Chapitre 37
Chapitre 37 bis
Je me réveillai difficilement, ma bouche était pateuse et mes yeux étaient encore gonflés. Je grognai et enfonçai ma tête contre la boule de fourrure. J'avais des maux de tête en prime. Le combo parfait de la fille qui avait beaucoup trop pleuré. Je me redressai légèrement en regardant autour de moi et vis que Dawton dormait sur le canapé. Comme s'il avait compris qu'il fallait me laisser de l'espace. Je sortis du lit en soufflant un grand coup par la bouche et pris la couverture pour couvrir cet homme qui dormait à poings fermés. Je me rendis à la salle de bain où je vis mon visage pâle dans le miroir. Je ressemblais parfaitement à un zombie. Je me passai de l'eau fraiche sur le visage et jetai un coup d'oeil au miroir, comme si le simple fait d'avoir fait ça allait changer mon visage.
Je ressemblais à un zombie triste.
Je pourrais faire fureur avec ce nouveau concept. Je m'essuyai rapidement le visage et sortis de la salle de bain. Je passai derrière le canapé, voyant que Dawton dormait toujours et quittai la chambre. Je descendis les escaliers et me rendis en cuisine pour me faire un bon petit thé pour me calmer les nerfs. J'avais compris où était ma place. Je n'avais pas le droit d'espérer autant. Je me retrouvais enfin.
Assise sur la chaise, je regardais par la fenêtre la neige qui continuait de tomber abondamment, la tasse en main. J'avais enfin décidé ce que je comptais faire. J'attendais que la saison des neiges se termine pour enfin partir. J'avais suffisamment d'argent sur moi pour pouvoir vivre décemment quelques temps et mon anniversaire approchait à grands pas. J'aurais enfin la majorité pour pouvoir enfin travailler, quitte à faire des tas de petits boulots. Ce n'était pas comme si j'avais un but dans la vie.
Du moins survivre.
Mais survivre ne me semblait plus nécessaire à présent. Je ne faisais que vivre parce que rien de fâcheux ne m'était encore arrivé.
- T'es là !
Je sursautai, manquant de renverser ma tasse en entendant une voix familière et je me retournai pour voir Dawton avec un air soulagé sur le visage.
- Je pensais que tu avais encore disparu !
Il s'approcha et je me crispai malgré moi, ce qu'il remarqua aussitôt.
- Un souci ?
Il tira sur une chaise et la souleva pour la poser près de moi. Il s'y installa et me regarda.
- Parle moi, Ginger. Je veux comprendre pourquoi tu es dans cet état. Que s'est-il passé ?
Je baissai les yeux pour fixer le liquide qui était dans ma tasse.
- Rien. Tout va bien.
Il me prit le menton et m'obligea à le regarder.
- Quel est le problème ? Tu sais que tu peux tout me dire.
Non, pas tout. Je pensais pouvoir m'ouvrir aux gens, faire confiance à des personnes, mais c'était encore trop tôt. Trop difficile. Je me sentais tellement seule. Je ne fis que secouer la tête de gauche à droite.
- Je n'aime pas te voir aussi triste. Tu veux un câlin ?
Il ouvrit en grand les bras, comme s'il s'attendait à ce que je saute dedans à la moindre occasion. Il n'avait pas tort. Un câlin ne serait pas de trop. Je savais que toutes mes inquiétudes s'en iraient. Ses bras avaient un effet tellement apaisant sur moi que ça devrait être interdit. Je secouai la tête de gauche à droite et reportai mon attention sur l'extérieur. J'avais hâte que la saison des neiges se termine. J'avais hâte de pouvoir fuir au plus vite Dawton. Juste fuir cette douleur qui me montrait à quel point il pouvait compter pour moi.
- Je ne sais pas quoi faire pour t'aider...
Je me sentis presque mal de le mettre dans cet état.
- J'ai besoin de te poser quelques questions. Où étais-tu hier ? Pourquoi avais-tu sa cape ? C'est lui qui t'as fait du mal ?!
Je serrai mes mains sur la tasse.
- Ginger. J'ai besoin de réponses.
- Je suis allée courir.
Ma voix semblait sortir tout droit d'un film d'horreur. Il était vrai que je n'avais pas reparlé depuis hier et ma voix paraissait enrouée comme si j'étais tombée malade, comme si le fait d'avoir tenté de ravaler mes sanglots avaient eu un effet sur mes cordes vocales.
- Courir ?! Par ce temps ?! Tu sais très bien que tu ne devais pas sortir toute seule ! Et t'es allée courir ?!
Je grinçai des dents. Je n'avais pas besoin qu'il vienne me faire la morale. Je n'avais pas besoin qu'il vienne me dire ce que je ne devais pas faire.
- Pourquoi tu ne m'as pas demandé de t'accompagner ?!
- Parce que t'étais bien trop occupée à rire avec cette femme ! explosai-je. J'avais besoin de prendre l'air, ok ?!
Il parut surpris par ma réponse et je me levai de la chaise pour ensuite poser ma tasse sur la table.
- Tu aurais pu me dire de venir avec toi !
J'entendis la chaise grincer, signe qu'il venait de se lever à son tour.
- Je voulais être seule !! Loin de toi ! Loin de vous deux ! Juste courir ! Le plus loin possible !
Mon coeur s'était serré par automatisme. Je ne pouvais pas le rendre heureux. Je ne le méritais pas. J'étais tellement pénible envers lui. Comment pouvait-il me supporter ?
- Mais pourquoi ?!
J'ouvris la bouche avant de la refermer face à son air perdu. Je soufflai un grand coup par la bouche pour tenter de me calmer. Je ne pouvais pas en parler. C'était trop dur de lui avouer que j'avais peur qu'il m'abandonne et qu'il comptait énormément pour moi à présent. Je préférais me détacher de lui moi-même. A ma façon. Je n'étais pas supposée m'attacher à quelqu'un. J'aurais du partir dès que l'occasion s'était présentée. Lors de la mort de mon père par exemple.
- Ginger... Tu sais que tu peux tout me dire. Je ferais en sorte de t'aider comme je peux.
Quand il agissait de cette manière, je voulais juste pleurer dans ses bras, juste me sentir à nouveau en sécurité.
- J'ai pas besoin d'aide, soufflai-je.
Moi qui avais toujours voulu rester indépendante, ne jamais compter sur la présence de quelqu'un, je m'étais fait avoir comme un bleu. Je comprenais mon erreur seulement maintenant.
- Je vais prendre l'air.
Je sortis en trombe de la cuisine et quittai rapidement la résidence pour me retrouver dans la neige. Pourtant, Dawton me suivit silencieusement comme s'il était mon ombre et alors que nous étions au milieu de la forêt, je me retournai subitement, énervée qu'il ne puisse pas me laisser tranquille.
- Arrête de me suivre !
- Je ne te suis pas, fit-il nonchalament en haussant les épaules. Je ne fais que marcher dans la même direction que toi.
Sa réponse eut l'effet de m'énerver un peu plus.
- Arrête de jouer au babysitter !
- Je veux juste comprendre pourquoi tu es dans cet état et t'aider.
- J'ai pas besoin d'aide !
- Si tu en as besoin, tu ne veux juste pas te l'avouer. Ton égo et ta fierté en prendraient un coup.
J'ouvris la bouche avant de la refermer subitement en grinçant des dents.
- Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Eclaire-moi.
Je serrai mes mains en poings. Je me savais sur le point de craquer. J'avais tellement besoin de me débarrasser de toutes ces pensées qui me traversaient.
- Ginger... je suis là...
- Pourquoi ?! Pourquoi tu ne m'as pas présenté à cette fille ?! Pourquoi tu as agi comme si je n'existais pas ?! Tu étais tellement pris dans votre conversation que tu ne t'es même pas rendu compte que je n'étais plus là !
J'étais tellement frustrée que les larmes m'étaient montées aux yeux.
- Je me sens tellement seule... et c'est le bordel dans ma tête ! Je voulais juste un peu de ton attention et il suffit que cette fille apparaisse pour que je me sente jalouse ! Tu ne sais pas à quel point j'aurais voulu être à sa place ! Et tu ne sais pas à quel point je peux me détester d'avoir pu penser de cette manière. Je ne supporte pas cette facette de moi... c'est juste... dur...
- Tu aurais du m'en parler...
- T'en parler ?! Quand au juste ?! Tu travailles tout le temps, on dirait que je n'étais qu'un divertissement pour toi pendant ton temps libre !
- Tu n'es pas un divertissement pour moi, Ginger.
Je secouai la tête de gauche à droite en sentant mon coeur se serrer à l'extrême.
- Peut-être que tu as seulement eu pitié de ma situation depuis le début.
Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que des bruits de course me firent tourner la tête. Je vis alors de grands loups surgir soudainement et avant que je ne comprenne ce qu'il se passe, j'étais dans les bras de Dawton.
- Comment des Abandonnés ont pu entrer sur le territoire ! siffla-t-il.
Nous tombâmes dans la neige, Dawton me protégeant du mieux qu'il le pouvait. Il se releva aussitôt et dut faire face aux loups qui grognaient dans sa direction. Je jetai rapidement un coup d'oeil autour de moi pour voir ce qu'il se passait et je le vis, adossé à un arbre, tout en observant la scène. Je me redressai rapidement et fonçai sur lui, faisant abstraction du fait que j'étais complètement gelée.
- Qu'est-ce que tu fais ?! criai-je.
- Il est temps, fillette.
- Qu'est-ce que tu racontes ?! Pourquoi tu t'en prends à ce territoire ?!
- Il est temps que tu comprennes la vérité.
J'entendis Dawton grogner de douleur et mon coeur rata un battement. Je reportai mon attention sur ce qu'il se passait et vis qu'il était submergé par tous les loups qui l'attaquaient en même temps. Ce fut alors à ce moment-là que j'entendis des craquements sinistres et que les loups furent projetés loin de lui.
A place de Dawton se trouvait à présent un énorme loup, à la fourrure noire et ce qui attira aussitôt mon attention furent les tâches blanches qui étaient mêlées à cette noirceur. Les souvenirs affluèrent aussitôt créant une migraine insupportable.
- Alors ? Tu te souviens enfin, fillette ?
Je fis quelques pas en arrière alors que le loup continuait de regarder dans notre direction. Les loups se relevèrent et l'attaquèrent à nouveau, mais il ne se laissa pas faire, mordant de ses crocs acérés, déchiquetant ses ennemis.
- Tu comprends pourquoi tu aurais du partir de ce territoire ?
- C'est... c'est pas possible... N-non...
D'autres loups apparurent et se mirent à aider leur Alpha. Un gigantesque loup fonça droit dans ma direction, mais des mains se posèrent sur ma taille et me soulevèrent. Je me retrouvais alors sur une grande branche d'arbre et sentis quelque chose de pointu contre mon cou.
- A ta place, je ne ferais pas ça, Beta. Si tu tiens à ce que ta Luna reste en vie.
Noah était donc ce loup qui était juste au bas de l'arbre. Pourtant, mon attention était restée sur ce loup. Loup qui avait fait partie de mon cauchemar. Je sentis les larmes me monter aux yeux.
- C'est pas possible...
J'entendis le soupir de cet homme qui me maintenait contre lui.
- Triste destin, fillette, mais tu vas devoir faire avec. Je n'ai rien contre toi, il me faut simplement cet Alpha.
Je relevai instinctivement la tête lorsqu'il fit pression sur mon cou avec un objet pointu. Les loups de la meute regardaient à présent dans notre direction sans savoir quoi faire. Ce loup à la fourrure noire et tâchées de blanc montraient les crocs. Il était tellement énervé que son corps en tremblait.
- Je tiens ta Luna, Dawton. Peut-être pourrions nous discuter à présent...
Il poussa un grognement puissant qui me fit flancher malgré moi. L'homme qui me tenait en otage fit à nouveau pression et je relevai la tête en haletant. C'était une sorte d'aiguille et j'avais bien peur qu'il ne fasse un faux mouvement qui puisse me couter la vie.
- Dis à tes Warriors de partir, Dawton.
Je vis aussitôt qu'il ne s'était pas fait prier. Les loups se dissipèrent aussitôt, ne laissant que Dawton et Noah. Voir ce loup devant moi me donnait l'impression de suffoquer. Les images de l'accident semblaient tourner en boucle dans ma tête. J'avais mal au coeur. J'avais cette impression d'avoir été trahie.
- Il faut croire que ta Luna a envie de fuir de ce territoire finalement.
Les larmes longèrement mes joues, alors que la douloureuse vérité était à présent face à moi.
- Te souviens-tu, Dawton ? Il y a 5 ans... te souviens-tu de ce qu'il s'est passé ?
Je fermai les yeux en me souvenant parfaitement de ce jour-là. Combien de fois avais-je pu cauchemarder à ce sujet ? Combien de fois m'en étais-je voulue de ce qu'il s'était passé ? Un sanglot menaçait de s'échapper, mais je le retins de justesse.
- Je suis désolé, fillette.
Une aiguille s'enfonça dans ma peau alors que Dawton poussait un puissant rugissement. Mon corps s'affaissa contre cet homme qui me maintenait. Il me souleva et me jeta aisément sur son épaule avant de fuir. Il m'était impossible de bouger le moindre de mes membres, la seule chose en mesure de se mouvoir était les larmes qui avaient longé mes joues.
Ne supportant plus la vérité, je laissai mes paupières se refermer et plongeai avec joie dans les abîmes.
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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©
Présence de fautes en tout genre. A éditer.
Lil', le 16.11.2019 à 23:45
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