Chapitre 36
Chapitre 36 Bis
Mes pieds s'enfonçaient dans la neige et j'étais contente finalement de ne pas l'avoir écouté. Sa cape était vraiment utile à présent qu'il s'était remis à neiger. Pourtant, je me demandais comment il allait faire maintenant qu'il me l'avait donnée. Voir autant de neige me rendait encore plus triste. Ma mère adorait cette saison, sûrement pour cela que je détestais vivre pendant cette période depuis sa mort. Je m'en voulais depuis ce jour. Je me haissais d'avoir survécu. Si elle avait survécu à ma place, mon père n'aurait pas autant bu et il aurait encore été de ce monde à présent. Ils auraient trouvé un moyen de traversé cette épreuve sans moi. Dawton ne m'aurait jamais rencontré et il se serait toujours bien porté. Il aurait eu ses amis pour le réconforter. Cette femme aurait pu devenir la Luna de cette meute.
Tout le monde aurait bien vécu finalement.
J'étais ce qui n'allait pas dans l'équation. J'étais simplement le déchet que tout le monde se refilait. J'avais beau combattre les larmes qui menaçaient de longer mes joues, elles revenaient toujours et je sentais que le sanglot n'était pas loin. Je voulais tellement pleurer, mais je m'étais jurée de ne pleurer qu'une fois par an. Je n'avais pas le droit le reste du temps. Je devais rester forte et faire face aux situations du mieux que je le pouvais. Je n'avais pas le choix. C'était pourtant si difficile. Je savais que je n'étais pas loin de craquer de tout ça. La neige qui tombait redoubla d'intensité et je grognai alors que des flocons étaient tombés sur mon visage malgré la capuche. Mes vêtements trempés me faisaient frissonner et je savais que j'étais encore loin du territoire. J'accélérai mon allure juste pour ne pas finir congelée dans les environs, mais le coeur n'y était pas. Je ne voulais pas retourner dans cette résidence où Dawton devait encore probablement discuter joyeusement avec cette femme. Je voulais juste faire ce que je faisais d'habitude : fuir. Aussi loin que possible, loin du monde, loin de tous ces maux. J'avais encore envie de courir, juste pour ressentir autre chose que ce pincement au coeur.
Je savais que ça ne résoudrait pas le problème, mais c'était la seule solution envisageable pour moi.
Je marchai encore un moment avant de me rendre compte que mes traces étaient sur le point de disparaitre de la neige. Je me mis alors à marcher plus vite pour ne pas me perdre et m'arrêtai subitement en voyant plusieurs Warriors, ce qui me fit comprendre que j'étais de retour sur le territoire.
- Qui va là ?!
L'un d'eux avait grogné en me voyant alors que les autres s'étaient mis en posture de combat. Je me souvins alors que je portais la cape de cet homme et qu'il devait sûrement y avoir son odeur, c'était pour cela qu'ils ne m'avaient pas reconnus. J'abaissai la capuche et ils froncèrent les sourcils.
- Luna ! L'Alpha vous cherche partout !!
Mon coeur se serra. Il devait probablement être énervé que je sois partie sans son autorisation. Je passai entre les Warriors et continuai de marcher en direction des résidences. Je marchai entre les arbres et finis par m'arrêter en entendant des bruits de pas. Je vis alors Dawton suivie par cette femme. Ils faisaient tous deux un si beau couple.
- Où est-ce que tu étais passée ?! Pourquoi est-ce que tu as son odeur sur toi ?! Et cette cape ?! Que s'est-il passé ?!
Il s'était rapproché et j'eus un mouvement de recul.
- Je vais bien.
Mensonge.
- Ginger !
Je m'étais remise à marcher et Dawton me barra le chemin.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!
Je serrai mes mains en poings. Pourquoi était-ce si douloureux ? Pourquoi ne pouvais-je simplement pas lui dire ce qui n'allait pas ? Ma fierté, mon ego, la peur. Je le vis tendre sa main dans ma direction, mais je frappai dessus en le fusillant du regard.
- Fous-moi la paix.
"Et retourne auprès de cette femme."
Mais le dire était impossible. Pas alors qu'elle regardait avec attention ce qu'il se passait. J'avais honte de me comporter de cette manière, mais c'était plus fort que moi. Je ne me voyais pas agir autrement. Dawton ne se laissa pas démonter et se planta devant moi.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
L'air sérieux avec lequel il me regardait me donnait envie de pleurer. Juste l'envie de craquer une bonne fois pour toute.
- Occupe-toi de ton invité, crachai-je.
Je me mis à courir, le sanglot présent dans la gorge. Il me faisait tellement mal que j'avais envie de le relâcher une bonne fois pour toute pour qu'il me laisse tranquille. Pourtant, je savais qu'il suffisait que celui-ci ne s'échappe pour que d'autres sanglots fassent à leur tour acte de présence. J'arrivai rapidement à la résidence et retirai mes chaussures. J'entrai alors en trombe dans la maison, montant les marches aussi vite que je le pouvais et pris des affaires dans mon sac avant de m'enfermer dans la salle de bain. Je me laissai choir contre le mur alors que des larmes se frayaient enfin un chemin sur mes joues. Ca devenait trop dur. Beaucoup trop lourd à porter. Je me relevai et retirai la cape rapidement, ainsi que mes vêtements trempés avant de me mettre aussitôt sous la douche. Le jet d'eau vint me réchauffer la peau et mes larmes se mêlèrent facilement à l'eau. Je n'en pouvais plus de vivre de cette manière. Avais-je bien fait de le suivre ? Devrais-je partir de ce territoire ? Cette anxiété me faisait des noeuds dans le ventre et je me sentais tellement mal. Je me recroquevillai sur moi-même et laissai échapper un sanglot qui rapidement fut suivi par d'autres sanglots.
Je ne me comprenais plus. Je ne me contrôlais plus.
Je ne savais pas combien de temps était passé, mais des coups à la porte finirent par me faire revenir à l'état présent. Je hoquetai, lessivée et me relevai lentement avant de couper l'eau. Je remarquai alors que ma peau avait rougi sous l'intensité de l'eau chaude et je sortis de la douche. Je m'enveloppai doucement dans une serviette.
- ...ger ! Réponds moi !
Je clignai plusieurs fois des yeux, entendant enfin sa voix qui m'appelait sûrement depuis un moment.
- Je vais défoncer la porte !
Tel un zombie, j'enfilai mes vêtements propres et marchai jusqu'à la porte que je déverrouillai. L'inquiétude se lisait sur son visage et il cherchait vainement mon regard. Je passai à côté de lui, mais il m'arrêta en me prenant le poignet.
- Ginger ! Parle-moi ! Dis quelque chose !
A nouveau ce pincement au coeur.
- Lâche-moi.
Ma voix semblait brisée. Je voulais juste me rouler en boule sous la couverture et ne plus voir personne. Dormir pour oublier, pour ne plus penser à rien. Juste échapper à cet état de misère dans lequel j'étais.
- Tu peux me parler. Me dire ce qu'il ne va pas.
Je secouai mon bras pour qu'il me lâche le poignet et il finit par le faire. Je marchai alors jusqu'au lit où je me mis sous la couverture, me mettant contre Poupy, la face contre sa fourrure, juste pour le laisser éponger quelques larmes qui s'échappaient à nouveau. La fatigue ne tarda pas à me tomber dessus et je m'endormis aussitôt.
Je me réveillai lentement, mes yeux étaient difficiles à ouvrir et je sentais parfaitement qu'ils avaient gonflé à cause du fait que j'avais pleuré. Je jetai un coup d'oeil autour de moi pour voir que la nuit était tombée et que Dawton était assis à son bureau, en train de lire ses papiers. Il leva la tête à ce moment précis, comme s'il avait senti que je l'épiai et je reportai mon attention sur Poupy, me calant à nouveau contre l'ours.
- Ginger ?
Je ne voulais pas lui parler. Je ne voulais pas qu'il comprenne qu'il avait pris une place importante dans ma vie à présent et que je ne savais plus quoi faire de lui. Je voulais juste faire partie de sa vie, mais le voir avec une autre femme alors que je ne savais pas quel statut j'avais avec lui était difficile. J'avais juste la sensation de n'être là que parce qu'il s'ennuyait et qu'il n'avait rien trouvé d'autre pour se divertir. Je l'entendis se lever de sa chaise et marcher dans ma direction, ce qui me crispa. Je ne voulais pas lui faire part de mes insécurités, pas pour qu'il me rit au nez.
- Ginger ?
On aurait dit qu'un étau se trouvait dans ma gorge. Je voulais à nouveau sangloter. Je ne voulais pas faire face à ce qu'il pourrait me dire concernant cette femme. Je n'étais pas prête. Je me sentais si faible de réagir de cette manière. Je savais qu'autrefois, je n'aurais pas réagi de cette façon. J'en aurais ri, balayé la situation d'un revers de la main, parce que je me serais débrouillée pour ne pas m'attacher à lui, mais maintenant, c'était juste trop tard pour moi. Je le savais et je ne pouvais rien y faire, à moins de faire le premier pas moi-même et de partir de ce territoire avant que je n'aille plus mal. Je tirai sur la couverture pour me couvrir la tête et m'accrochai à Poupy. Je me sentais comme un véritable déchet qui n'aurait jamais du survivre, qui n'aurait jamais du naitre. Je voulais qu'il me comprenne mais je ne voulais pas en parler. J'avais juste peur qu'il ne me comprenne pas et que mes soupçons soient fondés.
Je me retrouverais à nouveau seule.
Quelques larmes s'écrasèrent contre la fourrure de l'ours en peluche. Je me sentais tellement incomprise. Comme prisonnière de toutes mes émotions. C'était tellement difficile à gérer.
Je voulais juste disparaitre.
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Présence de fautes en tout genre. A éditer.
Lil', le 23.10.2019 à 21:50
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