Chapitre 38

Chapitre 38 Bis

- Ginnyyyy ! Allez ! Viens !
- Je veux pas ! grognai-je.

Sa voix était plus plaintive et je grognai derechef. Ne pouvait-elle pas me laisser tranquille ?!

- Allez ! insista-t-elle.
- Non !
- Ginger ! fit-elle cette fois-ci en utilisant mon prénom.

Je roulai des yeux et mâchai machinalement le chewing gum qui se trouvait dans ma bouche.

Elle débarqua subitement dans ma chambre, me faisant sursauter et je grognai.

- Je veux pas.
- Allez, jeune fille ! Tu n'es pas sortie de cette chambre depuis des jours ! Ton père est au boulot et j'ai posé un jour de congé pour toi.
- Retourne travailler alors.

Je tournai la page du bouquin et elle approcha rapidement avant de poser sa main sur mon bouquin qu'elle referma d'un coup sec.

- Qu'est-ce que tu fais ?!
- Viens avec moi ou je deviens encore plus insupportable.

Je poussai un long soupir à fendre l'âme, puis me redressai pour me remettre sur pieds. Le sourire satisfait qu'elle avait sur le visage me tapait décidément sur les nerfs.

- Et c'est quoi cette tenue ? lui lançai-je.

Elle fronça les sourcils avant de se jeter un coup d'oeil.

- Qu'est-ce qu'elle a ma tenue ?
- Pourquoi tu portes un jean ? Tu n'en portes pas d'habitude.

Par contre, comme à son habitude, elle avait fait une grande tresse avec ses cheveux noirs. Elle ne fit que hausser des épaules.

- Je ne porte pas toujours de jupes, tu sais ?
- Je te vois rarement en jean. Ca cache quelque chose.

Elle roula des yeux et j'arquai un sourcil. Elle faisait rarement cela.

- Où tu m'embarques au juste ? En cours ? Si tu veux me pousser à aller là-bas, hors de question ! Je trouverai un moyen de partir de là.

Elle poussa un soupir.

- Je ne t'emmène pas là-bas, je te le promets.

Méfiante, je finis toutefois par attraper la veste qui était sur ma chaise, crachai mon chewing gum dans un bout de papier pour le jeter dans la corbeille et enfilai ma veste avant de sortir de ma chambre, ma mère sur mes pas. Je descendis les escaliers et quittai rapidement la maison pour aller à la voiture. Je m'installai à l'avant lorsqu'elle déverouilla le véhicule. Elle en fit de même et démarra aussitôt.

Je jetai des coups d'oeil autour de moi pour tenter de comprendre où elle allait me mener. Elle avait fini par allumer la radio et sifflotait joyeusement. Je trouvais son comportement décidément de plus en plus suspicieux.

- Où est-ce que tu m'emmènes ?
- Sois un peu patiente, Ginger. Agir de cette manière ne te menèra jamais nulle part.

Je roulai des yeux.

- Si tu veux, nous pouvons parler en attendant.

Du coin de l'oeil, elle me vit me renfrogner dans mon siège et ne persista pas. Je regardai le décor défiler sous mes yeux, des tas de questions en tête. Que voulait-elle faire au juste ?

Le trajet finit par me faire somnoler et je me réveillai subitement en sentant ma tête tomber.

- Réveillée ?

Je grognai en me redressant sur mon siège et jetai un coup d'oeil autour de moi sans comprendre où nous étions.

- Ginger.

Je n'aimais décidément pas le ton qu'elle venait d'employer.

- Il faut qu'on parle.

Je n'aimais vraiment pas la tournure de la conversation. J'avais juste envie de fuir. Mon coeur avait pris de la vitesse alors que des noeuds se formaient dans mon ventre.

- Que s'est-il passé là-bas au juste ? Pourquoi cette exclusion ? Tu sais que tu peux tout me dire.

Je serrai instinctivement mes mains en poings sur mes cuisses. Si j'avais pu tout lui dire, serais-je dans cette situation ?

- Ginger.
- J'ai rien à dire à ce sujet.
- Je suis ta mère. J'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé. Pourquoi ma fille s'est retrouvée dans cette situation ? Pourquoi au juste ? Tu semblais t'entendre avec tout le monde !

Ce fut la goutte de trop.

- Moi ?! M'entendre avec tout le monde ?!

Elle sembla sursauter et serra ses mains sur le volant sans pour autant quitter la route du regard.

- Tu te fous de moi ?! Depuis quand est-ce que je m'entends avec tout le monde ?! J'me suis jamais entendue avec qui que ce soit ?! Tout le monde m'a toujours détesté dans cette classe de merde ! T'as jamais rien vu de tout ça ! Pour toi, j'suis juste la p'tite fille parfaite qui peut s'entendre avec tout le monde ! T'as jamais vu à quel point j'étais mal en rentrant de l'école ?! Tu ne t'es jamais demandée pourquoi j'avais fini par apprendre à faire mes lessives moi-même ?! J'suis pas la fille qui s'entend avec tout le monde ! J'suis la fille qui est parvenue à rendre tout le monde d'accord que je n'aurais jamais du exister !

Je sentis les larmes me monter aux yeux alors que ma gorge se nouait petit à petit.

- J'suis la fille que tout le monde insulte...

Ma vue se brouilla et quelques larmes s'échappèrent de mes yeux pour s'écraser sur mon jean.

- La fille que tout le monde harcèle. J'ai essayé de t'en parler, mais à chaque fois, tu ne faisais que me dire que nous étions des enfants, que tout le monde faisait ça pour s'amuser. Même à toi, je pouvais pas te faire confiance. T'étais pas là pendant toutes ces années et c'est que maintenant que tu cherches à gagner ma confiance ?!

Je lui en voulais tellement, depuis tout ce temps.

- Ca sert à rien de faire semblant d'être ma mère maintenant. Je m'en suis sortie toute seule jusqu'à maintenant. Je continuerai de cette manière.
- Ginger...
- Pas besoin de me faire la morale. Je t'écouterai pas.
- Ecoute, Ginger...
- J'veux pas t'écouter, ok ?! Ca sert à rien de parler de tout ça maintenant !!

J'avais tourné la tête pour la regarder, mais au même instant, une masse sombre surgit de nulle part. J'eus le temps d'apercevoir une fourrure noire et des tâches blanches alors que la voiture percutée se retournait sur le bitume.

Puis le noir.

Je gémis de douleur en sentant que mon corps était étrangement lourd. J'ouvris les yeux difficilement, voyant flou l'espace d'un instant.

- Hé fillette... t'es encore vivante ?

Je regardai autour de moi, sans comprendre ce qu'il venait de se passer. La voiture était retournée, j'avais une migraine et je pouvais voir les débris de verre sur le sol. Le bitume commençait à se teinter d'une couleur rouge et un son fit dévier mon regard sur ma droite. Un homme me fixait de ses yeux bruns et je laissai mes yeux regarder ailleurs. Ma respiration était saccadée et mon coeur prit de la vitesse en voyant ma mère.

- Fillette, regarde ici.

Mes yeux étaient focalisés sur le visage de ma mère, couvert de débris de verre et de sang, le volant à moitié dans son abdomen. Ma bouche se mit à trembler, alors que je sentais les larmes me monter aux yeux.

- Fillette, regarde ici.

Je finis par obéir et l'homme avait tendu la main dans ma direction.

- Je vais te sortir de là, ok ?

J'acquiesçai difficilement. J'avais l'impression que si j'ouvrais la bouche, mon coeur allait s'évader. Que venait-il de se passer au juste ? Je me souvins vaguement qu'une masse avait subitement surgit devant la voiture et tout le reste me paraissait encore flou. L'homme qui m'avait interpellé dégagea les débris avant d'entrer délicatement dans le véhicule après avoir retiré la portière d'un simple geste. Il s'approcha et se plaça près de moi avant de tirer sur le siège qui se décrocha comme si de rien n'était. Je me sentais au bord de la crise de panique. Alors que l'on m'allongeait sur le sol, je vis la masse noire qui avait percuté la voiture. J'eus le temps de voir qu'il s'agissait d'un animal, un gigantesque animal à la fourrure noire tâchées de blanc.

- Désolé fillette, mais c'est nécessaire.

Mon attention se reporta sur l'homme qui était auprès de moi et je le vis tenir une seringue dans ses mains. Je sentis mon ventre se nouer sous la peur. Je ne comprenais pas pourquoi il avait ça en mains. Pourquoi. Et ma mère dans tout ça ?

- M...

Ma voix ne semblait pas vouloir se manifester. Ma respiration accéléra alors que je le voyais rapprocher la seringue de moi. J'étais terrifiée. Je ne comprenais pas pourquoi il avait ça en mains, pourquoi il approchait de moi avec ça.

- Ma...

Et ma mère ? Qui allait la sortir de là ?

- MAMAN ! criai-je.

J'ouvris subitement les yeux, ma respiration saccadée et je déglutis péniblement alors que je ne reconnaissais pas mes alentours. Que s'était-il passé ? Où étais-je ? Je voulus passer ma main dans mes cheveux, mais fus retenue par des liens autour de mes poignets. Je venais de rêver de ce qu'il s'était passé ce jour-là. Ma gorge se serra alors que je me souvenais à présent parfaitement de ce jour comme si cela s'était déroulé la veille. Je n'avais eu que des bribes de souvenirs durant toutes ces années, mais maintenant que j'avais revu cet animal, je me souvenais de tout. Comme si je n'avais attendu que ce déclic pour que tout me revienne enfin.

Ce jour où l'accident avait été provoqué par Dawton.

Mon coeur se serra alors que je comprenais enfin cette lourde vérité. Dawton était responsable de cet accident qui avait couté la vie de ma mère et partiellement de la mienne si cet homme n'était pas intervenu pour me sortir de là. J'avais la sensation d'étouffer à cause de cette information. J'aurais préféré ne jamais savoir. J'aurais du partir avant, j'aurais du fuir le plus loin possible. Je n'aurais jamais du lui porter ne serait-ce qu'une once de confiance.

Ma mère était morte à cause de lui.

Toutes ces années de galère étaient à cause de lui.

J'avais souffert à cause de lui.

J'avais juste la nette impression d'avoir trahi ma mère en laissant Dawton entrer dans ma vie. En le laissant avoir autant de pouvoir sur moi. J'avais trahi ma mère. Les larmes me montèrent aux yeux et longèrent lentement mais sûrement mes joues. Je m'en voulais déjà chaque jour depuis sa mort de lui avoir fait tous ces reproches, à présent, c'était bien pire. C'était tellement douloureux.

Juste de la souffrance.

Je me recroquevillai sur moi-même contre le sol froid, ne portant plus attention sur mon entourage. Je me souvenais d'avoir été kidnappée par cet homme, mais je m'en fichais. Dawton préférait cette femme, et à présent, je savais que je n'avais pas le droit d'être à ses côtés. Il avait percuté la voiture.

Il avait tué ma mère.

Cette vérité était bien trop lourde à porter. J'avais eu l'impression d'être au plus bas lorsque je m'étais sentie jalouse de cette femme qui accaparait toute l'attention de cet Alpha. Mais maintenant, je comprenais vraiment ce que c'était que de toucher le fond. Cette sensation d'avoir été brûlée en plein coeur sans quoi que ce soit qui soit en mesure d'éteindre ou d'apaiser cette douleur.

Je voulais juste disparaitre.

Une bonne fois pour toute, juste rejoindre mes parents là où ils étaient.

Les sanglots m'échappèrent et je ne pus me retenir plus longtemps, pleurant à chaudes larmes pour tenter d'évacuer toute cette douleur qui ne faisait que s'accumuler dans ma cage thoracique.

Au bout d'un moment, je finis par hoqueter, complètement lessivée et fermai les yeux. Je n'en pouvais plus d'avoir autant pleuré. Comme tous bons sanglots, je finis par me laisser emporter par le sommeil.

Une des portes de sortie les plus réconfortantes pour échapper à tous problèmes.

Et j'en avais grandement besoin en ce moment.

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Hello !

Voici un nouveau chapitre !

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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©

Présence de fautes en tout genre. A éditer.

Lil', le 22.11.2019 à 17:15


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