que cela ne faisait qu'une semaine que je ne l'avais pas vu. Je me levai et pris un peu d'argent, avant de sortir de la chambre en verrouillant derrière moi. Je croisai Louise qui me regarda sévèrement.
- Que fais-tu là ? Je pensais que tu serais en train de dormir pendant encore quelques heures !
- Je dois sortir un coup.
Je n'avais pas quitté les arcades depuis que j'étais arrivée, et donc apprendre que je partais enfin de cet endroit avait fini par la surprendre.
- D'accord, à plus tard, chérie.
Elle me fit un petit coucou de la main et je sortis de la salle d'arcade pour faire face au soleil. J'étais presque surprise, puisque c'était la première fois que je le voyais depuis si longtemps. Je laissai ses rayons réchauffer ma peau et je souris légèrement, avant de me rendre à l'arrêt de bus. J'attendis un moment avant de prendre le premier qui arriva. Le trajet fut long et douloureux alors que je me demandais vraiment pourquoi je faisais ce trajet. Je poussai un soupir et finis par descendre à l'arrêt. Je jetai un coup d'oeil à la colline qui s'offrait à moi. Je passai une main dans mes cheveux et me mis à monter les marches d'escaliers. C'était fatiguant, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas fait un peu d'exercice. J'arrivai au dessus et marchai en direction des deux tombes que j'avais faites, avant de me rendre compte qu'elles n'étaient plus présentes. A la place, se trouvait un banc qui venait d'être installé. Mon coeur se serra sous la douleur, alors que je me rendais vraiment compte que je n'avais plus de point d'attache ici. Je pris une inspiration pour ne pas pleurer, clignai des yeux plusieurs fois pour retenir les larmes et marchai jusqu'au bord de la colline pour m'assoir.
- Maman... je suis désolée...
Je me mordis la lèvre.
- Je ne savais pas que c'était à cause de lui, tu sais ?
Je jetai un coup d'oeil à mes mains.
- J'ai la sensation de t'avoir trahi en l'aimant... mais partir de ce territoire...
Ma vision devint floue.
- Je regrette d'être partie maintenant... Est-ce que tu m'en veux de l'aimer ? Alors qu'il est responsable de notre accident ?
Les gouttelettes chaudes traversèrent mon visage, pour s'étaler sur mon jean. Je fis face à une absence de réponse, qui me concerta dans ma solitude. Je soufflai un grand coup par la bouche, une boule dans la gorge. Je passai la manche de mon sweat sur mon visage pour essuyer mes larmes et finis par me lever.
- Je ne sais vraiment pas quoi faire, maman... mais Louise m'a recueilli... et m'a donné un travail. J'essaye d'avancer maintenant...
Je déglutis péniblement en me redressant et je partis. J'aurais voulu que quelqu'un me conseille sur ma situation, que quelqu'un m'aide à y voir plus clair. Je descendis les escaliers en soufflant de frustration et quittai la colline une bonne fois pour toute. A présent que les tombes de substituts n'étaient plus présentes, je n'avais plus aucune raison de revenir ici.
Cette fois-ci, je ne pris pas le bus, me contentant de courir pour retourner aux arcades, pousser mes muscles au max et mes poumons comme je le pouvais. J'étais seule, tellement seule. La seule famille que j'avais, je l'avais rejetée en quittant leur territoire. Je ralentis en voyant les arcades au loin, pour reprendre mon souffle. Je m'arrêtai pourtant en reconnaissant une silhouette familière et me figeai en remarquant qu'il s'agissait de Dawton, appuyé contre sa voiture noire. Il avait les yeux rivés vers les arcades. Il portait un costume gris, une chemise blanche et une cravate noire. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés, me rappelant ce jour où je l'avais croisé en rentrant chez moi en courant sous la pluie. Je ne voulais pas me confronter à lui, c'était encore trop tôt. Je me remis à courir, faisant comme s'il n'était pas là, profitant du fait de faire du sport pour camoufler les battements de mon coeur qui avaient accéléré en remarquant sa présence. Je sentais son regard posé sur moi et j'avais envie de tourner la tête, croiser son regard vert, lui dire que je ne le détestais pas. Pourtant, je ne fis rien de tout ça, me contentant de foncer droit dans les arcades pour me réfugier. Une fois à l'intérieur, je me courbai sur moi-même pour reprendre mon souffle et une main se posa dans mon dos en tapotant légèrement.
- Tout va bien, chérie ?
Je ne pris pas la peine de répondre, me contentant de me concentrer pour respirer correctement.
- Viens.
Elle me guida vers le couloir réservé aux personnels et nous le fit longer, avant de me montrer une salle de bain.
- Je te laisse te laver.
Je l'arrêtai en attrapant la manche de son pull. Louise, de son regard bleu me regarda avec interrogation. Ses cheveux bruns étaient noués en un chignon sophistiqué et quelques rides étaient visibles au niveau de ses yeux. Cette femme devait avoir l'âge que ma mère aurait eu si elle avait été vivante.
- Est-ce que...
- Oui ?
- Est-ce que tu pourrais me donner l'illusion que tu es ma mère, ne serait-ce que quelques minutes ?
Elle sourit face à ma requête et me tendit ses bras comme une mère le ferait à sa fille qui serait dans la désarroi. Je m'avançai et me laissai aller dans son étreinte, sanglotant avec une telle intensité, que je me surpris moi-même. Elle tapotait mon dos en me disant que tout allait bien, que ce n'était qu'une mauvaise passe. Au bout d'un moment, je finis par hoqueter et me calmer petit à petit. Louise me lâcha et m'adressa un sourire réconfortant.
- Ca va mieux ?
Je hochai la tête et elle écarta une mèche de mes cheveux pour la caler derrière mon oreille.
- Tu veux en parler ?
Je me laissai choir sur le carelage froid de la salle de bain et elle m'imita pour se retrouver face à moi, à ma hauteur.
- J-je...
Je ne savais pas si je pouvais lui en parler. Je ne la connaissais que depuis peu, mais pourtant, elle me donnait l'impression d'être la mère que je n'avais jamais eue. J'avais l'impression que je pouvais tout lui dire.
- C'est le bordel dans ma tête...
- Prends ton temps.
Je me mordis la lèvre ne sachant pas ce que je pouvais lui dire.
- Il y a quelques années, j'ai eu un accident de voiture. Ma mère ne s'en est pas sortie à ce moment-là. J'ai appris, il y a peu, que l'homme qui était supposé être mon âme soeur, en était responsable.
- Oh...
Louise semblait comprendre que cette histoire n'était pas aussi simple que cela.
- En pensant trahir ma mère, j'ai coupé les ponts avec cet homme. Je me suis éloignée de lui, mais il me manque terriblement... je ne sais pas quoi faire...
- Tu as discuté avec lui de tout ça avant de couper les ponts ? Tu lui as dit que tu avais l'impression de trahir ta mère ?
Je secouai la tête de gauche à droite.
- J'ai fui. Je ne savais pas quoi faire. J'étais juste perdue avec tout ce que je ressentais.
- Il faut que tu mettes les choses à plat avec lui, Ginger. La communication, c'est la clé dans un couple.
- Nous ne sommes pas en couple.
- Tu viens de dire qu'il était ton âme soeur...
- Il préfère être avec une autre femme.
- Etrange, fit-elle. Les âmes soeurs ont tendance à être inséparables. Es-tu sûre qu'il s'agissait de ton âme soeur ?
Je ne fis que hausser les épaules.
- C'est lui qui me l'a dit. J'ai ressenti cette attraction pour lui, mais je ne sais pas ce que je suis supposée ressentir...
- Tu as bien du ressentir ce sentiment de sécurité, ce besoin d'être auprès de lui constamment et de savoir comment il va.
Je sentis un pincement au coeur.
- Au fond, tu sais si cet homme est vraiment ton âme soeur.
- Mais... et cette femme ? Il se préoccupe bien plus d'elle ! Il... passait tellement de temps avec elle...
- S'il est vraiment ton âme soeur, tu n'as aucune crainte à avoir. Il ne pourrait jamais te quitter pour quelqu'un d'autre.
Je me mordis la lèvre.
- Est-ce qu'il te rendait heureuse ?
Je hochai la tête lentement.
- Alors tu n'as pas à te faire du mal de cette manière avec ce genre de pensées. L'aimer ne t'est pas interdit, Ginger. Le plus beau rêve d'une mère est de voir sa fille heureuse. Si tu étais heureuse avec lui, elle ne t'en voudra jamais. La seule chose qu'elle te reprocherait en ce moment-même, ce serait que tu abandonnes ton âme soeur à cause d'elle. Que tu passes à côté de ce qui te rendait heureuse, pour te faire du mal de cette manière.
De nouvelles larmes se mirent à longer mes joues et Louise me sourit de toutes ses dents, un sourire maternel.
- Prends ton temps pour te laver, Gin', ensuite, va te reposer. Tu en as bien besoin.
Elle tapota ma tête et se leva.
- Essaye de comprendre son point de vue aussi, Ginger. Il a surement été blessé d'apprendre qu'il avait été responsable de la mort de ta mère et qu'il t'avait blessé en même temps. Il est ton âme soeur, celui qui te comprendra le mieux. Mais comme tout le monde, nous faisons tous des erreurs.
Je hochai la tête lentement et elle me fit un grand sourire chaleureux.
- ...Merci.
- Ce sera déduit de ton salaire.
- Hein ?!
Elle éclata de rire.
- Je plaisante, chérie.
J'eus un petit rire, alors qu'elle souriait de toutes ses dents, puis elle quitta la salle de bain en fermant la porte derrière elle. Louise ressemblait à un ange gardien, à s'occuper de toutes les personnes qui étaient en détresse émotionnelle qui venait dans ses arcades. Si je ne l'avais pas rencontré, j'aurais sûrement vécu quelques jours dans un hôtel, avant d'errer dans la ville en me demandant ce que je pouvais faire pour combler mes journées. Je me levai et fermai la porte à clé avant de me déshabiller et prendre une douche bien chaude. Je profitai de ce moment pour me laver le visage, sentant mes yeux qui avaient gonflé à cause de tous mes sanglots. Une fois terminé, je me séchai, avant de remettre mes habits et de sortir. J'allai directement dans ma chambre et m'y enfermai.
Fatiguée physiquement et émotionnellement, je fermai les yeux rapidement après m'être posée sur mon lit, en sentant le poids de tout ce qu'il s'était passé me pousser à dormir dans les bras de Morphée.
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Yo ! Cadeau !
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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©
Présence de fautes en tout genre. A éditer.
Lil', le 26.01.2020 à 17:44
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