Chapitre 44
Chapitre 44 Bis
Je me sentais terriblement mal d'avoir pu lui dire tous ces mots, mais il fallait que je les dise. Que je fasse en sorte de l'éloigner de moi. Il fallait mettre un terme à cette relation qui n'allait nulle part. De cette manière, il n'aurait plus à se soucier de moi et pourrait se consacrer uniquement à sa meute et Jasmine.
Pas à un être humain aussi faible que moi.
Le voir partir de cette manière, aussi blessé par mes paroles m'avait donné envie de lui courir après et de le prendre dans mes bras, lui faire comprendre que je n'avais pas voulu lui dire tout ça. Que j'avais encore envie de croire en nous deux, mais avec tout ça... je ne me voyais pas lui infliger tout ça.
Pas alors que je n'étais pas en mesure de me comprendre.
A présent, j'étais retournée à la résidence où se trouvait la chambre de Dawton et j'eus un pincement au coeur en repensant aux souvenirs que j'avais pu avoir ici. L'odeur de Dawton était omniprésente et me donnait juste l'envie de rester ici. Je lâchai un grand soupir à fendre l'âme et me dirigeai vers mon sac. J'en sortis des vêtements propres et allai me changer dans la salle de bain. Troquant la blouse que j'avais depuis que j'étais en convalescence pour un pantalon large et un pull noir. Je nouai mes cheveux noirs en un chignon et sortis de la salle de bain. Je vis alors Poupy sur le lit et je sentis les larmes me monter aux yeux. Cet Alpha m'avait offert un bout de bonheur en si peu de temps.
Il m'avait rendu heureuse.
Je fonçai droit vers le lit et pris le gigantesque ours en peluche dans mes bras. Inspirant un grand coup et le serrant fortement dans mes bras, je sentis quelques larmes s'échapper de mes yeux pour s'écraser sur la fourrure de Poupy.
- Si tu pouvais bouger, je te dirais de garder un oeil sur Dawton. De veiller sur lui. Que tu fasses en sorte qu'il n'ait jamais de problème et qu'il reste heureux pour toujours.
Je le caressai une dernière fois et souris pauvrement. Dawton allait probablement se débarrasser de Poupy ou le donner à Jasmine. Cette pensée me fit mal au coeur. Il allait pouvoir vivre avec la femme dont il se préoccupait le plus. Je soufflai un grand coup par la bouche pour me reprendre et marchai jusqu'à mon sac que je pris. J'avais suffisamment d'argent pour survivre un moment sans travailler, mais une fois hors de ce territoire, il fallait que je trouve un petit travail. J'avais pu me rendre compte pendant ma convalescence que ma date d'anniversaire était passée et que j'avais à présent 18 ans. J'avais l'âge légal pour pouvoir me trouver un travail. Mais il fallait d'abord que je m'éloigne de cet endroit.
Je sortis de la résidence, la gorge nouée. J'étais vraiment en train de partir. J'avais commencé à prendre mes marques ici, je m'étais sentie comme chez moi avec Dawton à mes côtés. Pourtant, je savais que le bonheur ne pouvait être qu'éphémère.
- Tu peux le faire, ma grande !
Je cherchais à me motiver comme je le pouvais. Je marchai au travers de la forêt pendant un moment et finis par me rendre compte que j'étais arrivée aux bordures du territoire lorsque je vis plusieurs Warriors. Ils parurent surpris de me voir là, mais prirent la peine de me saluer.
- Luna, que faites-vous là ? Vous devriez encore vous reposer...
Comment de parfaits inconnus à mes yeux pouvaient se préoccuper de ma santé de cette manière ? Comment pouvaient-ils en savoir tant sur mon état de santé ?
- L'Alpha doit probablement vous chercher, fit l'un d'eux.
Je secouai la tête de gauche à droite.
- Nous avons discuté et il me laisse partir du territoire.
- Qu...
- Mais comment ça ?
- C'est insensé !
Les Warriors se jetèrent un coup d'oeil comme s'ils ne me croyaient pas.
- Vous pouvez lui demander. Il vous confirmera.
Je les vis se concerter un instant et j'attendis en soufflant un grand coup par la bouche. Je ressentais de plus en plus intensément le pincement familier. Je voulais juste me mettre à courir pour ne plus ressentir tout ça, mais je n'étais pas encore remise pour le moment. Les trois Warriors paraissaient bien trop surpris, mais me firent signe que je pouvais passer.
Il leur avait confirmé mon départ.
Je ne savais pas ce qui était le plus douloureux. Le fait qu'il accepte aussi facilement ou le fait qu'il me laisse partir sans venir me voir une dernière fois. Je savais que je n'avais pas été tendre avec lui avec mes mots, mais intérieurement, j'avais espéré le revoir une dernière fois. Voir sa bouille que j'aimais tant regarder. Mais il devait probablement être occupé avec la meute et cette femme. Je me mis à marcher et je m'éloignai peu à peu de cet endroit. Alors que j'étais à mi-chemin, il se mit à pleuvoir et je grognai. Je jetai un coup d'oeil autour de moi pour chercher refuge mais j'étais dans la forêt, à quoi m'attendais-je au juste ?
Passant outre le fait qu'il s'était mis à pleuvoir des trombes, je continuai à marcher sous cette pluie qui avait rendu le parcours plus difficile à cause de la formation de la boue et me retrouvai au bout d'un moment sur une route. Je ne pensais pas que c'était si compliqué de partir d'ici. Si compliqué de se détacher de cet endroit. Je pris une inspiration et laissai quelques larmes se mêler à la pluie qui me tombait sur le visage.
- Il est temps de tourner la page.
Je ne savais pas vraiment où j'étais supposée aller. Je n'avais plus de chez moi et je venais de quitter le seul endroit qui m'acceptait telle que j'étais. Marchant sur le bitume, je me décidai de partir en suivant la route. Au bout de quelques heures, je finis par reconnaitre mes alentours. J'étais de retour en ville, mais la question était de savoir où je pouvais aller à présent. J'avais mal aux pieds après avoir autant marché et j'avais vraiment besoin de me poser un instant. Je jetai des coups d'oeil autour de moi. J'avais suffisamment d'argent pour vivre à l'hôtel, mais pas sûr qu'ils m'acceptent alors que j'étais aussi sale et habillée de cette manière. J'éternuai plusieurs fois. La pluie était glaciale et j'avais clairement besoin de me réchauffer. Je ne savais pas vers qui me tourner ni où aller.
J'étais juste perdue.
Je m'arrêtai à un arrêt de bus pour me mettre à l'abri de la pluie et essuyai mon visage de ma manche.Un bus finit par s'arrêter devant moi et je me décidai à monter à l'intérieur pour pouvoir me réchauffer un instant. Le chauffeur me dévisagea en me voyant et je devais probablement ressembler à un pauvre raton laveur qui avait pris l'eau. Le peu de personnes qu'il y avait dedans me jetèrent un coup d'oeil méprisant et évitèrent par la suite de croiser mon regard, comme s'ils avaient peur que je ne leur fasse quoi que ce soit. Je m'installai au fond du bus et me posai avec soulagement sur un siège. J'étais complètement trempée et je commençai à claquer des dents. J'ouvris mon sac et en sortis une serviette pour m'essuyer le visage. Je la laissai ensuite sur mes épaules et regardai le paysage familier défiler sous mes yeux. Au bout d'un certain temps, je reconnus les environs des arcades et descendis aussitôt du bus. Je marchai alors sous la pluie qui avait diminué en intensité et fis le tour avant de trouver l'entrée des arcades. En entrant à l'intérieur, j'eus un semblant de sourire. Cet endroit avait été mon refuge depuis des années. Je fonçai vers le fond pour aller aux toilettes et m'y enfermai pour me changer, troquant mes vêtements trempés contre des vêtements secs. A défaut de pouvoir prendre une douche, il fallait au moins que je me débrouille pour me réchauffer comme je le pouvais. Je passai un certain temps à sécher mes vêtements trempés avec le sèche main avant de les fourrer à nouveau dans mon sac. Quand je sortis des toilettes, je me décidai à aller vers le comptoir et commandai une boisson chaude.
- Tu es bien pâle, chérie.
La femme d'une quarantaine d'années paraissait soucieuse en me regardant.
- Je vais bien.
- Mmh mmh, fit-elle en préparant mon verre.
Elle versa le chocolat chaud dans le verre et y posa un marshmallow avant de mettre un cookie pour l'accompagner.
- Je n'ai demandé qu'un chocolat chaud...
- C'est cadeau de la maison.
- Mais...
- Cadeau de la maison, insista-t-elle.
- Merci.
Je pris le plateau qu'elle me tendait et allai m'installer à une table. Je posai mon sac à mes côtés et bus la boisson avc soulagement. Le cookie ne tarda pas à disparaitre et je me rendis compte que j'avais été affamée. Marcher autant m'avait creusé l'appétit, mais me retrouver dans le froid m'avait fait revoir le sens de mes priorités. Ce n'était que maintenant que je me rendais compte que j'avais pu avoir faim. Je laissai mes mains sur ma tasse pour les réchauffer et laissai mon esprit vagabonder. Je ne savais pas quoi faire du tout de ma vie.
- Peut-être que je ferais mieux de quitter une bonne fois pour toute cette ville ?
Au moins, je pourrais m'éloigner de ce territoire. J'avais encore l'impression d'être trop proche de lui. J'avais peur de me voir retourner auprès de lui dans un moment de faiblesse. J'avais peur de devenir dépendante de cet homme. Peur qu'il n'ait encore plus d'influence sur moi que ce que j'aurais aimé. Je soupirai et bus ce qu'il restait dans ma tasse, avant de me lever. Il fallait que je trouve un logement, juste quelque part pour me poser pour la nuit et je prendrais la peine de réfléchir pour la suite une fois que j'aurais passé une bonne nuit. Je pris mon sac et marchai en direction de la sortie, mais m'arrêtai nette en voyant une affiche sur la vitre.
- Recrute employé(e) pour horaire de nuit. Chambre et douche fournies. Salaire à voir avec le boss.
Les arcades recrutaient ? Je me tournai pour voir la femme qui était au comptoir et arquai un sourcil. Peut-être que me poser quelques jours ici ne me feraient pas de mal. Je connaissais parfaitement l'endroit après avoir passé des années ici à jouer. Je fonçai droit vers le comptoir et la femme, surprise, sursauta.
- Que puis-je pour toi, chérie ?
- Je viens de voir l'affiche. L'emploi est toujours d'actualité ?
Je lui montrai du doigt l'affiche et elle suivit mon regard.
- Aaaah cette affiche. Oui, en effet.
- Je peux voir le boss ? J'aimerais postuler !
Elle nettoya un verre avec un chiffon et sembla m'ignorer un instant.
- Allô ? Je suis encore là !
- Pourquoi est-ce que tu aimerais postuler ici, chérie ? Ce n'est pas un job pour une gamine. Il faut être éveillée toute la nuit pour garder un oeil sur les gosses comme toi qui passent.
- Je ne suis pas une gamine. J'ai 18 ans.
- 18 ans, 19 ans ou même 25 ans, vous restez des gosses pour moi.
J'avais envie de rétorquer que c'était normal si on venait à comparer avec son âge, mais pris sur moi pour ne rien dire. J'avais besoin de ce job juste pour me poser un peu au lieu de me retrouver sans aucun but.
- Je peux rester éveillée toute la nuit. Je connais cet endroit comme ma poche. J'y ai bien plus passé de temps que vous ne pouvez le pensez.
- Ah oui ? Combien de temps exactement ?
- De mes 10 ans à aujourd'hui.
- Et l'école dans tout ça ? Tu ne penses pas qu'il faut un minimum un diplôme pour pouvoir prétendre à un emploi ?
- L'école ne nous apprend que la théorie. La mise en pratique, je peux l'apprendre sur place, avec votre aide ou celle des autres employés. J'apprends vite et je suis rapidement autonome.
Son regard bleu se posa sur moi comme si elle me jugeait.
- Qui ne me dit pas que te laisser en charge des arcades la nuit risquerait de tourner au vinaigre ? Tu es bien trop jeune. Tu ne sembles pas encore prête pour la moindre responsabilité. Peut-être fuirais-tu à la moindre difficulté ?
Je me mordis l'intérieur de la bouche pour ne pas dire quelque chose que je regretterais. A nouveau, on me disait que j'étais prête à fuir. Avais-je quelque chose de ce genre inscrit sur mon front ? Etait-ci si facile de me donner une étiquette ?
- Pourquoi as-tu ce sac avec toi ?
Je suivis son regard et vis mon gros sac de sport. Pensait-elle que j'avais fugué ?
- Parce que j'ai perdu ma seule maison, mon seul foyer.
- Ah oui ? Comment ?
- ...Mes parents sont morts, et à cause des dettes, l'Etat a récupéré la maison. Je n'ai plus aucun endroit où aller.
- Qu'en est-il de tes études ?
- J'ai abandonné pour pouvoir survivre.
Elle me dévisagea un instant avant de poser le verre sur le comptoir.
- Très bien, suis-moi.
Elle quitta le comptoir et marcha entre diverses machines à jouer avant me mener vers un couloir. Me menait-elle au patron ? Elle s'arrêta devant une porte et me fit signe de la tête de l'ouvrir. J'obéis et découvris une petite chambre où il y avait un lit et une petite table. Je la regardai sans comprendre.
- Tu commenceras dans 2 jours. T'es bien trop palotte pour que je te laisse commencer maintenant. Repose-toi et tu me montreras comment tu te débrouilles quand tu seras en pleine forme. Les douches sont au fond du couloir. La cuisine est sur la gauche deux portes après ta chambre.
- Qu... vous m'embauchez vraiment ?
- On va dire que t'es en période d'essai pour le moment. Fais comme chez toi, chérie. D'ailleurs, je m'appelle Louise.
- Je m'appelle Ginger.
- Enchantée, Ginger. Et bienvenue chez toi.
Elle me fit un grand sourire, sortit un trousseau de clé de sa poche et en retira une qu'elle me tendit. Je la récupérai et elle tapa dans ses mains après avoir rangé les clés.
- Je retourne travailler. Repose-toi, Ginger.
- Merci.
J'entrai dans la chambre en verrouillant la porte derrière moi et posai le sac sur le sol. Je me laissai un instant me poser dos contre le mur, soufflant avec soulagement. J'étais parvenue je ne sais comment à être acceptée. Je déglutis péniblement et malgré mes jambes tremblantes, je pris quelques affaires avant de me diriger aussitôt vers les douches. Une fois, bien rechauffée par l'eau chaude, je me séchai, me changeai à nouveau et me séchai les cheveux avant de retourner dans la chambre qui m'avait été attribuée. Je me laissai alors tomber sur le matelas, me glissant sous la couverture et fermai les yeux en savourant le moelleux du lit. J'avais l'impression qu'une éternité était passée depuis la dernière fois où j'avais pu fermer l'oeil. Je lâchai un soupir et laissai les muscles de mon corps se détendre.
Plonger dans ce sommeil pour oublier cette longue journée.
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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©
Présence de fautes en tout genre. A éditer.
Lil', le 26.01.2020 à 17:30
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