Chapitre 26

Chapitre 26

Dawton s'agenouilla face à moi, son regard empli d'inquiétude.

- Il faut que tu manges, Ginger.
- J'ai pas faim.

Cela faisait deux jours qu'il m'avait ramenée chez lui et que je vivais dans sa chambre. Je n'avais pas eu la force de protester et il avait pris soin de me laisser le lit, dans lequel j'avais passé le clair de mon temps à dormir ou à ruminer. Il m'avait également appris que mon père était mort d'une cirrhose provoquée par son ingurgitation quotidienne d'alcool. Boire autant l'avait rendu malade. Il s'était fait tout ce mal depuis la mort de maman, et à présent, il avait réussi à la rejoindre.

- Ginger, insista-t-il.

Il me tendit le bol de soupe et je finis par le prendre par dépit. Je le portai à ma bouche et bus le liquide accompagné de petits morceaux croquants de pain. C'était vraiment bon, surtout après ne pas avoir mangé grand chose ces derniers jours et mon ventre semblait satisfait. Dawton me reprit le bol des mains lorsqu'il remarqua que je l'avais complètement vidé et le posa sur la petite table en bois.

- T'es pas obligé de faire tout ça, lui fis-je remarquer.

Ma voix semblait rauque, plus grave, juste méconnaissable.

- De quoi ?
- T'occuper de moi.
- J'aime m'occuper de toi et j'y tiens.

Il prit l'assiette contenant deux moitiés de sandwichs qui paraissaient vraiment appétissants et me la tendit avec ce regard persistant. Je soupirai et finis par la prendre de mes deux mains.

- Mange, Ginger. Ca te fera du bien.

J'obéis sous son regard avisé et mangeai machinalement jusqu'à ne laisser aucune miette. Satisfait, il récupéra l'assiette vide et me tendit un verre d'eau que je bus d'une traite pour le lui rendre aussitôt.

- J'ai beau aimer le fait que tu sois dans ma chambre, il faut que tu prennes l'air.

Je roulai des yeux en reportant mon attention sur l'écran noire de la télévision qui était face à moi.

- J'ai déjà fait ce que tu m'as dit. Fiche-moi la paix maintenant.

- Ginger...

Je détournai mon attention de l'écran inanimé et m'allongeai sur le canapé en lui présentant mon dos. Je l'entendis soupirer avant de se redresser.

- Si jamais tu souhaites courir un peu plus tard dans la journée, je t'accompagnerai.

Il me prenait presque par les sentiments.

TOC TOC

- Entre.

Je fermai les yeux en devinant la présence de Noah et retins tout de même un grognement en entendant sa voix. Depuis que j'étais ici, Dawton avait demandé à son cher ami de lui apporter son boulot, afin qu'il puisse garder un oeil sur moi, tout en continuant son travail.

- Merci, fit Dawton.
- Comment va la Luna ?
- Parfaitement bien avant que tu te pointes ! grognai-je.

Je ne savais pas qui des deux avait soupiré, mais j'avais pu en agacer un.

- Tu peux y aller, Noah.

La porte se referma sur un petit clic et je me redressai, avant de marcher droit vers le lit, pour m'y installer confortablement. J'aimais le fait qu'il y ait l'odeur de Dawton partout. Si je passais le clair de mon temps ici, c'était surtout parce que je me sentais apaisée, moins en conflit avec moi-même et mes pensées. Ma fierté m'empêchait de demander à Dawton qu'il me prenne dans ses bras, juste pour me donner l'illusion que tout allait bien. Je ne pouvais pas me faire ça à moi-même, alors qu'il fallait que je fasse face à ce qui venait d'arriver.

Au fait que je venais de perdre la figure paternelle.

Le son des feuilles tournées et du stylo qui grattait le papier finit par me faire fermer les yeux. Mon esprit était sur le point de me faire plonger à nouveau dans un sommeil, quand j'entendis à nouveau frapper contre la porte. Je grognai légèrement en rouvrant les yeux et j'entendis la voix de Dawton.

- Oui ?

La porte s'ouvrit et des bruits de pas résonnèrent jusqu'à moi.

- Les derniers papiers qui viennent d'être envoyés, Alpha.

Je grognai derechef en entendant la voix de Noah et enfonçai la tête dans le coussin pour ne plus l'entendre. Ne trouvant plus le sommeil, je tournai plusieurs fois dans le lit, avant de me redresser complètement, surprenant Dawton qui leva les yeux pour regarder dans ma direction.

- Un souci ?
- Mmh...

Il arqua un sourcil et je me pelotonnai dans la couverture pour regarder par la fenêtre.

- Tu veux sortir ?

Je soupirai un grand coup avant de faire la moue. J'avais envie de me rendre à la colline pour peut-être mettre la terre en un tas prêt de la pseudo tombe de ma mère, mais je ne voulais pas non plus que Dawton le sache. En plus de cela, le temps était gris et annonçait presque la neige. Pourtant, si je ne faisais pas ça maintenant, je n'aurais pas l'opportunité de le faire pendant un moment à cause de la neige.

- Est-ce que...
- Mmh ?

Je portai mon attention sur lui afin de voir son visage. Il attendait patiemment que je continue ma question.

- Tu peux m'emmener quelque part ? Et me laisser seule un moment ?

Il réfléchit un instant avant de hocher la tête et de se lever de la chaise. Je sortis lentement du lit et m'arrêtai en le voyant devant l'armoire. Il en sortit deux manteaux et vint vers moi, avant de le mettre sur mes épaules.

- Le temps s'est rafraichi. Dans quelques jours, il se mettra à neiger.

Le manteau était bien trop grand pour moi et sentait son odeur. Je me pelotonnai dedans en prenant la peine de mettre mes bras dans les trous des manches du manteau et Dawton passa sa main derrière mon dos, puis me poussa en avant doucement lorsqu'il finit lui-même de mettre son manteau.

- Allons-y.

Je me retrouvai dans le couloir et enfilai les chaussures qui s'y trouvaient, imitant Dawton. Il se positionna devant moi, prit la peine de remonter la fermeture éclair jusqu'à mon menton et de rabattre la capuche sur ma tête. Il attrapa la manche du manteau et m'entraina à sa suite, me faisant sortir de la résidence. Je compris pourquoi il avait pris la peine de fermer mon manteau lorsque j'entendis le vent siffler. Dawton me fit entrer dans la voiture noire et ferma la portière, avant de contourner la voiture pour s'installer derrière le volant.

- Où veux-tu aller ?
- A la colline de la Vallée.

Je le vis froncer les sourcils et me jeter un coup d'oeil.

- Je peux te demander pourquoi ?

Je ne pris pas la peine de répondre, ce qui le rendit perplexe, mais il démarra tout de même la voiture en reportant son attention sur la route. Le silence me semblait tout à coup très pesant entre nous et je n'avais qu'une hâte, me retrouver hors de cette voiture. Au bout d'un très long moment, il finit par se garer en bas de la colline et je pris une inspiration.

- Tu veux que je t'accompagne ?

Je secouai la tête de gauche à droite.

- Je t'attendrai ici.

J'acquiesçai avant d'ouvrir la portière et de sortir. Je fis face à la colline et fourrai mes mains dans les poches, avant de me diriger vers les escaliers. Je montai lentement mais sûrement chaque marche jusqu'à atteindre le sommet. J'avais l'impression d'avoir passé près d'une heure rien que pour cela, mais une fois au dessus, je fis face à des bourrasques de vents plus importantes. Ma gorge se serra lorsque je me retrouvai face à la tombe de ma mère. Les fleurs que j'avais déposés avaient fanés depuis bien longtemps et je me laissai tomber à genoux sur l'herbe.

- Salut, m'man...

Je me mordis la lèvre.

- Papa t'a finalement rejoint... Tu dois être contente de le revoir...

Des larmes chaudes sillonnèrent à nouveau mes joues et je déglutis péniblement.

- Je vais mettre papa à tes côtés, maman.

Je me relevai sans prendre la peine d'essuyer mes joues et cherchai un baton assez solide du regard. Je finis par en trouver un et me mis à creuser dans la terre pour former un tas près du tas que j'avais fait pour ma mère. Lorsque le tas me parut suffisant, je tapotai doucement la terre de mes mains, je plantai le baton que je tenais sur le haut, avant de m'asseoir sur l'herbe.

- J'espère que vous vous êtes retrouvés maintenant... La maison a été reprise... et je suis... chez un ami en ce moment... mais je ne sais pas ce que je compte faire... je ne sais pas si je peux rester ici...

Je déglutis péniblement en sentant les larmes longer mon visage et je reniflai avant de me relever. Je pris la peine de m'essuyer le visage avec la manche du manteau et je pris une grande inspiration avant de faire face aux deux pseudo tombes de mes parents.

- Je ne sais pas où je vais... mais je trouverai bien. Je ne viendrai surement plus ici à partir d'aujourd'hui. Peut-être que j'aurais quitté la ville, alors ne m'en voulez pas.

Je me mordis la lèvre en pensant à Dawton. L'idée de me séparer de lui alors qu'il était en mesure de rester à mes côtés même si je n'avais fait que le repousser, me révulsait. Je ne pouvais pas nier le fait que j'aimais être en sa compagnie. Je ne savais pas s'il s'agissait du lien qui était censé nous réunir qui me faisait cet effet, ou seulement parce que j'avais pu remarquer que j'étais en mesure de compter sur lui dans tous mes moments de troubles. Personne ne s'était inquiétée de cette manière pour moi depuis la mort de ma mère.

Personne.

- Peut-être que tu m'en veux, maman... d'avoir laissé papa mourir de cette façon... tout ça parce que je n'étais pas là. Si j'étais arrivée à la maison à temps, peut-être qu'il irait bien en ce moment...

Depuis que j'avais découvert le corps sans vie de mon père, je n'arrêtais pas de me dire qu'il était mort à cause de moi. Parce que j'avais préféré aller dérober de l'argent, au lieu de rester à la maison et le surveiller. Parce que j'avais décidé de tenter de survivre au lieu d'attendre gentiment à la maison. Si j'avais été présente, j'aurais pu appeler les secours, ils auraient ensuite pu faire quelque chose pour l'aider. A l'heure actuelle, il serait sûrement en train de respirer.

Il aurait été en vie.

- Je vais y aller.

Je soufflai par la bouche, avant de faire demi tour et de m'éloigner petit à petit de mes parents. Je descendis les marches lentement, observant la voiture noire qui m'attendait depuis un moment. Il devait sûrement se demander ce que j'étais venue faire ici, mais il avait respecté le fait que je voulais être seule. La portière s'ouvrit et je vis Dawton en sortir, comme s'il n'avait fait que regarder dans cette direction pour savoir quand est-ce que j'allais finir par descendre. Finissant par me retrouver devant lui, il m'observa attentivement puis il posa sa main sur ma tête couverte de la capuche.

- Rentrons.

Ses doigts chauds vinrent caresser mes joues doucement comme s'il tentait lui-même d'effacer les sillons sûrement encore présents et il me fit contourner la voiture pour m'ouvrir la portière. Je m'installai à l'avant et il prit la peine de me mettre la ceinture de sécurité, avant de fermer la portière. Il s'installa alors derrière le volant et démarra. Le trajet se fit silencieusement et j'étais reconnaissante qu'il ne me demande pas ce que j'avais fait en haut de la colline. Ce ne fut que lorsque nous fûmes sur son territoire et qu'il me fit sortir de la voiture, que son regard se porta sur mes mains couvertes de terre. Il arqua un sourcil, avant d'ouvrir la porte d'entrée, de retirer mes chaussures rapidement ainsi que les siennes. Je n'eus pas le temps de protester qu'il me mena directement à la cuisine de la résidence. Il tira en arrière les manches du manteau et lava mes mains soigneusement, prenant la peine de frotter et de savonner ma peau.

- Tu finiras par en avoir marre, finis-je par dire.

Il s'arrêta, alors que j'avais gardé mes yeux rivés sur nos mains pleines de bulles de savon.

- De prendre soin de moi de cette façon, ajoutai-je.

Il serra un instant ses mains sur les miennes, avant que je ne le sente derrière moi. Il posa sa tête sur mon épaule, me faisant lever les yeux et je croisai son regard vert intense. Il déposa alors un baiser sur ma joue, qui éveilla des frissons dans tout mon corps et de petits picotements sur ma peau.

- C'est à moi d'en décider. Prendre soin de toi est ce que je veux faire.
- Les gens finissent par se lasser.
- Je ne suis pas n'importe qui. Je suis ton âme soeur.

Il se remit à savonner mes mains et laissa l'eau faire disparaitre la terre et le savon. Ses mains étaient tellement grandes que j'avais l'impression d'avoir des mains d'enfant.

- Bien, bien.

Il attrapa un papier et entoura mes mains pour les sécher, avant d'en faire de même pour les siennes. Il me prit la main et entrelaça ses doigts avec les miens, avant de marcher en direction de sa chambre.

- Je sais que perdre quelqu'un est toujours douloureux, Ginger. Mais on finit toujours par se remettre à vivre.

Il me fit monter les escaliers, avant de marcher droit vers la porte qu'il ouvrit. Il tira la capuche du manteau en arrière et passa ses bras autour de mes épaules, abaissant son visage pour me faire complètement face. Son regard dans le mien.

- Ca prendra le temps qu'il faudra.

Il déposa un baiser sur mon front, puis sur ma tempe, avant de mettre une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

- Je suis à tes côtés et je le resterai.

J'avais envie de le prendre dans mes bras, de le sentir contre moi. M'assurer qu'il avait raison. Mais d'un autre côté, j'avais envie de quitter cette ville. J'avais l'impression qu'en restant ici, je ne faisais que perdre toutes les personnes auxquelles je tenais. Ma mère, puis mon père. Et maintenant que je commençais à tenir à Dawton, j'avais peur qu'il ne lui arrive quelque chose à son tour.

Je n'étais pas sûre de pouvoir m'en remettre si quelque chose venait à lui arriver.

Ses doigts caressèrent avec douceur ma joue et il me sourit tendrement, avant de m'attirer dans la chambre. Il abaissa la fermeture éclair et me retira le manteau, alors qu'il en faisait de même avec le sien. Il les posa simplement sur le canapé et me guida droit vers le lit, où il m'entoura de la couverture, avant de m'aider à m'allonger sur le lit. Il se mit à mes côtés et passa un bras autour de moi, tout en gardant ses yeux verts rivés dans les miens.

- Tu as du boulot, lui fis-je remarquer.
- Ca peut attendre.

Je retins un sourire, alors qu'il laissait son visage se rapprocher du mien. Il était adorable et mon coeur se serrait à chaque fois qu'il faisait tous ces gestes pour m'aider.

Devais-je vraiment quitter ce territoire ?

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Bonsoir,

Tout d'abord, merci pour tous vos messages, c'est super gentil ♥ Merci pour votre soutien !

Je ne tiens pas à ce que vous partiez dans une chasse à l'Homme pour retrouver la personne qui m'a envoyé ça (j'ai vu certains messages et commentaires à ce sujet), je sais que la personne qui m'a envoyé ça finira par voir ce que j'ai pu écrire, et j'aimerais juste qu'elle ou il comprenne que son comportement est inadmissible, et que si elle ou il a compris son erreur, qu'il/elle prenne la peine de venir s'excuser.

J'espère que ce chapitre vous a plu :)

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- Rendez vous au prochain chapitre !

Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat.

Présence de fautes en tout genre. A éditer.

© Lil', le 28.04.2019 à 20:26

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